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Loire Atlantique 29 / 01 / 2019

Le piège du « syndicalisme rassemblé ».

En 2008, c’est l’époque des « grands-messes ».

Le président de la république adopte la formule des « grandes » conférences sociales. Les confédérations ouvrières sont invitées à participer à la mise en œuvre des « réformes ». Au menu, une nouvelle contre-réforme des retraites. Le gouvernement veut augmenter la durée de cotisation. Ce n’est pas encore la réforme systémique que les  « penseurs » de la CFDT sont en train de concocter.

Le soutien de la seule CFDT ne suffit pas. Il peut même s’avérer encombrant. Il s’agit pour le gouvernement de M. Sarkozy d’élargir le front de la collaboration. Traduction concrète, établir un accord CFDT-CGT « durable » comme disent certains.

Cet accord réalisé « au sommet » va trouver sa concrétisation dans la « position commune » CFDT-CGT » appuyée par le MEDEF. L’opération est orchestrée par le conseiller social du président, M. Soubie, aujourd’hui, très inquiet des conséquences possibles de la mise à l’écart des syndicats.

Il s’agit dans le même mouvement de marginaliser notre confédération. Echec complet ! comme l’a montré les récentes élections professionnelles dans la fonction publique.

C’est à l’occasion du congrès de l’UD CGT-FO 44 en 2010 que Patrick Hébert résume ainsi les enjeux :

« ( … ) Depuis 2008, c’est la position commune signée entre MEDEF, CGPME, CFDT et CGT qui s’est traduite par la loi du 20 août 2008. Il y a une tentative en France de constituer un pôle syndical officiel, directement lié au patronat et au gouvernement chargé de faire les basses besognes et de faire appliquer les décisions prises au sommet ; ça rappelle étrangement ce qui s’est passé en Italie il y a 25-30 ans, ce que l’on appelait le compromis historique entre ce qu’on appelait la branche stalinienne italienne et la branche chrétienne sociale.

Aujourd’hui, c’est à travers les successeurs des staliniens, Thibault (CGT), et la branche chrétienne sociale, Chérèque (CFDT) que se mène également cette sainte alliance … il s’agit d’essayer de faire taire la voix du syndicalisme indépendant … »

L’axe de la collaboration CFDT-CGT, on le retrouve en 2010 lorsque le gouvernement tente d’imposer sa contre-réforme des retraites. L’ « intersyndicale » officielle, dirigée par les cléricaux organise une multitude de processions sans le moindre caractère revendicatif. En Italie, on appelait cela, des manifestations de « stimulation critique ». Les « forces de l’ordre, harnachées de la tête aux pieds devaient « protéger » certains leaders syndicaux trop empressés d’entériner les réformes du gouvernement italien ; notamment celles concernant les retraites.

Don Camillo et Peppone,

Conformément à la doctrine sociale de l’Eglise, les directions CFDT (c’est normal) et CGT (c’est contre nature) acceptent de fait le statut de « corps intermédiaires » et renoncent aux revendications*.

A l’inverse, notre confédération CGT-FO mobilise partout ses militants pour préparer les conditions de la grève – « bloquer le pays » – afin d’établir le rapport des forces qui contraindra le gouvernement à reculer.

C’était le sens de la manifestation organisée à Paris le 15 juin 2010.

Des dizaines de milliers de manifestants FO défilent ce jour-là pour exiger le RETRAIT du plan gouvernement-CFDT.

A l’inverse, les « syndicalistes » rassemblés derrière M. le vice -ministre F. Chérèque doivent subir les journées d’actions à répétition sans autre perspective qu’amender, « améliorer » ! le plan gouvernemental.

Fort du soutien de « l’intersyndicale » officielle, le gouvernement dispose de la marge de manœuvre qui lui est indispensable. La loi adoptée, N. Sarkozy, comme Fillon en 2003, rend hommage à l’ « intersyndicale » : « Hommage soit rendu aux forces syndicales dans notre pays, nous avons fait cette réforme considérable des retraites sans violence … » (16 novembre 2010).

