>Loire Atlantique

6 / 03 / 2014

NOUVEL ÉCHEC AU CORPORATISME !

A propos « d’intérêt général ».

C’est le tube de l’hiver : le « pacte Gattaz-Ayrault-CFDT » ne marchera que si tous les partenaires, main dans la main adoptent la nouvelle religion de « l’intérêt général ».*

Il y a certes quelques variantes ; un certain M. Désir invite toutes les forces vives au « redressement » et parle d’ « une œuvre d’intérêt national » pour conclure par un appel à commémorer le 31 juillet la mémoire de Jaurès. (pour le centième anniversaire de son assassinat). Jusqu’où repousseront-ils le cynisme ?

De Washington, le Président (de la République)  avait fait mine de fustiger l’autre Président (celui du MEDEF),  regrettant que « ses propos (pas de contrepartie !) ne servent pas l’intérêt général ». Et d’enfoncer le clou : « chacun doit se faire confiance**, sinon, ça ne marchera pas ».

Le Figaro a donné la parole à « 10 grands patrons » partisans zélés du pacte. Le PDG de Système U résume bien l’affaire :

« l’idée qui est sous tendue (par le pacte) est de co produire les changements qui visent à l’intérêt général ». Autrement dit, prenons-nous par la main et faisons la ronde.

C’est tellement mal parti que le quotidien pro pacte le Monde s’interrogeait gravement dès le 1er mars :

« La France n’a pas la culture du compromis social ( … ) Le pacte est-il mort-né ? »

Comme toujours, l’illustre quotidien tente de brouiller les pistes. Car il ne s’agit pas ici évidemment de « compromis social ». Il n’y a rien à négocier. Il s’agit de savoir si les confédérations ouvrières conservent leur liberté de comportement, avec leurs cahiers de revendications, ou si elles s’autodétruisent en devenant de vulgaires subsidiaires de l’appareil d’Etat.

 Jean Claude Mailly avait sans détour donné la réponse dès les annonces gouvernementales :

« Je ne suis pas en charge de l’intérêt général ; je suis mandaté pour représenter les salariés » d’où l’appel à la journée de grève interprofessionnelle du 18 mars à laquelle se joint la CGT*** (Ainsi que FSU et Solidaire).

Inutile de revenir ici sur le positionnement de la CFDT (ni de la CFTC) dont les origines placent tout naturellement cette organisation dans le camp des corporatistes. CFDT et CFTC signent avec le MEDEF à l’issue de la « concertation » du 5 mars ? La belle affaire !

 Le pacte est à l’eau. Place à la Grève.

 On relira avec intérêt les brefs extraits de la préface de René Belin parue en 1942, année de naissance de la Charte du Travail (elle aussi morte-née).

*Intervenant le 12 juin 2012 devant le Conseil économique et social environnemental (CESE) «  la représentation nationale de tous les corps intermédiaires, celle qui permet le dialogue », le président de la République après avoir salué « le pacte que nous avons noué au sein même de l’UE » énonçait sa conception de l’Etat :

  « L’Etat garantit l’idée même du bien commun, par delà la confrontation des égoïsmes ou des corporatismes ou l’exubérance des attentes parfois irraisonnées … ». Mais « l’Etat ne peut pas tout faire tout seul » d’où l’appel aux « corps intermédiaires » dans la plus pure tradition des encycliques sociales.

 Le chef de l’Etat concluait son propos par l’obligation « d’inscrire le dialogue social dans la lettre de la constitution », la 1ère « grande conférence sociale » prévue dans les locaux du CESE devant constituer une étape décisive du processus.

 Autrement dit, comment imposer « en douce », « à froid » le corporatisme du XXIème siècle ?

 **Le quotidien Le Figaro rappelle que « le MEDEF se réjouit d’une baisse de charge qu’il avait proposée en décembre dans son pacte de confiance ».

