>Histoire

9 / 12 / 2023

Les syndicats et la guerre (6). Nos guerres du Moyen-Orient.

( … ) Quand ce n’est pas le pétrole, c’est le gaz, ou les deux …

Ci-dessous, un extrait d’article du courrier international.

« Du gaz en Palestine

Plusieurs gisements de gaz de grande ampleur se trouvent au large de la bande de Gaza

Le 18 juin 2023, le cabinet de Benjamin Netanyahou autorise le développement du gaz naturel offshore de la ZEE de Gaz. Les champs gaziers de Gaza Marine 1 et 2, identifiés depuis 1999, possèdent des réserves extractibles estimées à environ 35 milliards de m3 et une capacité annuelle de production de 1,5 milliard de m3 sur une période de 12 ans. Le montant des investissements pour le développer avant exploitation est d’environ 1,4 milliard de dollars. Le champ est situé à 36 kilomètres à l’ouest de Gaza et a été développé d’abord par British Gas en 2000, puis par Royal Dutch Shell qui l’a quitté aussi en 2018 …

(…) Retour sur les négociations complexes

En 2021, l’Autorité palestinienne signe un protocole de coopération avec l’Egypte pour développer le champ gazier et les infrastructures nécessaires à son exploitation.

( … ) De fait, Israël … est perçu par la presse arabe comme faisant tout pour empêcher les Palestiniens de bénéficier de cette manne énergétique. La volonté d’Israël d’obtenir le gaz palestinien à prix cassé empêchait alors en 2012 sa production par British Gas (Viktor Kattan, centre palestinien al-Shabak.

( … ) Les Gazaouis … vivent avec des coupures d’électricité de 18 heures par jour et les Palestiniens de Cisjordanie payent leur consommation de gaz au prix fort à Israël …

Pour le Hamas, Israël s’apprête « à voler le gaz de Gaza et pourrait réagir par une confrontation militaire ».

Sans remonter aux croisades (1) on peut affirmer que depuis plus d’un siècle, les peuples du Moyen-Orient subissent guerres sur guerres. Les impérialismes s’y déchirent pour le contrôle du pétrole. Ce sont les peuples qui en sont les premières victimes. Dans ses mémoires de guerre (tome 3, page 270) de Gaulle résume brutalement les enjeux :

« Le pétrole d’Irak nous appartient ».

Les classes dirigeantes de Grande-Bretagne, d’Allemagne, des Etats-Unis qui ont la même prétention se livrent parfois directement, parfois indirectement aux pires exactions contre les populations d’Irak, de Syrie, du Liban … contre le peuple palestinien, toujours, pour le pétrole d’Irak et d’ailleurs.

Croire que les guerres opposeraient deux camps bien distincts : le camp du « bien » au camp du « mal », ou le camp des « démocraties » au camp des régimes « autoritaires » ou encore, l’Occident « civilisé » à l’Orient « barbare » relève, au mieux, de beaucoup de naïveté.

Cette sixième partie présente une particularité. Bien qu’intitulée, « les syndicats et la guerre », il y est peu question des positions et encore moins des actions de la CGT. On verra pourquoi.

Quelques points de repère :

En 1916, la France et la Grande-Bretagne signent un accord secret pour un partage après-guerre des ressources pétrolières au Moyen-Orient.

1919 : La France reçoit mandat de la Société des nations (SDN, ancêtre de l’ONU) pour diriger le Liban et la Syrie.

1925 : L’ « agitation » nationaliste pour reprendre une expression officielle, est réprimée. L’aviation française bombarde Damas. Les civils ne sont pas épargnés. Ils constituent même la cible principale. Il faut terroriser pour assurer encore la domination des pays « avancés ».

Les concurrents impérialistes font mine de s’étrangler d’indignation.

Notons que la très pacifique France impériale occupe la Ruhr en 1923 et mène la guerre du Rif au Maroc, bombardant les populations, organisant méthodiquement le carnage. Pétain, « ce grand soldat » (Macron) est déjà à la manœuvre.

