>Histoire

18 / 02 / 2023

10 ans … ça suffit !

Les plus jeunes l’ont peut-être oublié. En mars 2013 le patronat dirigé par Laurence Parisot croit venu le moment d’engager une nouvelle offensive contre les acquis ouvriers : retraites, sécu, code du travail …

Mais J.C. Mailly, secrétaire général de la confédération FO, interrogé sur RMC explique : « Il ne peut y avoir de compromis historique sur le marché du travail. ( … ) Le patronat exige de pouvoir licencier comme il veut … » Inacceptable … non négociable … « Non négociable », bien sûr, comme aujourd’hui, la contre-réforme des retraites. (Cf, Frédéric Souillot, édito, 8 février).

A « gauche », Moscovici résume l’état d’esprit de soumission de nombre d’élus : « Le chef de l’Etat (il s’agit de François Hollande) (*) vient de le redire : avec les partenaires sociaux … je vais lutter contre le chômage … » (Interview à Europe 1). Position qui ravit le Fonds monétaire international qui affirme : « Le dialogue social que le gouvernement a lancé avec la participation active des partenaires sociaux … constitue une chance unique qui ne doit pas être ratée ». On ne laisse pas les « corps intermédiaires sur le pas de la porte, au risque de s’en éloigner.

Moscovici bombardé « commissaire européen » déclare fièrement :

« Je m’engage devant vous (messieurs les commissaires)  à faire respecter nos règles budgétaires par tous les états membres … J’aurai une boussole, les règles, rien que les règles, toutes les règles … » (Interview aux ECHOS) : les fameux 3% de « déficit » autorisés, la « règle d’or », le « pacte de stabilité » ou plutôt, de stupidité.

Chance unique qui, compte tenu de la position de notre confédération qui campe fermement sur ses cahiers de revendications a tout de suite du plomb dans l’aile.

Hollande qui a promis à Benoît XVI de se comporter en « garant de l’intérêt général et du bien commun », menace :

« Je dis aux partenaires sociaux que l’occasion ne doit pas être manquée et au patronat en particulier : n’attendez pas que la loi fasse ce que les partenaires eux-mêmes n’auraient pas convenu ».

LA TRIBUNE (un journal de « la finance ») s’inquiète.

 Ce journal note que la résistance ouvrière qui a commencé à s’exprimer le 5 mars 2013  à l’initiative des deux confédérations, C.G.T-F-O et C.G.T. pourrait bien trouver des prolongements sur le dossier explosif des retraites.  Il conseille au gouvernement de tenter le passage en force et de gouverner par ordonnances.

5 mars 2013 : manifestation au Puy en Velay. CGT-FO et CGT expliquent que le patronat veut « sécuriser les licenciements et non l’emploi ».

Le souffle du « vent mauvais ».

 Le pouvoir croyait réaliser l’union sacrée autour de la guerre au Mali. Peine perdue.

Inquiétude aussi pour la contre-réforme Peillon sur l’école qui reste est suspendue en l’air, d’autant que l’acte III de la décentralisation provoque méfiance et hostilité chez nombre d’élus locaux.

Enfin, les sondages prédisent déjà un avenir sombre pour nos « réformateurs ». Le tout petit 10 % de Mario Monti – mais 10 %, c’est encore trop ! – le champion des contre-réformes en Italie hante les dirigeants néo-socialistes et néos « syndicalistes ».

Les journaux et télés domestiqués peuvent bien consacrer leurs efforts à bavarder de la neige et du verglas, de la fumée noire ou blanche du Vatican, rien n’y fait ; chacun a en tête : la courbe ascendante du chômage, les salaires bloqués, le saccage de l’hôpital public (M. Touraine a en charge la « solidarité nationale » et le secteur de la santé), la remise en cause du droit à l’instruction pour tous … et la prochaine nouvelle contre-réforme des retraites.

Et l’on comprend bien que les ordonnances, si elles s’appliquent, ne feront qu’élargir le fossé entre la majorité de la population, notamment les salariés, et les « décideurs ».

L’autogestion des ECHOS : « le capitalisme de parties prenantes … »

S’appuyant sur le rapport Gallois, ex patron d’EADS qui prévoyait l’entrée d’administrateurs salariés plus nombreux dans les conseils d’administration des grandes entreprises, le journal patronal les ECHOS se prend à rêver tout haut :

« L’arrivée de salariés au conseil constitue sans doute le meilleur levier pour faire avancer plus vite les entreprises françaises prisonnières d’un jeu destructeur de postures sociales … pour aller vers ce capitalisme de parties prenantes qui sauvera de lui-même le capitalisme tout court ».

