>Histoire

22 / 03 / 2015

Mars 1969

Mars 1969 : 42 ème congrès corporatif
(10 ème congrès de la CGT-FO)

Quelques semaines avant le référendum gaulliste visant à :

1.  Instaurer un sénat où siégeraient des représentants des confédérations.
2. Promouvoir la régionalisation.

Le congrès FO appelle au double NON qui entraine le NON de la CGT. CFDT et CFTC « accompagnent » les projets gaullistes.

André Bergeron prend nettement position :

« Certains se croient en mesure de tirer des conclusions en évoquant notamment l’association capital-travail. Nous savons trop où cela mènerait. Le mouvement syndical est majeur. Il se détermine au sein de ses instances régulières. Il continuera à le faire sans trop s’occuper de spéculations des réformateurs, qui, au lendemain des événements du 13 mai (coup d’état gaulliste) voudraient décidément nous entraîner dans des voies ou nous ne voulons pas aller. »

Dans ses mémoires, Bergeron confie que le général a bien tenté de le convaincre des bienfaits de l’association capital-travail. Il a été invité à l’occasion de visites de chefs d’états étrangers. Les dîners, les galas, Bergeron dit s’y « emmerder ». Il n’y va plus. Le général tente sa chance en entretiens privés. Bergeron lui explique : « la grande embrassade (exploiteurs-exploités) n’est pas pour demain ».

Et commentant après coup l’action de la Confédération, il insiste : « lorsque nous avons préconisé le NON au référendum de 1969, c’est parce que, selon nous, les réformes envisagées par le général De Gaulle mettaient en cause directement le mouvement syndical. Nous avons toujours dit que la gestion des affaires de l’État ne relève pas des attributions du mouvement syndical mais de la responsabilité des citoyens à travers les élus qu’ils se donnent au parlement et ailleurs … »
Tout n’est pas rose pour autant. Il y a eu bien des offensives comme en 1961 où A. Hébert menace de ne pas voter le rapport moral, suite à la décision confédérale de trop s’impliquer dans le IVème plan. La discussion, libre et démocratique, permet de clarifier les enjeux.

De Gaulle, n’aura pas la caution de la CGT-FO.
C’est l’échec. Il doit démissionner. Tels sont les faits. La CGT-FO a occupé dans la bagarre pour la sauvegarde des organisations une place centrale. C’est ce que montrent les différents documents ci-dessous. Le hasard du calendrier a voulu que la CGT-FO tienne son congrès confédéral national quelques semaines avant le référendum. L’appel à voter NON entraîne le NON de la CGT.

hebert-bergeron-hebertPatrick Hébert, André Bergeron et Alexandre Hébert, à l’occasion des cinquante ans de l’UNEDIC. Au congrès confédéral de Tours (février 2015), P. Hébert déclare «  Je rappellerai notamment aux plus jeunes camarades, alors que nous étions confrontés au projet liberticide du général De Gaulle, lors du référendum de 69, ce que l’on appelait à l’époque le courant lutte de classe dans FO et qui regroupait les anarchistes, les trotskystes et ceux qu’on appelait curieusement les socialistes de gauche, n’ont pas hésité à voter le rapport moral de Bergeron lorsque la confédération disait NON au corporatisme.
C’était l’essentiel ».

 

Alexandre Hébert publie dans l’Ouest-syndicaliste de mars-avril 1969 l’éditorial intitulé :

Ni conseillers, ni  sénateurs.

Notre congrès confédéral s’est prononcé sans ambiguïté. Il appelle à répondre NON au général.
Nous allons donc aller à la bataille du référendum, la bataille du NON qu’il faut à tout prix gagner !
Cette bataille, nous allons la mener sur notre propre terrain, le terrain syndical. Ainsi, nos efforts seront complémentaires de ceux que les partis politiques vont déployer sur leur propre plan. Le 27 avril, les militants, adhérents, sympathisants Force-Ouvrière ont le devoir de répondre NON à des projets qui remettent en cause l’indépendance, c’est-à-dire finalement, l’existence même des organisations syndicales. Mais le problème ne saurait se ramener au seul référendum du 27 avril. Notre congrès confédéral l’a parfaitement compris qui affirme dans sa résolution générale : pour ce qui est de l’engagement du syndicalisme dans les responsabilités nationales, le Congrès estime qu’il doit s’arrêter aux frontières du pouvoir législatif et réaffirme qu’en aucun cas, les organisations Force-ouvrière ne sauraient participer à des organismes de type corporatistes.

