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France 6 / 04 / 2017

Guyane, Brésil, Argentine: NON à l’austérité !

Ce matin ( le 5 avril), la presse nationale concentre son attention sur la mobilisation de la population guyanaise d’hier devant le CSG. Certains titres évoquent également « la question scolaire » ou « le ras-le-bol du bricolage face au chômage ». Quant au Canard Enchaîné, il décrit un Bernard Cazeneuve « fou de rage » après les excuses d’Ericka Bareigts à la Guyane.

Les photographies qui illustrent les articles parus ce matin dans la presse quotidienne hexagonale ne laisse pas de place au doute : c’est bien d’une manifestation de grande ampleur dont il est question dans les différents articles. Les Echos, pour exemple, titrent : « Arianespace : la base de Kourou bloquée par les Guyanais. » Dans son « papier », Anne Bauer explique que « les collectifs avertissent qu’aucune fusée ne décollera si leurs revendications ne sont pas entendues ». Et d’affirmer : « Après deux semaines de mouvement social, la détermination des Guyanais ne faiblit pas. » Elle raconte : « A son corps défendant, la base (spatiale) est devenue l’emblème de cette fracture dénoncée par le collectif d’associations.

 Interrogé par Les Echos sur la part d’investissements réservée aux entreprises guyanaises pour le chantier du pas de tir d’Ariane-6 (100 millions d’euros sur un total de 600), le directeur général délégué du Cnes, Joël Barre, assure « qu’il s’agit d’un maximum au vue de la technicité du chantier ».

 « Le succès ou l’échec de la politique française »

 Dans Libération, seul une photo légendée est consacrée à l’actualité de mardi en Guyane, sous le titre : « Pas de santé, pas de fusée . »

Un résumé des événements de la veille auquel s’ajoutent toutefois deux pages ouvertes à une analyse signée d’Emmanuel Lézy, maître de conférence en géographie à Paris X et auteur d’une Géographie sauvage de la Guyane.

 « La Guyane a le talent de poser régulièrement à la France des questions essentielles, même si les réponses proposées ne sont pas toujours les meilleurs », assure l’auteur. Plus loin, il s’interroge : « La question est-elle celle des budgets liés à la sécurité pour un département qui est déjà, Ariane et frontière obligent, l’un des plus policé en France avec 4000 hommes en uniforme pour 70000 habitants ? » Il évoque « un archipel de peuples », « des questions complexes d’identité collective », et les 500 frères. « Sans faire de la place des Palmistes une autre Maïdan et des 500 frères un Pravy Sektor, il est bon de garder en mémoire ce qui vient de se passer au Brésil où le mouvement antidélinquance et anticorruption (Lava jato), qui a destitué Dilma Rousseff, s’est révélé largement commandité de l’extérieur (…)

 Espérons que le collectif des 500 frères ne servent juste à renforcer un dispositif militaire, carcéral et policier déjà très lourd et à creuser le clivage entre les différentes communautés. » Il ajoute : « Bonne dernière sur tous les tableaux régionaux français, la Guyane doit aussi être comparée aux autres territoires de la région : Amapa, Suriname, voire Guyana ou Roraima. Le succès ou l’échec de la politique française se lisent entre ses deux plateaux de la balance. »

 « Le CSG à l’arrêt »

 Le Figaro consacre la tête de sa page à la manifestation d’hier. « Des kilomètres de bouchon, des milliers de manifestants, une ambiance bon enfant », écrit notre confrère Nicolas Mézil. Il décrit l’évolution de la mobilisation depuis le début du rassemblement jusqu’à l’occupation d’une partie des locaux du Cnes par la délégation du collectif. « Les guyanais attendent maintenant le conseil des ministres », qui s’est déroulé ce matin.

La démarche est la même pour Le Parisien qui, sous la plume de notre consœur de France-Guyane Marine Jacques, propose un compte-rendu vécu de la mobilisation de Kourou. « L’objectif est de battre le record de la marche du 28 mars qui avait réuni plus de 20000 personnes dans les rues de Cayenne », assure l’auteure. « Sous une chaleur écrasante, les 6200 manifestants (selon la préfecture) se massent derrière les 500 frères contre la délinquance qui ont entamé une marche vers le centre spatial. Cagoulés, bras à bras, ils font bloc. »

 Et la journaliste de rappeler que « depuis le début du mouvement, le CSG est à l’arrêt ». « Les employés restent chez eux, les lancements de Soyouz et d’Ariane-5, prévus les 11 et 25 avril, sont suspendus », précise-t-elle.

