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Monde 1 / 05 / 2018

Brésil : mobilisation syndicale internationale pour la libération de Lula

Juneia Batista de la CUT pendant le 24e congrès confédéral à Lille. Photographies : F. Blanc (CC BY-NC 2.0)

 

Malgré son incarcération pour corruption, l’ex-président du Brésil Lula reste très largement en tête des intentions de vote aux élections présidentielles d’octobre. Alors que le tribunal d’appel de Porto Alegre a rejeté le 18 avril un nouvel appel déposé par ses avocats, le mouvement syndical international se mobilise pour obtenir sa libération, dénonçant un « procès politique » destiné à l’empêcher de se présenter aux élections. Les principales organisations syndicales brésiliennes appellent à un rassemblement en solidarité avec l’ex-président le 1er mai à Curitiba, la ville où il est emprisonné. Un soutien qui s’est également exprimé au congrès de la Confédération FO à Lille.

Le 24 avril à Bruxelles, les syndicats belges et les organisations syndicales internationales ont manifesté devant l’ambassade du Brésil pour réclamer la libération immédiate de l’ancien président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, et qu’il puisse se présenter à l’élection présidentielle d’octobre prochain.

Dans une lettre remise à l’ambassadeur brésilien, les syndicats belges (FGTB et CSC), la Confédération syndicale internationale (CSI) et la Confédération européenne des syndicats (CES) ont déclaré que l’incarcération arbitraire de Lula représente une menace pour la démocratie.

D’autres syndicats se sont aussi mobilisés le même jour devant les ambassades du Brésil à Asuncion (Paraguay), à Buenos Aires (Argentine), à Genève (Suisse), à Djakarta (Indonésie), à Lima (Pérou), à Londres (Royaume-Uni) et à Rabat (Maroc), dans la foulée d’autres mouvements qui avaient eu lieu les jours précédents en Espagne, en Uruguay, en France, en Italie et aux États-Unis.

Contre « un coup d’État juridique »

La veille 23 avril, à l’ouverture du congrès confédéral de la CGT-FO à Lille, le secrétaire général sortant Jean-Claude Mailly avait exprimé le soutien de l’organisation à l’ancien président Lula, déclarant à l’occasion de la présentation du rapport d’activité : Nous avons récemment reçu la CUT (Centrale unique des travailleurs). Lula a été condamné à 12 ans de prison pour une infraction pénale non établie. Il est victime d’un coup d’état juridique et nous luis apportons, avec la CSI, tout notre soutien !

A Bruxelles, Sharan Burrow, secrétaire générale de la CSI, a notamment déclaré : Lula a été déclaré coupable par un tribunal de rang inférieur en l’absence de preuves, comme l’ont d’ailleurs admis les juges de cette juridiction. Lula est de loin la personnalité politique la plus populaire du Brésil et la persécution judiciaire à son encontre n’a d’autre finalité que de l’empêcher d’accéder une nouvelle fois à la présidence.

Les avocats de Lula ont renvoyé son dossier devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, attirant l’attention sur le parti pris flagrant des juges et des procureurs et demandant au Conseil de reconnaître que le tribunal régional qui l’a jugé coupable, le juge Sergio Moro et les procureurs fédéraux du Car Wash ont violé les droits de Lula à la vie privée, à un procès équitable, à la protection contre l’arrestation arbitraire et à la liberté de mouvement, de même que son droit à la présomption d’innocence jusqu’à preuve du contraire, explique la Confédération syndicale internationale.

Le mouvement syndical européen affirme sa solidarité absolue avec nos collègues brésiliens et continuera de soutenir, par tous les moyens possibles, leur lutte en défense de la démocratie et du rétablissement de l’État de droit, a déclaré Luca Visentini, secrétaire général de la CES.

Lula a été arrêté pour les bonnes choses qu’il a faites pour la classe ouvrière

De sa prison, Lula a fait savoir qu’il accepterait que son parti, le Parti des travailleurs, trouve, s’il le souhaite, un autre candidat à la présidentielle, ce que le PT a refusé de faire, une de ses dirigeantes soulignant : Le peuple veut que Lula soit libre, que Lula soit président ! Il n’y a pas de plan B parce que Lula est innocent.

La syndicaliste brésilienne Juneia Batista, représentante de la centrale CUT, présente au congrès de la confédération FO à Lille, explique : Il est clair que Lula n’a pas été arrêté pour les erreurs qu’il aurait pu commettre mais pour les bonnes choses qu’il a faites pour la classe ouvrière. Donc pour la CUT non plus il n’y a pas de Plan B. Lula doit être libéré !

De fait, son incarcération n’y a rien changé : sur 18 candidats à l’élection présidentielle en octobre prochain, Lula reste en tête des intentions de vote selon tous les sondages.

Pendant ce temps, l’actuel gouvernement du président Temer, d’ailleurs lui-même suspecté de corruption à l’instar de plus de 40 sénateurs de sa majorité [1], continue de remettre systématiquement en cause les acquis des travailleurs brésiliens.

« Le gouvernement actuel veut en finir avec les syndicats »

Paulo Ferrari de Força Sindical au congrès de Force Ouvrière à Lille le 23 avril 2018.

 

Paulo Ferrari, vice-président de l’autre centrale syndicale brésilienne, Força Sindical, également invité au congrès de FO à Lille, indique notamment : La réforme du code du travail, entrée en vigueur en novembre 2017, élaborée par le gouvernement avec le patronat, sans aucune écoute des syndicats, remet en cause de nombreux droits des salariés et supprime des ressources pour les syndicats. Ce gouvernement veut en finir avec les syndicats ! Nous luttons aujourd’hui pour récupérer les droits des travailleurs acquis par la lutte et aussi nos moyens de façon à pouvoir continuer à défendre les travailleurs le plus efficacement possible.

Rassemblement en solidarité à Lula le 1er mai à Curitiba

Et il ajoute : Lula a été jugé et condamné pour corruption. En revanche le fait qu’il ne puisse pas participer à l’élection présidentielle n’a fait l’objet d’aucune décision de justice.

Dans ce contexte, la CUT et Força Sindical, ainsi que deux autres organisations (UGT et CTB) appellent à un rassemblement commun en solidarité avec Lula le 1er mai à Curitiba, la ville où il est emprisonné.

Notes

[1« Pas moins de 45 sénateurs sur 81 doivent répondre d’accusations criminelles auprès de la Cour suprême. Aucun n’est en prison. Il semble étrange que la justice ne soit rendue que contre un homme de gauche, favori de la présidentielle », commente Sylvio Costa, à la tête du site Congresso em Foco, qui scrute l’actualité parlementaire, cité par Le Monde du 24 janvier dernier.

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