>Histoire

29 / 01 / 2023

IIème partie. au CESE. Revendications contre consensus : 2ème partie.

Au C.E.S.E. la tentation du consensus :

Dimanche 1er novembre 2021 s’est ouverte la COP 26 à Glasgow. Des milliers de participants, représentants des institutions internationales, des gouvernements, des Eglises, des ONG, des lobbys les plus divers et dans tout ce fatras, des syndicalistes … Et tout ce petit monde de se retrouver cette fois encore pour examiner les modalités de la « transition énergétique » (1).

On rapprochera cette gigantesque opération politique et médiatique de quelques faits. À la demande de la commission européenne, les véhicules thermiques devront être remplacés d’ici 2035 par des véhicules électriques. Cela devrait entraîner la destruction de plus de 100000 emplois en France, de 200000 en Allemagne… Au même moment, on apprend que la firme californienne Tesla, propriété du multi milliardaire Elon Musk, atteint aujourd’hui une valorisation boursière de plus de 1000 milliards de dollars, soit plus que le cumul de la valeur boursière de tous les constructeurs automobiles, toutes marques confondues, à l’échelle mondiale.

Elon Musk (celui qui porte une cravate).

C’est dans ce contexte que Le Monde publie le 23 octobre 2021 une tribune du directeur général de l’Organisation Internationale du Travail, Guy Ryder. Il écrit :

« Les coûts sociaux (de la « transition écologique ») peuvent être élevés. Si aucune anticipation n’est faite, les populations réagiront négativement, et cette transition sera bloquée. Il faut un consensus social pour que cela réussisse ». Peut-on être plus clair, plus cynique ?

Une « conférence des enjeux ».

C’est  dans ce contexte que le C.E.S.E. (Comité Economique Social et Environnemental) a tenu les 14 et 24 octobre 2021 une « conférence des enjeux ».

Le C.E.S.E. associe 82 organisations de la société dite civile. Les deux confédérations ouvrières, CGT et CGT-FO en sont membres. Les « corps intermédiaires s’y trouvent bien …

Le C.E.S.E. élabore des rapports ou recommandations à l’intention des gouvernements sur les sujets les plus divers.

Que s’est-il discuté au C.E.S.E. en octobre 2021 ? L’ordre du jour prévoyait l’élaboration d’une feuille de route commune pour les cinq années à venir ainsi qu’un document final pour l’horizon 2035.

Le thème était : comment assurer une bonne transition énergétique ? Il a beaucoup été question de « résilience ». Tout un programme … !

Les débats avaient été ouverts par un premier message de Pascal Lamy, ex directeur général de l’Organisation Mondiale du Commerce qui a bavardé autour du thème d’un avenir radieux … si les préconisations de l’OMC deviennent la règle commune.

Yves Veyrier a eu raison de dire, un peu seul d’ailleurs :

« Avant de penser à 2035, réglons d’abord les problèmes de 2021-2022. … » Exactement ce que ne veulent pas les « co-constructeurs pluriels de consensus ». Mais nous ne sommes pas liés à ces gens-là.

Yves Veyrier.

C’est le représentant de la F.N.S.E.A  qui a le plus brutalement défini les « enjeux » :

 « Le C.E.S.E. doit être le lieu des co-constructions des consensus …  Les corps intermédiaires sont absolument indispensables pour agréger les paroles individuelles … » Difficile d’être plus servile.

La plupart des autres interventions allaient dans le même sens.

On y a parlé du niveau d’ « acceptabilité » des « réformes » par les peuples. Dans ces milieux-là, on se méfie des peuples. Le Monde l’a résumé à sa façon, comique sans doute involontaire : « les peuples sont injustes » car susceptibles de se méfier de leurs « élites », voire, de les chasser.

« Acceptabilité » ? Lorsque le soi disant Conseil de défense « sanitaire » (sic) se réunit à une dizaine d’individus dans le plus grand secret pour décider seul de tout ce qui concerne la vie de nos 67 millions de concitoyens, on y parle aussi du niveau « d’acceptabilité » et on y élabore des lois scélérates que même l’O.M.S répugne parfois à accompagner.

