>Histoire

11 / 11 / 2023

… 1991 … 2003 … 2014 … 2023 … Les syndicats et la guerre (5).

« Ma politique étrangère et ma politique intérieure, c’est tout un. Politique intérieure, je fais la guerre ; politique étrangère, je fais la guerre. Je fais toujours la guerre ». (Clémenceau, 8 mars 1918). Politique intérieure ? C’est la guerre contre les militants syndicalistes qui restent des militants syndicalistes, et donc, contre les millions d’exploités, en France et dans les colonies.

Les plans de guerres de ceux qui aspirent à dominer le monde ne sont pas forcément classés secret défense.

Zbigniew Brzezinski conseiller du président Carter de 1977 à 1981 les exposent ouvertement en 1997 dans un livre largement diffusé intitulé, « le grand échiquier » et sous-titré « l’Amérique et le reste du monde ».

Il y affirme que « l’objectif de la politique américaine doit être de … maintenir la position dominante de l’Amérique pendant au moins une génération encore … »

L’important, c’est le « au moins ».

Il fixe un calendrier d’adhésion des pays européens à rejoindre « volontairement » l’OTAN. Tous auraient vocation – y compris la Russie – à y adhérer. Il écrit (page 160) : « l’Ukraine constitue cependant l’enjeu essentiel … Moscou jouit encore d’un court répit avant l’heure des choix ».

Un court répit, avant quoi ?

Il précise qu’à l’horizon 2010, l’Ukraine devra rejoindre l’OTAN (« ils » ont pris du retard) ce qui pourrait bien indisposer les capitalistes de Russie. Nous y sommes. Avec la guerre, son odeur de gaz, ses ravages, ses dizaines de milliers de victimes, les ventes d’armes à n’en plus finir, et désormais ces milliers de « déserteurs » et de mercenaires, des deux côtés du front …

Que dit Brzezinski ? Que veut-il ?

En premier lieu, aux Etats-Unis, les syndicats sont priés de renoncer à leurs revendications et d’obtempérer. Ils doivent devenir la police du Capital.

Brzezinski dénonce aussi les politiques trop sociales qui en Europe empêchent les « réformes ». il affirme : « L’Europe doit résoudre le problème que pose son système de redistribution social trop lourd et qui entrave ses capacités d’initiative. La résistance que les corporatismes de toutes sortes (comprendre : les syndicats) opposent aux tentatives de réformes accroît le handicap … » (page 90) ; et pour ceux qui n’ont pas bien intégrer la doctrine, rebelote, (page 105) : « La crise trouve ses racines dans l’expansion de l’Etat-providence qui encourage le paternalisme, le protectionnisme (il ne manque pas d’air !) et … le corporatisme ». S’y ajoute « un grand désarroi spirituel  … » qui ne favorise pas les « réformes nécessaires des structures socio-économiques ». Mon dieu !

  • Il exprime son mépris sans limite de tout ce qui n’est pas « américain » par cette phrase : « Pour le dire sans détour, l’Europe de l’ouest reste dans une large mesure un protectorat américain et ses Etats rappellent ce qu’étaient jadis les vassaux et les tributaires des anciens empires ».

  • Il rappelle que la « grande Démocratie américaine » ne pouvant plus intervenir sur tous les fronts, il convient de déléguer à des alliés sûrs les intérêts US. C’est le cas au Moyen Orient, notamment, comme on le voit aujourd’hui. C’est le cas en Afrique dans la guerre pour le contrôle du coltan …

  • Il réaffirme l’objectif final : dominer dans l’océan Pacifique, un très vieux rêve de l’Empire américain ; et réintégrer la Chine dans le marché mondial … de gré ou de force.

Voilà pour l’essentiel. Personne ne devrait raisonnablement faire semblant d’ignorer. Surtout pas les syndicalistes chargés de défendre, partout dans le monde, les intérêts des exploités, en se gardant bien d’opposer les uns aux autres.

