>Histoire

28 / 10 / 2023

Les syndicats et la guerre (3). L’Algérie.

Les gouvernements impérialistes fauteurs de guerre ont toujours cherché à imposer la soumission des syndicats à leurs plans de guerre ; qu’il s’agisse des deux guerres impérialistes (14-18 et 39-45) et des guerres coloniales qui se poursuivent aujourd’hui.

Prenons l’exemple de la guerre d’Algérie.

La conquête coloniale débute en 1830. C’est une suite de massacres et d’exactions sans fin, de révoltes aussi des populations. 

Les colonisateurs, racistes pour la grande majorité, considèrent qu’ils sont dans leur droit puisque les « indigènes » seraient en fait une « sous-race », des « animaux humains » comme disent certains aujourd’hui. 

Le 8 mai 1945, le gouvernement d’ « union » de Gaulle-PCF-SFIO (socialiste) et les recyclés de Vichy du MRP déclenchent ce qu’ils appellent une « opération de police » contre les militants indépendantistes du constantinois qui manifestent avec leur drapeau algérien pour fêter la défaite du nazisme.

Nos camarades algériens parlent de 45 000 algériens massacrés. (Il y a une centaine de victimes « européennes », français pour la plupart).

Cette « opération de police » marque en réalité le début de la guerre d’Algérie pour son indépendance et sa souveraineté.

De l’extrême droite au PCF, c’est le déchainement contre les militants anticolonialistes. L’Humanité du 12 mai 1945 titre : « après les incidents de Sétif … » Le député PCF Fajon dénonce les « agissements d’une cinquième colonne … » Les algériens qui se battent pour leur indépendance, contre le colonialisme pour le droit de vivre dignement, seraient des « provocateurs bien connus » agents de Hitler et de Doriot. (Doriot était avant-guerre un dirigeant du PCF ; rallié au nazisme). Les chefs staliniens de la direction de la CGT réunifiée sont tenus de répercuter ce discours. 

Les militants syndicalistes devraient-ils se taire ?



Les partis colonialistes mènent une politique de terreur. Le 14 juillet 1953, 7 militants anticolonialistes qui manifestent pacifiquement avaient été assassinés par la police à Paris. Six militants algériens du parti de Messali Hadj et un militant du PCF et de la CGT – Maurice Lurot –  qui défilait aux côtés de ses camarades algériens. Les Maurice Papon, connus ou anonymes, qui colonisent l’appareil d’état sont très actifs.

A L’Assemblée, tous les groupes politiques votent en 1956 les crédits de guerre et les « pouvoirs spéciaux » qui accordent des pouvoirs exorbitants aux militaires. Tout militant algérien devient un « terroriste » en puissance et s’expose à la répression façon GESTAPO.

De l’extrême droite au PCF, on se déchaîne contre ceux qui résistent.

Dans ce contexte de délire chauvin, anti arabe exacerbé, les militants syndicalistes sont l’objet de toutes les pressions.

La résistance de Bergeron et Bothereau.

L’un et l’autre refusent de se soumettre. Ils prennent contact avec l’UD FO de Loire-Atlantique et Alexandre Hébert pour mener dans la confédération les discussions qui permettront de parvenir à une position digne, conforme à l’internationalisme ouvrier.

Ils savent que l’UD FO 44 travaille avec le leader indépendantiste Messali Hadj. Lui, se prononce pour l’indépendance depuis 1927. C’est pourquoi, la direction stalinienne du PCF en a fait l’ennemi public N°1. Avec Messali, l’UD a défendu les intérêts de tous les travailleurs, français et algériens … lors des grandes grèves de 1953 et 1955.

Le CCN FO réuni les 5 et 6 mai 1956 adopte cette résolution :

« ( … ) La politique dite d’intégration est largement dépassée

Le mouvement syndical, pour rester fidèle à sa vocation pacifiste et anticolonialiste doit affirmer une nouvelle fois qu’une solution du conflit algérien ne saurait être trouvée dans une épreuve de force. 

Dans ces conditions, le CCN estime que l’intérêt véritable des peuples et des travailleurs algériens et français implique que tout soit mis en œuvre pour obtenir rapidement un cessez le feu.

En conséquence, le CCN lance un appel angoissé aux antagonistes pour que les armes se taisent et fassent place à la discussion.

( … ) Le CCN condamne et réprouve toutes les exactions et tous les crimes commis au nom de tous les nationalismes en Afrique du Nord. Le CCN réaffirme les principes de l’internationalisme ouvrier.

Le CCN rappelle que les réformes politiques, pour nécessaires qu’elles apparaissent ne sauraient à elles seules conduire à l’émancipation des travailleurs. En conséquence, le CCN mandate le Bureau confédéral pour qu’en accord avec les organismes de la Confédération internationale des syndicats libres (CISL) il agisse  en vue de la sauvegarde des intérêts des travailleurs ».

Cette position rallie une large majorité du CCN.

Alexandre Hébert écrit : « Le CCN de la CGT-FO d’Amiens peut être considéré comme le plus important de ceux qui se sont tenus depuis la constitution de la Centrale ».

Et revenant sur la position personnelle, évidemment déterminante de Robert Bothereau, il précise :

« Bothereau avait parfaitement raison de déclarer  que nous ne devons écarter à priori aucune solution  « et en tout cas, pas celle de l’indépendance algérienne ».

Une déclaration qui pouvait en faire, à l’époque, un complice des « terroristes ».

(Voir à ce sujet, la brochure de l’UD : « L’UD CGT FO de Loire-Atlantique et la question coloniale. Le combat d’Alexandre Hébert ». 48 pages. Février 2022).

JM 28 octobre 2023.

chaud ! chaud ! chaud !

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