FO et CFDT, des positions inconciliables.

Le groupe FO a dans une déclaration préalable au vote déclaré ceci :

« Contribution du C.E.S.E. à l’élaboration de la Stratégie nationale pour la biodiversité.

( … )  Le groupe FO soutient la préconisation de placer la biodiversité au cœur d’un projet collectif en y attribuant les moyens.

Néanmoins, dans le cadre des missions en matière de transition écologique confiées aux CSE (Comités sociaux économiques) par la loi Climat Résilience, le groupe FO rappelle le rôle premier de ses mandants dans les CSE, à savoir la seule défense des intérêts matériels et moraux des salariés. Ils n’entendent donc pas devenir co-décideurs de politiques socialement inacceptables au nom de la transition écologique ».

Pas « co-décideurs » ! Bien dit.

A l’inverse le « syndicat » CFDT déclare :

 « En tant qu’organisation représentant les salariés nous souhaitons tout particulièrement rappeler l’importance dans les entreprises, non seulement d’informer et de former, mais d’impliquer les salariés, leur donner les moyens de jouer pleinement leur rôle en participant à la gouvernance et aux choix stratégiques en matière de protection de la biodiversité, notamment au sein des Comités Sociaux Economiques ».

Les positions, c’est bien normal, sont tranchées, tout à fait opposées et surtout, Inconciliables.

A noter que Thierry Beaudet, ex président de la Mutualité Française, le « patron » du C.E.S.E. participe avec la CFDT « au Pacte du pouvoir de vivre », qui se propose de « réinventer le bien commun ».

Que dit le document final adopté par le C.E.S.E. ?

 « Enfin, s’imposent à nous les grandes transformations en cours que nous devons maîtriser et anticiper : d’une part, les révolutions technologiques, les mutations de la mobilité, l’évolution des métiers, d’autre part, dans le cadre de notre appartenance à l’Union Européenne, dans un contexte global, les flux migratoires, la défense des libertés fondamentales et de l’Etat de droit, les accords commerciaux équitables, la fiscalité commune et la gestion des biens communs mondiaux.

Si la décision relève des pouvoirs exécutif et législatif, l’appropriation, le partage et l’acceptabilité des politiques publiques dépendront de leur assise dans la société toute entière, d’un ambitieux effort d’éducation et de formation tout au long de la vie et d’une co-construction démocratique dont le C.E.S.E. se doit d’être l’acteur pour orienter l’arbitrage public vers toujours plus d’intérêt général ».

Au CE.S.E.la résilience à toutes les sauces …

« I  Résiliences :

Les politiques publiques doivent être co-construites, c’est-à-dire élaborées transversalement, mises en œuvre et évaluées par toutes les parties prenantes.

« II. Transitions :

Accompagner et garantir l’acceptabilité des évolutions écologiques, économiques et sociales
« Un second objectif, étroitement corrélé au premier est d’atteindre la neutralité carbone en accompagnant massivement un tissu économique et social déjà soumis à de très fortes tensions de compétitivité ( … ) »

 Que dit encore le rapport final concocté par la CFDT ? : 

« Le C.E.S.E. apprécie l’élargissement par la loi dite Climat résilience des missions en matière de transition écologique des Comités sociaux économiques … » et reprend le point de vue CFDT qui n’est qu’une adaptation des prescriptions de l’ « encyclique verte » de 2015, Laudate si et de FRATELLI TUTTI », sous-titrée : « sur l’amitié sociale » (sic) (2).  

Toutes les organisations syndicales (et « syndicales ») ainsi que les organisations des « employeurs » ont voté POUR le texte CFDT.

Le chef du MEDEF qui venait de déclarer : « les emplois publics ne sont pas de vrais emplois » se réjouit. Il peut. Mais pouvons-nous co-construire un quelconque « projet de société » avec ces gens-là ?

Ne faudrait-il pas s’en tenir à la position traditionnelle du syndicalisme confédéré et refuser de s’engager sur le terrain glissant du sociétal cher aux cléricaux « réformateurs » ?

Le syndicat doit-il prendre en charge le contenu purement idéologique des conseils du C.E.S.E. au gouvernement ?