1936 : La France promet au Liban et à la Syrie une prochaine indépendance. Le « programme » du Front populaire n’en dit rien. Il y a un ministre des colonies, « socialiste ».

Voir :

LE « RASSEMBLEMENT POPULAIRE » (FRONT POPULAIRE) ET LA QUESTION COLONIALE. LA CGT DANS LA TOURMENTE.

Mars 1941 : Des « émeutes » (terme officiel) éclatent dans plusieurs villes de Syrie qui est contrôlée par les vichystes. Les gaullistes appuyés par le parti stalinien promettent « indépendance » et « souveraineté » mais après signature d’un traité qui garantirait les « droits séculaires » de la métropole. C’est une complète imposture.

1943 : Les vichystes sont évincés, du moins, en apparence. Du « travail, famille, patrie », on passe au « tracas, famine, patrouilles ». Des élections ont lieu consacrant la victoire des nationalistes. Au Liban, le « gouvernement » du président Béchara El Khoury demande l’officialisation de la langue arabe, un drapeau national et la réforme de la Constitution. L’Etat colonial français juge ses demandes « anti françaises » et réprime les « émeutes ».

La SFIO et le PCF soutiennent toutes les prises de position, y compris – surtout – les faits de guerre de De Gaulle.

On n’entend aucune protestation des « sommets » de la CGT. Peut-être parce qu’il y a un problème d’indépendance syndicale …

8 mai 1945 : c’est le jour de la victoire, de la « Libération ». Oui, mais pas pour tout le monde. Voir à ce sujet :

Lien :  8 MAI 1945 : L’HEURE DE LA LIBÉRATION ?

 La présence coloniale française dure au Levant depuis 26 ans.

En Syrie, le jour du départ du dernier colon sera décrété fête nationale.

Les alliés au bord de la guerre.

De bien curieux « alliés ». Dans ses mémoires de guerre, de Gaulle écrit : « Nous sommes fondés à penser que le but, c’est notre éviction … » du Levant. Il déclare à un ambassadeur britannique : « Nous ne sommes pas, je le reconnais en mesure de vous faire actuellement la guerre … » (page 278). La guerre franco-britannique, si elle avait eu lieu au Levant, aurait opposé « nos sénégalais » (de Gaulle) à « nos hindous », que Churchill qualifie au lendemain de la conférence de Yalta, de « race répugnante » ; mais, de la bonne chair à canons.

Le 8 mai 1945, des manifestations éclatent de façon simultanée au Levant. Les populations veulent en finir avec la domination impérialiste.

Le chef de la France dite « libre » – mais « un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre » (Karl Marx) – et ses soutiens inconditionnels, SFIO et PCF, y voient un complot ourdi contre la « France » par des « provocateurs » encouragés par l’allié-concurrent britannique.

Dans ses « mémoires de guerre », de Gaulle écrit : « cela commença le 8 mai à Beyrouth où l’on célébrait la Victoire. Des cortèges de soldats arabes … défilèrent en insultant la France. Au cours des journées suivantes, de multiples attentats furent commis contre les français … ».

En réalité, les manifestants n’ont rien contre les « français » parce qu’ils sont français, mais ils ne supportent plus la politique de pillage des ressources naturelles de leurs pays, l’arrogance, le racisme et la vénalité des colons.

Les manifestants sont qualifiés de « fanatiques », on parle de « troubles à l’ordre public » donc d’ « opérations de police » légitimes pour « rétablir l’ordre » et la « sécurité des français ». Selon de Gaulle, c’est « la mission exclusive de la France » (« mémoires de guerre … »).

C’est la très classique politique coloniale. Il faut ramener les « émeutiers » à la raison par tous les moyens Ce fut dit de Gaulle, la fonction de « nos sénégalais » à qui le pouvoir gaulliste promettait quelques compensations à leur retour du front. C’est à eux qu’incombe la mission « d’assurer le libre passage du pétrole où que ce soit en Orient » (De Gaulle …).

