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Histoire 19 / 03 / 2015

18 mars 1871

« C’est la fin du vieux monde gouvernemental et clérical, du militarisme, du fonctionnarisme, de l’exploitation, de l’agiotage, des monopoles, des privilèges, auxquels le prolétariat doit son servage, la Patrie ses malheurs et ses désastres»

Extrait de la déclaration au peuple français, 19 avril 1871

 

Depuis le début du mois de mars, une agitation importante règne dans Paris.
Les quartiers de Belleville et de Ménilmontant doivent être évacués par les troupes.
Le 4 mars, la caserne de la Garde républicaine, rue Mouffetard, est attaquée.
Le 8 mars, le gouvernement échoue à enlever de force les canons installés à Montmartre.
Le 9 mars, les 7e, 8e et 16e bataillons de la garde mobile se mutinent.
Le 16 mars, le gouvernement tente d’enlever de force les canons installés place des Vosges mais échoue à nouveau.
Le gouvernement est décidé à rétablir son autorité dans Paris avant que les députés, jusqu’alors installés à Bordeaux, ne se réunissent à Versailles.


Le 17 mars au soir, le gouvernement, réuni au ministère des Affaires étrangères, décide d’enlever les canons qui sont entreposés à Belleville et Montmartre. Les Parisiens considèrent que ces canons leur appartiennent. Un ordre, signé frauduleusement du nom de Clemenceau, maire du XVIIIe arrondissement, a renvoyé les Gardes nationaux dans leurs foyers. Les canons ne sont pas gardés. Le dispositif imaginé par Thiers est de quadriller Paris pour rendre toute résistance vaine.

Les brigades des généraux Paturel et Lecomte fortes d’environ 6 000 hommes, composées de régiments de ligne, de gardes républicains, de gardiens de la paix armés, avec des mitrailleuses devront marcher sur Montmartre. De l’infanterie, de la cavalerie et de l’artillerie restent en réserve.

La division du général Faron composée de régiments de ligne, de gardes républicains, de gardiens de la paix armés, avec des mitrailleuses et de l’artillerie, doit s’emparer des Buttes-Chaumont afin de contrôler Bellevile et Ménilmontant, occuper les gares du Nord et de l’Est.

La division du général de Maud’huy doit occuper l’Hôtel de Ville, la place de la Bastille, l’île de la Cité, le pont d’Austerlitz et le port de l’Arsenal.

Le général Valentin, préfet de police, dispose des gardes républicains installés dans les casernes Lobau et de la Cité, des régiments de ligne et de cavalerie, il doit contrôler les Tuileries, la Concorde et les Champs-Élysées.

Au même moment, seuls trois membres du comité central de la Garde nationale sont de permanence dans l’école de la rue Basfroi dans le XIe arrondissement.


Le 18 mars à trois heures du matin, les soldats se mettent en marche vers leurs objectifs qui sont atteints avant 6 heures, mais personne n’avait pensé aux chevaux pour emmener les canons. Il est incroyable qu’une opération militaire d’une telle envergure ait fait l’objet d’une telle bourde. Adolphe Thiers pilotant l’affaire, quelles étaient ses intentions ce 18 mars ?

La population qui se réveille, se rassemble. Des gardes nationaux arrivent en armes. Le Comité central alerté du mouvement des troupes fait battre l’alarme dans le XIe arrondissement et ordonne d’élever des barricades dans le quartier.

barricade
Une barricade lors du soulèvement du 18 mars 1871

« Les bataillons chargés des arrestations dans les quartiers occupés ne croient pas devoir le faire, de crainte de disséminer leurs forces.» (Archives de l’armée de terre) Il ne s’agit pas seulement de récupérer les canons, mais d’arrêter les meneurs révolutionnaires…

Vers 8 heures, des soldats du 88e régiment de ligne fraternisent avec la population. Le général Lecomte tente de s’y opposer, ordonne de tirer sur la foule mais ses soldats mettent crosse en l’air. À 9 heures le général est fait prisonnier et est conduit au Château-Rouge, tandis que les 80 gendarmes qui l’entourent sont emmenés à la mairie du XVIIIe arrondissement. Les troupes du général Paturel se disloquent. Une partie de la réserve du général Subvielle, installée entre la place Pigalle, le boulevard et la place Clichy fraternise aussi. La permanence du Comité central de la garde nationale est renforcée par des délégués qui arrivent de leurs quartiers encore tranquilles.

