30 / 04 / 2022
Dans le quotidien LIBERATION du 25 avril, un député dit « européen » de la « majorité présidentielle », B. Guetta, – groupe Renew Europe »- (sic), proposait la nomination du secrétaire général de la CFDT comme 1er ministre.
Le nom de Nicole Notat a lui aussi circulé dans certains milieux …
Le 28 avril, Laurent Berger s’adresse au président de la République pour lui dire : « vous ne pourrez pas relever les défis tout seul … » et il propose « un grand rendez-vous social pour associer le plus grand nombre à la co-construction des décisions ».
Fidèle à ses origines, la CFDT prône la fameuse « association Capital-Travail », c’est-à-dire le corporatisme cher à l’Eglise catholique.
Rien de bien nouveau.
On verra ci-dessous comment François Chérèque expliquait en son temps qu’il était plus utile à la tête de la CFDT qu’au gouvernement.
Ce texte est extrait de « corporatismes d’hier et d’aujourd’hui » édité par l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique en 2015, avec quelques notes explicatives.
François Chérèque a été secrétaire général de la C.F.D.T. de 2002 à 2012.
Dans son livre, « riches et presque décomplexés », Jacques Cotta décrit une rencontre entre Chérèque et les patrons d’ETHIC (1) en mai 2007.
C’est Sophie de Menthon (2) qui accueille le « syndicaliste ».
SdM : « Cher F. Chérèque, c’est un grand plaisir. Mais laissez-moi vous dire, à vous qui avez eu par le passé le courage de soutenir des réformes difficiles que je déplore l’absence de la presse. Vous auriez dû au contraire médiatiser au maximum cet évènement étant donné l’importance de votre discours ».
Des réformes difficiles ? Il s’agit en particulier des contre-réformes CFDT-Juppé de 1995 et CFDT Fillon de 2003. (3).
Le business éthique et le « capitalisme inclusif », deux bonnes blagues modernes du XXIème siècle.
Chérèque : « Merci de m’accueillir et commençons donc par la presse. J’ai décidé qu’elle ne serait pas présente car j’ai décidé de vous parler franchement, sans détour, directement. Entre nous, sans journaliste, ce sera plus simple ! »
Jacques Cotta est présent au milieu des heureux invités privilégiés. Il raconte.
« ( … ) Pour nous confier des secrets … » plaisante la salle … »
Pendant une heure, je vais de surprise en surprise, écrit Jacques Cotta. Le leader de la CFDT réserve à ses hôtes un discours très politique.
Chérèque : « l’économie est poussive car nous n’avons pas décliné les objectifs du traité de Lisbonne ».
« Plus clairement ? » demande SdM.
Chérèque : « Les réformes de la recherche, des régimes spéciaux de retraite, de l’assurance maladie, des hôpitaux n’ont pas été accomplies ».
Mais qu’importe, la salle communie. Il aborde ensuite l’organisation du marché du travail (et dénonce) une trop grande rigidité pour les entreprises.
Je me tourne alors vers mon voisin de table. « Je croyais qu’il parlait des employés. Pour un syndicaliste, il est assez ouvert, non ? »
Le patron d’HETIC approuve : « Oui, si les entreprises ne vont pas bien, les employés non plus. Lui il a compris cela ».
Patrons, ouvriers, techniciens, tous frères en JC dans l’entreprise, tous « collaborateurs » comme on dit aujourd’hui dans les milieux branchés du « management » participatif (4).
« Reste la méthode ? » demande SdM.
Cotta : « Alors le leader de la CFDT parle de représentativité. Il a déjà rencontré à plusieurs reprises les conseillers de Sarkozy avec qui « ils sont tombés plutôt d’accord ». Quelle surprise ! La loi sur la représentativité de 2008 que condamne FO est l’œuvre du conseiller de Sarkozy, R. Soubie, de l’appareil confédéral CGT, et de la CFDT, « tous ensemble » …
Chérèque explique : « Il faut reconnaître les syndicats dans les entreprises et non plus au niveau national indépendamment des résultats des élections à la base ».
Cotta : « Atomiser l’interlocuteur, me glisse à l’oreille mon voisin attentif … en discutant à la base, la flexibilité s’organise et s’impose d’elle-même ».
Selon le journal patronal les ECHOS, l’éthique découle de la culture d’entreprise ».
Pas couillon, le patron d’ETHIC !
Question de la salle : « pourquoi avec ce discours êtes-vous au premier rang des manifestations ? »
Chérèque : « J’ai manifesté contre le CPE (contrat première embauche) car le ministre avait été ridicule dans la forme. Mais sur le fond, nous sommes bien sûr d’accord pour revoir le contrat de travail ».
Bien sûr. D’ailleurs la CFDT n’a-t-elle pas accompagné la contre-réforme El Khomri-Macron ?
Question : « Vous avez des priorités ? ».
Chérèque : « la protection sociale sera le gros morceau. Il faut finir le travail sur les retraites après ce qui a été commencé sur les régimes spéciaux ».
Question : « Vous accepteriez d’être ministre de N. Sarkozy ou de S. Royal ? »
Chérèque : « Non, je suis beaucoup plus utile à la place que j’occupe. Sarkozy nous a présenté un calendrier, et moi, ça me va très bien. On s’y met dès juillet … »
Depuis, la CFDT a concocté son projet « révolutionnaire » de retraites par points. Dans ce cadre, il n’y a plus rien de collectif.
Macron prétend « seulement » repousser l’âge légal de départ à la retraite.
Pour la CFDT, celle de Notat, Chérèque, Berger, ce n’est pas assez révolutionnaire …
La CFDT, c’est ça.
Son « crédo » : Un libéralisme à visage humain, car « il n’est de richesse que d’hommes ! » (Source : site ETHIC).
Dans son livre « libres d’obéir », Johann Chapoutot rappelle que l’individu fut un pilier du IIIème Reich ; Il termine la guerre au grade de général SS. A compter de 1957, 700 000 cadres de 2500 entreprises bénéficient de son « enseignement ». La « formation » tourne à plein régime de 1957 à 1972.
Management « moderne » et « bienveillant … » (ETHIC)