Que dit, que fait la CGT ? Rien. Qui ne dit mot, consent ?

29 mai 1945. Gigantesque manifestation à Beyrouth en solidarité avec les civils syriens massacrés à Damas, Homs et Hama … par les troupes françaises, c’est-à-dire, « nos sénégalais ».

Union nationale jusqu’au bout.

De Gaulle écrit : « Notre conseil des ministres, (en avril 45) à la demande du général Beynet, (le boucher de Damas, auteur de multiples crimes de guerre), avait alors décidé l’envoi au Levant de trois bataillons supplémentaires ». Ces préparatifs de guerre reçoivent l’approbation des ministres SFIO et l’approbation enthousiaste des ministres « communistes ». Et bien sûr, les pétainistes recyclés en « démocrates » fréquentables, approuvent. C’est l’ « arc républicain », colonialiste de l’époque.

La CGT ne dit rien.

Les derniers jours de mai, du 26 au 31, c’est le massacre à Damas et dans les plus grandes villes de Syrie. Les civils constituent la cible privilégiée de l’armée coloniale. On bombarde, on tue ; c’est la politique de terreur. Une grève générale de solidarité de 24 heures éclate dans l’ensemble des pays arabes. Des manifestations prosyriennes et libanaises se déroulent en Jordanie, en Irak, en Egypte … Le secrétaire de la Ligue arabe récemment constituée s’en remet au Conseil de sécurité des Nations Unies ; autrement dit, il demande respectueusement aux EU de bien vouloir régler le problème. Comme si à Wall Street on se préoccupait du sort des populations. On y pense plutôt au tracé des pipelines.

De Gaulle plastronne : « le 1er juin, notre Conseil des ministres se réunit et prit connaissance de toutes les dépêches et informations reçues et envoyées les jours précédents ». Les ministres « socialistes » et « communistes » sont donc parfaitement au courant des exactions commises en leur nom. Ils approuvent.

Quant à l’Assemblée nationale, « émue », elle avait adressé un message exprimant sa « douloureuse sympathie » … « à toutes les victimes » mais surtout « aux français qui ont été injustement expulsés par la force ». Les colonialistes, ça ose tout …

Churchill dénonce « la destruction aveugle des villes syriennes ». Qui peut le prendre au sérieux ?

Il a ordonné, en collaboration avec l’état major US, le bombardement systématique des villes allemandes, se désintéressant des objectifs militaires, affichant ouvertement sa volonté de massacrer le plus possible de civils au nom du « principe » de la « responsabilité collective ». Terroriser pour qu’il n’y ait pas un second « octobre 1917 … », voilà l’objectif (2).

Même un historien nostalgique de l’ordre colonial comme François Kersaudy admet :

« L’armée française continue à bombarder Damas jusqu’au 31 mai et continuera ensuite à tirer sans discrimination sur les civils, les édifices publics, les ambulances, les hôtels, l’école américaine, et même sur un train de la Croix-Rouge britannique ». Tout ceci s’accompagne de quelques pillages et de tout ce qui va avec. Toute ressemblance avec le sort réservé à Gaza est évidemment fortuite.

Le bilan humain est accablant. La guerre coloniale aurait provoqué la mort de 2000 syriens à Damas. Combien en réalité ? On ne le saura sans doute jamais Côté troupes coloniales : 34 tués, 30 blessés, « nos sénégalais ». Ce « déséquilibre », c’est une constante de toutes les guerres coloniales.

La CGT ne dit rien. Qui ne dit mot consent.

« Unanimement solidaire … »

De Gaulle se vante : « Notre Conseil des ministres se montra unanimement solidaire de ce qui avait été fait et de ce qui était prescrit ».

« Prescrit » ? Comme un médecin prescrit une ordonnance pour soigner – malgré lui – un malade.

