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18 / 11 / 2023

À Saint-Brevin, FO sur le pont pour défendre les établissements médico-sociaux de Mindin

Depuis bientôt quatre ans, les personnels des établissements médico-sociaux de Mindin, à Saint-Brevin en Loire-Atlantique s’opposent au projet de délocalisation et d’éclatement du site prévu par l’ARS et le conseil départemental. Un projet bancal qui ne répond ni aux besoins des résidents, ni à ceux des professionnels. Le 16 octobre, ils ont organisé à l’appel de FO un barrage filtrant sur le point de Saint-Nazaire. L’occasion de rappeler une nouvelle fois les revendications.

Sur le pont. Au sens propre comme au figuré ! Ils étaient en effet près de 500 professionnels sur le pont de Saint Nazaire pour défendre les établissements médico-sociaux de Mindin, à Saint-Brevin (44). A l’appel de Force Ouvrière, un barrage filtrant a été mis en place lors de cette action visant à protester contre le projet de délocalisation de ces établissements. Un projet contre lequel les organisations syndicales, et en premier lieu FO, majoritaire, s’opposent depuis quatre ans.

 « L’un des objectifs de l’action d’octobre était aussi de médiatiser à nouveau notre opposition à ce projet qui a été annoncé en 2019. Si l’on n’a pas de grandes annonces pour le moment, nous ne sommes pas dupes : le projet avance mais dans l’ombre », indique Morgan Le Run, délégué syndical à l’EPMS. Face à l’entêtement des décideurs, « il nous reste la médiatisation pour faire battre en brèche ce projet », ajoute Laurent Narzic, secrétaire général du syndicat FO des établissements de Mindin. Depuis quatre ans, le syndicat FO multiplie donc les actions avec le soutien de l’UL-FO de Saint-Nazaire et celui de l’UD-FO de Loire-Atlantique.

Le refus de la délocalisation et de l’éclatement du site

Et pour cause. L’affaire des établissements de Mindin a viré depuis quatre ans en mauvais feuilleton. En mars 2019, les tarificateurs que sont l’Agence régionale de santé (ARS) et le conseil départemental ont annoncé à la presse le projet d’éclatement du site situé à Mindin, quartier de Saint-Brevin-les-Pins. Ce site qui accueille des personnes en situation de handicap se compose d’un foyer de vie, de l’établissement public médico-social ainsi que d’un institut médico-éducatif (IME) pour les plus jeunes. « Le parcours de vie est intégré sur le site nous accueillons des personnes de 40 ans qui sont arrivées chez nous à dix ans », raconte Morgan Le Run. En tout, près de 700 personnes y sont accueillies et autant d’agents travaillent sur le site.

Mais il est prévu que les établissements soient éclatés à part égales sur trois sites distincts : à Saint-Brevin-les-Pins, Bouaye et Trignac. Un projet contre lequel les syndicats s’opposent, souhaitant que l’intégralité des établissements demeure sur la commune. On évoque une enveloppe de 100 millions d’euros pour ce projet, c’est de l’argent public jeté par les fenêtres !, s’indigne le secrétaire général du syndicat. Il suffirait de reconstruire les bâtiments considérés comme dangereux, en restant à Mindin.

Cela fait 60 ans que Mindin est une preuve de l’inclusion !

Pour faire valoir cette délocalisation comme l’appellent les militants, les tarificateurs se sont appuyés sur le Plan de Prévention des Risques Littoraux (PPRL). Un support qui laisse Laurent Narzic perplexe : « sur la carte, seuls quelques établissements sont situés dans les zones rouges, donc à risque. Le reste du site est en bleu ». Ces établissements, souvent anciens et vétustes, sont peu adaptés à l’accueil des résidents. Cela fait d’ailleurs plusieurs années que FO demande leur reconstruction. « Pourquoi ne pas les reconstruire à Saint Brevin, dans les zones sécurisées » ?

Un autre argument a été déployé par l’ARS et le département : celui de l’inclusion. Là encore, Force Ouvrière est plus que sceptique. « À Bouaye, le terrain possible du site se situe à 4km du centre-ville. Impossible donc que les résidents puissent s’y rendre seuls. Et l’on compte peu d’activités auxquelles ils pourraient participer », raconte Morgan Le Run. Au contraire, au sein de la commune de Saint-Brévin, les résidents vivent au cœur de la ville. « Vous pouvez les croiser au supermarché, des créneaux leur sont réservés à la piscine. Cela fait 60 ans que Mindin est une preuve de l’inclusion. D’ailleurs la mairie s’oppose elle aussi au projet d’éclatement » ! Outre les partenariats avec des associations locales, une navette gratuite a été mise en place au sein de la commune, financée par les établissements de Mindin, « autant d’avantages pour les habitants et résidents qui vont disparaître avec la délocalisation », regrette Laurent Narzic.

Autre aberration pointée par FO concernant cette délocalisation, alors que la région connaît un manque criant de places dans les structures pour les personnes en situation de handicap, le projet ne prévoit pas de création de places supplémentaires.  « Le projet initial prévoyait même la disparition de 30 % des lits pour l’accueil de nuit, transformé en place d’accueil de jour, relate le militant. Mais cela ne solutionne pas du tout le problème du manque de places ». En 2019, il manquait déjà 2 100 places, rien qu’à l’échelle du département de Loire-Atlantique.

La crainte d’une externalisation et privatisation de services

Si depuis quatre ans, les agents travaillant sur le site sont particulièrement inquiets, un nouveau rebondissement cet été dans l’affaire de Mindin, est venu attiser les craintes : la publication d’un audit commandé par le département. Cette expertise porte sur le Groupement de coopération sociale et médico-sociale (GCSMS), entité qui rassemble les activités cuisine et blanchisserie des établissements. Soit près de 80 salariés au total, la plupart avec le statut de contractuels.

« Les scénarii évoqués sont flous et laissent entrevoir des suppressions de postes car ils évoquent un partenariat avec les CHU. Mais ceux-ci pourront-ils vraiment prendre en charge la nourriture et le linge pour nos résidents ? Les collègues et militants FO qui travaillent dans les hôpitaux en doute »…, pointe Alexandre Claude, responsable de la blanchisserie et représentant FO au sein du GCSMS. Force Ouvrière redoute un transfert de l’activité vers un prestataire privé. « C’est la première pierre du projet de délocalisation que de casser ce regroupement dont le démantèlement est en cours depuis 2019″…

Un site historique pour FO et pour les mobilisations et pour FO

Or, difficile d’ignorer le fait que Mindin soit devenu un site historique pour les mobilisations, un site historique aussi quant à la présence de Force Ouvrière dans ces établissements. « Même si les établissements sont distincts juridiquement, nous avons des liens forts entre nous. Et lorsqu’il faut se mobiliser, nous arrivons sans difficulté à rassembler tout le monde », illustre Laurent Narzic. « La première mobilisation pour l’extension du Ségur de la santé, c’était chez nous », rappelle Morgan Le Run.

Après la mobilisation du 16 octobre, les organisations syndicales ont exigé et obtenu la tenue d’un CSE inter-établissement pour que les tarificateurs fassent le point sur l’audit publié cet été, et ce en présence des professionnels. Ce CSE est prévu pour le premier trimestre de 2024. « Dès que nous aurons la date, la mobilisation sera lancée à nouveau. Nous serons au rendez-vous pour que l’ARS et le département constatent par eux-mêmes l’opposition à leur projet, eux qui refusent de nous recevoir depuis quatre ans ». soulignent les militants FO.

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