>Histoire

7 / 10 / 2023

Espagne : 1931-1938. Quatrième partie. 4/4.

« L’entrée des socialistes (ou d’«anarchistes») dans un gouvernement bourgeois n’est pas comme on le croit, une conquête partielle de l’Etat bourgeois par les socialistes, mais une conquête partielle des socialistes, par l’Etat bourgeois ». (Rosa Luxembourg (1900).

Le fiasco du Front populaire et ses conséquences.

La politique du Front populaire a ouvert la voie à l’instauration d’un régime corporatiste. C’est ce qu’étudie Denis Parigaux dans : « Etat corporatiste et corporatisme politique » publication de la LIBRE PENSEE, septembre 2004). Il écrit :

« Franco voulait concilier des groupes hostiles, monarchistes, phalangistes et catholiques. Et dès le lendemain de la formation de son gouvernement il annonça la nécessité d’une organisation corporative réunissant patrons et ouvriers » dans une forme de dialogue social permanent où l’ouvrier, privé de syndicat indépendant n’a plus qu’un seul devoir : servir le bien commun et collaborer à la bonne marche de l’entreprise, « communauté de destins ».

« Avec l’introduction des syndicats verticaux contrôlés par l’Etat, l’interdiction des grèves (pas seulement lorsqu’il y a de « grands évènements sportifs ») et des conventions collectives, la régulation par des organismes d’état du commerce des produits agricoles, c’était un Etat qui intervenait dans tous les aspects de la vie sociale ».

« L’Etat « national-syndicaliste » de Franco avait reçu ses premiers textes fondamentaux dès avril 1937 avec la création du « Conseil national » et du « mouvement national » que la Charte du Travail du 9 mai 1938 allait compléter ».

Soumis à cette Charte du travail (l’exacte opposée de notre Charte d’Amiens), les ouvriers (les « collaborateurs » des patrons comme certains disent maintenant) n’ont plus de syndicat, du moins au plan interprofessionnel. Les corporatismes divers, les fascismes peuvent tolérer et même très bien s’accommoder des sections « syndicales » d’entreprise dès lors qu’elles limitent leur action à l’entreprise, à la « communauté de travail ».

Que dit la Charte du travail franquiste ?

« Les Espagnols en tant que participants au travail et à la production constituent l’Organisation syndicale ».

« ( … ) Etant essentiellement personnel et humain, le travail ne peut se réduire à une marchandise » (« C’est l’affirmation de la doctrine de l’Eglise qui s’oppose à la conception marxiste de la plus-value », D. Parigaux, page 177). La Charte du travail de Vichy explique la même chose.

« ( … ) Au sein de l’entreprise la hiérarchie est organisée en vue de la soumission de tous au bien commun ». La loi-travail du national-socialisme de 1934 commence elle aussi par la référence au bien commun.

Cette politique avait été bénie en juillet 1937 par la totalité des évêques espagnols puisqu’elle était parfaitement conforme aux encycliques sociales.

Les personnalistes chrétiens de la revue Esprit prétendent pourtant encore (en juin 2023) que seule, une fraction de la hiérarchie avait soutenu le franquisme. Un mensonge de plus.

Denis Parigaux porte cette appréciation : « Le peuple espagnol, celui de la paysannerie pauvre et du prolétariat industriel (il y a 800 000 chômeurs en juin 1936) était partagé entre une morale d’insurgé, avec des périodes de révoltes violentes et d’autres, d’apathie et de découragement. C’est sans doute la raison pour laquelle la Révolution russe de 1917 a frappé si intensément les prolétariats ruraux et industriels espagnols, aussi bien chez les anarchistes que chez les socialistes. L’importance de l’anarchisme en Espagne n’est pas due au hasard. C’est une composante de sa désespérance culturelle teintée de dérision ». (Page 136).

Une dictature respectable.

Il convient d’abord de rappeler qu’en application du pacte germano-soviétique, pacte Hitler-Staline, l’UR « S » « S » – le S de socialiste et le S de soviétique ne méritent-ils pas les guillemets ?- livra au IIIème Reich les matières premières nécessaires à la préparation de la guerre.

Mais si l’aide économique vient de l’Est, elle vient tout autant de l’Ouest.

La dictature franquiste a été bénie par les « démocraties ». Quelques dates :

1936 : « Roosevelt décide un embargo sur les armes. Les entreprises américaines purent cependant continuer de livrer du pétrole en énorme quantité, pétrole sans lequel l’Italie n’aurait pas pu mener sa guerre ». (Source : Howard Zinn, « une histoire populaire des Etats-Unis », (page 464).

