>Histoire

5 / 03 / 2022

NON à la guerre ! Pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

« Il faut reconstruire le mouvement ouvrier international » (Alexandre Hébert ; novembre 1959).

Cet article complète et précise certains aspects de la brochure éditée par notre UD : « L’UD-FO de Loire-Atlantique et la question coloniale. Le combat d’Alexandre Hébert ».

En novembre 1959, A. Hébert se rend au congrès de l’U.S.T.A. (Union Syndicale des Travailleurs Algériens).

 Il se prononce pour la reconstruction de l’internationale ouvrière dans l’esprit de la Première internationale de Marx et Bakounine.

Voici quelques extraits de son intervention et quelques brèves notes explicatives.

« ( … ) Je suis adhérent d’une centrale, de la C.I.S.L. ; nous sommes un petit nombre de camarades qui avons essayé de faire comprendre et admettre que vous étiez véritablement le syndicalisme algérien ».

C.I.S.L. ? Il s’agit de la Confédération Internationale des Syndicats Libres. Le « L » de libre a disparu lorsqu’il y a eu fusion avec la CMT chrétienne (Confédération mondiale du travail).

Imaginons un instant une fusion de notre CGT-FO avec la CFTC-CFDT, les dirigeants d’obédience chrétienne prenant la direction du syndicat « rassemblé ».

Difficile à imaginer ? Bien sûr. C’est pourtant ce qui est arrivé au plan international.

  Désormais, la direction de la C.S.I. unique (Confédération Syndicale Internationale)  se prononce avec la hiérarchie catholique et nombre de multinationales pour un « capitalisme » dit  « inclusif », « moralisé », débarrassé de ses « excès » les plus voyants. C’est une application de la doctrine sociale de l’Eglise catholique. Voir à ce sujet :

Connaissez-vous le « capitalisme inclusif ? »

Hébert : « ( … ) J’ai vu Filali trois jours avant qu’il soit assassiné et nous avons eu une assez longue conversation amicale. J’en ai retenu deux choses. Filali m’a dit :

Vois-tu, le combat pour l’indépendance est maintenant gagné ; on ne reviendra plus jamais en arrière, c’est une chose maintenant acquise  et il a ajouté :

Ce que nous devons faire maintenant, c’est armer la classe ouvrière, la préparer, lui donner ses organisations pour les autres combats, ceux qu’elle aura à mener demain dans l’Algérie de demain ».

Le camarade Filali était l’un des dirigeants de l’U.S.T.A.

  • Il voulait construire une confédération syndicale indépendante.
  • Comme Messali Hadj, il se prononçait depuis longtemps pour l’indépendance de l’Algérie quand d’autres, en soutiens indéfectibles de la politique colonialiste des gouvernements de la IVème République, ne se prononçaient que pour « la paix » tout en votant (en 1956) les « pouvoirs spéciaux », le PCF, notamment.

On sait comment les militaires ont su utiliser les pouvoirs spéciaux : à la façon de la GESTAPO.

Pour ces deux raisons essentielles, Filali a été assassiné par des tueurs du F.L. N.

  1. Hébert poursuit :

« Telles étaient camarades les préoccupations de Filali trois jours avant qu’il soit assassiné ! Et soyez sûrs que quand j’ai appris, bouleversé, sa mort, je me suis remémoré ses paroles et que ceux qui l’ont assassiné savaient ce qu’ils faisaient.

Nous savons, nous, que pour former un militant ouvrier de la classe de Filali, il faut des années. Et nous savons que la bourgeoisie le sait aussi, qu’il suffit d’en tuer quelques-uns de cette classe pour que les travailleurs voient leurs conditions de lutte considérablement aggravées.

La classe ouvrière française a eu beaucoup de peine à se relever de l’hémorragie de la Commune. (Applaudissements).

« ( … ) Nous avons vécu, nous avons connu les purges et les liquidations dans l’Est européen et en Chine… »

Dans les Républiques soi-disant « populaires », les travailleurs devaient adhérer au syndicat officiel dont les dirigeants appliquaient les consignes du parti unique stalinien. Ces « syndicats » étaient regroupés au sein de la F.S.M. la Fédération Syndicale Mondiale.

Les militants qui ne se soumettaient pas à l’ordre stalinien étaient pourchassés, parfois assassinés. On pourrait rajouter bien d’autres pays aux exemples cités par Alexandre Hébert.

« Nous avons connu la liquidation systématique de nos camarades, ceux de la F.A.I. (Fédération Anarchiste Ibérique) ceux du P.O.U.M. en Espagne ». (Parti Ouvrier d’Unification Marxiste).

Mai 1937 : Barcelone.

En Espagne, en 1936, des millions de travailleurs sont adhérents ou influencés par la C.N.T. (Confédération Nationale du Travail) anarchiste. Quelques milliers sont adhérents du P.O.U.M.

Pour la police politique du petit parti stalinien, c’est insupportable. Les militants sont pourchassés. Une aubaine pour les partisans de Franco.

Lorsqu’un militant est dans le viseur, il est qualifié de trotskyste, même s’il ne l’est pas du tout.

