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Loire Atlantique 24 / 09 / 2014

VOICI VENU LE TEMPS BENI DU CORPORATISME A VISAGE HUMAIN …

L’ex 1er ministre M. Ayrault s’est rendu en Autriche en janvier 2014. 

Il y a eu discours, réceptions, sourires …

L’ancien 1er ministre a montré plus que de l’intérêt pour ce modèle autrichien 

où la grève sans être interdite n’existe pratiquement pas. Un miracle ?


A l’échelon supérieur :

Le Conseil économique et social environnemental européen  prétend bien sûr mettre un terme aux antagonismes de classes. Un rapport, un de plus ! intitulé « guide de l’Europe sociale » (plus de 100 pages) cherche la solution miraculeuse. (Consultable sur internet).

Lazlo Andor, Commissaire européen chargé de l’emploi explique :

« Il est vital que l’UE et les États membres investissent dans le renforcement du dialogue social aussi bien au niveau européen qu’au niveau national, si nous voulons éviter les divisions entre le capital et le travail ».

Le rapport indique :

« En temps de crise, les partenaires sociaux et tous les acteurs de la société civile doivent donc participer aux processus de réforme. Le traité sur l’UE oblige les institutions européennes à entretenir un dialogue structuré avec la société civile. Avec plus d’un demi-siècle d’expérience à la recherche de consensus, le CESE est prêt à relever ce défi et à apporter son assistance. Nous soutenons que des politiques sociales et de marché du travail bien conçus (ce qui implique toujours un dialogue social) sont une force positive, non seulement en termes de justice sociale, mais aussi en termes de performances économiques globales. Ce n’est qu’avec l’appui des partenaires sociaux et de la société civile que la stratégie Europe 2020 pourra aboutir à des résultats concrets et à une vie meilleure pour tous les Européens ».

La Commission croit elle aussi avoir trouvé dans l’Autriche un modèle de « dialogue social ».

Qu’en est-il en réalité ?

Après 1945 :

Les plus naïfs ont pu croire que le corporatisme avait disparu avec la fin de la guerre. Il n’en est rien. L’exemple autrichien est particulièrement significatif.

La Confédération syndicale autrichienne (OGB) reconstituée rassemble les deux tendances « socialistes » et chrétiens sociaux. Forte d’environ 1,5 millions adhérents, elle participe à la gestion de l’économie au travers d’organismes participatifs d’intégration. Tous les ministres des affaires sociales sont issus de l’OGB.

Les dirigeants syndicaux sont impliqués dans les Chambres des ouvriers et des employés, province par province. Ces Chambres régionales sont chapeautées par une Chambre nationale garante de bien commun à l’échelle du pays. Des élections où chaque tendance politique présentes ses candidats sont organisées. D’un taux de plus de 80% de participation, on est passé à moins de 30 %. La démocratie participative, façon autrichienne, devient une coquille vide.

Pourtant, les prérogatives de ces Chambres n’ont cessé d’augmenter ; Les heureux élus, à commencer par les membres de l’OGB traitent au sein des institutions officielles des intérêts des consommateurs mais aussi de la formation professionnelle … elles sont même habilitées à délivrer des certificats d’aptitude professionnelle.

Les patrons ont leur propre structure. Les Chambres économiques (médecins, dentistes, agriculteurs, pharmaciens ( … ) élaborent des projets de lois et participent à une multitude de « commissions » ou « conseils » chargés de préparer la loi.

Ce partenariat social qui fait du « syndicat » un colégislateur et des dirigeants syndicaux des sortes de vice-ministres, se double  de « négociations » institutionnalisées entreprise par entreprise au sein de « conseil d’entreprise ». Ceux-ci ont un droit de regard sur la gestion des entreprises. C’est une forme « d’autogestion » à l’autrichienne.

Les partisans de ce « dialogue social » ne cachent pas leur inquiétude lorsqu’ils notent «une perte de crédibilité du système en place ».