Ce capitalisme « de parties prenantes » que personne n’a jamais rencontré, les mêmes le nomment maintenant, « capitalisme inclusif ». Ces gens-là ne manquent pas de vocabulaire, ni d’imagination.

Laurence Parisot avait salué le rapport et ses 22 préconisations estimant qu’ « il s’agit d’une étape décisive vers un bing bang économique salvateur ». (Source : LES ECHOS).

« Les petites réformes » ou un « bing bang salvateur » … ?

 

Denis Kessler qui veut faire « gagner la France » ne tarit pas d’éloges pour Manuel Valls, « l’exfiltré de Barcelone », surtout depuis que le ténébreux a déclaré : « j’aime les entreprises ».

 L’incontournable ex maoïste Denis Kessler avait choisi le journal de la « droite » de la « droite », VALEURS ACTUELLES pour en rajouter une couche.

« Question : Faut-il toucher au système de retraite ?

 Réponse de Kessler : « Oui. On a jusqu’à présent procédé à de petites réformes en modifiant à la marge la durée des cotisations et la valeur des pensions.

( … ) Que l’on soit fonctionnaire ou salarié du privé, les cotisations (devraient être) transformées en points … les droits seraient portables de la fonction publique au secteur privé et vice versa. Cela permettrait de résoudre le problème de l’âge de départ à la retraite et de la durée de cotisation …

(… ) Ainsi les régimes de retraite de la fonction publique convergeraient avec les régimes privés pour aller vers un système universel et juste … »

Ce fameux système « universel » dont on nous rebat toujours les oreilles …

« Retour dans le monde réel ».

 Pour enfumer les travailleurs, le gouvernement tente le coup des « grandes conférences sociales ».

Interrogé par LCI, J.C. Mailly pointe « l’inutilité de cette grand-messe. Je vais vous dire : tout le monde s’y emmerde ».

« On trouve ça long, peut-être vous-aussi d’ailleurs » a-t-il lancé aux journalistes présents. Et, quittant le plateau : « Maintenant, je retourne dans le monde réel ».

Pas content du tout, notre pauvre président de la Vème de la république des copains et des coquins en chute libre dans les sondages, déjà, (en attendant la chute finale) se croit malin d’insister ; les « partenaires sociaux », représentants des patrons et des salariés sont priés de se conformer à sa « feuille de route » … pour les quatre ans à venir. Rien que ça ! Il proclame :

« ( … ) Vous êtes la France et vous la servez par les actions que vous menez. ( … ) Vous portez une part de l’intérêt général ! » ; ça fleure bon son Vichy.

Des bidules, toujours et encore …

  1. Hollande tente de convaincre: « Des outils sont mis en place. Nous avons installé le haut Conseil de financement de la protection sociale ». Il fallait « trouver immédiatement » 20 milliards … Et puis le fameux Conseil d’orientation des retraites dont les rapports ne plaisent pourtant pas toujours en haut lieu …

Sans oublier « la conférence nationale de l’industrie qui sera prochainement réunie … » Tout cela pour déboucher sur un pacte « de responsabilité » et de « compétitivité » que ne cautionne pas notre confédération. Elle avait bien raison d’autant que le MEDEF avait annoncé son souhait de renvoyer « au niveau de l’entreprise » toutes négociations avec les « partenaires sociaux » promus au rang de « collaborateurs » permanents.

Les « acteurs » de 2013 ont connu pour certains d’entre eux, quelques déboires, notamment sur le plan électoral. Tant mieux. Mais ils n’ont pas tous disparu comme par enchantement. Ni surtout leurs « idées » et leurs projets …

  • 13 juin 2012. C’est devant le CESE (Conseil économique et social environnemental), que F. Hollande prononce un discours à la gloire de l’Etat, garant du bien commun. Extraits :

« L’Etat, c’est l’instance qui oriente, qui arbitre et qui dans bien des domaines, décide. L’Etat garantit l’idée même du bien commun. Par-delà la confrontation des égoïsmes ou des … euh … corporatismes ou … euh … de l’exubérance des attentes parfois irraisonnées … l’Etat, c’est l’incarnation  de l’intérêt général même si l’Etat ne détient pas par lui-même le monopole de l’intérêt général … » puisque le président-Bonaparte de la Vème république « du coup d’état permanent » en appelle à la mobilisation générale des « corps intermédiaires », incluant selon Lui, les confédérations ouvrières … il y a le CHEF DE L’ETAT qui « arbitre » et puis, ses subsidiaires.

Notons que l’actuel chef de l’Etat qui entend se passer de la collaboration des corps intermédiaires (même de la CFDT) est nommé le 15 mai 2012, secrétaire général du cabinet du président de la république. Un poste stratégique.

10 ans (et même un peu plus), 10 ans déjà !

10 ans, ça suffit ! 

JM 18 février 2023

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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