Loire Atlantique 21 / 12 / 2021
« On voit des collègues pleurer. On a peur de faire des bêtises. On court partout. On rentre chez soi le soir, avec la crainte de ne pas avoir fait correctement son travail » : Hélena, Hélène, Jeanne, Claire et leurs collègues témoignent de leur épuisement.
Le service de pédiatrie du CHU est en grève. © Photo Eq
« Notre professionnalisme ne doit pas nous tuer ».
Ce sont les mots de l’équipe de pédiatrie générale au dernier comité social et économique (CSE) du CHU. Dans ce service, les problématiques des patients sont très variées. « C’est ce qui nous plaît. On aime ce qu’on fait mais là, on n’en peut plus »
, indique l’équipe. Auxiliaires de puériculture et infirmières parlent d’une même voix. « La charge de travail – avec des épidémies plus fortes que d’habitude, plus les autres patients – ne nous permet pas d’avoir de bonnes conditions de sécurité pour les enfants et pour nous »
. Les arrêts s’enchaînent – » c’est très important depuis juin »
– et les professionnels n’en peuvent plus.
« Le remplacement des arrêts »
Centre référent pour l’enfance en danger, le service doit aussi s’occuper d’enfants 24 heures sur 24, sans parents à leurs côtés. À cela s’ajoutent les adolescents qui vont mal. « Depuis 2020 et la crise sanitaire, ceux que nous suivons ont besoin d’une surveillance encore plus accrue, avec des risques du passage à l’acte »
, précisent les soignants mobilisés. « Si un ado se scarifie, il faut qu’on passe du temps avec, mais il y a aussi les autres patients ».
« On demande le remplacement des arrêts. On a par exemple une collègue en congé maternité depuis septembre qui ne sera remplacée qu’en janvier. La direction dit qu’elle ne trouve pas de candidats »,
ajoute l’équipe, qui constate également le départ de contractuels motivés au départ « et qui s’en vont, à force de faire des services de jour et de nuit dans des conditions difficiles ».
« Le service est en grève depuis lundi matin. Outre les soins techniques, il y a tout le relationnel qui n’est pas pris en compte dans les effectifs »,
indique Stéphane Naulleau, délégué de Force Ouvrière du CHU.« La direction accepte que l’équipe de nuit soit renforcée et désormais autonome. Mais il manque des moyens pour la journée. Les collègues n’en peuvent plus. Gérer une tentative de suicide d’un ado, ça ne se règle pas en cinq minutes »…
« Difficultés de recrutement »
De son côté, lundi soir, la direction du CHU de Nantes explique « avoir validé des remplacements et des renforts relatifs aux tensions hivernales sur la pédiatrie générale, qui peinent à se concrétiser du fait de difficultés de recrutement »
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CT Presse-Océan