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Communiqués 27 / 09 / 2018

Plan Pauvreté : aide-toi, Jupiter t’aidera… ou pas !

© HAMILTON/REA

 

Alors que les inégalités explosent et que les moins riches deviennent chaque jour plus nombreux, Force Ouvrière fondait de grands espoirs dans le Plan Pauvreté annoncé par le gouvernement.

Or, sur un plan strictement comptable, face à 150 milliards d’aides publiques dédiées aux entreprises en seulement un an, les 8 milliards annoncés semblent relever de l’aumône. Peu de moyens donc, mais une ambition clairement affichée : la mainmise absolue de l’État sur toutes les politiques d’accompagnement et d’insertion et évidemment de leurs budgets respectifs – 80 milliards d’euros rien que pour la politique familiale, du logement et les minima sociaux. En matière de gouvernance, le cynisme est au rendez-vous en annonçant confier un rôle clé aux départements, alors même qu’une réflexion sur leur disparition a été engagée par ce même gouvernement. Le résultat est clair et en cohérence avec ce que Force Ouvrière a toujours dénoncé : une décentralisation à la carte des politiques sociales avec pour conséquence une inégalité généralisée.

L’annonce du plan pauvreté du chef de l’État a le mérite de parachever sa vision d’un « nouveau monde » où la France, start-up nation, serait un grand marché où les derniers de corvée auraient des « devoirs » afin de s’assurer une maigre chance de survie. Alors que s’achève une première année dédiée aux premiers de cordée, avoir multiplié les cadeaux aux plus aisés, avoir dérèglementé et privatisé à tout-va et avoir préparé le terreau de l’état de marché où règnent la loi de la jungle et le chacun pour soi, il est temps de faire rentrer dans le jeu de la concurrence les 90 % restants de derniers de corvée et en particulier ceux qui « coûtent un pognon de dingue ».

Deux angles d’attaque principaux voient le jour, dès le plus jeune âge une identification au sein des « gens qui ne sont rien » au cas où se trouverait « un petit Mozart » à-même de rejoindre le club restreint des premiers de cordée. Pour les autres la mise en place d’un « contrat d’engagement réciproque » par lequel chaque pauvre doit, dans le cadre d’un « projet productif » gagner sa « dignité » en prenant part à l’activité du pays et en remplissant des critères fixés par la puissance publique afin de percevoir un « revenu universel d’activité », filet de sécurité minimal que FO condamne fermement.

Fin du modèle social, fin de toute valeur républicaine de solidarité, fin des droits collectifs et individuels sans condition.

Du passé il fait table rase, nous ne sommes rien soyons tout !

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Plan pauvreté : « demander beaucoup à ceux qui ont peu »

 

© HAMILTON/REA

 

La présentation d’un « plan pauvreté » par le chef de l’exécutif le jeudi 13 septembre a provoqué pléthore de commentaires dans les médias.

Le Progrès

Emmanuel Macron a dit ce jeudi vouloir lancer un combat neuf, appelant les premiers de cordée à ne pas oublier les derniers de cordée, lors de la présentation de sa stratégie de lutte contre la pauvreté, oubliant sans doute en raison de l’altitude les désindexations sur l’inflation des retraites et de nombre d’allocations.

Paris-Match

Habitué des hauteurs, évoquant Saint-Exupéry, un auteur dont sa plume Sylvain Fort est un fin connaisseur, Emmanuel Macron s’est approprié un passage de Terre des hommes, expliquant qu’un enfant pauvre empêché d’exploiter ses talents, c’est Mozart qu’on assassine. La larme à l’œil, on essaiera de ne pas oublier ses parents qui survivent malgré les bombardements de haute altitude.

Les Echos

Mais attention, Ce n’est pas un plan charité, les pauvres ne demandent pas l’assistanat. Emmanuel Macron fixe le cadre politique, ou plutôt le cadre nouvelle politique. Son approche n’est ni de gauche (la charité), ni de droite (la lutte contre l’assistanat). A moins que ce soit de la charité bien ordonnée, mode ordolibérale, sérieusement mâtinée de workfare bien anglo-saxon.

Le Monde

En effet, avec ce plan, Emmanuel Macron remet au centre de son discours la question des devoirs des personnes pauvres, notamment quand il parle de leur accompagnement et surtout de leur obligation de ne pas refuser plus de deux offres d’emploi, note Nicolas Duvoux, professeur de sociologie à l’université Paris-VIII, membre de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale.

Résultat : Dans le discours d’Emmanuel Macron, il y a une tension entre l’importance qu’il donne à l’humanisation de l’accompagnement, au fait de donner aux personnes la possibilité de choisir leur vie, et cette dimension de sanctions et d’obligations. Une contradiction vite résolue, le contraignant, c’est pour les pauvres. On menace de la corde les derniers de cordée. Bref, chez Emmanuel Macron, on a toujours cette tendance, qui revient souvent, à demander beaucoup à ceux qui ont peu.

Libération

En outre, le revenu universel d’activité d’Emmanuel Macron semble a priori s’inscrire dans un grand chantier de refonte des minima sociaux. Lors de son discours jeudi, le chef de l’État a déploré le maquis des aides existantes [qui] ne permet pas de sortir de la pauvreté. Sa démarche semble notamment animée par un souci de simplification d’accès aux droits. Et généralement simplification rime avec réduction. Cette fusion des minima sociaux en vue de créer une allocation sociale unique […] entraînerait une baisse de revenus pour pas moins de 3,55 millions de ménages. Parmi eux, ils seraient 1,5 million à ne plus avoir droit à quoi que ce soit, selon une étude commandée par le Premier ministre à France Stratégie (un organisme rattaché à Matignon).

Précédemment, la Dares, institut de statistiques lié au ministère du Travail, s’était penchée sur l’universal credit des Britanniques. En 2013, ces derniers ont choisi de regrouper plusieurs dispositifs d’aides, avec un versement en partie conditionné à la recherche d’emploi. Or, selon la Dares, cette réforme a eu un impact modéré sur le retour à l’emploi et à terme, quoiqu’elle profite globalement aux ménages modestes, a entraîné une diminution du revenu de certains ménages pauvres. Et un conditionnement des aides.

 

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