>Édito

29 / 04 / 2024

Intervention au Comité confédéral national du 27 et 28 mars

«Camarades, Salut fraternel de l’Union départementale des syndicats 44. Il vaut mieux que nous soyons lucides sur la situation. Il y a les 10 milliards de coupes budgétaires supplémentaires pour 2024 et les 20 milliards prévus en 2025 sans compter les 50 milliards d’ici 2027. 10 milliards d’économies supplémentaires, c’est 11000 postes supprimés à l’école, 125 millions d’euros en moins pour les bourses des étudiants et 310 millions en moins pour l’allocation adultes handicapés. Et j’en passe. Et, si j’ai bien compris, d’autres annonces seront faites à 20H. Une vraie purge !

Et il y a les menaces connues de tous en ce qui concernent les pensions de réversion, les droits familiaux et les remboursements des soins médicaux. Il y a les menaces concernant la prise en charge intégrale de tous les soins des 12 millions de personnes qui en France sont atteints d’affections de longue durée. Ce plan de rigueur aggravé a un rapport direct avec le passage à une économie de guerre. L’économie de guerre a toujours des conséquences sur le niveau de la production industrielle, sur l’activité économique et donc sur l’emploi. L’économie de guerre est le moyen d’accélérer tous les plans du capital fi nancier qui rêve de liquider les conquêtes sociales à une échelle jamais atteinte depuis la 2ème guerre mondiale. J’y reviendrai dans la 2ème partie de mon intervention concernant l’Ukraine.

Le gouvernement a ainsi prévu de faire adopter une loi contre le droit de grève, une autre dite de « simplification » pour réduire encore plus les droits collectifs de millions de salariés du privé, broyant au passage le code du travail, les conventions collectives et les droits syndicaux. Il confirme le gel du point d’indice et l’introduction du mérite « à tous les étages » dans la fonction publique. Il annonce un nouveau tour de vis concernant le niveau des allocations chômage. Non seulement, il suspend l’agrément de la convention d’assurance chômage et la conditionne aux résultats des négociations sur « le pacte de la vie au travail », mais il menace aujourd’hui de réduire la durée d’indemnisation des seniors de 27 à 18 mois. Bruno Lemaire plaide même pour une nationalisation de l’assurance chômage.

De ce point de vue, on peut s’interroger sur la finalité de la négociation en cours sur le « pacte de la vie au travail ». Pour l’essentiel, c’est le gouvernement qui décide. Le « document d’orientation » envoyé aux organisations ouvrières et patronales ne laisse aucun doute sur l’objectif fixé. Il attend du « pacte de la vie au travail » des mesures concrètes pour « favoriser l’emploi des séniors », après avoir imposé à tous les salariés deux ans de travail supplémentaires avec la retraite à 64 ans. Il réaffirme son exigence d’économies de 440 millions d’euros sur le dos des chômeurs « seniors ». Les organisations ouvrières et patronales sont « invités » à aménager les « fins de carrière et favoriser la transition entre l’activité et la retraite ».

C’est dans ces circonstances que le patronat propose la mise en place d’un CDI dérogatoire « fin de carrière », avec, entre autres, l’exonération de la contribution patronale spécifique de 30% sur le montant de l’indemnité versée lors du départ à la retraite !

J’ai bien peur que tout cela nous conduise à une situation de précarité accrue pour les salariés en fin de carrière, moins bien et moins longtemps indemnisés en cas de chômage, obligés de poursuivre leur activité dans des conditions difficiles, licenciés car non rentables et contraints d’accepter des petits boulots pour survivre. Certes, nos négociateurs se battent, en particulier pour rendre le droit à la retraite progressive opposable 4 ans à partir de 60 ans. Mais avec les annonces à venir sur « l’assurance chômage », les dés sont pipés. Il faut dès lors se rendre à l’évidence, le gouvernement cantonne les organisations syndicales, dont la nôtre, dans un rôle de subsidiaire. C’est bien évidemment un piège mortel pour le syndicalisme libre et indépendant dont le but est d’améliorer les conditions de vie du salariat. Notons à ce sujet, que le patrimoine de 90 % des Français a baissé de 3,9 % entre 2019 et 2022. Dans le même temps, les 42 milliardaires français ont gagné 230 milliards d’euros !

Bien entendu, la situation n’est pas simple. Nous avons joué un rôle très important, un rôle moteur même, dans l’action qui a conduit l’ensemble des confédérations à s’opposer au recul de l’âge de départ à la retraite au printemps dernier. Après quelques journées de mobilisation, et elles étaient massives, nous avons proposé la grève pour élever le rapport de forces. Mais nous n’avons pas été suivis et le gouvernement est passé en force. Mais nous avons dit Non !

