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Loire Atlantique 10 / 03 / 2016

Laurent Berger (CFDT) en mission évangélique sur la loi « Travail »

L. Berger : « La loi El Khomri ne comporte pas de mesures anti-jeunes »

 

« Planquez vos gamins, les curés sont lâchés » !

Mercredi 9 mars, alors que des milliers de lycéens et d’étudiants étaient dans la rue pour exiger  le retrait du projet   de loi El Khomri, Laurent Berger a tout fait pour calmer le jeu. «Cette loi imparfaite, que je conteste aujourd’hui, fait-elle empirer  la situation des jeunes ? La réponse est non », a estimé le secrétaire général de la CFDT, invité de l’émission «Questions d’info » sur LCP en partenariat avec Le Monde, l’AFP et France Info.

« Il n’y a pas de mesures antijeunes dedans. 

(Pourtant beaucoup de jeunes posent la question : « qu’allons- nous subir a la sortie de nos études »)

 alors qu’en 2005 le contrat première embauche (CPE) était clairement ciblé sur les jeunes. Cela ne rend pas pour autant la précarité qu’ils subissent supportable », a t-il ajouté, en réclamant pour eux des droits nouveaux dans le compte personnel d’activité que le gouvernement s’apprête à créer.

Concrètement, Laurent Berger demande, avec de bonnes chances d’être entendu, des droits accrus pour tout salarié en contrat à durée déterminée de quelques mois : « On peut imaginer, a-t-il précisé, que les étudiants qui travaillent pendant leurs études voient leur droit à la formation  renforcé, qu’ils puissent même bénéficier  de la couverture chômage. On peut aussi imaginer que les contrats courts soient davantage taxés afin que les contrats longs soient encouragés, c’est ce qu’on appelle la cotisation dégressive. »

Depuis que les organisations syndicales et les syndicats étudiants comme l’UNEF et l’UNL ont appelé à manifester contre la loi El Khomri, le rôle de la CFDT est crucial.  

 (Tout le monde l’a compris, surtout le gouvernement et le patronat).

Contrairement à la CGT et à FO, ce syndicat n’a pas appelé au retrait du projet de loi. Il veut des aménagements. De lui dépend le sort du texte. Laurent Berger prévient : « le rôle d’une organisation syndicale, c’est de peser.

(Pour la CFDT, de peser sur le gouvernement ! çà c’est sur)

Donc je ne me laisserai pas instrumentaliser », mais il se montre d’autant plus disposé à négocier  qu’il pense que cette loi « peut être une grande loi, une loi qui relance la négociation collective et nous fasse passer  dans une voie médiane qui n’est ni le statu quo revendiqué par certains, ni la déréglementation libérale voulue par d’autres. »

En accord avec la philosophie du texte

Sur le fond, le secrétaire général de la CFDT est d’accord avec la philosophie du texte : « D’un côté, renforcer  la négociation collective qui, dans les branches et les entreprises, permet de concilier  les souplesses nécessaires et les protections négociées, et de l’autre côté, développer  le compte personnel d’activité qui permet aux salariés d’avoir des protections attachées à leur personne et non pas à leur statut tout au long de leur parcours professionnel. »

Ce qu’il combat, ce sont, dit-il, les « verrues » qui sont venues se greffer  après coup sur le texte au premier rang desquelles figure la barémisation des indemnités prud’homales. Laurent Berger continue d’exiger la suppression du barème obligatoire, mais n’est pas hostile à un « barème indicatif »*, qui permettrait au salarié de savoir  combien il pourrait obtenir  de réparation au titre  de tel ou tel préjudice, mais « cela ne devra pas être  obligatoire ni contraignant », prévient-il. Voilà qui devrait faciliter  les discussions  avec le gouvernement. 

* C’est également un barème pour l’employeur qui, ainsi, saura à l’avance combien il devra verser.

Laurent Berger se bat aussi pour une délimitation plus stricte du licenciement économique. Il entend notamment lutter  conte la tentation que pourraient avoir  «certaines entreprises européennes ou mondiales de vider  d’une “certaine forme de rentabilité’’ un site français pour expliquer qu’on peut le fermer » Enfin, s’il est prêt au renforcement de la négociation collective dans l’entreprise et dans les branches, il y met une condition : que le droit actuel s’applique lorsqu’il n’y a pas d’accord. « Je continue de me battre  pour que la durée légale du travail dans ce pays soit de 35 heures, a-t-il prévenu, et je veux que la majoration qui s’applique aux heures supplémentaires soit de 25 % » – et non de 10 % comme prévu dans le projet de loi.

Avertissement à la droite

Dans une démocratie qu’il décrit « en difficulté », le leader syndical défend sa méthode : « Ecouter, ce n’est pas reculer. Notre pays n’avancera jamais autrement que par les voies du compromis, sinon cela voudra dire  qu’on a basculé dans un régime autoritaire », (compromis ou compromission ? ne sommes nous pas dans un état austéritaire ?) a-t-il fait valoir, en lançant un avertissement à la droite. « Dans l’état de fatigue démocratique dans lequel nous nous trouvons plongés, je ne crois pas que des politiques puissent se passer des corps intermédiaires ni de la société civile, qu’ils puissent faire  l’économie de concertations, de négociations, de débats   collectifs.»

Selon lui, le pays paie un manque d’anticipation : « La France a mis quinze ans à intégrer  la mondialisation et à réaliser  que nous étions engagés dans de profondes mutations économiques et écologiques. Du coup, nous n’avons pas suffisamment anticipé ni débattu », a-t-il déploré, en pointant le manque de pédagogie de François Hollande  : « On ne fait pas rêver  un pays avec des chiffres. Les gens veulent du sens.»

Rappelant que le pays a été frappé en 2015 par deux chocs fondamentaux : « Les attaques terroristes, qui sont une attaque de notre modèle de vie, et la montée extrêmement forte du front national. » Laurent Berger a conclu : « Si on ne redonne pas du sens, si on ne dit pas ce qu’est le vivre  ensemble, si on ne parvient pas à construire  des droits adaptés au fonctionnement de l’économie sans laisser de gens au bord de la route, cela peut aboutir  à de la radicalisation dans tous les sens. »

paru sur Mediapart

A méditer !! dans tous les sens du terme

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