>Édito

1 / 12 / 2023

Stop au carnage !

Devant une centaine de patrons à l’Élysée la semaine dernière, Emmanuel Macron a réaffirmé qu’il allait mener à terme son plan de liquidation des acquis sociaux, de la Sécurité sociale et des services publics, tout en arrosant généreusement de fonds publics une minorité d’affairistes. Il s’en est pris aux organisations qui gèrent l’Agirc-Arrco et refusent que l’État ponctionne les réserves de cet organisme paritaire pour financer les « petites retraites ».

« Réveillez-vous ! », a-t-il martelé.

Deux jours avant, la Première ministre élisabeth Borne avait annoncé devant l’Assemblée Nationale le recours au 49-3, le huitième depuis la reprise des travaux parlementaires fin septembre, pour faire passer en force le budget 2024 de la Sécurité Sociale fondé sur une économie de 3,5 milliards d’euros de ses dépenses relatives à la santé, c’est-à-dire sur les soins dont la population a un besoin vital.

Tout cela s’ajoute à la suppression, dans le cadre du budget de l’état, de 2 700 postes d’enseignants à la rentrée prochaine, au gel du point d’indice des fonctionnaires pour l’année 2024 ou encore à l’allègement d’un milliard d’euros de la contribution sur la valeur ajoutée (CVAE) payée par les employeurs.

A l’occasion de la venue du président de la République mardi dernier à la Cité des congrès à Nantes, nous avons exprimé notre opposition à toutes ces mesures en l’accueillant avec une casserolade.

La grande majorité des travailleurs rejette comme nous cette politique et la colère exprimée à l’occasion de la réforme des retraites est toujours présente. Certes, elle ne s’exprime pas pour l’instant de manière brutale mais il ne faudrait peut-être pas grand-chose pour qu’elle explose à nouveau au grand jour et de manière décuplée. Nous devons nous y préparer. Pour cela, nous devons exprimer notre opposition résolue aux mesures qui conduisent à abaisser le coût du travail et à sacrifier nos droits et garanties collectives. Reste la mobilisation. L’action commune sur la revendication sans ambiguïté de retrait de la réforme des retraites a été un puissant levier pour la mobilisation de janvier à mai. Elle n’a pas permis de gagner, mais elle est un puissant instrument pour entraîner la majorité dans l’action. Précisons que l’action commune n’a strictement rien à voir avec l’unicité syndicale permanente (ou syndicalisme rassemblé) dans laquelle les appels ou déclarations « unitaires » sans contenu revendicatif précis et sans cibler le gouvernement agissent comme autant d’anesthésiants dans la classe ouvrière. L’appel à une nouvelle manifestation européenne « contre l’austérité » le 12 décembre prochain, après celle du 13 octobre dernier, s’inscrit dans cette logique de « syndicalisme rassemblé ».

Nous ne pouvons pas conclure cet éditorial sans revenir sur la situation à Gaza. Alors que des manifestations et les prises de position se multiplient en France et à l’échelle internationale pour la paix et le cessez-le-feu à Gaza, le président de la République – malgré quelques circonvolutions – continue de soutenir le gouvernement israélien d’extrême-droite. Répondre aux crimes du Hamas contre les civils israéliens par le massacre de populations palestiniennes ne peut qu’entraîner une spirale infernale.

Comme Union Départementale, nous avons participé à tous les rassemblements exigeant le cessez-le-feu, l’arrêt des bombardements et la levée du blocus conformément à nos traditions internationalistes. Nous avons été à l’origine de tous les communiqués intersyndicaux appelant à ce cessez-le-feu, avec la CGT, FSU et Solidaires et quelques fois avec la CFDT, l’UNSA et la CFTC. Nous sommes horrifiés par ce massacre de la population palestinienne, horrifiés par les déclarations de Netanyahu lorsqu’il explique qu’il « s’agit d’une lutte entre les enfants de la lumière et les enfants des ténèbres » et de son infâme ministre de la défense qui ose dire : «nous combattons des animaux humains et agissons en conséquence».

Nous avons refusé de marcher le 12 novembre derrière ceux qui soutiennent cette monstruosité et nous accusent d’être antisémites et de faire l’apologie du terrorisme parce que nous ne soutenons pas, comme beaucoup d’Israéliens, le gouvernement de Netanyahu. Tout cela relève d’une manipulation. Nous publions en pages 6 et 7 un dossier pour réfuter cette propagande et rappeler la position traditionnelle de notre organisation syndicale face à la guerre. Bien entendu, il y aurait beaucoup de choses à ajouter. Par exemple, le plan de partage de la Palestine décidé en 1947 par les Nations Unies (ONU) a conduit inévitablement à la situation dans laquelle se trouvent la population et les travailleurs palestiniens aujourd’hui.

Nous continuerons donc à manifester pour exiger le cessez-le-feu immédiat et permanent et de répondre à l’appel à l’aide d’une trentaine d’organisations syndicales palestiniennes. Voici le bilan à Gaza depuis le 8 octobre : plus de 20 000 morts (68% de femmes et d’enfants), 50 000 maisons rasées, 266 écoles et 240 000 logements lourdement endommagés, 26 hôpitaux hors service, plus de 60% des emplois détruits (soit 182 000 emplois), des files interminables pour se procurer de l’eau potable et de la nourriture et l’horreur des bombardements incessants, etc.

Il faut stopper ce « carnage » ! Nous manifesterons donc jusqu’au cessez-le-feu définitif !

Nous sommes certains que notre confédération finira par s’associer pleinement à cette exigence, conformément à nos traditions de défense des libertés, de la démocratie et de tous les peuples opprimés dans le monde à commencer par les Palestiniens.

par Michel Le Roc’h,

secrétaire général de l’union départementale

CGT-Force Ouvrière de Loire-Atlantique

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