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16 / 06 / 2023

Les AESH en grève pour un vrai statut et un vrai salaire

Mathilde MAZARS/REA

 

Les AESH – accompagnants d’élèves en situation de handicap – étaient en grève le 13 juin à l’appel de plusieurs syndicats enseignants dont la FNEC FP-FO. Ces personnels se battent depuis des années pour sortir de la précarité et de la pauvreté. Ils dénoncent également une dégradation de leurs conditions de travail et la volonté du gouvernement de détruire leur métier pour en faire des accompagnants à la réussite éducative.

Malgré des années de lutte pour obtenir la reconnaissance de leur métier, le combat des AESH – ces accompagnants d’élèves handicapés dans les écoles, collèges et lycées – n’est pas terminé. Le 13 juin, ces personnels, qui sont en grande majorité des femmes, étaient de nouveau en grève à l’appel de plusieurs organisations syndicales dont la FNEC-FP-FO. Des rassemblements ont été organisés dans toute la France, devant les directions des services de l’Education nationale (DSDEN), les rectorats et le ministère de l’Education nationale à Paris. Ils étaient 150 manifestants à Lyon comme à Rennes, 250 à Toulouse, 80 à Bordeaux, 70 à Rouen…

Selon le ministère de l’Education nationale, on compte actuellement 132 000 AESH pour 430 000 enfants accompagnés. Elles sont embauchées comme contractuelles et travaillent pour la plupart d’entre elles 24 heures par semaine, pour une rémunération de 850 euros par mois.

A partir de la rentrée prochaine, une AESH pourra prétendre à un contrat en CDI dès trois ans d’ancienneté, contre six ans jusqu’à présent.  « Le CDI ne les sort pas de la précarité, elles restent des contractuelles sans plan de carrière », souligne Max Sanchez, secrétaire fédéral à la FNEC-FO en charge du dossier.

Pour les sortir de la précarité, les syndicats demandent la création d’un véritable statut de la Fonction publique et une augmentation des rémunérations avec comme objectif l’alignement sur la grille de catégorie B. Selon l’intersyndicale, la grille salariale des AESH, instaurée par décret en août 2021, « est devenue totalement obsolète en moins d’un an ». Les trois premiers échelons (soit neuf ans de service) correspondent aujourd’hui à un niveau de rémunération identique au Smic, « ce qui supprime l’évolution et la reconnaissance de l’expérience professionnelle pour les AESH », dénoncent les syndicats.

Les AESH veulent aussi pouvoir travailler à temps complet sur la base de 24 heures d’accompagnement d’élève, soit la totalité du temps scolaire. Or l’administration considère qu’il s’agit d’un temps de travail incomplet, et le rémunère comme tel.

J’ai dû apprendre le braille toute seule pour aider un élève

Les personnels revendiquent également l’abandon des PIAL (pôles inclusifs d’accompagnement localisés) mis en place il y a deux ans et qui mutualisent les moyens sur un territoire. « En fonction des besoins, on peut changer d’école du jour au lendemain dans un rayon de 40 kilomètres, on est devenus des pions. Il n’y a plus d’aide individuelle. Sur un contrat de 24 heures, on peut suivre dans la même semaine huit enfants trois heures chacun, ça ne sert à rien et c’est une catastrophe », dénonce Muriel Gerbier, AESH en Haute-Loire et négociatrice FO au niveau intersyndical, par ailleurs fraîchement élue à la commission exécutive fédérale de la FNEC FP-FO.

Elle revendique également une meilleure formation des AESH, à la hauteur des missions. « J’ai appris le braille toute seule pour pouvoir aider un enfant non-voyant que j’accompagne depuis six ans, explique-t-elle. On m’a refusé la formation au prétexte que ça coûtait trop cher et qu’il n’y avait pas assez d’enfants concernés dans le département ».

Faire des économies sous couvert d’inclusion et d’équité

FO revendique aussi une augmentation du nombre de places dans les établissements spécialisés, alors que la tendance est au contraire à l’accélération de la fermeture des structures et des postes qui y sont rattachés. « Le gouvernement cherche à faire des économies sous couvert d’équité et d’inclusion, il manque par exemple 1000 places dans le département de la Gironde », dénonce Max Sanchez.

Cette situation a des conséquences néfastes à la fois pour les enfants et pour les personnels. « Il y a trois ans d’attente pour entrer en IME dans mon département, poursuit Muriel Gerbier. Avant, nous avions surtout des enfants en dys, dyslexiques, dyspraxiques. Aujourd’hui, sans aucune formation, nous devons gérer des handicaps lourds avec des troubles du comportement. Ce sont des enfants qui ne peuvent pas suivre une scolarisation en milieu ordinaire, même avec une AESH. Ce n’est plus de l’accompagnement mais de la garderie. Et c’est notre absence de statut qui fait que nous sommes malléables à merci ».

Avec le métier d’ARE, les enfants handicapés ne seront plus une priorité

Les réformes qui se profilent avec l’acte 2 de l’école inclusive voulu par l’exécutif ne sont pas pour rassurer les militants. Lors de la dernière Conférence nationale du handicap fin avril, le chef de l’État a annoncé sa volonté de fusionner les métiers d’AESH et d’AED (les assistants d’éducation qui assurent la surveillance en collège et lycée) pour créer le métier d’ accompagnant à la réussite éducative (ARE) sur la base de 35 heures hebdomadaires. « On dénature les deux métiers, ce seront des factotum, quand les élèves handicapés seront là, ils feront le métier d’AESH, mais en parallèle, ils s’occuperont de tâches administratives ou surveilleront la cantine pour atteindre 35 heures », dénonce Max Sanchez. Muriel Gerbier s’inquiète aussi de la disparition du mot handicap dans le projet ARE. « On devra faire tout et n’importe quoi, les enfants handicapés ne seront plus une priorité », alerte-t-elle.

L’heure est aussi, selon la FNEC FP-FO, au développement de l’inclusion scolaire systématique et transformant les personnels Rased (NDLR : Réseau d’Aides Spécialisées aux Élèves en Difficulté) en personnels ressources accompagnant les collègues et non plus les élèves…

Face à la gravité de la situation, une nouvelle action se profile déjà pour la rentrée de septembre.

A Nantes, nos camarades AESH, notamment avec leurs syndicats SNFOLC 44 et SNUDI-FO 44, ont largement répondu présentes. Plus d’une centaine de manifestants se sont rassemblés devant la Préfecture de Nantes à 12h30, avant de rejoindre la DSDEN 44 où une délégation intersyndicale a été reçue à 14h00.

Bravo aux camarades pour leur détermination.

chaud ! chaud ! chaud !

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