>Histoire

13 / 11 / 2022

2005. Référendum : pour la CGT-FO, face au OUI de la CES, (Confédération Européenne des Syndicats) c’était NON !

On l’a  sans doute oublié. En 2003, c’est feu le 3ème président de la Vème république, Giscard, qui reçoit le prix Charlemagne qui récompense les bons serviteurs de l’Europe communautaire. En 2004, Jean Paul II lui succède. C’est mérité.

Jacques Le Goff, grand historien médiéviste note dans son livre « la civilisation de l’Occident médiéval » (page 34) : «  Charlemagne inaugura une tradition de conquête où se mêlaient massacre et conversion … Charlemagne fit (par exemple) décapiter 4500 révoltés à Verden (ville située en Basse-Saxe). Aidé par les missionnaires – toute blessure faite à l’un d’eux et toute offense à la religion chrétienne furent punies de mort en vertu d’un capitulaire (document législatif de l’époque carolingienne) édicté pour aider à la conquête – et, conduisant année après année les soldats dans le pays, les uns baptisant, les autres pillant, brûlant et massacrant, et déportant en masse, Charles finit par réduire les saxons … »

On ne plaisante pas dans l’Europe de Charlemagne.

Bien plus tard …

 Invité en novembre 2018  par l’université catholique de Louvain à parler de l’Europe – un privilège qui n’est pas accordé à n’importe qui –  le président de la Vème république évoquait le souvenir douloureux pour lui et les intérêts dont il est le serviteur de la victoire du NON au référendum de 2005. Il se disait partisan d’une « Europe à plusieurs vitesses », avec une « avant-garde ambitieuse » et fustigeait les « blocages », notamment le « NON français ». L’occasion aussi devant ses amis jésuites aux anges de prêcher pour « plus de subsidiarité ».

Un étudiant impertinent demande à cette occasion pourquoi la France utilise la violence d’Etat contre des manifestants pacifiques (les gilets jaunes). Comme quoi, même chez les jésuites, on n’a pas la garantie d’être tranquille … (1)

Les « élites » rejetées.

La FEC-FO (Fédération des employés et cadres) notait après le référendum que : 55% des citoyens et citoyennes lors du référendum du 29 mai 2005, estiment que : « par ce vote, les salariés rejettent la politique de déréglementation et de privatisation imposée par l’Union Européenne et appliquée depuis des années par tous les gouvernements successifs. Le Congrès note que ce vote met en évidence un net clivage de classes sociales. Ce sont les ouvriers (76%), les employés (67%), mais aussi les jeunes (56% des 18/24 ans) qui ont massivement voté “non”. Cela confirme la réalité de la lutte des classes. C’est dans ce cadre que se développe notre action syndicale. Cette politique de l’Union Européenne et des gouvernements aboutit, entre autres, à la baisse du pouvoir d’achat des salariés et à une augmentation dramatique du chômage. En disant non, les salariés manifestent leur volonté de mettre fin à une politique de délocalisation et de mise en concurrence des salariés au détriment de toutes les garanties collectives ».

Le traumatisme du NON de 2005 rejoint celui du NON de 1969.

C’est la résistance à cette nouvelle tentative d’instaurer l’ordre corporatiste qu’avait exprimée le CCN de notre CGT-FO.

« Le comité confédéral national de FO, réuni mercredi et jeudi, a voté cette motion (à l’unanimité moins 13 abstentions par les 103 unions départementales et les 33 fédérations professionnelles du syndicat) jugeant que le traité, en «inscrivant de fait dans le marbre le pacte de stabilité et de croissance, constitutionnalise une logique économique unique et restrictive».

C’est en ces termes que le quotidien Libération qui avait mené campagne pour le OUI comme toute la presse des milliardaires, rendait compte des travaux du CCN de la CGT-FO réuni les 3 et 4 avril 2005.

On se souvient de la pression considérable qui s’exerçait à tous les niveaux pour rallier les syndicats CGT-FO et CGT au OUI.

(AU CCN de la CGT, 80 % des mandats étaient pour le NON mais ce fut la ligne Bernard Thibault qui fut imposée, autrement dit, la ligne de la soumission aux dogmes de l’UE).

Notre Confédération n’avait pas ménagé ses efforts pour produire tout un argumentaire alertant les salariés sur les dangers du projet « européen » mais il n’y avait pas eu comme en 1969 d’appel explicite au vote NON.

La pression passait notamment par les instances de la Confédération Européenne des Syndicats alignée sur les positions des corps intermédiaires, CFDT et CFTC.