Et comme on n’est pas amnésique, on n’a pas oublié que pour « conseiller » les présidents « réformateurs » US, « on » a fait appel à cette époque, de 1993 à 1996, aux talents de l’ex secrétaire général de la CFDT, Jean Kaspar, éminent spécialiste des questions sociales. L’homme, débarqué par le Bureau confédéral CFDT étant au chômage se devait d’exercer ses compétences quelque part. Directement chez le grand patron, c’était mieux.

Pauvres américains !

Gengis Khan.

Brzezinsky voit dans l’empire mongol de jadis un véritable modèle : « Seul l’extraordinaire empire mongol approche notre définition moderne de la puissance mondiale. Il se constitue en menant des guerres contre des adversaires organisés et pourvus de moyens militaires les plus avancés de l’époque. Il parvient ainsi à soumettre les royaumes de Pologne, de Hongrie, les forces du Saint-Empire romain, aussi bien que plusieurs principautés russes, le califat de Bagdad, et plus tard, même, la dynastie chinoise des Song. En triomphant de ses rivaux régionaux, Gengis Khan contrôle une aire géographique que ses successeurs ont encore étendue … » le rêve de Zbigniew …

En 2003 : Des syndicats contre la guerre (1).

Lorsque les EU déclenchent l’apocalypse en Irak en 2003, sur la base, rappelons-le, d’une grossière manipulation, (Rapport mensonger sur les « armes de destructions massives ») de nombreuses manifestations ont lieu au cœur même de la bête, appelées par des syndicats AFL.CIO. Ce sont parfois les plus massives depuis la guerre du Vietnam : 500 000 à Washington, 200 000 à San Francisco etc.

Se moquant des hurlements indignés des va-t-en guerre, une résolution du Conseil des syndicats de San Francisco refuse l’UNION SACREE contre le « terrorisme ». Extraits :

Considérant que, au nom de la soi-disant guerre contre le terrorisme, l’administration Bush a lancé un nouvel assaut contre le mouvement ouvrier: le recours aux lois Taft-Hartley (et la menace de militariser les ports) contre les dockers de la Côte ouest ; les menaces contre la sécurité de l’emploi et les droits syndicaux de 170000 employés de l’administration fédérale ; les licenciements à motivation raciste d’aiguilleurs du ciel expérimentés ; les menaces contre le droit de grève et contre celui de s’organiser syndicalement ; la menace de mettre un terme au contrat de centaines de milliers d’employés de l’administration fédérale. A plus d’une reprise, des porte-parole du gouvernement ont qualifié des actions syndicales pour la défense de nos emplois, de nos conditions de vie et de notre pouvoir d’achat comme semblable au terrorisme, ou encore comme ´ aidant et encourageant les terroristes, ou comme ´ une menace pour la sécurité nationale …

Considérant que les milliards de dollars dépensés pour planifier et mener cette guerre sont pris dans les budgets de nos écoles, de nos hôpitaux, de nos logements …

Considérant que la guerre est un prétexte pour s’en prendre, ici, aux droits des salariés, des immigrants ainsi qu’aux droits de la personne humaine en général …

Décidons que le Conseil s’engage pour que le mouvement syndical et l’AFL-CIO prennent rapidement une claire position contre la guerre de Bush ».

Le problème se situait au « sommet » de l’AFL-CIO où certains sont flattés d’être incorporés dans la « gouvernance ».

2003 en Irak. L’ordre colonial règne … Les chefs militaires – des génies – inventent les « frappes chirurgicales » censées épargner les civils. Ils sont capables de tout.

et 2014.

Le moment est bienvenu de republier ce remarquable document.

Lettre de JC Mailly secrétaire général de FO au ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius.

Cessez-le-feu !

« Monsieur, le ministre,

Horrifié par la situation à Gaza, par la violation flagrante du droit humanitaire international, au nom de la confédération Force Ouvrière, je demande au gouvernement français d’exiger en urgence l’instauration d’un cessez-le-feu définitif.

Par ailleurs, dans le cadre international, le gouvernement doit prendre des mesures immédiates pour obliger les parties concernées à ouvrir des négociations afin de parvenir à un accord qui mette fin à l’occupation des territoires et qui donne aux peuples palestinien et israélien l’assurance de la sécurité, du respect et d’une paix durable.

