>Histoire

31 / 01 / 2025

La bête immonde : la « république » de Salò.

Le geste frénétique du 1er des capitalistes US, celui qui rêve de conquérir la planète Mars – à défaut de pouvoir à coup sûr réintégrer, y compris par la guerre, la Chine dans le marché mondial capitaliste  – a suscité bien des commentaires (1).

La cible finale, c’est en effet la Chine. Qui ne l’a pas encore compris ? Bien avant que ce pays ne sorte du marché mondial capitaliste, un sénateur américain s’exclamait, en 1898 :

« LE PACIFIQUE EST NOTRE OCÉAN !

« C’est au nom de l’idéalisme le plus pur et pour accomplir la mission civilisatrice qui incombe à un grand peuple que nous occupons les philippines. Le Pacifique est notre océan. L’Europe va de plus en plus fabriquer les produits dont elle a besoin et trouver dans ses colonies les matières premières qu’elle consomme. Où trouverons-nous des clients pour nos produits ? En Chine ». (Cité par H. Zinn dans : « histoire populaire des EU »). Désormais les chefs de guerres US font de la Chine leur « adversaire systémique ». Propos confirmés dans le cadre d’un G7. Difficile d’être plus clair (2).

Il y a plus d’un siècle, Benito Mussolini rêvait lui aussi d’Empire mais plus modestement, tout autour de la Méditerranée. Dans sa jeunesse, il avait été socialiste, et même, socialiste très à gauche, avant de basculer … l’affaire avait été rondement menée.

Les capitalistes, effrayés par les « années rouges », 1920-1921 le finançaient massivement.

Mussolini avait su rassembler toute une bande d’aventuriers, d’ambitieux, de cyniques, de déclassés, de xénophobes, de racistes, de « gueules cassées » victimes de la « grande guerre », la grande boucherie, de fous furieux, obsédés par le maintien de « l’ordre, l’ordre, l’ordre … » qui leur tenait lieu de programme.

Toutes choses impensables aujourd’hui, dieu soit loué !

Jusqu’en 1935 et l’affaire de la conquête coloniale de l’Ethiopie, la bonne presse ne tarissait pas d’éloges pour l’ « homme de la Providence » comme on disait au Vatican, lui qui avait su mater le mouvement ouvrier et détruire ses organisations syndicales et politiques. Evidemment, si j’étais italien, je soutiendrais Mussolini disait Churchill en 1927. Voir à ce sujet : « le bal des domestiques » (UD FO 44).

http://force-ouvriere44.fr/le-bal-des-domestiques/

Pour abuser les travailleurs, le programme fasciste, le tout premier, laissait entendre qu’il s’en prendrait aux capitalistes. Rares ont été les syndicalistes qui y ont cru.

Au tout début, Mussolini tolérait même la grève, « celle qui ne bloque pas la production », autrement dit, celle qui protège la classe exploiteuse. (Cf : discours aux ouvriers métallurgistes « grévistes » à Dalmine, en mars 1919).

Mars 1919. Dalmine, Mussolini expliquait aux ouvriers qu’ils devaient cesser de revendiquer pour leurs intérêts particuliers, car ce serait pur « égoïsme ». Seul compterait l’ « intérêt général », l’intérêt national. Autrement dit, il faudrait substituer aux anciens syndicats marxistes ou supposés tels, des corps intermédiaires, disciplinés. L’enfumage était grossier ; Mais il fonctionne encore dans certains cercles …

La sinistre farce n’aura pas duré longtemps. Le régime fasciste n’aura pas tardé à montrer son vrai visage.

Le capitalisme dans l’impasse ne produit que des monstres, hier comme aujourd’hui et le cortège de guerres ininterrompues (3) qui déjà par deux fois, se sont généralisées.

Dans ce contexte à hauts risques, nos syndicats, s’ils restent sur le terrain syndical, revendicatif, plutôt que de s’engager sur le terrain mouvant de la « co-construction de consensus » demeurent un facteur d’ordre et de stabilité. C’est pourquoi ils constituent un obstacle majeur que les « élites » doivent neutraliser. La classe capitaliste cherche à les intégrer dans des « pactes » divers, et maintenant, on n’arrête pas le progrès, des « conclaves », ou « conférence sociale », ce qui revient au même, n’en déplaise à Sophie Binet (4).

