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France 15 / 06 / 2015

"Croissance zéro" par Patrick Artus et Marie-Paule Virard

croissance zeroEn terminant ce livre on est rassuré : Patrick Artus et Marie-Paule Virard ne font pas partie de la tribu des décroissants… :
« nous ne faisons pas partie de ceux qui se pincent le nez lorsqu’on parle des bienfaits de la croissance, encore moins des membres actifs du club des croisés de la décroissance. Nous ne pensons pas davantage que la croissance du PIB serait une drogue dont il faudrait se déprendre au plus vite pour vivre enfin heureux ».

Leur thèse est largement inspirée de l’économiste américain Robert Gordon qui suggère dans un article de 2012 que « la croissance rapide observée au cours des 250 dernières années pourrait bien être un épisode unique dans l’histoire de l’humanité ». Dans la même veine, Larry Summers, ancien secrétaire au Trésor des Etats Unis, suggère que les économies développées pourraient bien être plongées pour longtemps dans une sorte de stagnation séculaire. Déjà à la fin des années Trente Alvin Hansen, professeur à Harvard affirmait que la Grande Dépression avait marqué le point de départ d’une baisse irrémédiable du taux de croissance tendanciel de long terme.

Les deux auteurs considèrent que la croissance sera quasi nulle dans les dix ans qui viennent dans la zone euro.

Ils mettent en cause la stagnation ou le recul de la productivité globale des facteurs (PGF ne pas confondre avec PFG) partout dans le monde.

La croissance de la PGF est la partie de la croissance de la production qui n’est expliquée ni par la croissance de l’emploi, ni par celle du stock du capital productif. Elle représente la capacité d’un pays à créer des richesses autrement qu’en accumulant des facteurs de production (capital et travail) mais en les combinant de la manière la plus efficace possible. Elle est le reflet du progrès technique (l’effort d’innovation, l’amélioration de la qualité des produits et des processus de production) et de l’amélioration du capital humain (l’effort d’éducation).

Cette stagnation ou ce recul de la PFG font l’objet d’explications détaillées qui constituent l’essentiel du livre. On y trouve des données statistiques récentes souvent instructives.

Selon les auteurs la France est particulièrement à la ramasse au vu de sa PGF. Bonnet d’âne. Au piquet.

En conclusion les auteurs nous invitent à revoir en profondeur notre manière de réfléchir aux moyens de préserver notre niveau de vie et de continuer à créer des richesses.

Et comme ce sont des gens généreux ils ont même pris le soin de trouver la solution à notre place.

Voici le remède en dix commandements :

  • Ramener le niveau du smic à 50% du salaire médian, contre 62% actuellement.
  • Compenser la baisse du smic par des dépenses de transfert pour les revenus les plus modestes, tout en plaçant les prestations sociales (famille, logement, une partie de la santé) sous stricte condition de ressources.
  • Investir massivement sur les formations techniques et professionnalisantes, notamment l’apprentissage et l’alternance.
  • Repousser immédiatement d’une année l’âge de la retraite pour tous.
  • Définir une part stabilisée des dépenses de retraite dans le PIB (par exemple au niveau actuel, soit 14%) et placer toutes les négociations portant sur les systèmes de retraite sous cette contrainte.
  • Réintroduire la productivité comme élément central des négociations salariales et interdire aux entreprises d’augmenter les salaires réels davantage que les hausses de la productivité du travail dans l’entreprise.
  • Faire converger progressivement CDI et CDD vers un contrat de travail unique et rapprocher ainsi la protection de l’emploi de ceux qui ont un emploi stable et de ceux qui sont au chômage ou dans le travail précaire à commencer par les jeunes.
  • Limiter au strict minimum les transferts publics (aides à l’achat d’automobiles, de logement, etc.) qui profitent surtout aux salariés protégés.
  • Faire des choix et recentrer les dépenses publiques sur les priorités afin de les faire revenir dans la moyenne de la zone euro (soit 120 milliards d’euros de moins).
  • Pratiquer durablement une politique monétaire favorable aux emprunteurs, en maintenant des taux d’intérêt inférieurs au taux de croissance afin d’aider les acteurs économiques endettés à gérer leur dette, et les « entreprenants » à financer leurs investissements

Ramener, Repousser, Réintroduire, Converger, Contraindre, Interdire, Recentrer, Limiter : dites-moi quels verbes vous employez je vous dirais qui vous êtes.
Ce ne sont peut-être pas des croisés de la décroissance mais le résultat n’est quand même pas très différent…

Mais enfin ce sont de grands démocrates : « Pour que la mélancolie et les pulsions d’autodestruction se transforment en élan collectif, les français ont toujours eu besoin de comprendre pourquoi ils devraient payer des impôts, accepter de changer leurs habitudes et faire des sacrifices. »

CQFD.

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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> 24 / 01 / 2015

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