Le président et sa garde rapprochée : ses deux corps intermédiaires préférés. A droite, Chérèque, à gauche, Thibault, ou l’inverse, comme on préfère.

En 2019, le contexte est bien différent.

Evidemment, la centrale cléricale, la CFDT** conserve les mêmes objectifs. Elle réclame le droit d’être associée plus étroitement à l’élaboration et à la mise en œuvre des plans gouvernementaux. A quoi bon faire mine de s’en étonner ou de s’en indigner.

La réflexion suit son cours auprès des militants syndicalistes.

Faut-il rééditer les erreurs du passé ?

Le gouvernement Philippe, privé de toute base sociale, tente comme tous les gouvernements de la Vème république d’associer via le  les corps intermédiaires.

Au CESR des pays de Loire, une motion en soutien au grand débat a été adoptée. FO a voté contre, seule. Lire l’intervention de la délégation FO :

http://force-ouvriere44.fr/ceser-p-d-l-assemblee-pleniere-18-decembre-2018-intervention-de-daniel-juret-f-o/

La Motion du CESR ce conclut ainsi :

« ( … )  en se mobilisant dans un contexte exceptionnel, le CESR des pays de Loire souhaite contribuer à l’édifice d’une concertation renouvelée, respectueuse du rôle des corps intermédiaires, et des décisions qui sont prises démocratiquement au sein d’une république apaisée ».

CFDT devant, CGT, FSU etc tous derrière, ont répondu en chœur : « présents ! ». Et voici (discrètement) reconstitué, l’axe de la collaboration avec le gouvernement Macron.

La commission exécutive confédérale FO réunie le jeudi 24 janvier a pris ses responsabilités, n’en déplaise aux partisans pluriels de la « modernisation » des syndicats.

Il s’agit de préparer les conditions de la grève pour gagner sur nos revendications.

*Cette orientation trouve sa concrétisation au niveau européen avec l’adoption en 2011 d’une déclaration solennelle de « huit syndicalistes européens » dont Chérèque et Thibault, aux côtés de la dirigeante de la confédération italienne (la CGIL), Suzanna Camusso. Extraits :

« Le syndicalisme européen, lui aussi, est vivement préoccupé par la stabilité des finances publiques. Mais on ne peut atteindre les objectifs de réduction des déficits et des dettes en anéantissant les économies. Le défi, relevable, est d’y parvenir dans des délais réalistes tout en prenant des mesures, européennes et nationales, pour promouvoir la croissance économique et la création d’emploi.

Le mouvement syndical européen ne défend pas une position partisane : nous cherchons à défendre l’intérêt général et à contribuer à la recherche de solutions à la très grave crise politique de l’UE.

Il faut établir un nouveau contrat social et économique avec la participation active des partenaires sociaux. Un contrat social européen novateur. »

La CGT ou plutôt, Bernard Thibault, est définitivement converti à l’ordre nouveau, néo-corporatiste « européen. 

**En 1982-1983 la CFDT élabore dans le détail la politique gouvernementale à tel point que c’est E. Maire (SG de la CFDT) en personne qui annonce le plan d’austérité du gouvernement d’union de la gauche. Les évêques appuient très officiellement le « tournant de la rigueur » Ils proclament notamment : « l’abus de la grève peut conduire à la paralysie de toute la vie socio-économique, or cela est contraire aux exigences du bien commun » (déclaration sur les nouveaux modes de vie », septembre 1982). La Conférence des évêques récidive le 3 octobre 2011 : « Il est fort possible que la prise en compte du bien commun (« l’intérêt général » de Chérèque Thibault) demande des sacrifices à chacun ».

M. Berger a sans doute la nostalgie de ces années bénies des dieux.

J. M 29 janvier 2019.

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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