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Loire Atlantique 12 / 10 / 2014

« Progresser sur les licenciements collectifs ». Les entrepreneurs et dirigeants chrétiens (EDC) annoncent la couleur (Source, site des EDC) :

« La législation actuelle n’est finalement pas satisfaisante :

–          Ni pour les entrepreneurs qui y trouvent trop d’obstacles à leurs nécessaires efforts d’adaptation.

–          Ni pour les travailleurs, qui finissent par être licenciés dans de mauvaises conditions psychologiques.

–          Ni pour la collectivité qui doit gérer ces sinistres sur des périodes longues.

Il faut donc la redéfinir ».

La Doctrine sociale des patrons chrétiens inspirent directement les Semaines sociales organisées par l’Eglise. La session de 2013 où l’on retrouvait la « bande des 4 », CFTC-CFDT- Le Duigou (CGT) –et le MEDEF (branche métallurgie), avait déjà planché sur ce sujet là. Le congrès confédéral CFDT de juin, aussi.

Dans un long document publié sur leur site, les EDC annoncent un programme de guerre contre le Code du travail qui pourrait bien ressembler à celui du gouvernement.

1 Les patrons décrivent ainsi le contrat de travail vu par le travailleur :

« La dimension du travail comme lien social implique que le contrat de travail a une valeur pour le travailleur qui va au-delà de la fixation de sa rémunération et de ses conditions de travail : c’est la matérialisation d’une appartenance à une équipe, à une communauté, à une aventure collective. ( … ) la rupture du lien affectif avec une équipe et une aventure, voire, un lieu ou des souvenirs crée une souffrance individuelle et collective ».

Si on comprend bien le travailleur que le patron fiche à la porte ne souffre pas trop de ne plus percevoir de salaire. Par contre, expulsé de sa communauté, il est tout perdu.

D’ailleurs, nos chrétiens-patrons remarquent qu’ « un syndicaliste observe que lorsqu’il y a rupture de ce lien, c’est beaucoup plus que le salaire à la fin du mois qui disparait … »

C’est vrai que des syndicalistes peu préoccupés par la fiche de paie, ça existe. Les patrons chrétiens les apprécient tout particulièrement.

2 Le contrat de travail vu par l’employeur.

« S’il s’agit d’une association de partenaires, entreprises et travailleurs sont réunis dans un projet commun qui va au-delà des nécessités de base où chacun prend des engagements qualitatifs. Le lien a alors la portée d’un engagement psychologique et moral : il est le fondement de la confiance mutuelle, avec sa réciprocité de droits et d’obligations ». Voilà une définition qui ne devrait pas déplaire à M. Lepaon depuis sa conversion à la notion d’ « entreprises, communauté d’intérêts ». (Interview au Nouvel économiste).

 Le programme des EDC.

 En voici un bref aperçu.

Proposition N° 2 : Les EDC souhaitent que la législation fiscale intègre dans ses évolutions l’objectif de favoriser la mobilité des travailleurs …

Le temps des trente glorieuses et du confort lié aux CDI est révolu. La révolution des mentalités implique l’acceptation d’être baladé de petits boulots en petits boulots.

 Proposition N° 3 : favoriser « les accords d’entreprise ( … ) prenant en compte la spécificité de chaque personne ».

Accords d’entreprise contre conventions collectives. Quant à la « personne » face au patron, chrétien ou pas, elle ne pèse pas bien lourd.

Proposition 5 : un observatoire des mutations économique devrait être institué ( … ) et en faire partager l’exploitation par les partenaires sociaux ce qui favoriserait une communauté de diagnostics.

Avec les bassins d’emplois chers à la CFDT, les patrons n’auraient pas de « partenaires » mais bien plutôt des collaborateurs.

Proposition 8 : les EDC préconisent « une réduction possible des indemnités quand un plan de reclassement solide a été élaboré.

Il semble que le gouvernement y réfléchisse.

Propositions 10 : Les EDC ne sont pas favorables à un congé de reclassement de plus de 3 mois.

Au diable les largesses !

Propositions 11 : Pour aider les entreprises, les EDC préconisent des dégrèvements de charges, de taxes …

Il se dit que les chrétiens patrons bretons aux bonnets rouges sont d’accord. Les autres aussi.

Proposition 12 : Les représentants du personnel qui n’approuvent pas les mesures proposées par l’entreprise au titre du livre IV (du code du travail) devraient être dans l’obligation de proposer des solutions alternatives.

Sinon quoi ? Dieu seul le sait …

Proposition 13 : pour responsabiliser les partenaires sociaux et favoriser la conclusion d’un accord d’entreprise rapide la législation devrait mettre un accord majoritaire à l’abri d’une contestation devant les juges par les syndicats non signataires.

Le plus simple ne serait-il pas de n’autoriser que les syndicats  signataires ?

Proposition 24 : compte tenu de l’accélération des restructurations ( … ) les EDC verraient bien les syndicats assumer une mission permanente, sous des formes qu’il leur incombe d’inventer, parallèlement à l’évolution déjà invoquée du contrat de travail vers le contrat d’activité … »

L’imagination au pouvoir, comme en 68 … nos braves patrons ne doutent pas des capacités novatrices de leurs partenaires « syndicaux ».

D’autres propositions suivent. Tenons-nous-en là pour l’instant. La conclusion en deux phrases résume assez bien les centaines de pages d’encycliques sociales depuis rerum novarum.

« Les propositions des EDC reflètent leur attachement à la dignité de l’homme au travail, à la responsabilisation de chacun des acteurs, à l’application du principe de subsidiarité et à la quête du Bien commun.

Leurs propositions vont aussi dans le sens de l’efficacité économique qui est la mission du chef d’entreprise sans laquelle la société n’avance pas ».

En bref, pour augmenter leurs profits, les capitalistes veulent faire prendre en charge les licenciements par les syndicats.

C’est ce qu’a imposé par exemple, le régime de Mussolini.

Trois annexes complètent les « propositions » des patrons.

La 1ère s’intitule : « le contrat psychologique, amélioration qualitative du contrat de travail ».

La 3ème reprend les thèses de Camdessus (ex patron du FMI et conseiller social du Vatican) et de Boissonnat : « pour un statut du travailleur ».

Les deux compères ont trouvé le moyen d’éradiquer le chômage. C’est simple on ne parle plus de chômeur, mais de « travailleur en transition ».

Bernard Thibault.

 Que vient faire l’ancien secrétaire général de la CGT dans cette galère ?

 Ce sont les patrons qui nous informent de la tenue d’un débat le 17 octobre entre Thibault et  les EDC de la région Rhône-Alpes.

Mais que vont-ils pouvoir se dire ?

Peut-être vont-ils évoquer la récente rencontre au sommet, bureau confédéral CGT, commission exécutive CFDT ? La presse syndicale étant restée muette, on meurt d’impatience d’en savoir plus. Nous verrons.

J M  11-10-2014.

chaud ! chaud ! chaud !

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