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17 / 06 / 2020

Personnels de Santé : ils exigent des réponses à la hauteur

F.Blanc

Ces manifestations, syndicales, étaient les premières autorisées depuis le déconfinement et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elles ont été massivement suivies. Infirmiers, médecins, aides-soignants, agents administratifs, techniques… Des dizaines et des dizaines de milliers de personnels des établissements de Santé, publics et privés, ont en effet quitté leurs services pour descendre dans les rues ce mardi 16 juin à l’appel de plusieurs syndicats dont FO. Dans plus de 220 cortèges sur le territoire, ils ont demandé, entre autres, des moyens pour les hôpitaux et de meilleures rémunérations.

Dans le cortège parisien (parti du ministère de la Santé vers Invalides-Assemblée nationale, des personnels des établissements de Paris et sa région se sont rassemblés. Mais aussi des salariés du privé, des agents d’autres administrations, des retraités et des patients, tous venus les soutenir. Ils avaient été rejoints par les participants au rassemblement interprofessionnel organisé le matin à République à l’appel de l’Urif-FO notamment).

Et, les slogans fusaient : « pas de retour à l’anormalsoignant méprisé = patient en dangerle peuple soutient les soignantsSOS d’un hôpital en dangerrevalorisations pour toutes les catégoriesen mars, des héros, en juin, des zérossoignants low cost, Non… »

Un peu plus d’un mois après le déconfinement, les personnels n’ont pas oublié par quoi ils sont passés, ce à quoi ils ont dû faire face. Accueillir les malades, souvent en ne disposant pas pour eux-mêmes des protections sanitaires (masques, sur-blouses, gants…), et dans des services manquant de lits, d’effectifs, de matériels (respirateurs, produits de réanimation…). Ils n’ont pas compté leurs heures, ils ont fait fi de leur fatigue… Maintenant ils demandent des comptes et rappellent des revendications qu’ils ont d’ailleurs déjà scandé depuis plus d’un an, mais à l’époque sans être entendus ou si peu.

Les promesses à tenir

Depuis la crise est donc passée par là et le discours de l’exécutif affiche un changement. Le chef de l’État promet des moyens pour l’hôpital public, concède des erreurs concernant la dernière réforme (Ma Santé 2022) et annonce l’arrivée de revalorisations de salaires et la « fin de la paupérisation » des soignants. Des promesses que les personnels entendent voir se concrétiser rapidement, cela alors que de nouvelles déclarations présidentielles non détaillées, le 14 juin, peuvent apparaître comme porteuses d’inquiétudes.

Ainsi, évoquant l’organisation de l’État qui « doit profondément changer », Emmanuel Macron indique vouloir ouvrir « une page nouvelle donnant des libertés et des responsabilités inédites à ceux qui agissent au plus près de nos vies ». Et de citer notamment, sans en détailler le sens, « une liberté et responsabilité pour nos hôpitaux ». Le chef de l’État évoque aussi, sans apporter plus de détails, la nécessité de « travailler et de produire davantage pour ne pas dépendre des autres ». Au « Travailler davantage », les personnels de Santé ont d’ores et déjà signifié ces dernières semaines qu’il était hors de question pour eux d’accepter qu’une hausse de salaire soit conditionnée à une augmentation du temps de travail.

Alors que s’est ouvert le 25 mai « le Ségur de la Santé », initié par le gouvernement et réunissant les professionnels de santé et notamment leurs syndicats, dont la fédération FO-SPS, les personnels guettent donc les résultats, attendus à la mi-juillet, de cette grande négociation, notamment salariale, lancée deux mois après le début de la crise Covid-19. Le gouvernement souhaite qu’un protocole d’accord soit signé le 15 juillet avec les syndicats. Reste toutefois à faire aboutir les discussions…

Il faut une enveloppe supérieure à dix milliards d’euros

Le cahier de revendications réalisé par quatre syndicats (FO, CGT, CFDT, Unsa) participant à ce Ségur (la FSU a claqué la porte) « est calé à 98% et nous allons rentrer dans la phase de négociation avec le gouvernement » indiquait ce 16 juin dans la manifestation parisienne, Didier Birig, le secrétaire général de la fédération FO-SPS. Dans le cadre du Ségur « une réunion très importante sur la négociation salariale aura lieu ce vendredi 19 juin. Les syndicats ont exigé que le ministre de la Santé, Olivier Véran, y participe ».

