>Histoire

17 / 05 / 2016

Monsieur Macron philosophe

Et pourtant, c’est vrai !
Emmanuel Macron : déclaration sur Europe 1, le 8 juillet 2015.
« Dans la politique française, cet absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort. La Terreur a creusé un vide émotionnel, imaginaire, collectif : le roi n’est plus là ! On a essayé ensuite de réinvestir ce vide, d’y placer d’autres figures : ce sont les moments napoléonien et gaulliste, notamment. Le reste du temps, la démocratie française ne remplit pas l’espace. On le voit bien avec l’interrogation permanente sur la figure présidentielle, qui vaut depuis le départ du général de Gaulle. Après lui, la normalisation de la figure présidentielle a réinstallé un siège vide au coeur de la vie politique. Pourtant, ce qu’on attend du président de la République, c’est qu’il occupe cette fonction. Tout s’est construit sur ce malentendu ».

Notre brillantissime ministre de l’économie a fêté dimanche 8 mai à Orléans la mémoire de la pucelle : Jeanne (d’Arc). C’est son droit. Cela peut toutefois surprendre. Si la chose s’apprend au-delà de nos frontières, la patrie ne sera-t-elle pas la risée du monde entier ? (Une élue locale remarque :
« Je remarque juste qu’avec un nom de mouvement comme ‘En marche !’, il est prêt pour la procession ».)

Sainte Jeanne a bouté l’anglais hors de la sainte patrie pour la plus grande gloire des rois de France.
M. le ministre s’affiche parmi les nostalgiques d’un temps où l’obscurantisme et le pouvoir des rois et des seigneurs laissait peu de place à la démocratie.
Les « modèles » de pensée de M. Macron sont décidément fort inquiétants…

Enfin, M. Macron, qui émerveille tant notre patron des patrons, M. Gattaz-fils a du caractère et des références.
Le JDD, toujours à l’écoute des derniers potins, nous informe que notre ministre à tous est « amoureux de Paul Ricoeur », qui fut « son « maître à penser ». Rien de catastrophique. L’enfer ne menace pas encore le peut-être meilleur économiste de France. Encore que …
Qui est Paul Rcoeur ? (1913-2005).
Un philosophe (Protestant) ; encore un ! Delors, on le sait, a son Mounier* qui édita pendant l’occupation nationale-socialiste son journal Esprit.
Avec Ricoeur, les choses sont plus subtiles. Fait prisonnier de guerre en Poméranie, Ricoeur participe  aux « cercles Pétain ». Ses articles sont publiés dans le journal collabo « l’unité française ». Bien plus tard, en 1994, Ricoeur explique :
« Je dois à la vérité de dire que jusqu’en 1941, j’avais été séduit, avec d’autres – la propagande était massive – par certains aspects du pétainisme ». On ne sait si la dissolution de la CGT est à porter au crédit de la « révolution nationale »…

Ricoeur-Mounier, Domenach et bien d’autres…

A la libération, l’éminent philosophe se réfugie auprès des hommes de la revue Esprit, où, dans la continuité de l’école de formation des cadres vichystes de Vichy, on réfléchit à l’avènement de « l’homme nouveau ». (Voir à ce sujet, « corporatiste un jour, corporatistes toujours » : site de l’UD CGT-FO 44).

Paul Ricoeur au Vatican ; L’homme a de belles et bonnes fréquentations. La Doctrine sociale de l’Eglise : solidarité-subsidiarité et bien commun lui convient parfaitement… ainsi qu’au banquier Macron.

Ricoeur écrit de nombreux livres : plus de quarante. Mais l’essentiel n’est pas là. Le philosophe milite.

Décembre 1995

Monsieur Juppé prétend allonger la durée de cotisations des fonctionnaires et « réformer la sécurité sociale ». Le coup est bien monté. Avec les syndicats jaunes menés par la CFDT, il lâche du lest sur le premier point mais ne cède pas sur le second.
Bien sûr, à cette occasion, la CFDT emmenée par Nicole Notat collabore, ouvertement. C’est son rôle, sa fonction « naturelle » ; pas de quoi s’indigner … on parle alors de plan Notat-Juppé, comme aujourd’hui du plan Berger-Valls.