« Le gouvernement Roosevelt fit voter une loi de neutralité qui eut pour effet de supprimer les aides au gouvernement (républicain) espagnol alors que Hitler et Mussolini apportaient un soutien militaire décisif à Franco … s’agissait-il d’une erreur d’appréciation, d’une malencontreuse méprise ? Ou bien cela découlait-il d’une politique relativement logique de la part d’un gouvernement dont le principal objectif n’était pas d’arrêter le fascisme mais de faire avancer les intérêts impérialistes américains … » Poser la question, n’est-ce pas y répondre ?

Business is business. Roosevelt et les multinationale choose Franco … qui pourtant ne parle pas bien anglais.

Après avoir prêté serment sur la BIBLE, l’individu ne pouvait agir autrement.

Les cahiers du mouvement ouvrier N° 64 précisent la nature de l’embargo :

« Les multinationales avaient un contrat signé, comme par exemple Texaco (Texas Oil Company) en juillet 1935, avec la grande compagnie espagnole CAMPSA ; en juillet 1936, cinq pétroliers faisaient route vers la péninsule et leur choix dicté par les dirigeants du trust fut de conduire les cinq pétroliers vers des ports contrôlés par Franco, et ainsi de suite pour toutes les livraisons. Même chose pour la Standart Oil de New Jersey … Général Motors et Ford envoyèrent même 12 000 camions à un prix bien inférieur aux 3500 qu’avaient envoyés l’Italie et l’Allemagne. Franco avait banque ouverte par les capitalistes du monde entier et, en particulier l’abondance des carburants américains fut un élément logistique clé dans la guerre … »

H. Zinn a raison d’écrire : « Roosevelt était à peu près aussi soucieux de mettre fin à l’oppression des juifs que Lincoln avait pu l’être de faire cesser l’esclavage pendant la guerre de Sécession ».

H. Zinn note qu’en 1936 et 1937, des grèves nombreuses, avec parfois élection de comités de grève secouent l’ordre capitaliste US. « En 1937, la police tire sur des piquets de grève et fait dix morts. C’est la guerre des classes menée par le très « démocrate » et très chrétien Roosevelt. « Des états votaient des lois qui interdisaient les grèves, les piquets et les boycotts ».

Enfin, « Roosevelt, soucieux de ne pas s’aliéner les politiciens blancs du Sud dont il avait politiquement besoin, ne soutint pas un décret contre le lynchage … » Mais pouvait-on attendre autre chose du chef de l’impérialisme américain ?

Tout ceci n’empêche pas nombre de nos « élites » contemporaines à vénérer la politique de guerre de classe de Roosevelt. Par ignorance, ou pour d’autres raisons ?

Des syndicats disciplinés.

« Pendant la guerre, AFL et CIO s’engagèrent à ne pas appeler à la grève » (Zinn). C’était l’union sacrée contre les classes exploitées en Espagne comme aux EU !

1936, toujours ; la très démocratique Suisse « neutre » comme chacun sait, adopte des lois renvoyant en principe dos à dos les deux camps. En apparence. Une curieuse neutralité puisque l’Etat fédéral vend des armes au régime nazi et que les quelques suisses qui s’engagent dans les brigades internationales sont à leur retour poursuivis et incarcérés. C’est la très démocratique petite Suisse qui avait en 1931 recueilli ce pauvre roi Alphonse martyrisé par les républicains. La Suisse est la première « démocratie » à reconnaître le régime totalitaire de Franco. (Voir à ce sujet : Sébastien Farré : « neutralité, non-intervention et non-immixtion : la politique étrangère suisse durant la guerre civile espagnole, 1936-1939 ». Cairn-info).

1942 : Roosevelt nomme ambassadeur à Madrid, le très catholique Carlton Hayes qui pense « que Franco peut être converti en allié des EU ». Au moins, c’est dit clairement. 1898, la guerre EU-Espagne, c’est du passé. Dieu a passé l’éponge.

Hayes écrit : « Aussitôt, je me rendis compte que le général n’avait rien qui ressemblât aux caricatures qui circulaient de lui dans la presse « de gauche » aux États-Unis. Physiquement, il n’était ni aussi petit de taille, ni aussi gros, et ne faisait rien pour « se pavaner ». Mentalement, il m’impressionna, car il me semblait n’avoir absolument rien d’un idiot, ni être une personne de type présomptueux, me paraissant au contraire d’une grande vivacité et en possession d’une bonne dose de détermination et de circonspection, ainsi que d’un sens de l’humour assez vif et spontané … » quasiment le gendre parfait.