Notre refus de participer à l’ordre corporatiste va bien au-delà de la péripétie référendaire. En ce qui concerne notre CGT-FO, quelle que soit la conjoncture, il ne saurait être question d’accepter de participer à une nouvelle Charte du travail. N’en déplaise à « l’humanité », aux commissions ouvrières de Franco, nous continuons de préférer nos syndicats. Sur un tel problème, il était bon, il était sain que nous nous retrouvions unanimes.
Le passé est le passé et il n’est au pouvoir de personne de refaire l’histoire. Par contre, l’avenir reste ouvert et chacun devra prendre ses responsabilités. En ce qui concerne les militants Force-Ouvrière, les choses sont claires. Quoi qu’il arrive, ils ne seront ni les « conseillers », ni les « sénateurs » de l’ordre corporatiste.

Le NON l’emporte. Echec au corporatisme !


Les néo socialistes du XXI ème siècle. Claude Bartolone.

Le président « socialiste » de l’Assemblée nationale a déclaré le 29 janvier 2015 à la télévision : « je redécouvre les textes du général De Gaule à l’époque ; je trouve qu’il avait déjà de bonnes idées ».

Question du journaliste : De Gaule avait raison ?

Réponse : « OUI ». Et il précise : « je suis en faveur de son rapprochement, (le sénat) et du Conseil économique et social environnemental ». Le « socialiste », « néo », Bartolone agit à visage découvert. Cette fois encore, c’est le camarade Bergeron qui remet les choses en place : « il est du devoir de la confédération de dire ce qu’elle pense de la participation à une assemblée nouvelle, produit du mixage du sénat et du Conseil économique, qui sera consulté sur les projets de loi de toute nature. Mon opinion est que cela risque de créer une confusion insoutenable entre la représentation des citoyens et les délégations représentatives d’intérêts catégoriels. Les auteurs du projet voient dans la cohabitation d’éléments dits semblables une heureuse innovation. Je la juge condamnable dans son principe même ». Ce qui était vrai en 1969 l’est toujours en 2015.

M. le président partage à l’évidence avec feu le général, un souci majeur : intégrer les confédérations ouvrières à la « gouvernance ».
Il est significatif qu’un député « breton » ait déjà proposé l’institution de chambres régionales où siègerait l’ensemble des « forces vives », les syndicats devenant de simples co législateurs. (Proposition conforme aux vœux des patrons « bretons » de l’institut de Locarn).
Les néos, M. Bartolone en tête, agissent dans le cadre d’un plan d’ensemble parfaitement cohérent, conforme bien sûr aux exigences de l’UE : il s’agit toujours de détruire les segments de démocratie qui constituent autant d’entraves à leur « refondation » de la république : l’acte III de la décentralisation, la loi scélérate sur la « représentativité syndicale », la « simplification » du code du travail, la remise en cause de l’institution prud’homale, la loi Macron etc constituent autant de tentatives d’avancer dans cette direction.
Mais il y a loin de la coupe aux lèvres.
Le gouvernement ne peut guère se prévaloir que du soutien de la CFDT, ce qui relève de « l’ordre naturel » des choses.

Comme en 69, le NON de la CGT-FO amène la CGT, notamment, à engager, bon gré malgré, l’action commune.

Le 9 avril, l’appel national, CGT-FO, CGT, FSU, Solidaire, relayé de plus en plus largement dans l’unité par des UD et différents syndicats, sera un 1er choc contre un pouvoir arrogant mais isolé. Le recours systématique annoncé au 49-3 n’est pas un signe de force, bien au contraire.
Engagé dans la voie sans issue du « coup d’état permanent citoyen et participatif », les Valls, Bartolone et compagnie n’éviteront pas l’affrontement inéluctable.
Il faut s’y préparer. L’heure n’est pas aux états d’âme.

J M

chaud ! chaud ! chaud !

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