>Édito

17 / 03 / 2015

L’EAU ET LE FEU

Respectant servilement les oukases de l’Union européenne, qui exigeait que la France revienne en dessous des 3% de déficit public conformément aux critères de convergence économique du traité de Maastricht, le gouvernement a fait voter par le parlement un budget qui prévoit 50 milliards d’économies.

Pacte de responsabilité, loi Macron, réforme territoriale, etc … autant de mesures qui débouchent sur la baisse du pouvoir d’achat des salariés, sur une diminution draconienne des budgets des collectivités locales, donc sur moins de consommation, moins d’investissements et par conséquent plus de chômage.

Le gouvernement a, un temps, caressé l’espoir qu’il pourrait passer ses projets en douceur en y associant les organisations syndicales. Tel est était l’objet de la « Conférence sociale » de l’été dernier. Le refus de notre confédération de se faire instrumentaliser, entraînant la CGT puis la FSU et Solidaires, a mis fin brutalement à ce fol espoir.

Le gouvernement a donc été contraint de passer en force. Se heurtant à quelques résistances dans ses propres troupes, il lui a fallu même user du fameux et totalement antidémocratique article 49ter. Ainsi la loi Macron fut elle adoptée sans avoir été votée.

Pour autant Messieurs Hollande et Valls ne sont pas au bout de leur peine. L’Union européenne estime que 50 milliards, c’est trop peu et exige 30 milliards d’économies supplémentaires. Certes le budget a été voté par le parlement, mais Bruxelles ne s’arrête pas à ce genre de considérations.. ! « Pour ces gens-là » les parlements nationaux sont au mieux des assemblées consultatives.

Face à ces exigences, le nouveau Rastignac, Emmanuel (1) Macron, a beau protester, tempêter, taper de ses petits poings sur la table, rien n’y fait. Ironie du sort, c’est l’ancien ministre des finances, Pierre Moscovici, devenu entre-temps commissaire européen, qui est chargé d’imposer cette mesure à ses successeurs. Conformément aux traités européens, si la France ne s’exécute pas, elle risque de lourdes sanctions financières…

Cette politique est naturellement rejetée par la classe ouvrière et par la majorité de la population, qui a infligé de cinglants échecs à l’actuelle majorité à l’occasion des précédents scrutins. S’agissant des prochaines élections cantonales, les sondages donnent une nouvelle fois les abstentionnistes largement vainqueurs (54%) selon le dernier sondage. Notons au passage que les candidats de la majorité, avec 19% d’intentions de vote, ne rassembleraient qu’environ 9% des électeurs.

Vous avez dit démocratie ??? 

Le gouvernement, recourant à une ficelle bien usée, agite une fois encore l’épouvantail du Front National, qui est donné à 30%. Ce qui en réalité lui octroie 14% des électeurs, si on lui applique les mêmes règles de calcul. Manuel (2) Valls a beau s’agiter, parions que rien n’y fera !

Depuis bien longtemps, la classe ouvrière a perdu ses illusions quant à une issue sur le terrain électoral.

C’est bien plus probablement sur le terrain de la lutte des classes directe que les choses se joueront.

C’est pourquoi, l’appel à la grève interprofessionnelle et à manifester le 9 avril constitue une échéance fondamentale. Le gouvernement et le patronat l’ont bien compris et en mesurent l’enjeu. Ils sortent donc leur joker : Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.

Interrogé par le journal patronal «Les Echos», à la question : «à 6 jours des élections départementales, comment jugez-vous le climat social?», il répond : «ni optimisme mal placé, ni misérabilisme qui nourrit le pessimisme et le Front National.»

Finement le journaliste lui demande après : «C’est un message pour la CGT et FO qui mobilisent le 9 avril contre l’austérité ?».Hypocritement, Laurent Berger nous dit : «Non, mais les mots ont un sens. Il y a de la rigueur, des gens en bavent, mais il n’y a pas d’austérité en France».

Le distinguo est subtil mais pas très nouveau. En juin 1982, François Mitterand et son premier ministre, Pierre Mauroy, jouaient déjà avec le vocabulaire pour justifier le «tournant de la rigueur». D’accord, nous n’avons pas l’austérité, juste la rigueur !

Laurent Berger concède méprisamment que «les gens en bavent». Les 3 millions de chômeurs officiels (peut-être 5 à 6 en réalité) jugeront, comme jugeront les 11 millions de personnes reconnues pauvres, ou le million de ménages ou de retraités à faibles revenus nouvellement imposables !

A tous ces gens qui en bavent, nous disons que rien n’est inéluctable. Tout est une question de rapport de forces.

L’immense mouvement de grèves et de manifestations de 2010 a échoué parce que, au nom du «syndicalisme rassemblé», l’intersyndicale s’était de fait alignée sur les positions de la CFDT, qui approuvait en sous mains la réforme des retraites. On ne peut pas marier l’eau et le feu.

Le 9 avril, l’appel de notre organisation avec la CGT, la FSU et Solidaires est clair :

– Non à l’austérité !

– Non au pacte de responsabilité !

– Non à la loi Macron !

Que la CFDT soit du côté de l’Union européenne, des gouvernements et du patronat, n’est pas nouveau, elle est à sa place.

Qu’avec Manuel Valls elle utilise la menace du Front National pour tenter de démobiliser est normal. C’est son rôle.

Notre place à nous, c’est d’être avec les travailleurs qui chaque jour se battent dans leur entreprise, y compris en se mettant en grève.

Notre rôle, c’est d’ouvrir une perspective pour gagner.

C’est pourquoi le 9 avril nous serons en grève et nous irons manifester en particulier à Paris, c’est-à-dire là où les décisions se prennent.

(1) Emmanuel en ancien hébreu signifie : « Dieu est avec nous ». En la circonstance, il semble que cet atout non négligeable soit pour autant insuffisant …

(2) Manuel : diminutif d’Emmanuel … 

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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