L’amiral Healy, ambassadeur à Vichy.

Pour la France de Pétain, Roosevelt choisit comme ambassadeur un amiral, il fallait bien ça, l’amiral Healy qui a écrit ses « mémoires ».

Pour rejoindre à Vichy son poste d’ambassadeur, il passe par Lisbonne qui subit la dictature de Salazar. L’amiral ne dit rien, car tout va bien.

Il passe par Madrid, où « le calme règne ». Il se réjouit que Franco tienne la situation bien en mains. Certes, les espagnols ont faim, sauf les « très aisés », les prisons son bondées, mais sinon, tout va bien aussi.

A Vichy, il voit « souvent » l’ambassadeur du Kremlin, Bogomolov.

Il exprime on ne peut plus clairement pour ceux qu’il appelle entre guillemets les « gaullistes » toute son aversion :

« Ces gens qui se dissimulaient venaient me voir en cachette dans la pensée que j’étais de leur côté. Je leur déclarais que malgré toute la sympathie qu’ils m’inspiraient (quel faux cul !) j’étais accrédité auprès du gouvernement de la France représenté par le maréchal Pétain et que je ne pouvais traiter avec personne d’autre ».

Autrement dit pour l’amiral, comme pour les évêques, Gerlier en tête, « la France, c’est Pétain, Pétain, c’est la France » … de même que l’Espagne, c’est Franco, Franco, c’est l’Espagne ou Salazar, c’est le Portugal, le Portugal, c’est Salazar etc. La grande « démocratie » US, c’est ça.

Il y rappelle encore après-guerre dans « j’étais là » ses préférences : « Je pars avec l’ordre et l’espoir de collaborer à l’œuvre du maréchal Pétain ». Le 22 juin 1945, il persiste et signe. Il adresse un courrier au pauvre maréchal : « Cher maréchal Pétain, j’apprends la triste situation dans laquelle vous vous trouvez … j’ai tenu en très haute estime votre amitié personnelle et votre dévouement au bien du peuple français … » Entre la  grande démocratie américaine et les corporatismes vieillots des généraux Franco et Pétain (Pétain a été nommé ambassadeur à Madrid en 1939), il y avait quelques « porosités ».

4 décembre 1944 : signature d’une convention dite « aérienne » entre les EU et l‘Espagne.

1953 : ratification d’accords économiques entre les EU et l’Espagne.

1955 : admission de l’Espagne franquiste à l’ONU. La signature d’un nouveau Concordat avec le Vatican en 1953 ne pouvait que faciliter l’opération.

Rappelons qu’en 1969, le général de Gaulle, chassé du pouvoir pour avoir tenté d’instaurer un régime corporatiste a tenu, avant de rejoindre le paradis, à rendre visite à son cher Franco, oubliant par la même occasion les milliers d’espagnols, les « rouges », ou pas, assassinés entre 1939 et 1944.

Le dictateur avait annoncé la couleur le 30 juillet 1936 : « Je suis prêt à fusiller la moitié de l’Espagne ».

Début des années 50. A gauche, Franco, au centre, son compère Salazar. Deux dictateurs qui s’insèrent tout naturellement dans l’ « ordre mondial » d’après-guerre des Etats-Unis.

Document. Extrait du livre de Jésus Hernandez, dirigeant du PCE, ex ministre du Front populaire.

« Orlov et sa bande enlevèrent Nin dans le but de lui arracher l’aveu qu’il remplissait la fonction d’espion au service de Franco. ( … ) Le supplice de Nin commença par la procédure sèche. Un interrogatoire implacable pendant, dix, vingt, trente heures, pendant lesquelles les bourreaux se relayaient, posant toujours les mêmes questions. ( … ) Mais Andrès Nin résistait de manière incroyable. Il ne capitulait pas. Il résistait. Ses bourreaux s’impatientaient. Ils décidèrent d’abandonner la méthode sèche et de passer à celle de la fermeté. La peau arrachée, les membres brisés, la souffrance physique portée à la limite de la résistance humaine. Nin supporta la torture et la douleur, les supplices les plus raffinés. Au bout de quelques jours, son visage n’était plus qu’une masse informe. Orlov, frénétique, affolé par la peur du scandale qui pourrait signifier sa propre liquidation, bavait de rage devant cet homme maladif qui agonisait sans « avouer », sans se compromettre ni compromettre ses camarades de parti qui, par un seul mot qu’il aurait prononcé, seraient envoyés devant le peloton d’exécution ».