 

Des « intellectuels » soucieux d’apporter leur contribution à la contre-réforme montent au front. Parmi eux : Ricoeur.
Un appel stipule :

« Contre l’archaïsme. «Pour une réforme de fond de la Sécurité sociale».

1995. Défense d’une partie du plan Juppé, soutien aux positions de la CFDT : une autre sensibilité de la gauche.
Contre l’archaïsme. «Pour une réforme de fond de la Sécurité sociale».
«En prenant clairement parti en faveur d’un plan de réforme de la
Sécurité sociale, qui s’engage dans « la mise en place d’un régime universel d’assurance maladie financé par l’ensemble des revenus comme l’a dit Nicole Notat, la CFDT a fait preuve de courage et d’indépendance d’esprit.
Chacun sait que la situation de la Sécurité sociale ne pouvait plus s’accommoder de replâtrages qui se soldaient en définitive par une hausse des cotisations et une baisse des prestations. En s’engageant sur la voie d’une cotisation étendue à tous les revenus, pas seulement salariaux, le plan Juppé a pris acte de l’archaïsme d’un système qui pénalisait l’emploi et dont la philosophie était restrictive en termes d’accès aux soins. En proposant de développer la maîtrise médicalisée des dépenses de santé et d’aller vers un suivi individuel des patients, il engage une inflexion de la politique de santé vers une action davantage préventive. Enfin, en proposant de modifier la gestion des systèmes de santé par le vote du budget de la Sécurité sociale par le Parlement, il peut ouvrir la voie à un véritable débat sur les options de la politique sanitaire et sociale, et sur les rôles respectifs du Parlement et des partenaires sociaux. Sur ces trois points, la réforme est une réforme de fond qui va dans le sens de la justice sociale.


En 1995, le « syndicalisme rassemblé » derrière – à la remorque de la CFDT – exerce ses ravages. La centrale cléricale participe à des manifestations « unitaires » tout en soutenant les contre-réformes de Juppé. Le ver est dans le fruit. Le gouvernement, le patronat compte sur la confusion pour passer en force.

Bien entendu, le plan gouvernemental comporte des aspects contestables: ceux-ci concernent la politique familiale, l’avenir des systèmes de retraites et en filigrane la politique fiscale, qui peuvent susciter de légitimes inquiétudes sur leurs principes et leur mise en oeuvre. Ils mériteraient une démarche d’analyse et de concertation de même nature que celle du Livre blanc sur les retraites. Notre engagement en faveur des mesures de fond prises concernant l’assurance maladie vaut engagement de vigilance accrue sur ces autres points. Mais, vu les atermoiements de la gauche politique sur ces questions, nous, intellectuels, militants associatifs, responsables ou experts, nous entendons nous aussi prendre nos responsabilités et nous engager à défendre des options qui visent à sauvegarder un système qui garantisse à la fois la solidarité et la justice sociale.»
Parmi les premiers signataires, les inévitables: Jacques Chérèque, Guy Coq, (président de l’association des amis d’E. Mounier, un des concepteurs de la notion de « laïcité ouverte ») Alain Finkielkraut, Jean-Paul Fitoussi, Jacques Julliard, Paul Ricoeur, Pierre Rosanvallon, Michel Winock, … et quelques autres. Texte publié dans «le Monde», le 2 décembre 1995.
On comprend mieux pourquoi notre sémillant et souriant ministre aime Ricoeur.
Seulement voilà, les salariés, les retraités, les jeunes, les chômeurs n’aiment pas ceux qui défendent les contre-réformes. Macron, trop t « tendre » l’ignore-t-il ? Il pourrait en causer avec Juppé et Notat …

*La croix (27 01 2005) : Quant à Mounier, le colloque de l’Unesco de l’an 2000, coprésidé par Paul Ricoeur et Jacques Delors, a redonné ses lettres de noblesse au personnalisme. Paroles de spécialistes.

J.M 8-05-2016.

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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