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3 / 10 / 2020

Galaxie Mulliez : la crise sanitaire, une aubaine pour restructurer ?

© Franck CRUSIAUX/REA

 

Alinéa, Phildar, Auchan… Depuis quelques semaines, les annonces de suppressions d’emplois et de fermetures de magasins s’enchaînent dans les entreprises de la puissante Association familiale Mulliez, pourtant l’une des familles les plus riches de France.

Même schéma, même casse sociale. Après Alinéa mi-septembre, c’est au tour de l’enseigne Phildar d’être reprise par son actuelle direction, en application d’une ordonnance « Covid » de mai 2020 facilitant ce genre de transactions. La décision a été prise le 22 septembre par le tribunal de commerce de Lille. La marque de fils à tricoter et de prêt-à-porter, qui avait été placée en redressement judiciaire en juillet dernier, appartenait jusqu’à présent à la puissante Association familiale Mulliez (AFM). Elle est désormais entre les mains de PP Yarns, une société créée en août dernier par l’actuel directeur de Phildar et une vingtaine de membres de la famille Mulliez.

Comme pour Alinéa, la reprise de Phildar par sa direction permet à la marque rester dans le giron de la galaxie Mulliez, avec au passage un apurement des dettes et une forte réduction des effectifs. Seuls 86 postes sur 223, dont 61 postes au siège, vont être conservés, ainsi que 15 magasins sur une centaine. Deux autres offres de reprise étaient sur la table, l’une portée par Kindy, l’autre par Mondial Tissus. Si le projet porté par PP Yarns est le plus intéressant financièrement, Kindy était mieux disant socialement, en conservant 52 magasins et 139 salariés.

Comme pour Alinéa, les 125 salariés en CDI dont le poste est supprimé se verront proposer un reclassement au sein d’autres enseignes appartenant à AFM : Pimkie, Grain de Malice et Rouge Gorge. Pour Alinéa, c’est chez Leroy Merlin ou Décathlon que des postes sont ouverts, mais pas forcément en adéquation avec les profils des salariés licenciés.

Pimkie dans la tourmente

Phildar, créée en 1943, est l’enseigne historique à l’origine de la galaxie Mulliez. Dans ses plus belles années, elle a compté jusqu’à 2000 franchisés. Ce sont ses profits qui ont permis à Gérard Mulliez de lancer Auchan et de créer son empire. L’AFM, fondée en 1955, regroupe aujourd’hui 700 actionnaires familiaux et des dizaines d’enseignes, essentiellement de commerce de détail (Alinéa, Leroy Merlin, Kiabi, Decathlon, Norauto, Cultura, Boulanger, Flunch…). C’est un groupement d’intérêt économique à la structure complexe, où toutes les entreprises sont autonomes. La famille Mulliez est la sixième fortune de France, avec 26 milliards d’euros.

D’autres enseignes, comme celle de prêt-à-porter Pimkie, qui emploie 1818 salariés, sont dans la tourmente. Malgré deux vagues de licenciements, on va toujours mal, explique Maley Upravan, déléguée FO au sein de l’UES Pimkie. Une procédure de redressement est mise en place en Allemagne, avec le projet de fermer 30 des 80 magasins encore en activité dans ce pays. La direction ne nie pas que des magasins français fermeront également dans les prochains mois. Nous n’obtenons aucune information mais le principe est acté. Nous devrions être fixés fin octobre ou mi-novembre au plus tard.

Leroy-Merlin vend ses murs pour 500 millions d’euros

Avant la crise sanitaire, toute la logistique de Pimkie a déjà été bradée à un sous-traitant, Log’s. La direction consulte actuellement le CSE pour externaliser les services informatiques et l’activité bureau d’études et maintenance.  Il y a 18 mois, le siège a été vendu pour obtenir du cash, tout comme les murs de plusieurs magasins, poursuit la déléguée FO. La marque négocie actuellement avec deux banques. Si elles venaient à refuser leur soutien, c’est une procédure collective qui s’engagerait. Comme le syndicat, la section fédérale du commerce de la fédération des employés et cadres FEC-FO reste très vigilant sur la situation économique de l’entreprise.

D’autres enseignes de la galaxie Mulliez ont déjà fait l’objet de douloureuses restructurations ces dernières semaines. Chez Alinéa, dont la reprise par Néomarché, entité du groupe Mulliez, a été validée le 14 septembre, ce sont 992 postes sur 1 800 qui sont supprimés, et 17 magasins fermés. Chez Top Office, chaîne de magasins de fournitures de bureau, la suppression de 106 postes sur 320 et la fermeture de 6 magasins a été annoncée début juillet.

Début septembre, Auchan Retail a aussi annoncé la suppression de 1 088 emplois, malgré un excédent brut d’exploitation de 1,25 milliard d’euros pour les six premiers mois de l’année, en hausse de 162 millions d’euros par rapport à l’an dernier. Sur ce dossier, la fédération FGTA-FO et le syndicat FO Auchan comptent « ne rien lâcher » afin de défendre l’intérêt des salariés.

Le contexte permet au groupe Mulliez de se restructurer sur le dos du Covid, dénonce David Malezieux, secrétaire adjoint de la section fédérale du commerce à la FEC-FO. Il fait des bénéfices, mais même quand ça va bien, il se restructure. Par exemple, Leroy Merlin a vu ses résultats bondir avec le confinement. Pourtant une partie des murs des magasins va être vendue pour 500 millions d’euros, et l’enseigne va se mettre à ouvrir le dimanche.

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