A la revendication salariale d’une augmentation de 300 euros net par mois pour tous les personnels de l’hôpital et les salariés du secteur médico-social, s’ajoute la demande d’un plan d’investissements pour les établissements hospitaliers et une amélioration de leur organisation. « D’ici l’automne, il faudra un comité de suivi du Ségur » sur ces questions de moyens devant être apportés aux hôpitaux. Cela comprend entre autres un suivi de l’arrêt des fermetures de lits appuie Didier Birig.

La question des augmentations de salaires, lesquelles devront concerner 1,1 million d’agents publics précise Didier Birig, renvoie bien sûr à celle sur le financement de ces augmentations. Or, si pour l’instant déplore le militant, Nicole Notat -ex-secrétaire générale de la CFDT qui pilote ce Ségur- « ne semble pas connaître le montant de l’enveloppe que le gouvernement entend consacrer à ces hausses de salaires », les syndicats, eux, ont fait les calculs.

« Il faut une enveloppe supérieure à dix milliards d’euros » appuie Didier Birig précisant « qu’une augmentation de 300 euros net ne permettrait que de récupérer la perte de pouvoir d’achat due au gel du point d’indice » dans la Fonction publique. Le salaire indiciaire des fonctionnaires est en effet gelé depuis 2011 hormis une hausse de 1,2% versée en deux temps sur 2016/2017. L’Union interfédérale FO de la Fonction publique demande d’ailleurs, avec d’autres syndicats, que s’ouvrent dès ce mois de vraies négociations salariales.

Les hausses de salaires : il les faut, là, tout de suite, maintenant !

Participant à la manifestation parisienne ce 16 juin, le secrétaire de la Confédération FO, Yves Veyrier, a souligné la nécessité qu’il y ait à l’issue de ce Ségur « des réponses à la hauteur des attentes », lesquelles « sont fortes et pas nouvelles » a-t-il insisté, référence aux actions revendicatives des personnels de Santé depuis plus d’un an.

Au fil du cortège, les personnels expriment effectivement leur souci de voir les revendications aboutir et rapidement. Pour Myriam, aide-soignante en service psychiatrie à l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif et militante FO, « il faut revoir toutes les conditions de travail dans les hôpitaux et on se bagarre pour cela depuis la nuit des temps ». Or, la crise a plus que montré cette fois le drame du manque de moyens. « Quant aux augmentations salariales attendues il les faut, là, tout de suite, maintenant » ! martèle Myriam qui a été atteinte du Covid comme presque tout le service.

Pour Sandra et Yelena, aides-soignantes, et Charlène, infirmière, toutes trois militantes FO et salariées à l’institut privé de cancérologie Gustave Roussy…. « Les 300 euros d’augmentation, il faut que ça aille très vite ». Près de ce groupe, un autre. Benoît est interne, Gaëlle est médecin, Camille, étudiante infirmière anesthésiste. Ils viennent de l’hôpital Bicêtre. Gaëlle résume : « elle est là pour la défense de l’hôpital public. Il faut arrêter de le casser ». Tous trois font un constat, inquiétant, qui en dit long sur la vigilance que doivent avoir les personnels en cette sortie de crise. « Maintenant que la crise Covid est passée, nous constatons un retour aux restrictions de moyens (produits, matériels…) Les directions comptables ont repris la main. Il faut arrêter ça, ce n’est pas supportable de restreindre ainsi et constamment les moyens des hôpitaux ».

Le Ségur devra apporter de vraies réponses.

chaud ! chaud ! chaud !

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