>Pratique

20 / 09 / 2017

Les Ehpad au bord de l’asphyxie financière

Dans les Ehpad, les effectifs sont insuffisants et les conditions de travail dégradées. © Jérôme CHATIN / EXPANSION-REA

 

Les dépenses liées à l’accueil et aux soins des personnes âgées dépendantes résidant dans une maison de retraite médicalisée se répartissent entre trois financeurs :

  • Les dépenses de soins, en majorité des dépenses de personnel, sont financées par l’Assurance maladie, via des dotations fixées par les Agences régionales de santé (ARS).
  • Les dépenses dites de « dépendance » relèvent des départements. Seule l’APA (Allocation personnalisée d’autonomie), distribuée par les départements, est financée par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (30 % des coûts « dépendance », les 70 % restants étant à la charge des départements).
  • Les dépenses d’hébergement, elles, restent à la charge des résidents ou de leurs familles, sauf s’ils bénéficient de l’aide sociale départementale sur une partie ou sur la totalité des frais.

La loi dite d’Adaptation de la société au vieillissement (ASV), votée fin 2015, a institué un nouveau mode de calcul pour le financement des Ehpad, qui entre en vigueur cette année. Une tarification contestée par les organisations syndicales et les professionnels du secteur, au motif qu’elle accentue les inégalités entre départements et se traduit par des restrictions budgétaires.

Depuis 2009, les tarifs dans les Ehpad tiennent compte du niveau de soins requis dans chaque structure et du niveau moyen de dépendance qui y est constaté. La réforme a substitué à ce calcul par établissement un calcul départemental, quel que soit le statut, public ou privé, des Ehpad. Or les charges de personnels se révèlent plus coûteuses dans le public, car les établissements privés bénéficient notamment du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE).

FO craint 2 000 à 3 000 suppressions d’emplois

La réforme acte une convergence tarifaire des Ehpad publics et privés sur sept ans, jusqu’en 2023. La Fédération hospitalière de France a estimé la perte annuelle pour les Ehpad publics à 200 millions d’euros.

On retire aux établissements dits surdotés pour donner aux sous-dotés, sans ressources supplémentaires, alors que 85 % des Ehpad sont déjà sous-dotés, explique Luc Delrue, de la Fédération des Services publics et de Santé FO. Intenable ! s’exclame-t-il. Nous craignons 2 000 à 3 000 suppressions de postes. Car les Ehpad subissent aussi la réduction des dotations de l’État aux départements dans le cadre du pacte de responsabilité – plusieurs milliards d’euros depuis cinq ans – et un ONDAM (Objectif national des dépenses d’Assurance maladie) contraint pour la tarification des soins.

Une dizaine de départements ont décidé de ne pas appliquer la réforme du financement de la dépendance. FO demande son retrait.

 

Décryptage : Vous avez dit VMC ? 

VMC pour « visage mains cul » : ce sigle est utilisé par les personnels dans certains Ehpad pour qualifier le processus dégradé dans lequel on leur demande de travailler et plus précisément de faire la toilette des résidents en un temps record. Le passage de cette expression, certes crue, dans le langage courant d’une population est symptomatique de la dégradation sans précédent de leurs conditions de travail, qui conduit à ce qu’on nomme plus pudiquement la « maltraitance institutionnelle ».
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Les maisons de retraite ont besoin d’être soignées

 

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Monique Iborra, députée, rapporteure de la mission parlementaire sur les Ehpad, présentant les constats de cette mission « flash » à la presse, le 13 septembre 2017. © F. BLANC

 

Une mission parlementaire « flash » dénonce les sous-effectifs et une tarification « de type kafkaïen » dans les maisons de retraite. FO partage le constat, mais souhaite des remèdes plus audacieux.

Une mission parlementaire « flash » sur la situation des Établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) a rendu ses conclusions le 13 septembre, après avoir auditionné les acteurs du secteur en quinze jours chrono. Les résidents sont aujourd’hui plus âgés et plus dépendants, les effectifs insuffisants et les conditions de travail très dégradées. Le taux d’absentéisme dans les Ehpad atteint aujourd’hui 10 % en moyenne et les accidents du travail y sont deux fois supérieurs à la moyenne nationale. L’absence d’infirmier de nuit dans la majorité des établissements conduit souvent à des hospitalisations aux urgences qui auraient pu être évitées.

À cela s’ajoute une réforme de la tarification « de type kafkaïen », sans oublier un reste à charge important pour certains d’entre eux, avec un coût d’hébergement de 2 000 euros en moyenne : les constats de la mission « flash », présentés par la députée Monique Iborra, sont largement partagés par les organisations syndicales, les organisations d’employeurs et de directeurs et les départements. Les remèdes proposés laissent en revanche FO un peu sur sa faim. 

La mise en place rapide d’un groupe de travail sur la revalorisation du statut des aides-soignantes et le maintien en 2017 des contrats aidés dans les Ehpad sont des mesures qui vont dans le bon sens, indique Luc Delrue, secrétaire fédéral à la Fédération des Services publics et de Santé FO (SPS FO).

FO pour le retrait de la réforme de la tarification dans les Ehpad

10 %

C’est le taux moyen d’absentéisme dans les Ehpad et les accidents du travail y sont deux fois supérieurs à la moyenne nationale.

Mais FO juge les propositions sur la réforme de la tarification trop timorées. Tandis que la mission parlementaire préconise une évaluation de la réforme, en vue d’éventuelles modifications, FO en demande le retrait pur et simple. La fédération syndicale s’étonne par ailleurs que la mission parlementaire laisse de côté une mesure du plan Solidarité grand âge de 2005 : l’instauration dans les Ehpad d’un taux d’encadrement d’un agent pour un résident. La disposition devait être mise en œuvre au plus tard en 2012, mais elle n’a jamais vu le jour. Le plan Grand âge a été stoppé en raison de la politique de baisse des dépenses publiques, fustige Luc Delrue.

La ministre de la Santé pourrait annoncer de premières décisions le 25 septembre, lors d’un comité de suivi de la réforme. La fédération SPS FO, qui a été auditionnée par la mission parlementaire « flash », demande désormais à être reçue au ministère.

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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