économie 1 / 08 / 2018
Selon une étude de l’OCDE, en France il faut six générations, soit cent quatre-vingts ans, pour qu’un descendant de famille pauvre atteigne le revenu moyen du pays. La mobilité sociale, surtout chez les plus modestes, est en panne.
L’ascenseur social est en panne, cette fois-ci c’est l’OCDE qui le confirme. Dans de nombreux pays, des familles et des communautés sont bloquées en bas de l’échelle sociale, surtout depuis le début des années 1980 , résume Gabriela Ramos, conseillère spéciale auprès du secrétaire général de l’OCDE. En clair, les enfants nés dans une famille modeste ont peu de chances d’améliorer leur statut professionnel par rapport à leurs parents et aux générations qui précèdent. À l’autre extrémité, poursuit-elle, il existe aussi un « plafond adhérent », parce que l’inégalité implique aussi que ceux qui sont en haut de l’échelle y restent pour longtemps.
En France, il faut six générations, soit cent quatre-vingts ans, pour que les revenus des enfants nés dans une famille qui fait partie des 10 % les plus pauvres parviennent au niveau de revenu moyen français, a calculé l’OCDE. Placée en vingt et unième position, la France fait donc figure de mauvais élève, au même rang que l’Allemagne, le Chili et l’Argentine. En tête de liste le Danemark, avec deux générations nécessaires, puis viennent la Finlande, la Norvège et la Suède avec trois générations. Et en bons derniers l’Inde, la Chine (sept générations), le Brésil, l’Afrique du Sud (neuf générations) et la Colombie (onze générations).
Ces inégalités ont des conséquences sur la santé, l’éducation et la vie professionnelle. Ainsi, le fait de grandir dans une famille pauvre et d’avoir des parents en mauvaise santé est un facteur important d’une prédisposition à une mauvaise santé à l’âge adulte.
Quatre personnes sur dix dont les parents ont un faible niveau d’instruction ne poursuivent pas leurs études après le premier cycle du secondaire, et une sur dix seulement entreprend des études universitaires (contre les deux tiers des enfants dont les parents ont un niveau de formation élevé).
Sur le plan professionnel, un tiers environ des enfants dont les parents sont ouvriers sont également ouvriers. Les jeunes générations ont aujourd’hui moins de chances que leurs parents d’accéder à des emplois plus qualifiés. Si deux tiers des personnes dont les parents ont des revenus modestes parviennent à accéder à des revenus plus importants, cette hausse se limite souvent à la tranche immédiatement supérieure.
L’ascension sociale des enfants de parents peu instruits s’est améliorée pour les enfants nés entre 1955 et 1975, pour stagner ensuite, puis chuter légèrement pour les enfants nés après 1975, signe que le bas de l’échelle est de plus en plus verrouillé , analyse l’étude.
[Focus] Et les classes moyennes ?
Les familles de la classe moyenne sont exposées au cours de leur vie à un risque élevé de tomber au bas de l’échelle des revenus, parfois jusque dans la pauvreté. Un risque qui s’est accru ces vingt dernières années. Un ménage de classe moyenne sur sept (un sur cinq dans les catégories plus proches des bas revenus) glisse vers la tranche des 20 % de revenus les plus modestes. Et d’une manière générale, les personnes dont la situation économique s’est détériorée au cours des cinq dernières années ont moins le sentiment que leur voix compte au niveau national.