Le Conseil des ministres se doit d’être solidaire des massacres commis dans le constantinois au même moment.

Comme il se doit s’être solidaire des massacres commis à Douala, au Cameroun « français », massacres qui annoncent l’inévitable guerre au Cameroun, celle dont on ne parle jamais. (Nous y reviendrons dans le détail prochainement).

Comme il se doit d’être solidaire de la décision de réquisitionner les anciens de la LVF nazie qui a combattu sur le front de l’est, pour rétablir cette fois l’ « ordre » colonial en Indochine etc.

Un « comité d’honneur » mené par le cardinal Baudrillart bénit les nouveaux croisés de la LVF « contre le bolchévisme ». Ils pourront se consoler de leurs échecs en Russie en « cassant du viet » sous la houlette du général Leclerc. Les croisés portaient l’uniforme allemand et prêtaient un serment d’allégeance au régime nazi. Dès son arrivée au Vietnam, le général « libérateur » fait apposer des affiches : « Chassant les terroristes et les pillards, les troupes françaises sont arrivées dans votre localité … pour reprendre et améliorer l’œuvre entreprise il y a 80 ans ». La guerre est inévitable. Rares sont les militants ouvriers qui refusent de qualifier les résistants vietnamiens de « terroristes » et de « pillards ». L’Histoire leur a donné raison.

Lorsque la CGT abdique son indépendance, le résultat est évidemment catastrophique. Rappelons que la CGT était associée au Conseil National de la Résistance (CNR) dont le soi disant « programme » faisait du maintien de l’ « Empire » une tâche essentielle.

Voir à ce sujet : comment gaullistes, PCF SFIO et « chrétiens sociaux » entendent cadenasser le mouvement ouvrier dans un cadre d’union nationale :

LE VRAI DU FAUX : LE CONSEIL NATIONAL DE LA RÉSISTANCE. LE CHOIX DE LA CGT. L’INDÉPENDANCE SYNDICALE EN QUESTION. ½.

 et

SECONDE PARTIE CNR 1945 : C.N.R. LE CHOIX DE LA CGT. L’INDÉPENDANCE SYNDICALE EN QUESTION 2/2.

 

Au Conseil des ministres siègent notamment : Charles Tillon (PCF) ministre de l’air. René Mayer (dirigeant de la SFIO qui présente la particularité d’aimer bavarder sur les droits de l’homme, beaucoup moins quand il s’agit d’arabes). Il est ministre des transports ; Robert Lacoste, ex syndicaliste CGT, ministre de la production industrielle, une sorte d Belin d’après-guerre. Quant à Pierre Mendes France, il est ministre de l’économie mais il démissionne en avril, regrettant qu’il ne soit pas engagé une sévère politique d’austérité. Que du beau monde groupé en rangs serrés autour du général-Bonaparte. 

La fonction du PCF. Conséquences à la CGT.

Le PCF était le principal soutien de la politique colonialiste de « la France », c’est-à-dire de la fraction gaulliste. Le parti avait édité en 1945 une brochure au titre éloquent : « au service de la Renaissance française ». Tout un programme ! Il faudrait en citer de larges extraits. Faute de place, voyons l’essentiel :

« Qui ne voit que l’aviation civile française doit dominer dans les airs de n’importe lequel de nos territoires et être maîtresse de nos relations par air avec toutes nos possessions ? » Toutes nos possessions. Difficile d’être plus clair.

C’était justifier par avance tous les crimes de guerre, ceux du Levant, d’Afrique du Nord, du Cameroun, d’Indochine, du Sénégal (Thiaroye), de Madagascar … lorsque de Gaulle s’était rendu en voyage officiel au Kremlin, Staline lui avait conseillé, moitié en plaisantant : « à votre place, je ne mettrais pas Thorez en prison (pour désertion), du moins pas tout de suite ». Message reçu 5/5.

Tout ceci a évidemment des conséquences dramatiques sur la CGT sommée de se soumettre. Ce qu’elle fait.