Je dois dire que les communiqués communs des confédérations que nous signons depuis quelques semaines sont à des années lumières de cette détermination. J’ai bien compris que derrière ces communiqués, il y avait «la patte» de Sophie Binet, véritable cheffe d’orchestre du syndicalisme rassemblé. J’ai bien compris ce matin en écoutant le rapport de Fred, que nous allions prendre des distances avec cela et je m’en félicite. Je pense que nous ne sommes pas obligés de signer des communiqués communs où les revendications essentielles sont absentes et qui nous appellent à « renouer avec le pacte social ». Macron peut dormir tranquille. Je pense que nous aurions été bien inspirés par contre de proposer un communiqué commun pour soutenir la grève des contrôleurs et condamner les propos de certains sur la remise en cause du droit de grève. Oui, nous sommes pour l’action commune et contre le syndicalisme rassemblé. Nous devons être offensifs, dire Non, seul si nécessaire, et soutenir tous les mouvements revendicatifs. Je pense en particulier à celui des enseignants qui luttent aujourd’hui pour la création de postes et contre les mesures brutales qui visent à détruire l’école.

J’en viens à la situation en Ukraine qui préoccupe, à raison, la grande majorité des travailleurs en France (80% le sont) et en Europe. Je sais que certains camarades considèrent que ces questions ne nous concernent pas, qu’elles sont du domaine du « politique ». C’est mal connaître notre histoire. Faut-il rappeler que Léon Jouhaux, avant de se résigner après l’assassinat de Jaurès, avait lancé un appel « À bas la guerre » et manifesté contre elle le 27 juillet 1914. Je ne peux m’empêcher de lire un extrait de son manifeste: « Toute guerre est un attentat contre la classe ouvrière, elle est un moyen sanglant et terrible de faire diversion à ses revendications ». Parce qu’il s’était opposé aux nazis et à Pétain, il terminera en 1943 dans un baraquement à la périphérie de Buchenwald avant d’être transféré au château d’Itter qui dépendait de Dachau. Est-il nécessaire de rappeler ici les prises de position de Bothereau et Bergeron en faveur de l’indépendance de l’Algérie, de Blondel contre la guerre en Irak en 1991 – il fustigeait le dictateur sanglant Saddam Hussein mais il était opposé à l’invasion de l’Irak et de Mailly contre le massacre à gaza en 2014. Je pourrai également citer Yves Veyrier qui a occupé une place centrale à l’OIT en faveur de la paix et des droits des travailleurs partout dans le monde.

Il y a quelques jours, la majorité des députés a voté en faveur de l’accord bilatéral avec l’Ukraine. Cet accord prévoit 3 milliards d’aide militaire pour l’Ukraine. Et le Président de la République a confirmé qu’il n’excluait pas l’envoi de troupes en Ukraine. Jean-Dominique Giuliani, président de la fondation Robert Schuman, écrit dans Ouest France : « Nous devons investir massivement dans notre sécurité, fût-ce au détriment du confort de régimes sociaux généreux ».

Il s’agit bien sûr de préparer le peuple et les travailleurs à l’idée de la guerre et qu’il n’y a pas d’autres solutions que de se serrer la ceinture. Mais cela va plus loin. Nous devons mesurer la portée des propos du Président de la République, les conséquences concrètes ici même en France d’un embrasement généralisé, en particulier pour la jeunesse. Plus que jamais, le seul mot d’ordre conforme à ce que nous sommes, c’est le « cessez-le-feu ».

Oui, la guerre est à nos portes. Il faut prendre très au sérieux cette menace et lancer un appel contre la guerre. Le communiqué intersyndical de soutien à la guerre derrière l’Ukraine du 19 février dernier, calamiteux à mes yeux, n’a heureusement pas été saisi. Qu’est-ce qu’il y a de gênant de dire maintenant : la confédération se tient aux côtés des travailleurs russes et ukrainiens que les dirigeants corrompus Poutine et Zelenski envoient mourir à la guerre pour des intérêts qui ne sont pas les leurs. La confédération continue à œuvrer pour le rétablissement des libertés démocratiques détruites par Poutine comme par Zelenski, en particulier le droit d’avoir des syndicats libres et indépendants qui se battent pour les droits et garanties des travailleurs. La confédération appelle au « cessez-le-feu » et à l’arrêt des livraisons d’armes. C’est ce que disent nos militants, c’est ce que nous disons en Loire-Atlantique et c’est ce que nous continuerons à dire.

J’ai écouté avec beaucoup d’attention le rapport introductif de Fred. Je salue le boulot de notre secrétaire général. Nous avons des nuances certes, des façons différentes de voir les choses. C’est unique dans le paysage et cela fait aussi notre force. Mais ce qui nous rassemble, c’est que nous sommes tous contre aller ou envoyer nos enfants et nos familles faire la guerre à d’autres travailleurs comme nous. Nous sommes tous effarés ici des massacres à ciel ouvert à Gaza ou des champs de bataille sanglants en Ukraine ou ailleurs. Nous sommes tous contre la remise en cause de nos acquis et pour défendre les revendications et il ne faut rien opposer. Nous sommes très conscients que l’on veut nous impressionner, nous marginaliser ou nous utiliser. Mais nous ne marcherons pas, quand bien même nous serions les seuls à dire Non !

C’est cela notre force, notre ciment, notre unité :  

 Oui à l’unité, non à l’unicité !  

Oui aux revendications, Non à la guerre !  

 Non aux massacres à ciel ouvert !

Cela, il faut le dire haut et fort ! C’est cela Force Ouvrière ! Vive la Cgt-FO !

par Michel Le Roc’h,

secrétaire général de l’union départementale

CGT-Force Ouvrière de Loire-Atlantique

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