>Histoire

6 / 03 / 2021

1995 : le plan Notat-Juppé (Jucard) et la presse servile.

1991 : c’est la première guerre du golfe. Le président de la République, F. Mitterrand institue son conseil de défense. La presque totalité de la presse approuve la politique gouvernementale. Chacun a bien compris que l’enjeu, ce n’est ni la défense de la démocratie, ni le respect des droits de l’homme : c’est le pétrole.

1992 : c’est le traité de Maastricht. La presse presque unanime pour le OUI rivalise de servilité. C’est à qui décrochera la timbale du plus stupide édito. Le directeur du Monde écrit ce morceau de bravoure : « un NON au référendum serait pour la France et l’Europe la plus grande catastrophe depuis les désastres engendrés par l’arrivée de Hitler au pouvoir ». Tout en nuances …

On pourrait poursuivre presque à l’infini.

En 1997, Serge Halimi publie » les nouveaux chiens de garde ».  (Liber-raisons d’agir, 103 pages).

Il montre les collusions entre la presse, les télés, les hommes politiques, tous bords confondus et les grands groupes industriels.

Il dénonce le « journalisme de révérence »   qui fleurit, écrit-il en 1984, lorsque que F. Mitterrand  crée une chaîne privée de télévision, Canal Plus. « Il la confia à son homme de confiance, André Rousselet qui était précédemment son directeur de cabinet ». (Halimi).

Le contrôle de la presse a de tous temps constitué un enjeu majeur. (Cf texte ci-dessous de Jean Jaurès). En 2021, une dizaine de milliardaires contrôlent presque toute la presse et bon nombre de radios et télévisions. C’est ce que l’on appelle le « pluralisme d’informations » (1) (Mauduit)

Serge Halimi consacre une dizaine de pages savoureuses aux mois de novembre et décembre 1995.

A l’appel de notre confédération, les travailleurs se mobilisent par millions pour obtenir le retrait du plan Juppé, ou plus précisément, le retrait du plan CFDT-Juppé. (Voir sur ce site :

13 NOVEMBRE 1995 : UN CCN FO HISTORIQUE

et  LA SÉCU: DE 1995 À 2017, QUE S’EST-IL PASSÉ ?

Pour des millions de grévistes et de manifestants, le plan CFDT-Juppé n’est « ni amendable, ni négociable ».

28 novembre 1995 : la CGT-FO mobilise au plan interprofessionnel. La CGT rejoint la mobilisation. Ici, poignée de mains Blondel (FO) et Viannet (CGT).

« En novembre-décembre 1995, tout s’exprima à la fois : le soutien au pouvoir, l’arrogance de l’argent, le mépris du peuple, le pilonnage d’une pensée au service des possédants ». (Halimi, page 66).

La presse servile loue le « courage » de Juppé et celui de Nicole Notat. C’est l’inflation des qualificatifs Dithyrambiques : « courageux », « ambitieux », « cohérent », « novateur », « pragmatique » etc.

Les quelques exemples qui suivent sont tirés du livre l’Halimi. La plupart des « éditocrates » de l’époque sévissent encore. Plusieurs ont changé d’employeurs ; toujours des milliardaires.

LE FIGARO : « les cheminots et les agents de la RATP rançonnent la France pour la pressurer d’avantage. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, de corporatisme, c’est-à-dire de racket social ».

Le POINT : « D’un côté, la France qui veut travailler et se bat, et de l’autre, la France aux semelles de plomb, campée sur ses avantages acquis ».

TF1 : « M. Juppé a marqué sans doute un point, celui du courage politique.  Mais il joue à quitte ou double face à un mouvement où les phantasmes et l’irrationnel brouillent souvent les réalités ».

Le président du conseil de surveillance du MONDE, l’inégalable Alain Minc, a fait part dans les colonnes d’un confrère le FIGARO de cette profonde pensée :

« Dans ce monde en apparence unifié par les modes de vie  et les marchés financiers, il demeure une spécificité française : le goût du spasme ».

Hersant, patron du PARISIEN est pris d’insomnies. « Le mouvement social qui s’étend à la poste va-t-il paralyser les guichets privant les chômeurs des prestations attendues au prochain jour ? »

La revue Esprit dénonce la grève : « un carnaval », de Closets qui passe d’un plateau de télé à l’autre (privée et publique) s’étouffe d’indignation et dénonce avec hargne « une dérive schizophrénique ».

Le journal financier LES ECHOS rêve d’un Juppé en « dame de fer : « Une fois de plus l’exemple de la dame de fer qui a su mater les mineurs britanniques est mis en avant ».

On pourrait poursuivre à l’infini. S Halimi note : « les journalistes de marchés étaient accablés ».

Les uns et les autres exhortent Juppé à « tenir bon ». Une pétition est même lancée en défense de l’intrépide ministre. Les Journaux LE MONDE, LIBERATION, la revue ESPRIT (à l’origine de la pétition) assurent le service après-vente.