Document : De Gaulle Franco : rencontre au sommet.

La dernière visite du grand Charles … le catholique.

Il est de bon ton, aujourd’hui encore, de se référer à De Gaulle. A « Droite » comme à « Gôche » …. En 2014, F. Hollande, avait chargé C. Bartolone et M. Winock (1) de former un groupe de travail parlementaire afin de « réfléchir à l’avenir des institutions » (sic) …

Les deux « missionnés » de ce qui s’appellera familièrement « commission Bartolone-Winock », ne tardèrent pas à expliquer urbi et orbi qu’ils avaient « redécouvert l’œuvre du général De Gaulle ». Rien que ça ! … Pourquoi donc ce coup de clairon, censé rassembler « Droite » et « Gôche » ? Le titre du rapport (2), « Refaire la démocratie », révélait d’emblée le fond de l’affaire : la « mission » c’était de proposer encore une fois l’instauration, « à froid », d’une « Chambre des corporations », relookée façon XXIème siècle ! Encore et toujours la « Doctrine Sociale de l’Eglise », cuite et recuite tant de fois…

On disait tout haut « De Gaulle », mais on pensait tout bas « Pétain » ! Car ceux qui en appelaient ainsi au « Général », feignent toujours d’oublier cette phrase des mémoires du « Sauveur de la France » : « La politique sociale de Vichy n’était pas sans attrait ». Et vive la Charte du travail ! (et, à bas la Charte d’Amiens !).

Ainsi donc, chassé du pouvoir après son échec lors du référendum d’avril 1969, le grand Charles est allé se reposer en Irlande. Il y a mijoté une bonne farce, un vrai coup d’éclat (3) : une visite chez son compère, le général Franco. « Ça va jaser dans les salons parisien, dit-il, mais qu’en-ai-je à faire ? »

A visage découvert.

L’Institut Charles de Gaulle qui chante les louanges du grand homme est obligé de signaler, le plus brièvement possible, ce qui restera comme le dernier geste politique de Charles : son hommage à l’Espagne franquiste.

Arnaud Teyssier, « haut fonctionnaire et historien » gaulliste jusqu’au bout des ongles doit y consacrer quelques lignes périlleuses dans son « De Gaulle, 1969 », sous-titrée : « l’autre révolution ».

Il nous explique : « La profondeur politique, peut-être même philosophique, du projet de De Gaulle ne pouvait être comprise dans un cadre démocratique ordinaire ». Est-ce de l’humour involontaire ?

La rencontre de Gaulle – Franco. De Gaulle et la monarchie : « le regret de ma vie, c’est de ne pas avoir fait de monarchie, qu’il n’y ait pas eu un membre de la maison de France pour cela. En réalité, j’ai été un monarque pendant dix ans ». (Source : confidences à l’ambassadeur d’Harcourt, en Irlande, en 1969. Cité par Jackson : « De Gaulle, une certaine idée de la France »).

« L’admiration » du général pour le Generalisimo.

8 juin 1970, quand le grand (1,96 m) Charles rencontre Francisco le petit (1,63 m) … A. Teyssier écrit, page 190 : « Une des raisons qui justifiaient l’admiration de De Gaulle pour le général Franco, c’est précisément qu’il s’était toujours considéré comme le dirigeant temporaire de l’Espagne, préparant de longue haleine le retour de la monarchie ». De Gaulle, battu dans les urnes en avril 1969 cherche sa consolation auprès du dirigeant duquel il se sent le plus proche : un catholique fervent, un « révolutionnaire » national, un « patriote ».

Il y avait le choix entre Franco et Salazar ; ce fut Franco.

Des contacts chaleureux préparent un voyage d’environ trois semaines en Espagne. Extraits de correspondances citées par Teyssier :

« De Gaulle le remercie de sa lettre si noble et si aimable qui vient d’un homme d’Etat et d’un soldat à qui je porte une exceptionnelle considération, parce que, après des évènements terribles, son œuvre nationale et internationale n’a eu d’autres buts que l’unité, l’indépendance et la grandeur de l’Espagne » …

Teyssier commente : « Cet hommage marqué à Franco peut surprendre ». En réalité, concède Teyssier, « l’admiration de De Gaulle pour le dictateur espagnol est sincère ». (4) Bilan « globalement positif ». Selon Teyssier, « l’objet initial du voyage, principal sinon exclusif est bien de rencontrer Franco ». Officiellement, on sait très peu de l’échange entre les deux compères. Pour beaucoup, c’est sans doute préférable.

