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Histoire 30 / 03 / 2017

La sécu: de 1995 à 2017, que s’est-il passé ?

1995 : c’était le plan Notat (CFDT) Juppé.

2017 : la sécu est toujours dans le viseur !

22 ans déjà ! Le 1er ministre de l’époque, Alain Juppé organise avec la CFDT le « hold-up » du siècle.

Disons-le clairement : il ne s’agit pas d’un plan pour « la France ». C’est une orientation mondiale que le journal financier, le Wall Street Journal résume ainsi :

« Les fonds de pension vont faciliter les privatisations ». (juillet 1995).

C’est l’éternelle rengaine du soi-disant « déficit ». Le Monde n’hésite pas à parler de faillite. Rappelons simplement qu’en 2016, la sécu enregistre 488,5 milliards d’euros de recettes ; mais le MEDEF vocifère. Il y aurait un « trou » de 9 milliards ! Et alors ? (En 2014, le « déficit » budgétaire de l’Etat s’élève à 74,7 milliards d’euros).

Aux origines de la sécu.

C’est sous l’impulsion de Georges Buisson que, dès 1943, la CGT élabore un plan complet de sécurité sociale, un projet révolutionnaire qui prévoit :

  • La gratuité complète des soins médicaux.

  • La gestion de tous les risques par une caisse unique.

  • -Le financement par les cotisations calculées sur les salaires.

  • Et, très important, la gestion de la sécu par les seuls représentants des salariés.

Le Conseil national de la Résistance ne retient pas cette dernière proposition.

Les attaques contre l’acquis de 1945 seront incessantes. Citons les ordonnances de 1967 (régime gaulliste) qui prétendent accentuer la participation de l’Etat à la gestion des caisses nationales. Ces ordonnances mettent à bas l’unicité et la solidarité de la Sécurité sociale en substituant à la Caisse nationale de sécurité sociale, 3 caisses nationales (maladie, vieillesse et famille + l’ACOSS, agence centrale de SS qui collecte les cotisations, tout cela avec obligation pour chaque caisse nationale d’être en équilibre financier

 C’est aussi la remise en cause de la gestion des caisses auparavant majoritairement gérées par les représentants des salariés. Les conseils deviennent à parité patronat/ salariés et il y a un renforcement des pouvoirs de tutelle de l’Etat qui contrôle l’équilibre financier des caisses nationales.

Toutefois le contrôle est a posteriori et les conseils mêmes paritaires conservent des pouvoirs, ce qui n’est plus le cas après 1995.

La grève générale de mai-juin 1968 est la réponse de la classe ouvrière prolongée par le double NON au référendum d’avril 1969.

Novembre 1995, la mobilisation s’organise autour de la CGT-FO.

Alors que la CGT-FO par la voix de Marc Blondel déclare, « la sécurité sociale vaut bien une grève générale », le petit monde de la « deuxième gauche » politico-syndicale fait bloc autour de Juppé.

Une pétition est même lancée en décembre en soutien à Juppé-Notat (1) à l’initiative des journaux bien-pensants : Témoignage chrétien, le Monde, et, évidemment la revue Esprit dont M. Macron est toujours membre du comité de rédaction.

La pétition exige « une réforme de fond de la sécu » et déclare que le plan Notat-Juppé « a pris acte d’un système qui pénalise l’emploi » – on ne sait trop pourquoi – et que le vote d’un budget sécu par le parlement est le summum du modernisme. Le patronat, la Commission de Bruxelles se réjouissent.

L’obstacle majeur du syndicalisme rassemblé.

 1 blondel viannet

Novembre 1995 : alors que Nicole Notat est prudemment exfiltrée des manifs syndicales, M. Blondel (secr. général de la CGT-FO et Viannet (secr. général) de la CGT affichent publiquement un accord en défense de la sécu (2) (et des retraites des fonctionnaires) : une poignée de main qui reste en travers de la gorge des néos corporatistes. Un 1er coup porté au syndicalisme rassemblé qui en appelle d’autres.

Alors que la mobilisation interprofessionnelle pour la défense de cet acquis fondamental de 1945 exige la plus grande clarté, certains, jouant de l’aspiration « unitaire » des salariés font tout pour garder la CFDT bien au chaud dans une « intersyndicale » sans revendication commune.

Pourtant louis Viannet doit concéder :

« Ma conviction est faite, il faut à tout prix créer les conditions pour que les salariés ripostent ( … ) puisque l’initiative (d’une grève interprofessionnelle) a été prise pour le 28 novembre par FO, eh bien, qu’on se retrouve tous, ce plan Juppé, nous ne pouvons l’accepter ». A la « base », ça pousse …

La CGT-FO prend ses responsabilités.