 Le Monde, focalisé aujourd’hui sur l’élection présidentielle (comme toutes les parutions au lendemain du grand débat télévisé), n’accorde qu’une brève à la Guyane. Uniquement pour évoquer la déclaration de Bernard Cazeneuve et mentionner la mobilisation d’hier.

 Une école dépassée par les difficultés

 La Croix, en revanche, évoque évidemment la manifestation de Kourou mais propose une page complète à ses lecteurs sur le thème de l’éducation. « La question scolaire nourrit la crise guyanaise », titre le quotidien. Dans un long article, Denis Peiron se penche sur les nombreuses difficultés auxquelles le territoire est soumis. Tout en rappelant les engagements du gouvernement dans ce secteur. « En Guyane, l’école accueille massivement des enfants confrontés à des difficultés qui dépassent de loin ses compétences : seul un élève sur cinq a un parent qui a obtenu le baccalauréat, 42% des enfants vivent dans une famille monoparentale, 63% habitent un logement surpeuplé, un record national, écrit le journaliste. Cette situation pèse fortement sur les parcours scolaires. »

 Chômage : des chiffres « explosifs »

 Après une double page hier, L’Humanité consacre encore une pleine page à la Guyane. Cette fois, notre consœur Cécile Rousseau désigne « le ras-le-bol du bricolage face au chômage massif ». Elle affirme que « les moyens n’ont pas été mis en œuvre par le gouvernement pour enrayer le fléau » et évoque « des chiffres du chômage explosifs ». Elle souligne « les paroles indignées » du chef de l’Etat et le fait que malgré celles-ci « les structures d’aides aux demandeurs d’emploi n’ont cessé de se dégrader ». La journaliste ajoute : « Les défaillances ne se sont pas arrêtées là. La fusion du conseil général et du conseil régional a entraîné une baisse de financement pour les privés d’emploi. » Un agent de Pôle emploi raconte, lors de la visite de la ministre du Travail et du directeur général de Pôle emploi en octobre dernier : « Nous avons demandé des embauches et plus de moyens, mais ils nous ont dit que nous n’aurions rien. Nous n’arrivons plus à tenir. En ce qui me concerne, j’ai 300 personnes dans mon portefeuille. »

 « Les politiques n’en ont rien à foutre »

 Plus léger, dans le numéro de l’hebdomadaire Charlie Hebdo paru hier, Mathieu Madenian adresse une pensée sarcastique aux Guyanais. « On commence à parler de vous ici les gars et… bim ! Pas de pot ! Manuel Valls soutient Emmanuel Macron. Autant dire que votre grève générale est passée au second plan (…) En revanche, les amis, à propos de votre grève. Nous, en métropole, on fait grève chaque année depuis cinq ans, avec des manifs et tout, pour que dalle. Les politiques, ils n’en ont rien à foutre qu’on fasse grève. Déjà, nous, on est à côté de chez eux et ils nous entendent pas, alors vous… Mais bon, y’en a au moins un qui va venir. Alors, amis Guyanais, si vous pouviez lui toucher un mot à notre sujet, on vous en serait très reconnaissant. »

 Cazeneuve « fou de rage »

 Le Canard Enchaîné consacre deux articles au mouvement social guyanais. Le premier pour rappeler qu’il « n’y a pas que des fusées en Guyane ». Le Canard explique que le premier ministre, Bernard Cazeneuve, était « fou de rage » quand Ericka Bareigts a présenté des excuses au peuple guyanais. « Des excuses calamiteuses, déconnectées de la réalité et qui ouvrent les vannes de la surenchère », se serait écrié le chef du gouvernement. Ericka Bareigts, justement, en prend pour son grade dans un papier intitulé « Ericka de conscience ».

« Il n’est jamais trop tard pour se faire connaître quand on est une ministre inconnue », ironise l’auteur, qui rappelle que l’avocate réunionnaise « a mis dix jours avant de se rendre à Cayenne ». Mais il s’attarde surtout sur l’évolution du conflit.