Le document final affirme encore :

« Le CESE appelle à mobiliser l’ensemble des acteurs publics, privés, associatifs et la société civile pour faire de la biodiversité un élément fondamental de l’éducation et de la formation depuis le cadre scolaire jusqu’au cadre professionnel en passant par l’éducation informelle et populaire et les cursus de formation continue ». Depuis tout petit jusqu’à l’université …personne ne doit y échapper.

« Tout parcours de formation initiale ou continue doit intégrer un socle commun de formation sur la transition écologique … »

« De même, pour le CESE, il importe de former … tous les élus, les préfets et l’ensemble des salariés des secteurs publics et privé qui pilotent et instruisent des projets, plans et programmes … »

Qu’est-ce qui « s’impose » réellement à nous, militants syndicalistes libres et indépendants sinon la défense inconditionnelle en toutes circonstances des revendications définies démocratiquement dans les congrès, les assemblées générales de nos syndicats ?

N’est-ce pas le seul mandat ?

Ceci ne conviendrait pas aux « décideurs » du moment ? Et alors ! Ce ne sont pas nos directeurs de conscience. D’ailleurs, à la CGT-FO, nous n’avons aucun directeur de conscience.

Le C.E.S.E. se fait le chantre de l’intérêt général ». Mais de quoi s’agit-il ? de l’intérêt des classes laborieuses ou de l’intérêt de ceux qui s’enrichissent comme jamais auparavant ?

Alexandre Hébert expliquait que la prise en charge de l’intérêt général ne pouvait conduire qu’à la catastrophe en commençant par la disparition pure et simple du syndicat et la suppression des libertés démocratiques. Ses mises en garde ne doivent pas être oubliées. Elles restent d’une brûlante actualité.

Ne soyons pas plus naïfs que la moyenne. On sait ce que recouvre « l’acceptabilité des évolutions écologiques, économiques et sociales ». C’est le « programme de Warren Buffet. Ni plus, ni moins. Un programme, comme il l’a dit lui même de « guerre de classes … il y a une guerre des classes et ma classe est en train de la gagner ».

Encore une fois, pour y parvenir, il leur faut l’acceptation, au pire, la neutralité, des organisations ouvrières. Tel est l’enjeu véritable.

Tel était l’enjeu de la « conférence des enjeux ».

Si notre Confédération C.G.T-F.O. devait céder aux sirènes de la « co-construction de consensus », alors, n’en doutons pas, nous serions rejetés par les salariés, les travailleurs comme sont rejetés les partis politiques qui « co-construisent » à la suite des contre-réformistes cléricaux depuis quatre décennies toutes les contre-réformes.

Le congrès confédéral a tranché, clairement.

Il y a un mandat qui doit être respecté, au C.E.S.E. aussi.

A suivre, 3ème partie : l’hôpital public, l’école, cibles du C.E.S.E.

1- Tout ce petit monde s’est retrouvé en Egypte pour une nouvelle COP. L’accueil fut assuré par le sinistre maréchal Al Sissi, un « ami de la France ». Dans ses prisons croupissent depuis son coup d’état en 2013, des dizaines de milliers de détenus politiques. 100 000 selon certaines organisations de défense des droits de l’Homme. La CSI, (Confédération syndicale internationale) classe ce merveilleux pays où l’on se préoccupe si fort de l’ « avenir de la planète » dans la catégorie 5, c’est-à-dire, ces régimes de dictature où aucun droit syndical n’est respecté. (Aux côtés de l’Ukraine, par exemple …).

2- Le journal LA VIE (anciennement : LA VIE CATHOLIQUE) nous informe : « A Strasbourg, le pape (Bergoglio) avait été accueilli par la ministre de l’écologie, Ségolène Royal et c’est elle qui l’avait convaincu d’accélérer la parution de l’encyclique LAUDATE SI afin que le texte soit prêt au moment de la conférence sur le Climat (Le C majuscule est dans le texte) de 2015 à Paris ». Prêt pour l’enfumage.

 JM. Janvier 2023.

chaud ! chaud ! chaud !

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