Depuis 1957 est instituée une politique des revenus qui encadre prix et hausse éventuelle de salaires. Une commission, encore une ! dite « paritaire » a été instaurée. Les préconisations de ladite « commission » s’inscrivent obligatoirement dans le champ des décisions de l’échelon supérieur : l’Etat … soumis désormais aux contraintes de l’UE.  Des « sous commissions prolifèrent. Leur objectif est de traiter toutes les questions économiques et sociales du point de vue de l’ensemble de l’économie.

Par ces mécanismes intégrationnistes les revendications, donc les grèves sont – étaient ? – l’exception.

Bruno Kreisky en a déduit que la classe ouvrière autrichienne parce qu’elle était fortement organisée pouvait se dispenser de faire jouer la loi du nombre et le rapport de force ; il a même parlé d’une « sublimation » de la lutte des classes. C’est beau comme une encyclique sociale ! D’autres préfèrent le terme « dépasser ».. il y a de nombreuses variantes.

Comment ne pas voir que Kreisky pense avoir réalisé la mission que se fixait en Italie G. Bottaï : réintégrer la classe ouvrière dans la nation ?

En 1958, le SPÖ, le parti social-démocrate confirme en l’accentuant l’orientation définie en 1945. Son programme stipule :

« le socialisme est compatible avec les idéaux chrétiens » ; une orientation qui permet le ralliement aux « idéaux » de la Communauté européenne. Les syndicalistes de l’OGB suivent le mouvement.

30 ans plus tard, l’emprise des chrétiens-sociaux sur ce qu’il reste du vieux parti social démocrate se fait toujours plus pressante. Le nouveau programme affirme :

« ( … ) Les sociaux et sociales –démocrates aspirent à une société dans laquelle les antagonismes de classes sont dépassés ».
Côté pile, c’est le ralliement complet aux encycliques. Côté face, le néo parti « social-démocrate » adopte des positions en apparence en complète opposition avec l’Eglise. En particulier sur la question de l’égalité des droits hommes-femmes ; il s’agit pour faire gober le ralliement absolu au corporatisme « moderne » de se donner une allure avant-gardiste.

Selon Paul Pasteur, l’appareil du parti a bataillé trois ans avant d’obtenir la reddition des secteurs ouvriers qui résistaient.

L’histoire des résistances au sein de l’OGB reste à écrire.

L’inévitable Conseil économique et social.

On y retrouve ceux qui siègent dans les commissions « paritaires ». C’est, sur le papier, un pilier de la politique du partenariat social. On y parle beaucoup, on y produit une multitude de rapports, on loue les mérites du dialogue social …

2003 : grève générale.

C’est un coup de tonnerre dans un ciel serein.

L’OGB proteste contre une « réforme » qui prévoit l’allongement de la durée de cotisation de 40 à 45 ans, dénoncée comme « le plus grand recul social depuis 50 ans ». Elle appelle à la grève. C’est un évènement considérable.

Une agence de presse décrit ainsi la situation :

« En début de matinée, cheminots, traminots et conducteurs de bus et du métro ont cessé le travail dans les grandes villes ( … ) Des barrages ont été dressés sur les principaux axes routiers du pays ( … ) des milliers de débrayages devaient avoir lieu dans tous les secteurs d’activités, tant publics que privés dans un pays où syndicats et gouvernement préfèrent d’ordinaire le compromis à l’affrontement … ».

Est-ce la fin d’un mythe ? Certainement, un sérieux avertissement.

Les illusions tombent. Le journal financier l’expansion a admis récemment :

« Le pays affiche le plus faible taux de chômage de toute l’Union européenne. Ses recettes : un dialogue social poussé et beaucoup de flexibilité ».

Beaucoup de flexibilité par la grâce du « dialogue social ».

En Autriche aussi, il importe que les salariés s’approprient leurs organisations pour en faire les armes de défense indispensables à la remise en cause des acquis.

L’Autriche de 2014, c’est le corporatisme à visage humain. C’est peut-être pour cela qu’il plaît tant à M. Ayrault.

J M 15-09-2014.

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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