« Les doriotistes ».

On sait que le PCF avait trainé dans la boue les militants indépendantistes algériens accusés d’être des agents hitlériens.

Au Levant, même chose : l’HUMANITE du 31 mai (au sixième jour du massacre) publie ceci :

« Ces désordres ont été arrangés par des agents doriotistes du PPF (c’est le parti pro nazi de l’ex chef « communiste » Doriot) en Syrie qui ne cherchent qu’à nuire à l’entente des peuples de France, de Syrie et du Liban ». L’HUMANITE du 1er juin récidive.

Le 2 juin, un cran est franchi dans l’ignoble. Voilà que maintenant, les staliniens reprochent aux vichystes de n’avoir pas su défendre correctement l’Empire. Extrait :

« Laval (qui voulait « la victoire militaire de l’Allemagne » nazie) ici comme ailleurs n’a que trop bien réussi à affaiblir les positions de la France. ( … ) Si certains – probablement les britanniques – peuvent être tentés de spéculer aujourd’hui sur un affaiblissement des positions internationales de la France, nous savons que la première des responsabilités en incombe à la trahison des vichyssois et à l’éclipse de notre patrie qui en a été la conséquence » (3).

Notons qu’au Liban comme en Syrie les nationalistes, ces « terroristes », ces « animaux humains », « ces fourmis » comme diraient certains aujourd’hui, réclamaient le départ de toutes les troupes d’occupation.

A la CGT le processus de « colonisation » est bien avancé. Les chefs staliniens se sont emparés de la plupart des fédérations.

Beyrouth, novembre 1943 : « la marche des femmes » pour l’indépendance du Liban. Le gouvernement français s’inquiète des « populations arabes turbulentes ».

Réactions côté SFIO et jeunesses socialistes. Conséquences à la CGT.

La SFIO participe sans état d’âme à l’union nationale. Dans la CGT, les militants socialistes ou de « sensibilité » socialiste qui se soumettent à cette orientation se taisent.

Par contre, les Jeunesses socialistes qui influencent réellement une partie de la jeunesse cherchent, prudemment, laborieusement, à se dégager du carcan belliciste de l’union nationale. En témoigne la tenue de leur congrès national en avril 1945 à Bordeaux.

La motion du congrès consacre quelques lignes à la question coloniale, donc, aux interminables guerres qui vont suivre. Car, comment peut-on douter qu’elles n’auront pas lieu ? Comment peut-on croire que des dizaines de millions d’opprimés ne vont pas chercher à briser les chaînes de l’esclavage et se contenter des belles paroles de la Charte de l’Atlantique ?

Extrait de la motion des JS : « Il ne peut y avoir de castes, ni de races supérieures. Il n’y a, d’une part que des opprimés, et de l’autre, des profiteurs, des tyrans européens, magnats du capitalisme international. Les peuples de nos colonies se battent, souffrent et meurent non pas pour l’idéal républicain, mais pour renforcer la puissance de leurs exploiteurs … » (Voir l’étude de Jean-Jacques Ayme, « Jeunesses socialistes, 1944-1948 »).

Les jeunes socialistes dénoncent aussi le Budget 1946 débattu à l’Assemblée consultative qui accordait 23 milliards à l’Education nationale et plus de 150 milliards à la Défense nationale. Il faut bien se donner les moyens de mener plusieurs guerres en même temps !

Les congressistes continuent de se placer dans le cadre colonial, mais, ils se prononcent pour l’égalité entre européens vivant dans les colonies et « indigènes ». Une réelle égalité dans le cadre du système colonial, même aménagé pour en amoindrir les aspects les plus scandaleux est-elle possible ?

Toujours est-il que la SFIO dirigée par le ministre Mayer veut remettre de l’ « ordre » chez les jeunes. Cette partie de la motion, pourtant adoptée à l’unanimité est purement et simplement censurée du compte rendu officiel.