« On peut s’interroger sur les motivations réelles d’une partie des manifestants. Depuis le début du conflit, les acteurs légitimes (élus et syndicats) ont été écartés des discussions. Le collectif des 500 frères incite fortement les commerçants à fermer leurs échoppes. C’est lui aussi qui a mis fin aux discussions avec la ministre dans la nuit du 30 mars.

 Il ne faudrait pas que le conflit s’enlise et provoque un deuxième naufrage de l’Ericka! »

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Manifestations massives au Brésil contre la réforme des retraites

 

Le 15 mars dernier, le Brésil a vu des milliers de manifestants défiler dans les rues, formant la plus grosse manifestation depuis la destitution de la Présidente Dilma Roussef et l’arrivée au pouvoir de Michel Temer.

Le Brésil est plongé dans une profonde récession économique depuis 2015, contre laquelle le gouvernement entend lutter par une grave politique d’austérité. En octobre dernier, le Parlement avait déjà voté en faveur d’un amendement constitutionnel qui gèle les dépenses publiques pendant 20 ans notamment dans le secteur de l’éducation et de la santé et entraîne l’arrêt de l’augmentation réelle des salaires des fonctionnaires publics et du salaire minimum.

Les manifestations ont eu lieu dans les capitales de tous les États et dans des dizaines de villes de province, à l’appel notamment de la Centrale unique des travailleurs (CUT) qui exige le retrait de l’amendement constitutionnel sur la prévoyance sociale (PEC87) dans lequel le gouvernement souhaite définir l’âge minimum de la retraite à 65 ans. Actuellement, la règle ne fixe pas d’âge minimum mais une durée de cotisation de 35 ans pour les hommes et 30 ans pour les femmes afin de toucher une retraite complète.

Aujourd’hui, le gouvernement veut augmenter cet âge minimum à 49 ans. Les instituteurs défendaient quant à eux dans la rue leur régime spécial fixant les durées de cotisation à 30 ans pour les hommes et 25 ans pour les femmes. Cette grève et manifestation interprofessionnelle rassemblait de nombreux secteurs d’activités parmi lesquels la métallurgie, la poste, les banques, la chimie, la fonction publique… Julio Turra, membre des instances nationales de la CUT, a souligné le mot d’ordre qui s’ajoutait aux revendications, à savoir Dehors Temer !.

D’autres actions sont prévues, notamment une nouvelle journée de manifestation.

FO soutient les camarades travailleurs du Brésil dans leurs actions afin de préserver les acquis sociaux, et notamment les droits à la sécurité sociale et à la retraite, durement remis en question.

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Argentine : appel à la grève générale jeudi

 

Argentine : appel à la grève générale jeudi
Le 1er avril, les Argentins étaient déjà descendus dans la rue pour protester contre les mesures économiques mises en place par le président.@ AFP

Le président avait promis de redresser une Argentine en pleine récession mais ses choix économiques contestés ces derniers mois ont poussé à la multiplication des manifestations.

L’Argentine est sous tension. Les principales organisations syndicales argentines ont lancé un appel à la grève générale jeudi, renforçant la pression sur le président Mauricio Macri dans un pays touché par un large mouvement social. Elu en décembre 2015, Mauricio Macri avait promis de redresser une Argentine en pleine récession mais ses choix économiques de plus en plus contestés ces derniers mois ont poussé à la multiplication des manifestations, notamment contre l’austérité prônée par le gouvernement libéral.

Une grève qui coïncide avec le Forum économique mondial sur l’Amérique latine, qui débute jeudi et va attirer de nombreux leaders du monde des affaires et de la politique à Buenos Aires.

Le PIB en recul. Le PIB de la troisième économie d’Amérique latine a ainsi reculé de 2,3% en 2016 malgré une légère reprise en fin d’année (-0,2 % au 3e trimestre et +0,5% au 4e trimestre). Selon les chiffres officiels, un tiers des Argentins vit en dessous du seuil de pauvreté alors que l’inflation annuelle a atteint 40% et que les augmentations de salaires n’ont pas suivi, provoquant une perte de pouvoir d’achat.

 Les subventions remises en cause. Autre mesure qui a durement affecté le porte-monnaie des Argentins, le gouvernement a remis en cause la politique de fortes subventions des factures de gaz, d’électricité et d’eau.
Panama Papers. Homme d’affaires et président du club de football de la capitale Boca Juniors, le président argentin a également été éclaboussé par l’affaire des Panama Papers.

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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