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France 19 / 10 / 2018

Aujourd’hui, chaque agent de la fonction publique d’État a une épée de Damoclès au-dessus de la tête

Quels agents de la fonction publique d’État et quelles missions seront touchés par les suppressions d’emplois prévues par le budget 2019 ? Ministres et préfets font actuellement remonter leurs propositions et le gouvernement rendra ses arbitrages à la fin de l’année. De son côté, le CCN de Force Ouvrière affirme que défendre le service public c’est défendre la République.

Combien de postes seront réellement supprimés ?

Difficile à calculer, d’autant que le projet de loi de finances 2019 préfère mettre en avant les soldes entre les suppressions et les créations plutôt que les chiffres réels de suppressions d’emplois. Dans l’Éducation nationale par exemple, le solde net représente 1 813 postes mais la note sera plus lourde : 2 650 suppressions de postes dans le second degré et 400 postes administratifs rayés de la carte dès 2019, détaille Clément Poullet, secrétaire fédéral à la FNEC-FP-FO. Nous avons un ministre qui veut mettre en place la réforme territoriale et donc accélérer les fusions d’académies. À l’horizon 2020, il n’y aurait plus que treize académies sur les vingt-deux en métropole. Et qui dit fusion, dit mutualisations de services qui vont de pair avec une mobilité forcée et des suppressions de postes.

L’an dernier, le concours du second degré avait été amputé de 2 600 postes. Du coup, l’effectif de certaines classes de lycées peut maintenant s’élever à 37 élèves. Côté administratif, les centres d’information et d’orientation ferment les uns après les autres. Sur la sellette, les agents chargés de prendre les rendez-vous avec les familles afin que les conseillers d’orientation et les psychologues puissent les recevoir.

Des trésoreries rurales fermées

Philippe Grasset, secrétaire général de la Fédération des Finances, poursuit le décompte : 2 130 postes supprimés à la Direction générale des finances publiques (DGFIP), 45 à la DGCCRF, 80 à l’Insee et plus de 60 dans l’administration centrale. Comme disait un collègue, avant on avait une crinière de cheval, maintenant on n’a plus que le crin, s’indigne-t-il. Côté DGFIP, les trésoreries rurales et périurbaines sont les plus menacées puisque l’objectif du gouvernement est de n’en conserver, au mieux, qu’une par intercommunalité. En moyenne, cela fait trois à quatre trésoreries qui ferment dans chaque département, poursuit Philippe Grasset. Le service public s’éloigne donc des contribuables, qui devront faire plus de route s’ils veulent un rendez-vous aux impôts.

Côté ministère de la Transition écologique, ce sont 1 300 postes de perdus. Là, on arrive vraiment à l’os dans un ministère qui a perdu 40 % de ses effectifs depuis 2007, remarque Laurent Janvier, secrétaire fédéral chargé de la fonction publique (FEETS-FO). Le gouvernement a annoncé 50 000 postes en moins d’ici à 2022 dans la fonction publique d’État. Soit en moyenne plus de 15 000 postes en moins jusqu’à la fin du quinquennat. On peut se dire que si notre ministère continue de payer ce tribut-là, c’est son existence même qui est menacée.

Casser le thermomètre

Politique de gribouille, s’insurge Jean Hedou, secrétaire général de la FEETS-FO, qui mentionne les 500 emplois qui doivent disparaître à Météo France. Raison invoquée : l’évolution de l’informatique. Sauf que dans le même temps, on nous dit qu’il y a un dérèglement climatique, relève le secrétaire général. Ils vont donc supprimer la capacité de mesurer une météo encore plus fine, qui permet d’avoir des analyses au plus près du terrain et des techniciens sur place. De fait, ils cassent littéralement le thermomètre. 

Pour Jean Hédou, la suppression de tous ces emplois est un dogme qui conduira l’État à abandonner de nombreuses missions. L’une des grandes inquiétudes de la FEETS est le sort réservé aux routes nationales. Aujourd’hui elles sont entretenues par les directions interrégionales des routes. On sait qu’il y a un projet, occulte, de privatisation pour les transférer aux sociétés d’autoroutes, prévient Laurent Janvier. Un projet qui, pour le coup, ne concerne pas que les agents mais tous les citoyens. Là, on bascule dans un monde où ce n’est plus l’impôt républicain qui permet de financer le service public, mais l’usager en fonction des capacités qu’il a à se payer ou pas le droit d’usage sur une voierie, alerte-t-il. Il faut clairement que l’ensemble de la population soit mis au courant. 

Ça rappelle France Télécom

Du côté du ministère de l’Agriculture ce sont 277 postes nets supprimés en 2019, certainement dans le secteur de l’économie agricole (BOP 215). Ce secteur fait office de souffre-douleur pour tout le ministère, indique Stéphane Touzet, secrétaire général du SNTMA-FO et secrétaire général adjoint de la FAGE-FO. Ses agents sont chargés de contrôler les agriculteurs qui touchent des aides de l’Union européenne. Or, la France a déjà été mise à l’amende par la Commission européenne parce qu’elle n’effectuait pas tous les contrôles prévus. Des amendes qui coûtent beaucoup d’argent, beaucoup plus que les économies réalisées en réduisant les effectifs, déplore Stéphane Touzet.

Avec 1 618 postes supprimés, le ministère du Travail fait également partie des plus gros contributeurs, notamment ses opérateurs : Pôle emploi et l’AFPA. Ces derniers devraient perdre 1 385 équivalents temps plein (800 postes à Pôle emploi et 550 à l’AFPA).

Ce qui est prévu, c’est comment on évacue un maximum de fonctionnaires, comment on les remplace par des contractuels pour les évacuer plus facilement derrière, décrit Laurent Janvier. Cela rappelle France Télécom… Le gouvernement veut faire subir à la fonction publique le même sort. C’est tout ça qui se joue actuellement.

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