 ***On sait que les discussions furent vives lors du récent CCN de la CGT. D’un côté, T. Lepaon qui considère que « l’entreprise est une communauté » (interview au nouvel économiste) et qui déclare : «  on aurait souhaité pouvoir être associé à ce qu’il est convenu d’appeler un deal entre Hollande et Gattaz » (Source : le Figaro) ; mais n’est-ce pas la porte ouverte aux partisans du syndicat défenseur de l’intérêt général ? De l’autre la majorité du CCN, nombre d’UD et de fédérations pas disposées du tout à abandonner le terrain syndical, revendicatif.

J M 6- 03-2014.

 ******************************************************************************************************

ACTUALITÉ DE LA CHARTE DU TRAVAIL

 René Belin fut secrétaire confédéral de la C.G.T. dans les années 30. Adversaire de tendance de Léon Jouhaux, proche des néos socialistes de Marcel Déat, il se rallia au régime de Vichy en 1940.

Le texte ci-dessous est paru en 1942 en préface à une édition commentée de la Charte du Travail (Ed. Flammarion).

PRÉFACE DE RENÉ BELIN (Secrétaire d’Etat au Travail)

La Charte du Travail vient d’être promulguée. Elle était impatiemment attendue de tous ceux qui ont mesuré les conséquences des luttes sociales de ces dernières années.

Certes, ces luttes sans cesse renaissantes ne suffisent pas à expliquer l’effondrement français de 1939 et de 1940. D’autres causes ont pesé sur notre destin. L’anarchie sociale était dans la nature même d’un régime fondé sur un individualisme aveugle et sur un égoïsme forcené. Hier, dans tous les domaines, l’intérêt personnel l’emportait toujours sur l’intérêt national. En matière sociale, il en allait de même, avec cette nuance que c’étaient les intérêts de catégorie qui l’emportaient sur les intérêts de la collectivité française.

Trop souvent, on ne parlait de l’intérêt général que pour masquer la défense de besoins particuliers.

( … ) La méfiance toujours, le mépris souvent, la haine parfois, dominaient les rapports sociaux. Une soif d’égalitarisme entraînait souvent les ouvriers, par ailleurs mal avertis de la réalité des problèmes économiques.

( … ) Aussi, les intérêts de classe ne sont-ils plus dominants, seuls comptent désormais les intérêts professionnels. Dans le sein de la profession, la collaboration est la loi nouvelle, obligatoire pour tous. Elle exige la confiance* et l’estime réciproques.

Grâce aux organismes de la Charte du Travail, d’importantes réalisations sociales

Pourront être accomplies, qui, oeuvre de tous, seront le bien de tous. Personne ne pourra échapper à ses obligations et personne ne sera tenu en dehors du profit commun.**

( … ) Ainsi, il sera fait une juste réponse aux appels réitérés lancés par le Maréchal, lequel disait à Commentry :

«Les ouvriers veulent d’abord s’évader de l’anonymat où ils ont été jusqu’ici trop souvent confinés. Ne pas vendre leur travail comme une marchandise, ne pas être traités comme des machines, mais comme des êtres vivants, pensant, souffrant, avoir avec leurs chefs des relations d’homme à homme».

Après avoir dit à Saint-Etienne: «Ouvriers, techniciens, patrons, si nous sommes aujourd’hui confondus dans le malheur, c’est qu’hier vous avez été assez fous pour vous montrer le poing. Cherchez au contraire à mieux vous connaître. Vous vous en estimerez davantage, vous aurez confiance les uns dans les autres, vous résoudrez ensemble les grands problèmes du travail et de l’ordre social».

René BELIN.

*Le Monde montre du doigt dans un article intitulé « au service de l’intérêt général », les mauvais patrons, « les cupides, les spéculateurs, les monopolistes, les fraudeurs de tous types », les pas gentils hostiles au pacte. Contre ceux-là, « la plus grande fermeté s’impose … »

M. Beuve-Méry peut être fier de ses rejetons.

 **Belin nous fait le coup de la nouvelle répartition des richesses, une répartition équitable, bien sûr …

 

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

>Suite

Calendrier de l’UD : cliquez sur les jours

<< Mai 2024 >>
lmmjvsd
29 30 1 2 3 4 5
6 7 8 9 10 11 12
13 14 15 16 17 18 19
20 21 22 23 24 25 26
27 28 29 30 31 1 2