Certains secteurs des JS refusent la censure, les JS du Nord par exemple. Ceux-là deviennent la cible de l’appareil SFIO … et du PCF.

Le Bureau national des JS est dissous …

Les jeunes socialistes lorsqu’ils rejoignent les syndicats seront en mesure de porter la contradiction à l’appareil confédéral … à leurs risques et périls. Mais il faut parfois savoir dire : NON ! Pas en notre nom !

Question nationale et question sociale.

Les nationalistes libanais et syriens accordaient peu d’importance aux questions sociales.

Ils estimaient, peut-être de bonne foi pour certains d’entre eux, que l’accession à l’indépendance nationale et à la souveraineté effective suffirait à satisfaire les aspirations populaires.

Il faut rappeler comment notre confédération CGT-FO avait tranché la question, en pleine guerre coloniale d’Algérie au Comité confédéral national de mai 1956 :

« ( … ) Le CCN rappelle que les réformes politiques, pour nécessaires qu’elles apparaissent ne sauraient à elles seules conduire à l’émancipation des travailleurs. En conséquence, le CCN mandate le Bureau confédéral pour qu’en accord avec les organismes de la Confédération internationale des syndicats libres (CSIL), il agisse en vue de la sauvegarde des intérêts des travailleurs ». (Voir : « les syndicats et la guerre », 3ème partie.)

La CISL a disparu. Le « L » a disparu. La fusion avec la CMT d’obédience chrétienne a fait de la CSI un bidule intégré dans la « gouvernance » mondiale, un bidule converti au « capitalisme inclusif ».

Les syndicats qui résistent ont tout intérêt à unir leurs forces d’autant que les guerres impérialistes sèment un peu partout dans le monde misère et désolation.

« Le capitalisme porte (toujours) la guerre comme la nuée porte l’orage » (Jaurès).

1 Les croisés n’avaient pas pour seul objectif de « casser du musulman ». Les historiens sérieux rappellent que les premiers croisés (en 1096) lorsqu’ils traversent ce qui est aujourd’hui l’Allemagne, « se livrent à d’abominables pogroms contre les juifs », pogroms suivis de pillages et tout le reste … (Source Régine Pernoud, « les hommes de la croisade »).

De Gaulle et à sa suite le PCF, parlaient des « droits séculaires » de la France en Orient. Référence aux croisés.

2 La ville de Trèves qui n’était pas un objectif militaire avait été bombardée. La maison natale de Karl Marx avait été partiellement détruite. En 1933, les Sections d’Assaut l’avait transformée en imprimerie au service de la propagande nazie, après y avoir brûlé meubles et archives.

3 Il existait un parti communiste syro-libanais bénéficiant d’une réelle implantation parmi les couches populaires ouvrières et paysannes. Les liens avec le « parti frère », le PCF avaient été rompu pendant la guerre. L’historien Maxime Rodinson note :

« Les interventions du parti frère, le PCF, étaient attendues avec impatience, d’autant que le prestige du PCF, auréolé des exploits de la Résistance, était à son sommet. Il était aussi important de montrer aux nationalistes locaux que les liaisons internationales du parti permettaient de recueillir un appui précieux pour la cause nationale au sein même du gouvernement français ».

Grégoire Madjarian précise que « l’auteur (Rodinson) témoigne personnellement de la déception et de la colère des dirigeants communistes libanais et syriens lorsqu’ils eurent connaissance des positions du PCF, lors de la crise du Levant en 1945 ».

En colère ? On le serait à moins. (Source : Grégoire Madjarian : « la question coloniale et la politique du PCF 1944-1947 »).

Prochaine partie : les syndicats et la guerre (7). La grève contre la guerre. Juin 1916, c’est la grève dans une usine d’armement. 110 ouvrières provoquent un vent de panique parmi les états-majors bellicistes.

Elles ont le soutien de la fédération CGT de la métallurgie.

JM. 9-12-2023.

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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