C’est le Comité confédéral national réuni le 13 novembre qui avait adopté une déclaration intitulée : « la sécurité sociale en danger » et qui appelait à préparer une grève générale interpro pour le 28 novembre. Alexandre Hébert réaffirme :

« La CFDT est pour transférer les ressources à l’ensemble des revenus en élargissant la CSG ( … ) Camarades, drôles de formules ( … ) Tout ça, c’est pour faire reposer sur l’impôt le financement de la sécu. Quant à nous, à l’opposé, (nous voulons) que le maintien du principe de la solidarité ouvrière, pour que la protection sociale collective continue à être financée par les salaires … »

La CFDT, syndicat jaune.

La CFDT place le gouvernement sous surveillance. Dans une interview au quotidien patronal les échos, Nicole Notat indique :

« Nous mesurerons la réalité de la volonté de réforme du gouvernement. 
Question : Vous avez annoncé la mise en place d’un comité de vigilance. Qui le composera ?

Ce comité de vigilance sera composé des organisations qui partagent avec nous un certain nombre de propositions et avec lesquelles nous avions fait une déclaration commune en 1995 : la Mutualité française, la Fédération nationale des handicapés, l’UNIOPSS, l’UNSA, tous ceux en fait qui souhaitent la réussite de la réforme … »

Notat, Rocard et par exemple encore, Fabius, président du groupe PS de l’Assemblée nationale s’illustrent tout particulièrement :

Rocard : « Il y avait le feu dans la maison. Il était nécessaire que M. Juppé tape fort ».

Fabius :« Sur l’assurance maladie le plan Juppé reprend depuis longtemps des idées que la gauche défend ». C’est vrai.

2017 : aujourd’hui, les candidats se pressent toujours au chevet de la sécu. On peut même dire qu’ils rivalisent d’audace … Si M. Juppé a disparu, la CFDT et ses amis de tous bords sont encore là, avec toujours les mêmes objectifs, mais – et c’est certainement le plus important – sans le « syndicalisme rassemblé » (3).

Pourtant, l’affaire de la loi travail – loi Berger-Valls – indique clairement qu’ils restent déterminés à aller jusqu’au bout pour tenter de nous imposer leur soi-disant « intérêt général ».

Mais l’essentiel n’est-il pas aujourd’hui dans la résistance unitaire autour de l’axe CGT-FO et CGT ?

Comme toujours, le rapport des forces sera déterminant.

2 plan juppe

1995 : Les mots d’ordre …

La sécu aux travailleurs, on s’est battu pour la gagner, on se battra pour la garder ! La sécu aux salariés, pas aux députés !, fiscalisation ? Non, non, non !, la sécu, la santé, c’est un droit des salariés, retrait, retrait du plan Juppé !

… Ceux de FO largement repris dans les manifestations.

 3 mailly martinez

15 septembre 2016, meeting de rentrée à Nantes en présence de JC Mailly  et P.Martinez : « promulgation ou pas, on n’en veut pas ! abrogation de la loi travail ! »

La conquête de droits nouveaux implique l’abrogation de toutes les lois réactionnaires, depuis celle de M. Balladur (été 1993) à la récente « loi Travail ».

C’est sur le terrain de l’action syndicale pour les revendications que se règleront les problèmes auxquels nous sommes confrontés.

C’est sur le terrain de l’action de classes que seront défaites les contre-réformes et que seront arrachés de nouveaux acquis.

  1. Parmi les signataires : Roland Cayrol, Jacques Chérèque, Daniel Cohen, Alain Fienkelkraut, Francis Fitoussi, Jacques Julliard, Paul Ricoeur (le « philosophe » de référence de M. Macron) etc.

(2) La Confédération CGT a publié en novembre 2015 une nouvelle histoire de la CGT, postface de Maryse Dumas, (sous l’égide de l’IHS). On lit page 157 ce commentaire pour le moins étonnant :

« Les mobilisations de 1995 contre le plan Juppé rassemblent deux millions de personnes dans la rue. Le « tous ensemble » des manifestants transcende le corporatisme de la manifestation. La poignée de main Viannet-Blondel est un symbole du syndicalisme rassemblé ». Difficile de faire pire.

  1. Qui dit « syndicalisme rassemblé » dit soumission aux politiques des gouvernements successifs et de la CFDT.

J. M 29-13-2017

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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