Teyssier note quand même que De Gaulle « remercie Franco avec chaleur » de l’avoir reçu, lui, le « dégagé » du référendum. Et c’est sans nuance que le Grand Charles déclare :

« Avant tout, j’ai été heureux de faire personnellement votre connaissance, c’est-à-dire, celle de l’homme qui assure, au plan le plus illustre, l’unité, la grandeur et le progrès de l’Espagne ». Peut-on être plus clair ?

Au musée de la « Révolution » nationale.

De Gaulle avait profité de son séjour pour se rendre à la nécropole de Valle Los Caidos, le mausolée de la « révolution » franquiste. (5) Franco s’y était réservé une place de choix … (6) Ce passage de « Mon Général » à la nécropole est évidemment passé sous silence par les admirateurs pluriels du grand homme.

Conclusion : Que doit-on retenir ? 1. Que, après une mobilisation en profondeur du mouvement ouvrier et démocratique contre son projet, « Mon Général » a été « dégagé » par 52,41 % de « Non ! » au référendum du 27 avril 1969. 2. Que ce projet – dans lequel De Gaulle jouait son va-tout – était une nouvelle tentative d’instaurer « à froid » un ordre nouveau corporatiste. 3. Que la dernière visite politique importante, à quelques mois de sa mort, a été pour rencontrer l’autre général très catholique, encore plus ou moins vivant. Et lui, il avait réussi à l’imposer le corporatisme – mais « à chaud ».

Notes :

(1) Claude Bartolone : entré au PS en 1974, divers mandats d’élu local, député, ministre. Président de l’Assemblée nationale de 2012 à 2017. Fâché avec Hollande quand celui-ci publie en 2016 que Bartolone « n’aurait pas l’envergure d’être premier ministre ». Depuis 2017, « retiré dans les affaires ». Michel Winock : historien, engagé dans la revue Esprit, auteur de nombreux ouvrages, a longtemps enseigné à Sciences Po où il avait achevé ses études. C’est là qu’il avait commencé à réfléchir aux institutions, grâce aux conseils avisés de son directeur de thèse, le très clérical René Rémond …

(2) Le rapport Bartolone-Winock du 2 octobre 2015. Voir le site de l’Assemblée nationale: 

(3) Il avait mijoté un autre coup d’éclat : une visite à Mao. Le voyage était prévu pour la fin de l’année, mais le général meurt le 9 novembre 1970 à Colombey …

(4) Carmen Franco, la fille du Caudillo a écrit dans ses mémoires : « Au début, il (Franco) n’aimait pas beaucoup de Gaulle. Mais à la fin, après la visite que celui-ci lui a rendue à Madrid, il l’a apprécié car c’était un général. Toutefois, son préféré était le maréchal Pétain, qui avait été ambassadeur en Espagne et était devenu très ami de maman ».

 

Pour Franco et ses chers amis le 22 février 1812 est une date funeste. Les Cortès de Cadix décrètent l’abolition de l’inquisition. 

(5) Créé sur décision de Franco en 1939-40, le monument ne devait contenir que des « combattants catholiques ».

(6) Comme l’histoire ne finit jamais, après une longue et très âpre bataille juridico-politique, les restes de Franco ont été exhumés et réinhumés le 24 octobre 2019 au cimetière de Mingorrubio à Madrid.

(Source la LIBRE PENSEE NANTAISE).

Jacques Moisan. Gérard Plantiveau. Janvier 2022.

Ici, a très longtemps reposé le général Franco.

Pour conclure, deux contributions de Joachim Salamero : Les franquistes et l’autogestion.

Salaméro a été membre de la commission exécutive confédérale de la C.G.T-F.O ; et secrétaire général de l’UD FO de Gironde. Après-guerre, il s’est efforcé, de maintenir la discussion avec des militants de la C.N.T. d’Espagne pour sauvegarder ce qui pouvait l’être.

Document. Les phalangistes et l’autogestion.

Par Joachim salamero. Décembre 1971. (Extrait).

