>Histoire

6 / 11 / 2018

13 novembre 1995 : un CCN FO historique

1995, c’est l’année du plan Notat-Rocard-Juppé contre la sécurité sociale.

Le 1er ministre en titre, Alain Juppé explique à l’Assemblée nationale :

Le 1er point « du projet de loi portera sur la création du régime universel d’assurance maladie … le second traitera de « la rénovation de la CSG … »

Le gouvernement et la CFDT veulent, sous couvert de « régime universel » fiscaliser la Sécu, nous piquer notre salaire différé, démanteler les régimes spéciaux de retraite, imposer à la fonction publique les quarante annuités en lieu et place des 37et demi, au nom de « l’équité ».

C’est 12 ans plus tôt, l’application du programme de Kessler : détruire les conquêtes de 1945.

Le scénario semble bien huilé. Acte I : le gouvernement cherche les bases d’un « diagnostic partagé » avec les syndicats. Il lance quelques pistes, certaines jugées inacceptables (même par la CFDT) d’autres présentées comme une évidence. Acte II : derrière la CFDT « tous ensemble », seraient tolérées quelques protestations soigneusement encadrées. ; ce sont les fameuses manifs de « stimulation critique » à l’italienne. Acte III, le gouvernement fait mine de reculer sur certains aspects de la « réforme » mais conserve l’essentiel de l’architecture ; éventuellement, il se réserve la possibilité, sous couvert de reculs », de « charger la barque ». Acte IV, une grand-messe de concertation vient bénir l’opération.

Ceux que l’on appelle encore curieusement « l’opposition » politique réclament un grand débat national ».

Au début, la CFDT mène la danse. Elle obtient fin octobre une déclaration commune avec la CGT, pas étonnant à l’époque, mais surtout avec notre CGT-FO. Le cadre fixé est l’acceptation de la fiscalisation. L’acte I semble fonctionner.

Cette position est en opposition avec toutes les résolutions de congrès. En, janvier, à Bercy, Marc Blondel avait déclaré devant des milliers de militants :

« La défense de la Sécu vaut bien une grève générale ».

Il s’agit donc le 13 novembre de rétablir le mandat. Le moyen ? « La démocratie syndicale ». Ce sera le rôle historique du CCN du 13 novembre 95.

La résolution adoptée rompt l’union sacrée syndicale. Dès l’acte II, rien ne fonctionne plus comme l’avait prévu les stratèges de la contre-réforme. Extraits de la résolution :

« La Sécurité sociale est en danger. ( …) Le CCN condamne une politique économique basée sur l’allègement systématique du coût du travail. ( … ) Le CCN décide d’appeler les salariés à 24 heures de grève interprofessionnelle le mardi 28 novembre 1995 ».

Le CCN replace la Confédération à sa place. Toutes les autres se positionnent en fonction de nos positions de principe et non l’inverse.

Nous ne combattons pas dans les congrès fédéraux réformistes pour transformer la CGT-FO en  » centrale révolutionnaire ». Par contre, nous combattons avec fermeté pour que la centrale réformiste reste sur le terrain de la lutte des classes. (A. Hébert). 

Alexandre Hébert dénonce la position commune d’octobre, la « commedia dell arte » « ( … ). En réalité le transfert des charges sociales du salaire différé vers l’impôt, c’est-à-dire pratiquer des coupes claires dans les salaires au nom des sacro-saints critères de convergence, cette politique s’inscrit dans la politique de baisse des coûts salariaux. Or, camarades, soyons clairs, le salaire même différé, on le touche, l’impôt, on le paie ! Je n’aime pas beaucoup les formules ambiguës. La CGT et la CFDT sont pour la solidarité nationale. Et nous pour la solidarité ouvrière ( … ) Nous sommes le seul recours et ce recours, on veut le détruire … »

Notat se dit « étonnée » par la déclaration du CCN. Son petit télégraphiste – Rocard – s’emporte : « Il y avait le feu dans la maison, il était nécessaire que M. Juppé tape fort ». Rocard est vexé de n’avoir pas « tapé fort » le premier.

A la CGT(1), c’est la consternation. Les « modernistes » se heurtent à une résistance farouche de la « base ».

Le 15 novembre le plan gouvernemental définitif est annoncé officiellement. Blondel applique le mandat. « C’est un hold-up ! ». Il appelle à la grève interprofessionnelle le 28 novembre. Le secrétaire général de la CGT, Louis Viannet doit suivre.

De « l’extrême droite » à l’ « l’extrême gauche » en passant par l’Humanité, toute la presse se déchaîne contre FO et plus particulièrement contre Marc Blondel.

La meilleure réponse, ce sont, en dépit des manœuvres de divisions, les millions de manifestants qui la donnent tout au long du mois de décembre.

(1) A la CGT c’est la guerre entre les « modernistes » (partisans en toutes circonstances de l’accord CFDT-CGT) et les militants qui veulent que la CGT défende les intérêts particuliers des salariés comme l’exige la Charte d’Amiens. Le chef de file des premiers, un dénommé Alain Obadia a démissionné en 1994 du Bureau confédéral. Objectif : intégrer la direction de campagne de Delors au cas où celui-ci serait le candidat de la « gauche » aux présidentielles. (Delors renonce. Obadia se console au cabinet de la ministre du Travail, Martine Aubry en 1997. Obadia finit comme il se doit, membre éminent du CESE).

Cette orientation se heurte à la résistance de nombre de fédérations et surtout d’UD. C’est pourquoi, le Bureau confédéral dirigé par G. Séguy tente d’imposer au 45ème congrès confédéral qui se déroule en décembre 95 ! une réforme des statuts. Objectif à peine dissimulé, limiter les prérogatives des UD et fédés. Il est qurestion de passer de 30 fédérations à une dizaine, voire moins encore … Les UD et les fédés, ce sont 125 pôles de résistance potentiels à la destruction des acquis de 1945.

J. M novembre 2018

chaud ! chaud ! chaud !

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