Depuis le pape Grégoire X, les évêques n’ont pas le droit de quitter le conclave avant la désignation du nouveau pape infaillible. « Libérez les otages, libérez nos camarades ! » pourrait dire un farceur.

Seconde alternative, c’est la méthode fasciste, la destruction pure et simple des organisations qui résistent. Question de rapports de force.

Après avoir cédé à la pression de l’Union sacrée en 1914, Léon Jouhaux avait refusé de se comporter en subsidiaire de l’Etat vichyste totalitaire. Belin avait cédé. Chacun est libre de ses choix.

La fin du fascisme, dans d’atroces douleurs.

Après avoir contribué à semer chaos et dévastations sur la planète entière, le régime fasciste s’écroule comme un château de sable non sans avoir en Italie sévi une dernière fois.

Ce fut l’épisode sinistre de la république de Salò. (Salò ? petite commune de Lombardie.) Le régime fasciste était en sursis depuis la défaite de la Wehrmacht à Stalingrad.

Les nouveaux maîtres du monde – les « gendarmes » du monde – commandés par Roosevelt (5) cherchaient pour l’Italie une solution politique « transitoire », en collaboration avec le Kremlin et leur homme de paille, P. Togliatti, bourreau des révolutionnaires espagnols, une solution qui assure la continuité de l’Etat. La solution transitoire impliquait le maintien du concordat qui scellait l’accord politique de fond entre la hiérarchie catholique et Mussolini. Ce concordat, Togliatti y tenait tout particulièrement.

Dans le camp ouvertement fasciste, les déceptions étaient nombreuses.

En témoignent les « mémoires politiques » d’un certain Tullio Cianetti, nommé secrétaire d’état aux corporations en 1939 et même « ministre » en 1943 ; donc à la fin. L’individu, fasciste de la première heure, avait la lourde tâche de convaincre les travailleurs et la classe ouvrière de la fonction hautement sociale de l’Etat « corporatif ». Mission impossible bien sûr.

Toute l’amertume du chef fasciste s’exprime dans ce passage :

« Les corporations avaient été instituées en février 1934 » … sur le papier. Mais, « les roués capitaines d’industrie (c’est à dire les capitalistes, Agnelli etc …) et même les milieux dirigeants du ministère des corporations » n’y croyaient pas du tout eux-mêmes.

C’était la débandade.

Notre fasciste « dissident », dégoûté, vote le 25 juillet 1943, l’ordre du jour de déposition de Mussolini proposé par le groupe des fascistes rebelles. Suivra très vite une lettre d’excuse …

Le dernier carré des mussoliniens se replie à Salò et y forme un « gouvernement ».

Tullio Cianetti en compagnie du patron du Front du travail national-socialiste, Robert Ley. Cianetti fait partie de ces « syndicalistes » fascistes qui ont tant impressionné le chef de file des adeptes de la revue Esprit, Emmanuel Mounier, visiteur béat, en 1935, de l’Italie mussolinienne.

Le « syndicat » fasciste, un corps intermédiaire parfaitement discipliné.

L’historien Franck La Brasca note : « C’est par un décret-loi du 20 décembre 1943 qu’était reconstituée une pseudo organisation syndicale, la Confédération générale de la Technique et des Arts – CGLTA – destinée à regrouper toutes les corporations … » Le curseur du grotesque était repoussé à l’infini. L’adhésion de tous était obligatoire.

Mussolini « donne l’objectif d’une socialisation de l’économie qui prévoit la participation des travailleurs et des cadres à la gestion des entreprises publiques et privées ». Mussolini autogestionnaire !

Dans son dernier discours prononcé à Milan, le duce évoque « avec insistance, les racines socialistes du fascisme. C’est un baroud d’honneur qui en d’autres circonstances pourrait paraître bouffon ». (La Brasca). Mussolini déclare :

« Nos programmes sont résolument révolutionnaires. Nos idées relèvent de celles qu’on appellerait de gauche dans un régime démocratique ».

Mais un régime  démocratique suppose l’existence d’un état de droit et l’on sait que le chef fasciste n’avait pas une position figée sur cette délicate question de l’Etat de droit. Mussolini poursuit, sans rire :

« ( … ) Notre idéal est celui d’un Etat du travail … nous sommes les prolétaires engagés dans une lutte à la vie à la mort contre le capitalisme … le véritable épouvantail, le véritable danger, la menace contre laquelle nous luttons sans répit, vient de la droite. … » Faut-il commenter ?