Nous soutenons l’appel des Nations Unies en faveur de la justice et de l’obligation de rendre des comptes.

C’est pourquoi, nous demandons l’interdiction immédiate de tous les transferts d’armes, directement ou indirectement et d’autre matériel et technologies militaires utilisées actuellement contre les civils.

En ce sens, FO soutient les différentes actions de la Confédération Syndicale Internationale et notamment l’action humanitaire qui s’impose à Gaza ».

Gaza Juillet 2014, l’ordre barbare, l’ordre colonial, toujours …

Didier Billion, de L’IRIS (Institut des relations internationales et stratégiques) affirme que « l’Irak a été évidemment le pays le plus touché, le pays martyr, mais d’autres pays de la région ont été touchés par l’ampleur du nombre de réfugiés irakiens … ». il évalue à 650 000 le nombre de victimes irakiennes sans compter les réfugiés ; pour un pays de 27 millions d’habitants.

D’autres évaluent à 500 000 le nombre des victimes des bombardements et 500 000 autres victimes « collatérales », essentiellement les populations les plus fragiles, du fait de l’ignoble blocus économique. (Destruction des écoles, des hôpitaux, des routes, de toutes les infrastructures industrielles …). C’est le chaos. Didier Billion rappelle qu’un irakien de 43 ans n’a jamais connu autre chose que la guerre.

Pourquoi toutes ces guerres ?

Selon certains spécialistes des questions militaires, depuis juillet 1776, les Etats-Unis n’auraient été en paix que 16 ans.

Paix toute relative puisque ces années-là ont été marquées par la continuation de la guerre des classes menées aux EU.

Et qu’en d’autres temps, les EU pouvaient mener plusieurs guerres en même temps.

L’ancien premier ministre, Michel Rocard, un homme certainement très avisé, fournit cette réponse. On doit le remercier :

Rocard 15 janvier 1991, c’est la guerre du golfe, la « guerre sans fin ».

« C’est le pétrole, disent certains, qui seul nous motive.
Pourquoi taire qu’il joue effectivement un rôle ? Dès lors que Saddam Hussein a maintes fois fait la preuve de ses visées et de ses ambitions, comme de son absence de scrupule, qui donc accepterait de gaieté de coeur qu’il puisse, grâce à une agression armée, contrôler 40 % des exportations de pétrole, qu’il puisse, en quelque sorte, tenir entre ses doigts la veine jugulaire de l’humanité ? La première guerre dont l’histoire ait gardé le souvenir, comme le disait Henri Emmanuelli (Emmanuelli était un des dirigeant de l’aile « gauche » du parti « socialiste ») ce matin, c’était la guerre du feu, celle de l’énergie vitale, vitale pour nos entreprises, vitale pour la vie de nos concitoyens, mais bien plus vitale encore pour l’ensemble des pays les plus dépendants qui sont aussi les plus pauvres. Alors ne feignons ni de l’ignorer ni de nous en choquer…

Je ne suis pas de ceux qui ont souhaité la guerre, même si j’entends, comme premier ministre pour la part qui est la mienne, la conduire avec détermination ». A Wall-Street, on ne lui demandait rien d’autre.

Bien sûr, il n’y a pas que le pétrole. Il y a l’uranium et la trentaine de métaux rares indispensables à la prétendue « révolution technologique » … et à la fabrication des armes les plus sophistiquées.

Les syndicats sont toujours mal inspirés lorsqu’ils sont tentés de suivre les plans de guerre des classes dominantes.

Il faut dire que celles-ci ont toujours bien du mal à enfumer son monde comme le prouve une nouvelle fois le succès des grèves dans l’automobile aux Etats-Unis, avec les 25 % d’augmentation des salaires, arrachés de haute lutte, par la grève. Un succès revendicatif qui, déjà, donne quelques idées aux travailleurs de l’automobile en Suède, et à Sochaux, par exemple …

Aucun soutien aux plans de guerre impérialistes ; nulle part ! Soutien total aux militants syndicalistes en grève pour leurs revendications !

Soutien total aux militants qui bloquent les transferts d’armes, aux EU, en Belgique, en Italie, en Espagne …

JM. 11 novembre 2023.

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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