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Histoire 19 / 05 / 2015

« Reconnexion syndicale » d’hier et d’aujourd’hui

Après le boycott du 9 avril, les médias ont, à l’occasion du 1er mai, dans un bel ensemble, pleurniché sur la « faiblesse » et la « désunion » persistante du syndicalisme en France. On a même ressorti de sa boîte le retraité Thibault venu vanter les mérites du « syndicalisme rassemblé » sous la forme totalitaire du syndicat unique.

Un peu d’histoire

C’est en janvier 1966 qu’est signé un « pacte d’unité CFDT-CGT ».

La CFDT miraculeusement « déconfessionnalisée » n’a que deux ans d’existence. En 1957, Benoît Frachon qui dirige d’une main de fer la CGT entièrement colonisée par les staliniens notait « les évolutions positives qui se produisent à la CFTC ». (Source : les Cahiers d’histoire sociale édités par la CGT).

Dès lors, la direction du PCF met tout en œuvre pour aboutir au rapprochement de la CGT et de la CFDT en essayant, sans succès, d’y associer la CGT-FO et la FEN.

C’est à l’occasion d’un congrès de l’UD CFDT de Loire-Atlantique que le secrétaire général de la CFDT, Eugène Descamps répond aux avances de la CGT.

L’Europe, l’Europe…

La CGT propose à la CFDT de réfléchir « à une dimension européenne de l’unité ». L’appareil confédéral s’appuie sur une déclaration commune CGIL (confédération général du travail contrôlée étroitement en Italie par le PCI, adepte de la « main tendue » aux chrétiens) et la CGT.

L’axe, c’est l’acceptation de fait de la cogestion de l’entreprise. Cette orientation qui met en péril l’existence même de la CGT comme confédération, reçoit tout à fait logiquement l’accord de la centrale cléricale qu’est restée la CFDT.

L’accord CFDT-CGT du 10 janvier 1966

Les choses ne trainent pas. Un accord instituant une forme de « syndicalisme rassemblé » est signé. Toute la presse de « droite » comme de « gauche » s’en félicite.

Selon la CGT, « le rassemblement des forces de gauche » est désormais possible (Cahiers d’histoire sociale).

C’est dans le journal de « gauche » témoignage chrétien que René Mathevet (CFDT) et Georges Séguy (CGT) s’expriment le 20 janvier 1966 pour promouvoir leur accord « historique ».

Mathevet* note que la CGT a « fait de gros efforts »  pour venir sur le terrain des « revendications » de la CFDT. Par exemple, la CGT renonce à chiffrer les demandes d’augmentation de salaires. Il s’agit en fait de ne « revendiquer » que pour les plus « pauvres » parmi les pauvres, autrement dit, ne plus revendiquer.

Parmi les autres « revendications » : la reconnaissance de la section syndicale d’entreprise chargée d’élaborer et faire vivre un « projet d’entreprise ».

« Patrons, ouvriers, techniciens », unis pour le bien commun de l’entreprise …

On connait la chanson.

L’accord du 10 janvier est tellement flou qu’il n’engage concrètement à rien.

La ronde des « journée d’actions »

C’est ce qui permet aux deux appareils d’organiser avec méthode une multitude de journées d’actions sans la moindre revendication.

En mai 1967, Henri Krasucki (CGT) et E. Descamps tire ce 1er bilan :

« Depuis janvier 1966, il y eut une action revendicative sans aucune pause. Elle a revêtu des formes diverses ( … ) l’accord n’était pas artificiel …. »

Selon la mythologie cégétiste « l’unité d’actions » CFDT-CGT serait à l’origine des grèves de mai-juin 1968. La réalité est bien différente. Les grèves de Mai 68 ont été imposées par les travailleurs. (Comme la grève générale de juin 36).

L’accord « historique » remis en cause

lepaon-bergerThierry Lepaon, ici avec Laurent Berger, ne sera pas resté longtemps secrétaire général de la CGT. Lepaon voit dans l’entreprise « une communauté d’intérêts ». Il est logiquement partisan du « syndicalisme rassemblé ». Ses positions accentuent la crise interne dont il sera le 1er à faire les frais.

 

La brutalité des mesures prises par les gouvernements, notamment depuis l’ouverture de la « crise » de 2007-2008 les a contraint à s’appuyer toujours plus ouvertement sur la CFDT pour « accompagner » les « réformes ». Mais la CFDT, largement discréditée, ne suffit pas.

Un « dialogue social » qui ne tourne pas à vide suppose la collaboration de la CGT.

Nombre de syndicats CGT de base, des unions départementales, certaines fédérations CGT refusent de se laisser enfermer par un accord CFDT-CGT, plus politique que syndical. Ce mouvement de résistance semble aller croissant.

L’action commune CGT-FO et CGT sur des revendications conformes aux intérêts des salariés n’est plus l’exception.

C’est bien ce qui inquiète le MEDEF et le gouvernement. D’où les campagnes de presse haineuses visant à contester la représentativité  des syndicats.

Malgré toutes les manœuvres, le 9 avril, c’est certain, trouvera ses prolongements. Le mouvement vers la grève générale est engagé.

La grève appelée par tous les syndicats contre la « réforme » du collège (que la CFDT et l’UNSA n’y appellent pas n’infirme pas cette affirmation) est un 1er jalon.

*Mathevet fut un idéologue au service de la fraction minoritaire « Reconstruction » de la CFTC, après guerre.

J. M 15-05-2015.

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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