Conclusion :

La Brasca n’a-t-il pas raison d’écrire en conclusion de son étude ? « Comme le montre un excellent ouvrage publié l’année dernière (en 2015) par l’union départementale CGT-FO de Loire-Atlantique, (il s’agit de : « corporatismes d’hier et d’aujourd’hui ») des phénomènes comme l’accession de partis « démocrates-chrétiens » aux affaires en Italie et en Allemagne au lendemain de la guerre, et leur maintien au pouvoir des décennies dans ces pays, l’existence et le rôle joué par un syndicat comme la CFTC-CFDT en France, le développement de la Communauté économique européenne-Union européenne et le rôle qu’elle joue dans l’attaque des syndicats indépendants, les opérations politiciennes visant à aspirer les organisations ouvrières dans des politiques de collaboration de classe – la participation gaulliste, la nouvelle société, le syndicalisme rassemblé etc(jusqu’au « conclave ») ces phénomènes peuvent être considérés comme des preuves que la tentation corporatiste de destruction du mouvement organisé reste à l’ordre du jour … ».

C’est la question principale du moment.

1 Dans un film de 1964, Stanley Kubrick met en scène un stratège fou et trop intelligent, le docteur Folamour, transfuge du monde nazi, partisan de la guerre nucléaire, embauché par les chefs de guerre US, et qui a le même geste, qu’on comprend, très longtemps comprimé.

2 Un militant ouvrier affirmait en 1937 : « La principale arène du combat ne sera évidemment pas ce baquet liliputien qu’est la Méditerranée, ni même l’Atlantique, mais le Pacifique.

L’enjeu le plus important de la lutte sera la Chine … La perspective, il faut l’avouer est loin d’être idyllique … » et encore moins en 2025.

3 Patrick Martin, le patron du MEDEF s’est vanté sur X d’avoir à sa demande rencontré un certain Emmanuel Chiva, le peu connu délégué général pour l’armement. On y a causé « des menaces qui nous guettent » mais aussi et surtout, des « opportunités à venir ». « Opportunités » dans l’économie de guerre. Un cynisme sans limites. Mais peut-on en attendre autre chose ? Le capitalisme se nourrit des catastrophes et des guerres qu’il provoque, inévitablement.

Avec vue sur la tour Eiffel, conclave entre amis. Janvier 2025.Chiva, chiva pas ? Le « journal » qui admire Musk, les ECHOS » titrait ce jeudi 30 janvier : « l’Etat promet (au chef de la Direction générale de l’armement) une commande « agile » pour produire vite et moins cher …Chiva a présenté ses bons voeux aux 10 700 employés (et non pas collaborateurs !) de l’entreprise. Il faut massifier les commandes en veillant à ce que l’industrie de l’armement ne rate aucun virage technologique ».

4 Notre Confédération nous informe le 24 janvier 2025 :

 « La confédération Européenne des Syndicats (C.E.S.) a présenté la conclusion des premières discussions avec le patronat (« européen ») sur le Pacte européen pour le dialogue social. Une déclaration commune a été entérinée en décembre 2024 servant de base à la commission européenne pour élaborer un projet de pacte qui sera négocié et soumis à l’approbation des interlocuteurs sociaux européens d’ici la fin février 2025 ». C’est la réaffirmation du caractère subsidiaire de la C.E.S. qui milite pour l’instauration d’un ordre corporatiste, tant au niveau de ce qu’il reste des états nations qu’à l’étage supérieur, celui de l’UE. La commission exécutive de la C.E.S. revendique fièrement sa subordination aux institutions de la Commission européenne :

« Le dialogue social européen nécessite un soutien spécifique de la part de la Commission, tant sur le plan politique que financier et administratif ». (Octobre 2024. Source site de la C.E.S.)

En 2025, il y a toujours des rooseveltiens béats, partisans de « l’économie de guerre de 1942 » avec toutefois une petite touche verte. Il faut savoir s’adapter, is not it ?

JM. 31-01-2025.

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

>Suite

Calendrier de l’UD : cliquez sur les jours

<< Mar 2025 >>
lmmjvsd
24 25 26 27 28 1 2
3 4 5 6 7 8 9
10 11 12 13 14 15 16
17 18 19 20 21 22 23
24 25 26 27 28 29 30
31 1 2 3 4 5 6