Malgré tout, en France comme au Pays Bas, le projet de traité établissant une constitution pour l’ « Europe » (celle de Maastricht) était nettement rejeté par les citoyens. Instruits par l’expérience, d’autres gouvernements avaient prudemment renoncé à valider leur projet anti démocratique par voie référendaire.

Comme souvent, le quotidien de Beuve-Méry le vichyste tente d’abuser ses lecteurs.

Opposition de FO dans les instances de la CES.

Après cette gifle retentissante, la discussion se poursuivit en juin dans les instances de la CES. Le mandat de la CGT-FO était clair. Après avoir rappelé que notre confédération avait seule pris position pour le NON dans les instances de la CES (la CGT avait piteusement choisi l’abstention), le secrétaire général, Jean Claude Mailly et Yves Veyrier avaient réfuté les interprétations qualifiant le vote en France d’expression xénophobe, rappelant notamment que « cela avait été sciemment utilisé pour éviter ou dénaturer le débat» (2).

La direction de la CES loin de tirer les enseignements de la victoire du NON persévérait en proposant au vote du Comité Exécutif une résolution demandant une «… consultation du peuple par le biais d’une grande conversation (?) sur les problèmes ardus auxquels sont confrontés l’Europe, ses pays et ses peuples (…) sur la base d’une note rédigée en style accessible (…) impliquant les parlements nationaux, le Parlement européen mais également des événements locaux et une large couverture médiatique», conversation qui aurait débouché sur «une déclaration sur l’avenir, de l’Europe (…) soumise pour ratification (si nécessaire ou souhaité, par voie de référendum) aux termes de débats nationaux (…) vers la mi-2007 ». Et, cerise sur le gâteau, la résolution se concluait par un appel à ce que «l’UE et les partenaires sociaux devaient élaborer un nouveau pacte économique, social et pour l’emploi qui reflète une volonté renouvelée de faire face tous ensemble à l’avenir (…) ». Une proposition de la CES évidemment rejetée par FO malgré les pressions, cette fois encore, de tous les « psychopactes » et autres « co-constructeurs de consensus ».

Les réactions : la CFDT,

« Le processus de ratification continue… »

« Pour la CFDT, les partenaires sociaux et les pouvoirs publics doivent se mobiliser pour construire un pacte social apportant les réponses qu’attendent les Français (…) » (29 mai).

Les citoyens ont voté NON massivement ; la CFDT s’en fout.

Les échos notaient avec satisfaction que « Le Medef réclame l’accélération des réformes ». (31 mai). Autrement dit : vous ne voulez pas du traité, vous l’aurez quand même, en pire.

L’axe MEDEFDT, comme toujours.

17 ans plus tard, ce déni de démocratie n’en finit de peser sur l’actualité sociale et politique de ce pays.

Deux ex présidents main dans la main disent : OUI puis passent à la trappe. Comme dirait le Monde, les peuples sont injustes.

 

  • A noter que le sinistre préfet Lallement vient de publier au titre évocateur, « l’ordre nécessaire», où l’on peut lire ceci :

« On a frôlé l’ouverture du feu (au moment des gilets jaunes). Le jour où l’on devra ouvrir le feu, on entrera dans une autre dimension. Cela risque d’arriver un jour ». L’individu a le mérite d’annoncer la couleur. Le journal de la finance « libérale », l’Opinion affirme sans rire qu’il le « redoute ». Vraiment ?

Comme la seigneurie du Moyen-âge, le « préfet des gilets jaunes » comme il se désigne lui-même n’a qu’une obsession, mater les révoltes de ceux qui n’ont pas grand-chose à perdre, les « manants », la « populace » …. L’insulte d’abord, la répression ensuite, quoi qu’il en coûte.

  • Les domestiques, toutes nuances confondues sont à la nanoeuvre. Voici venu le temps de la IXème croisade qui se terminera comme la VIIIème, en fiasco. Parmi eux, Serge July du mal nommé LIBERATION se surpasse dans un article plein de rancœur à l’encontre des hérétique, des sceptiques, des mal-pensants, de ceux qui doutent des bienfaits de l’Europe de Charlemagne, article intitulé : « un chef-d’œuvre de masochisme ». Les « élites » ont été désavouées ; ce serait du « populisme » ; et l’honorable journaliste se livre à toutes sortes d’amalgames plus nauséabonds les uns que les autres.

Le Monde n’est pas en reste :

« Les tenants du NON voulaient en effet en finir avec ce qu’ils considèrent comme le mythe européen. Par nationalisme, par xénophobie, par dogmatisme ou par nostalgie, ils voulaient se débarrasser de cette Europe qui barre l’horizon, qui dérange les habitudes, qui impose des changements ». Mon dieu !

JM   Novembre 2022.

chaud ! chaud ! chaud !

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