>Histoire

18 / 03 / 2023

Les syndicats et la guerre.

« Entre nous ( … ) j’accueillerais avec plaisir n’importe quelle guerre tant il me semble que ce pays en a besoin ».

Lorsqu’il écrit ceci en 1897, Théodore Roosevelt est un zélé serviteur de la classe capitaliste aux EU.

Howard Zinn rappelle à juste titre dans son « histoire populaire des EU » que le mouvement ouvrier n’est pas inactif. Les grèves sont nombreuses. Les affrontements avec les « forces de l’ordre », l’armée, les milices patronales sont, sinon la règle, du moins habituels. Les historiens de salon, les « spécialistes » de l’histoire des EU n’en parlent pas.

Il faut donc mater la classe ouvrière, par tous les moyens et mettre les syndicats au pas.

La guerre impérialiste fait partie de ces moyens. Elle poursuit la lutter des classes, la guerre des classes que mène la bourgeoisie contre les peuples.

Le temps presse. La Grande Bretagne d’abord, la France ensuite, la Belgique, la Hollande, le Portugal et l’Espagne, bien que sur le déclin … se partagent le monde et ses « richesses ».

L’or et les esclaves d’abord, puis les épices, les bois précieux, le caoutchouc, (« l’or rouge »), plus tard, le pétrole, puis l’uranium, puis les « terres rares » indispensables à la « révolution technologique »…

Howard Zinn note que de 1798 à 1895, les EU sont intervenues militairement à 103 reprises notamment au Japon et en Chine.

Il y en aurait aujourd’hui 66 dont une seule médiatisée.

« Le Pacifique est notre océan ».

En 1898 un sénateur américain – Beveridge – met les points sur les I :

« C’est au nom de l’idéalisme le plus pur et pour accomplir la mission civilisatrice qui incombe à un grand peuple que nous occupons les philippines. Le Pacifique est notre océan. L’Europe va de plus en plus fabriquer les produits dont elle a besoin et trouver dans ses colonies les matières premières qu’elle consomme. Où trouverons-nous des clients pour nos produits ? En Chine ».

La cible finale, c’est déjà la Chine et ses centaines de millions de « clients ».

Il faut donc chasser des Philippines l’impérialisme débile espagnol, ses quelques soldats, gendarmes et prêtres et y installer les premières bases militaires tout en organisant le pillage systématique des nombreuses richesses du pays : l’or, le cuivre, le minerai de fer, le chrome, le manganèse, le nickel, le mercure, le pétrole dont on ignore encore à l’époque tout le potentiel et … le gaz naturel ; comme en Russie (2).

Les va-en-guerre sont sur les dents. Le Washington Post qui défend les intérêts de la « finance » écrit :

« ( … ) Le goût de l’Empire règne sur chacun de nous comme le goût du sang règne sur la jungle ».

Roosevelt, encore lui, affirme : « Toutes les races dominantes se sont toujours affrontées aux autres races. ( … ) Aucun triomphe obtenu par la paix n’est aussi glorieux qu’un triomphe obtenu par la guerre ». Cet individu est toujours adulé par certains « progressistes », verts, en général, ceux qui considèrent que certes, du « temps de Karl Marx », il y avait sans doute une lutte des classes mais que tout cela est terminé et depuis bien longtemps.

Que dit le chef de guerre ?

Le président-chef-de-guerre un certain McKinley déclare :

« La vérité est que je ne voulais pas des Philippines et que je ne savais qu’en faire. Durant plusieurs nuits, j’errai dans les couloirs de la Maison-Blanche. Parfois, je m’agenouillai et implorai le Tout-Puissant de m’éclairer. Une nuit, je reconnus l’inspiration divine. Rendre les philippines à l’Espagne serait lâche et déshonorant. Les céder à l’Allemagne ou la France était impossible. Nous ne pouvions pas non plus les abandonner aux Philippins ; ils sont incapables de se gouverner. Il ne restait plus qu’à les garder pour nous, à instruire les philippins, à les christianiser comme des hommes pour qui le Christ est mort en croix … alors, j’allais me coucher et m’endormis profondément ». 

(Propos rapportés par Gaston Willoquet, un admirateur du président-chef-de-guerre dans : « histoire des Philippines »).

On pourrait en rire mais quand on sait en quoi à consister la « pacification » des Philippines, c’est beaucoup moins drôle.

La question centrale : que fait le « mouvement ouvrier » ?

Avant la déclaration de guerre, les réactions sont pour le moins contrastées.

Certaines sont lucides. Par exemple, celle de l’AFL (Fédération américaine du travail) du Connecticut :

« Un plan gigantesque et machiavélique est ostensiblement mise en œuvre pour mettre les EU au premier plan des puissances maritimes et militaires. La vraie raison est que les capitalistes ramasseront la mise et que les travailleurs qui oseront demander un salaire décent ( … ) seront abattus comme des chiens errants » comme le sont les populations des pays conquis qui se révoltent.

Un appel de syndicalistes des mines en faveur de la paix prévient :

« S’il y a une guerre, c’est vous (les ouvriers) qui fournirez les cadavres et les impôts … »

Mais les pressions et les menaces ne sont pas sans effet.

Une fois la guerre déclarée « la majorité des syndicats succombèrent à la fièvre guerrière ». (H. Zinn, page 353).

Des reclassements s’opèrent. Certains syndicats considérés comme « réformistes » résistent courageusement à l’hystérie patriotarde. D’autres, adeptes jusqu’au début de postures terriblement « révolutionnaires » se comportent en laquais disciplinés de l’impérialisme. Ceux-là sont les plus odieux.

Au « sommet » de l’AFL, Samuel Gompers se soumet : « C’est une guerre juste et glorieuse ».

Il se vante que « 250 000 syndiqués sont volontaires pour le  service armé ». Mais peut-être pas pour servir de chair à canon sur le front … ?

Conclusion :

1898 … 2023 : bien des choses ont changé dans le monde. Deux guerres mondiales ont semé la dévastation. Les guerres coloniales qui se poursuivent, certaines totalement passées sous silence (la guerre de la « France » au Cameroun, par exemple, pendant toute la guerre d’Algérie, et même après : 100 000 morts sur une population de 3 millions d’habitants selon historien camerounais, Jacob Tatsitsa).

Les enjeux sont toujours les mêmes : Avec le Torquemada à lorgnons, Guesde, chef de guerre ou avec Jaurès, militant honnête, cmbattant du mouvement ouvrier ?

« Sils s’obstinent ces cannibales à faire de nous des héros, ils sauront bientôt que nos balles seront pour nos propres généraux ». (L’internationale).

  1. En Russie, les capitalistes ont imposé à 90% des russes qui n’en voulaient pas une « réforme » des retraites 5 ans de plus ! Plus fort que Macron.

En Ukraine, c’est le code du travail qui ramène le pays aux temps anciens du « contrat » de louage de services, le président-chef-de-guerre du moment promettant aux MEDEF (en visio conférence) la destruction intégrale de toute la fonction publique.

  1. Au même moment l’armée US expulse l’ « Espagne » de Cuba. A cette époque, elle pouvait mener plusieurs guerres en même temps sans avoir besoin de sous-traiter.

JM 18 mars 2023.

 

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