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Loire Atlantique 22 / 03 / 2020

Courrier à Monsieur le Préfet de Région

20 mars 2020


A Monsieur le Préfet de Région


Monsieur le Préfet,


Depuis le début de la semaine, les responsables de l’Union Départementale FO sont assaillis de demandes venant de tout le département. Les salariés sont légitimement inquiets de la situation. D’un côté, on leur demande de respecter des règles de confinement ; de l’autre, dans les entreprises ils constatent que les dispositifs de sécurité sont la plupart du temps absents : pas de masque, pas de gel, pas de désinfection, proximité sur les lieux de travail. C’est pourquoi l’Union Départementale est à leurs côtés à chaque fois qu’ils utilisent leur droit de retrait pour obtenir une mise en chômage partiel parce qu’ils refusent de faire les frais de cette situation. Nous revendiquons que cela se fasse sans perte de salaire ni de tous les éléments de rémunération. Nous condamnons les pressions et les intimidations exercées par quelques employeurs à l’égard des salariés qui refusent de travailler lorsque les conditions de sécurité ne sont pas réunies.

Le gouvernement que vous représentez fait voter en ce moment une loi instaurant un « état d’urgence sanitaire » qui lui donnerait pleins pouvoirs pour par exemple « déroger au code du travail et de la sécurité sociale ».

Un employeur du département dans un document à ses salariés se félicite de l’adoption de cette loi en ces termes :

« Qu’est-ce que cela engendre pour les entreprises ?

Une des mesures permet de modifier les conditions d’acquisition de congés payés et permet à tout employeur d’imposer ou de modifier unilatéralement les dates de prise d’une partie des congés payés, des jours de RTT, repos accordés dans l’entreprise et des jours de repos affectés sur le compte épargne temps du salarié. L’employeur pourra déroger aux délais de prévenance issus du code du travail et des  ventions et accords collectifs ».

Est-il nécessaire de commenter ?

La situation d’urgence actuelle ne saurait être prétexte à une remise en cause des libertés démocratiques et des droits et garanties des salariés. Aux dispositifs visant à « déroger au code du travail », nous préférons mille fois la négociation collective entre nos syndicats et les représentants des employeurs.

Monsieur le Préfet,

Alors que tout le monde s’accorde à dire que le pic de l’épidémie devrait intervenir dans une dizaine de jours, l’urgence demeure l’acheminement des matériels de protection individuelle à hauteur des besoins – et plus particulièrement des masques FFP2, qui constituent le meilleur rempart à la contamination individuelle au Covid- 19. Ces masques manquent aujourd’hui drastiquement dans les EHPAD, les établissements médico-sociaux, les pharmacies, les services d’aide à domicile, mais également pour les professions libérales, médicales et paramédicales, ainsi que dans les établissements d’enseignement. La pénurie est tellement importante en Loire-Atlantique – et donc inquiétante – que des médecins généralistes ont été contraints d’en appeler aux dons, voire à les fabriquer eux-mêmes !

Savez-vous également que dans tel EHPAD, les masques sont conservés dans des cartons, de peur d’en manquer au moment d’affronter le pic épidémiologique ?

Ou que tel établissement médico-social, qui ne dispose pas suffisamment de masques, est contraint de se retourner auprès des services communaux ou des entreprises de son secteur géographique, subissant des fins de non-recevoir ?

Monsieur le Préfet,

Il n’y aurait sans doute pas de vol de masques dans les services, si ceux-ci étaient disponibles en nombre suffisant. Nous vous demandons donc de nous indiquer avec précision quelles sont les dispositions prises pour la distribution massive, à hauteur des besoins, de ces masques FFP2 dans le département. Des premiers chiffres ont été publiés dans la presse aujourd’hui. Sachant que ce type de masque doit être renouvelé quatre fois par jour, la dotation annoncée paraît bien faible.

Qu’en est-il ?

Dans un contexte de pénurie généralisée qui aggrave le risque sanitaire, nous sommes particulièrement scandalisés d’apprendre que des masques FFP2 et FFP3 existent en stock conséquent dans les entreprises de la filière aéronautique, en particulier Airbus et ses sous-traitants. Les directions de ces groupes ont décidé de les conserver, en s’appuyant sur le fait que l’Etat encourage le maintien de leurs activités et ne prend donc pas la décision de les réquisitionner à destination des personnels en première ligne pour endiguer l’épidémie.

Monsieur le Préfet,

Il ne saurait y avoir deux poids deux mesures, entre le confinement des uns et la « liberté » des autres ; le risque « héroïque » supporté par les uns, la sécurité pour les autres. Nous vous demandons donc de prendre toutes les responsabilités qui incombent à l’Etat en matière de santé publique. Car au moment même où nous découvrons que des stocks de masques FFP2 sont détenus par les groupes industriels, dont nous pouvons questionner l’aspect immédiatement vital de leur activité, nous apprenons :

 Que les internats de lycées sont susceptibles d’être réquisitionnés, ainsi que les différentes catégories de personnels potentiellement concernées (Etat, collectivité…) pour assurer l’accueil des personnes particulièrement fragiles, isolées, présentant notamment un polyhandicap : quels moyens de protection sont mis en oeuvre pour assurer la sécurité sanitaire de tous les personnels, y compris les personnels de soins médicaux et paramédicaux appelés à intervenir dans ce contexte ?

 Qu’un appel à volontaires de l’Education nationale (enseignants, AED, AESH, Emplois civiques…) est actuellement en cours dans le département et dans toute la région pour accueillir les enfants des personnels soignants ce week-end. Il est bien sûr remarquable que nombre de personnels enseignants se soient portés volontaires depuis le début de semaine pour assurer la garde des enfants de personnels soignants, mais nous ne pouvons que déplorer le fait que leur employeur n’a pris aucune disposition particulière pour préserver la santé des personnels et de ces élèves sur leurs écoles (gants, masques, serviettes à usage unique, gel hydroalcoolique à hauteur des besoins…). L’heure est particulièrement grave, puisqu’il nous remonte des premiers cas avérés d’infections d’enseignants au Covid-19.

Monsieur le Préfet,

Nous dénonçons également les injonctions contradictoires que subissent les personnels de l’Education nationale, notamment la « suggestion » effectuée le 18 mars dernier par Monsieur le Recteur de délivrer les cours, manuels, etc. en utilisant les commerces de proximité – et ce, en totale contradiction avec les préconisations gouvernementales en matière de confinement et de limitation des déplacements. C’est la raison pour laquelle vous trouverez en annexe le courrier envoyé par la FNEC FP FO de l’académie de Nantes à Monsieur le Recteur.

Nous sommes bien entendu, monsieur le Préfet, à votre disposition pour discuter de toutes ces questions.

Nous vous prions d’agréer l’expression de nos sentiments respectueux.

Michel Le Roc’h

Secrétaire Général de l’Union Départementale Force Ouvrière de Loire-Atlantique

PDF Courrier à Monsieur le Préfet de Région

 

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