Vers 10 heures, les informations parviennent au gouvernement. Il apprend que les troupes du général Faron fraternisent et abandonnent leur matériel. Il y a des barricades dans le faubourg Saint-Antoine, à Ménilmontant. Le gouvernement et le commandant en chef de la garde nationale, le général d’Aurelle de Paladines, tentent d’organiser une offensive en s’appuyant sur les Gardes nationaux des quartiers bourgeois du centre et de l’ouest de la capitale. Sur les 12 000 escomptés à peine 600 répondent à l’appel et retournent chez eux lorsqu’ils constatent la faiblesse de leurs effectifs. Aussi le général Vinoy gouverneur de Paris décide de faire évacuer les quartiers de la rive gauche de la Seine et de replier les troupes sur l’École militaire.

Vers 13 heures, le général Lecomte est transféré à Montmartre sur l’ordre d’un comité local de vigilance. Il est pris à partie par la foule en fête et par ses propres soldats. Il y est rejoint par un autre prisonnier, le général Clément-Thomas, un des commandants de la sanglante répression du soulèvement de juin 1848, qui a été reconnu bien qu’il soit en civil. Vers 14 heures, le Comité central de la Garde nationale donne l’ordre à tous les bataillons de converger sur l’Hôtel de Ville (mouvement que certains d’entre eux ont déjà entrepris). À ce moment-là, Montmartre, la gare de Sceaux, la mairie du XIVe, la gare d’Orléans, le Jardin des Plantes, le palais du Luxembourg, la mairie du Ve sont aux mains des révoltés.

Une colonne venue de Montmartre marche vers la place Vendôme où se trouve le quartier général de la Garde nationale.

Vers 15 heures, le gouvernement revenu de son déjeuner, se divise sur la conduite à tenir : quitter Paris pour y revenir en force ou organiser la résistance dans les quartiers ouest. Affolé par des Gardes nationaux qui défilent devant le ministère où les ministres se trouvent, Thiers décide de quitter Paris pour Versailles et ordonne l’évacuation totale des troupes et le départ de tous les fonctionnaires.

En fin d’après-midi, à Montmartre, la foule déchaînée attaque le poste de la rue des Rosiers2 où se trouvent les généraux Lecomte et Clément-Thomas, qui sont sommairement exécutés, malgré l’intervention du Comité de vigilance de Montmartre3 ainsi que du maire du XVIIIe, Clemenceau. L’Hôtel de Ville, où Jules Ferry tente d’organiser la résistance est abandonné par les soldats.

Vers 20 heures, l’état-major de la Garde nationale, place Vendôme, la Préfecture de police (vide) sont aux mains des révoltés alors que l’Hôtel de Ville est encerclé. Les ordres du Comité Central sont purement défensifs : « barricades partout. Ne pas attaquer ». Le bataillon cernant l’Hôtel de Ville se retire. Jules Ferry reçoit l’ordre d’abandonner l’Hôtel de Ville. Vers 23 heures, l’Hôtel de ville est envahi, et le comité central de la Garde nationale s’y installe.

Mais de nombreux quartiers, surtout à l’Ouest et au centre de la capitale, ne sont pas contrôlés par les insurgés. Victorieux dans Paris, le Comité central refuse de marcher sur Versailles comme certains le lui conseillaient. Son but en effet n’est pas la prise du pouvoir mais bien la résistance à un coup de force gouvernemental, dont les intentions primitives restent obscures. Provocation ? Restauration (l’Assemblée est en effet aux deux tiers monarchiste) ? Stratégie d’Adolphe Thiers pour s’assurer l’accès au pouvoir dans la sanglante répression contre Paris ?

 

Thiers
Thiers

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