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18 / 02 / 2022

Europe : toujours le grand écart des salaires

© Thomas Range/IG Metall

 

La tendance à l’augmentation des salaires minima en Europe, là où ils existent, n’efface pas le phénomène de recul salarial ces dernières années dans beaucoup de pays, au sein d’une Union où sévissent toujours les disparités salariales.

L ’Europe affiche depuis la fin 2021 des projets en matière de salaires (salaires minima, protection contre des salaires jugés trop faibles…), les conclusions sont attendues au premier semestre 2022. Les pays membres sont invités à évaluer notamment leurs salaires minima en fonction, entre autres, du pouvoir d’achat et du taux de pauvreté dans le pays. Plusieurs viennent d’annoncer des hausses du salaire minimum, après deux ans de pandémie et dans un contexte d’inflation record.

C’est en Allemagne que la hausse, à venir en octobre, est la plus importante. Le « Smic » y sera augmenté de 25 %, à 12 euros l’heure.

Au Royaume-Uni, ce sera + 7 % au printemps.

Pour l’Espagne, + 3,6 %, le salaire minimum sera ainsi porté à 60 % du salaire médian d’ici à 2023.

En France, le Smic a été augmenté de 2,2 % en octobre et de 0,9 % au 1er janvier 2022. Des hausses, minimes, censées couvrir l’inflation…

Ci-dessous les différents montants du SMIC des pays de l’U.E.

Le montant du Smic dans l’Union européenne en 2022
Pays
Smic mensuel brut
Luxembourg 2 256,95 €
Irlande 1 774,50 €
Pays-Bas 1 725,00 €
Belgique 1 658,23 €
Allemagne 1 621,00 €
France 1 603,12 €
Espagne 1 125,83 €
Slovénie 1 074,43 €
Portugal 822,50 €
Malte 792,26 €
Grèce 773,50 €
Lituanie 730,00 €
Pologne 654,79 €
Estonie 654,00 €
République tchèque 651,70 €
Slovaquie 646,00 €
Croatie 623,70 €
Hongrie 541,73 €
Roumanie 515,26 €
Lettonie 500,00 €
Bulgarie 332,34 €
 

Le Covid a agi comme révélateur des inégalités de salaire, analyse Marjorie Alexandre, secrétaire confédérale au secteur international de FO. La société a pris conscience de la précarité des travailleurs. Plus que jamais, il y a un problème de redistribution des richesses et d’accroissement des inégalités. Selon les statistiques, de 2010 à 2019, dans la majorité des pays de l’Union, la croissance des salaires a été inférieure à celle de la productivité.

La part des salaires dans le PIB a diminué dans dix-huit pays, dont en France. Dans vingt pays, le salaire minimum se situe sous le seuil de pauvreté que retient l’Union (60 % du salaire médian national). Entre 2010 et 2020, les salaires moyens ont reculé dans six pays (dont Italie : – 2 % et Espagne : – 4 %), dans trois autres ils ont été gelés. La pauvreté au travail est passée quant à elle de 8,1 % en 2005 à 9,6 % en 2018 en Europe.

L’entretien du dumping social

Sur les vingt-sept pays de l’Union, six ne disposent pas d’un salaire minimum légal (Autriche, Chypre, Danemark, Finlande, Italie, Suède). Et quand il existe, son montant varie fortement selon les États. Le « Smic » bulgare est le plus faible de l’Union, à 332,34 euros brut par mois, quand il est de 2 256,95 euros au Luxembourg. Les grands écarts salariaux entretiennent le dumping social, rappelle Marjorie Alexandre, notamment dans le secteur du transport routier.

L’objectif pour les syndicats européens est bien sûr d’obtenir le relèvement des salaires dans toute l’Union. La CES parle de convergence par le haut, indique la secrétaire fédérale. Mais des divergences existent sur la façon de procéder. Par exemple, les pays scandinaves, qui ont une forte culture de la négociation, ne veulent pas de directives européennes strictes. Alors que l’Europe de l’Est souhaiterait un seuil minimum imposé. Tout est lié à la pratique du dialogue social dans chaque État.

Une étude émanant des syndicats européens note par ailleurs que « les niveaux de salaire en Europe sont étroitement liés à la couverture ou non des travailleurs par la négociation collective, selon les chiffres officiels ». Dans neuf des dix États membres où les salaires moyens et les salaires minimaux sont les plus bas, seuls 7 % à 30 % des salariés bénéficient d’un niveau de salaire négocié par les syndicats. À méditer quand 39 % des salariés de l’Union sont exclus de toute négociation collective.

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