«L’autogestion» fait de nouveaux adeptes: en Espagne franquiste une fraction de la Phalange se prononce pour «la revolucion y la autogestion»... sous l’autorité du pouvoir central évidemment; encore en Espagne franquiste, les Carlistes viennent de déclarer que la solution c’est le «socialisme autogestionnaire»… sous l’autorité «d’un état monarchiste»…! En France le mot ne fait même plus peur à messieurs Marchais et Séguy. Raison de plus pour que nous nous méfiions.

( … ) Nous entrerons plus dans les détails dans le numéro spécial que nous publierons dans les mois qui viennent, en essayant de passer en revue tous les «autogestionnaires». On peut les classer, en gros, en deux catégories: — ceux qui à travers «l’autogestion» aboutissent en fait à nier l’existence de la classe ouvrière, au profit de la «communauté d’entreprise»;- ceux qui prétendent parvenir au «socialisme autogestionnaire» par la conquête du pouvoir d’Etat, ce qui représente une contradiction qu’aucun tour de passe-passe dialectique ne permettra jamais de surmonter.

On sait que les adeptes de la « communauté d’entreprise » n’ont pas disparu avec Pétain et Franco. On n’a pas oublié que T. Le Paon a été éjecté de la direction de la CGT parce qu’il en était un adepte. Son Bureau confédéral avait d’ailleurs été constitué autour de cette conception corporatiste.

Joachim Salaméro, 1975 (extraits).

AUTOGESTION Y REVOLUCION CON FALANGE ESPAGÑOLA … Vous ne rêvez pas. C’est l’inscription que l’on pouvait lire, il n’y a pas si longtemps, sur les murs du métro de BARCELONE. Nous connaissons bien le langage fasciste: au nom de la lutte contre les « oligarchies », contre le « capitalisme décadent », contre le « parlementarisme pourri » ou la « République des voleurs », toutes les confusions sont possibles. Les carlistes, dont on n’ignore pas le rôle pendant la révolution de 1936-39, n’hésitent pas, eux non plus, à déclarer au cours de leur congrès l’an dernier, qu’ils se prononcent pour « un socialisme autogestionnaire »… sous « l’autorité d’un Etat Monarchiste », bien entendu!!! Ainsi, cette « autogestion » que d’aucuns voudraient nous faire confondre avec la gestion ouvrière directe, fait son chemin et trouve un terrain d’élection chez tous les tenants du corporatisme, repentis ou pas: c’est-à-dire chez ceux qui prétendent surmonter (transcender ?) la lutte des classes par l’association, dans la communauté d’entreprise, et la planification étatique. Il est vrai que comme le déclarent des militants C.F.D.T. de la Compagnie Générale d’Electricité, dans leur bulletin du Comité d’entreprise: « L’autogestion, c’est un peu comme le christianisme,

ON PEUT Y TENDRE, mais ce n’est jamais parfait et toujours perfectible ».

( … ) Du 27 au 30 juin 1975, se sont déroulées à VALENCE (Espagne) des journées d’études sur « Autogestion entreprise et société future », organisées par « l’Ecole d’études d’entreprises et communautaires ». Participaient aux travaux, des chrétiens plus ou moins progressistes, le directeur de « l’instituto de sociologia del Area Iberica », des Inspecteurs du Travail, de nombreux sociologues, bien sûr, des professeurs de la faculté de sciences politiques, et le secrétaire général de Caritas Espanola. Les thèmes abordés sont également significatifs : « La cuantification de las relationas capital-trabajo, y la inversion dialectica de la propriédad – Viabilidad de la experiencias autogestionarias – Autogestion y revolution cientifico–tecnologica”. De quoi colloquer abondamment.

J’ajoute que des camarades se réclamant du syndicalisme libertaire ont également participé à ces débats.

Je suppose qu’ils ont pu longuement expliquer que si la classe ouvrière d’Espagne, impulsée par la C.N.T., a pu, pendant la révolution, réaliser en partie la gestion ouvrière, cela n’a été possible que pendant la période où l’état était inexistant, et la propriété abolie. Et qu’à partir du moment où l’un et l’autre se sont reconstitués, c’en a été terminé de la transformation sociale. Les organisateurs nous annoncent pour cet automne l’édition d’un ouvrage rassemblant toute la documentation présentée à ces journées. Nous ne manquerons pas de l’étudier très, très attentivement. Et gageons à l’avance que les mauvais esprits que nous sommes y trouveront largement de quoi alimenter notre critique de l’énorme mystification …

Joaquim SALAMERO.

J.M. 7 octobre 2023

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