En 2009, Rocard et Juppé, « Jucard », pour la remise d’un « rapport sur le grand emprunt ». Paroles d’expert : « 1995 : il y avait le feu dans la maison ; il était nécessaire que Juppé tape fort ». (Michel Rocard). Quant à Juppé … « Juppé, qui, dans sa bonne ville de Bordeaux, s’est fait «tirer le portrait» qu’il prétendait, comme naguère Pétain, faire afficher dans les écoles »>. (A. Hébert, janvier 1996).

Les salariés syndiqués à notre CGT-FO savent en lisant la presse confédérale et celle des UD pourquoi Marc Blondel a parlé de « hold-up » contre notre sécu.

Dans la presse étrangère.

The Economist : « Des grévistes par millions(ici, les mots « grève » et « grévistes » ne sont pas interdits)  … un gouvernement assiégé tente d’imposer les politiques d’austérité du FMI à une population hostile ».

Le Wall Street Journal : « Les marchés ont rebondi dès lors que les investisseurs ont choisi de parier que le gouvernement de M. Juppé remporterait l’épreuve de force avec les salariés en grève du service public ».

En quelques lots bien choisis, l’essentiel est dit.

On peut donc lire la presse étrangère ou, beaucoup mieux, lire la presse syndicale, celle de la CGT-FO, évidemment ; notamment, l’OS, le journal de l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique.

(1)    En 2016, Laurent Mauduit a publié : « main basse sur l’information ».

Il cite une dizaine milliardaires, de « droite » (ou extrême »), de « gauche », tous passionnés par le dur métier de journaliste.

1 Bolloré Canal +

2 Patrick Drahi : Libération, le groupe l’express, 49 % des capitaux de NextRadioTV, (BFM-TV, BFM-Business, RMC)

3 Le trio Niel, Pigasse, Bergé avec le Monde, le Nouvel Observateur,  Radio Nova …

4 Arnault : Les Echos, le Parisien.

5 Iskander Safa : Valeurs actuelles.

6 Lagardère : Europe 1, Paris match, le journal du dimanche.

7 Bouygues : TF1

8 Dassault : le Figaro.

9 Pinault : le Point.

10 Bettencourt  l’opinion …

Depuis, il y a eu quelques rachats (c’est le mercato permanent) qui ne changent rien au problème.

Et voilà pourquoi lire une certaine presse, écouter certaines radios et télé est devenu une véritable épreuve.

JM mars 2021.

Document

Jaurès et la presse.

 Extrait de l’éditorial du premier  numéro de l’Humanité (18 avril 1904), intitulé Notre but : l’humanité :

 «  […] Nous voudrions de même que le journal fût en communion constante avec tout le mouvement ouvrier, syndical et coopératif. […] Sans nous arrêter aux diversités et aux contrariétés de tactiques et de formules, nous serons heureux d’accueillir ici toutes les communications où se manifestera la vie ouvrière ; et nous seconderons de notre mieux tous les efforts de groupement syndical et coopératif du prolétariat. Ainsi la largeur même et le mouvement de la vie nous mettrons en garde contre toute tentation sectaire et tout esprit de coterie.

C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. La grande cause socialiste et prolétarienne n’a besoin ni du mensonge, ni du demi-mensonge, ni des informations tendancieuses, ni des nouvelles forcées ou tronquées, ni des procédés obliques ou calomnieux. Elle n’a besoin ni qu’on diminue ou rabaisse injustement les adversaires, ni qu’on mutile les faits. Il n’y a que les classes en décadence qui ont peur de toute la vérité ; et je voudrais que la démocratie socialiste unie à nous de cour et de pensée, fût fière bientôt de constater avec nous que tous les partis et toutes les classes sont obligés de reconnaître la loyauté de nos comptes-rendus, la sûreté de nos renseignements, l’exactitude contrôlée de nos correspondances. J’ose dire que c’est par-là vraiment que nous marquerons tout notre respect pour le prolétariat. Il verra bien, je l’espère, que ce souci constant et scrupuleux de la vérité même dans les plus âpres batailles, n’émousse pas la vigueur du combat ; il donne au contraire aux coups portés contre le préjugé, l’injustice et le mensonge une force décisive. 

Mais tout cela ne serait rien et toute notre tentative serait vaine ou même dangereuse si l’entière indépendance du journal n’était point assurée et s’il pouvait être livré, par des difficultés financières, à des influences occultes. L’indépendance du journal est entière. Les capitaux, dès maintenant souscrits, sont suffisants pour nous permettre d’attendre le développement espéré du journal. Et ils ont été souscrits sans condition aucune. Aucun groupe d’intérêts ne peut directement ou indirectement peser sur la politique de l’Humanité.

[…] Faire vivre un grand journal sans qu’il soit à la merci d’autre groupe d’affaires, est un problème difficile mais non pas insoluble. Tous ici, nous nous donnerons un plein effort de conscience et de travail pour mériter ce succès : que la démocratie et le prolétariat nous y aident. »

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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