( … ) et nous avons reconnu les méthodes qui consistaient à priver le prolétariat de ses militants, de ceux qui n’acceptent pas de se plier (applaudissements), de ceux dont on sait qu’on ne pourra ni les intimider ni les corrompre, et c’est pourquoi camarades, dans votre attitude, dans la façon de mener vos luttes, votre attitude, y compris avec les ouvriers (français) lorsqu’ils étaient incompréhensifs à votre égard, nous avons senti que vous, vous étiez effectivement dans la tradition du mouvement ouvrier révolutionnaire, et c’est pourquoi, nous avons en dépit des difficultés et le plus largement possible, essayé de vous soutenir ».

Andrès Nin était le principal dirigeant du POUM. Il a été assassiné par la police politique des staliniens.

« Il reste maintenant une tâche à reprendre.

Nous avons une grande tâche : il faut reconstruire le mouvement ouvrier international ».

« Il faudra que nous le fassions tous ensemble et que nous essayions de faire en sorte que, tant au plan des nations qu’au plan international, la classe ouvrière ait ses propres organisations, mais des organisations qui soient à son service, à son seul service et qui ne soient pas simplement les domestiques, les larbins des impérialismes rivaux qui tous, exploitent la classe ouvrière ». (Applaudissements prolongés).

Congrès de l’U.S.T.A.

Alexandre Hébert parle des nations. La nation ! Mon dieu ! de quoi affoler le cœur des bonnes âmes « progressistes », des « syndicalistes » « co-constructeurs de consensus », des partis et sectes diverses de « gauche » et « extrême », des ratichons « progressistes » ou pas … plus généralement, de tous les serviteurs du Capital.

Voici ce qu’en disait A. Hébert :

Janvier 1998 : « Déjà avant la guerre l’offensive réactionnaire tendant à la dissolution des Etats-Nations pour leur substituer une sorte de retour au Saint-Empire Romain germanique avait été esquissée par petites touches … » (Source : comité de Loire-Atlantique pour l’abrogation du traité de Maastricht).

« Je ne confonds pas le nationalisme et la nation. Le nationalisme est une idéologie, comme toute idéologie sujette à discussion.  La nation est une réalité, et, en ce qui me concerne, travailleur français, un espace géographique et juridique dans le cadre duquel un certain nombre de conventions et statuts avaient été gagnés, parfois de haute lutte et que la Commission européenne détruit d’un trait de plume ». (Octobre 1999).

Reconstruire le mouvement ouvrier international ? Une tâche essentielle dit A. Hébert. En est-il différemment aujourd’hui ?

L’indépendance acquise de haute lutte par la nation algérienne n’a pas réglé tous les problèmes. Loin s’en faut.

Poursuivre le combat d’A. Hébert.

Des militants ont pris le flambeau du camarade Filali et se battent dans des conditions excessivement difficiles en Algérie pour construire leurs propres organisations.

Ils s’exposent ainsi à la répression de l’appareil d’état.

Dans la grande tradition du combat internationaliste d’Alexandre Hébert, l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique a pris ses responsabilités en invitant les militants à participer à la campagne pour la libération de Louisa Hanoune emprisonnée par le régime pour « complot contre l’Etat » et condamnée à 15 ans de prison.

Campagne gagnante ! Notre camarade a été libérée.

En France des milliers de syndicalistes de notre confédérations et pas seulement, ont pris position, se moquant des commentaires malveillants de la presse domestiquée.

Les millions de citoyens qui en France sont partisans d’en finir avec la Vème République, république « du coup d’Etat permanent » seront-ils un jour poursuivis pour « complot contre l’autorité de l’Etat » ? et rejetés dans la catégories des « non citoyens ?

Conclusion :

En introduction du livre de Bernard Hazo, « l’homme qui dit NON » Joachim Salamero évoque ses « expéditions » en Espagne, à la rencontre des militants de la C.N.T. avec « l’aval des responsables de la C.G.T.F.O ». Il écrit :

« ( … ) Dans le processus de la construction de la politique européenne – bien avant le traité de Maastricht – le corporatisme s’installait progressivement, grâce à la passivité pour les uns, la complicité affichée ou l’adhésion enthousiaste pour d’autres, de responsables syndicaux.

« Pour Alexandre, c’était une action internationaliste concrète tant il était convaincu qu’il fallait reconstruire une internationale ouvrière indépendante ; évoquant au début des années cinquante sa rencontre avec son ami Pierre Lambert, il disait :

« Nous voulions reconstruire la première internationale rien que ça ! ».

« Le plus souvent minoritaire, il a fallu combattre contre le courant » rappelle Patrick Hébert en conclusion de l’homme qui dit NON. Combattre pour devenir majoritaire et éloigner la Confédération des tentations intégrationnistes.

Majoritaire ? A. Hébert l’a été deux fois au moment peut-être les plus décisifs pour notre confédération :

  • en 1956 aux côtés du camarade Bothereau pour l’indépendance de l’Algérie.
  • -En 1969, pour le NON au corporatisme gaulliste.

Pour Alexandre Hébert, l’essentiel n’était pas de se compter et encore moins de se séparer de fait de l’organisation syndicale.

Rien à voir donc, avec la prétention de sectes ou mini sectes et parasites divers avides de distribuer un peu partout des conseils, voire des mises en demeure …

Les enseignements et la méthode d’Alexandre Hébert sont d’une brûlante actualité.

JM 5-03-2022

chaud ! chaud ! chaud !

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