29 / 09 / 2024
Deuxième partie (2/3).
Le PEUPLE, journal de la CGT, le 9 juin 1945 :
Alors que des milliers de cadavres d’algériens s’empilent à raison de « 400 à 500 massacrés par jours » (selon l’historien JL Planche, dans son livre « Sétif, 1945, chronique d’un massacre annoncé », les archives parlent, 400 pages), le journal de la CGT publie une brève intitulée : « les évènements d’Algérie ».
« Les évènements d’Algérie ont eu un douloureux écho dans la classe ouvrière française. Que n’a-t-on écouté les militants syndicalistes d’Afrique du Nord lorsqu’ils dénonçaient le sabotage du ravitaillement et les agissements des agents de la Vème colonne ?
Nous avons le devoir de souligner le courage des organisations syndicales d’Algérie pour empêcher que le mouvement ne s’étende à d’autres régions.
Il est un fait indiscutable que même les adversaires du syndicalisme sont obligés de reconnaître, c’est que partout où la CGT est présente, aucun incident du genre de ceux du Constantinois ne s’est produit.
Que la classe ouvrière d’Algérie comme celle du Maroc et de la Tunisie sache que la CGT mettra tout en œuvre pour que toute la lumière soit faite sur ces douloureux évènements et que soit instaurée dans ces pays , une politique économique, sociale et humaine conforme aux aspirations et à la tradition démocratique française ».
Même les ennemis du syndicalisme reconnaîtront …
Il est certain que les ennemis du syndicalisme ne peuvent que se réjouir de voir la grande CGT réunifiée soutenir aussi lamentablement le colonialisme et ses crimes.
L’article reprend les pires calomnies de l’appareil dirigeant du parti stalinien ; les militants algériens qui se battent depuis vingt ans pour l’indépendance et la souveraineté sont qualifiés d’agents de la Vème colonne, autrement dit, des agents du nazi français Doriot. Certes, l’article ne reprend pas en intégralité les éructations du PCF, par exemple, ceci : « Le Comité central du PCF demande que soient passés par les armes les instigateurs de la révolte et les hommes de main qui ont dirigé l’émeute ». Mais l’article honteux du PEUPLE sonne, pour certains militants cgtistes d’Algérie, comme un véritable appel au meurtre.
Loin d’exiger le cessez-le–feu immédiat et la libération de tous les prisonniers « musulmans », la direction confédérale, pourtant informée de la gravité des faits, choisit de couvrir de son autorité la politique du gouvernement d’union nationale ; un choix très politique aux conséquences gravissimes.
LE PEUPLE du 16 juin publie quelques lignes particulièrement odieuses. C’est le chef stalinien H. Raynaud qui crache son venin :
L’article est intitulé « les incidents du 8 mai ». Cinq semaines après le début des massacres, celui-là en est toujours à déplorer des « incidents ». Il écrit :
« Il n’y a pas eu de révolte arabe, d’émeute de masse mais la mise en jeu d’une provocation, d’un complot longuement préparé contre la France … les instigateurs ont été fournis par le Parti Populaire Algérien de Doriot. »
Et puis plus rien. Silence au sommet de la CGT.
En France, les défenseurs de l’ordre colonial, du PCF à l’extrême droite se déchainent ; parmi eux, un certain Georges Bidault.
Georges Bidault fut président du CNR aux côtés des responsables de la CGT. Il succède à Jean Moulin, fervent gaulliste, torturé et assassiné par les nazis. Fervent gaulliste et ardent défenseur de l’ « Empire », Bidault est l’un des plus fanatiques défenseurs de l’Algérie française. Il rivalise avec les chefs staliniens pour dénoncer les militants indépendantistes algériens et le « chauvinisme arabe ». (Etienne Fajon, PCF)
« Partisan farouche de l’Algérie française, il quitte la France en mars 1962, à la veille de l’indépendance de l’Algérie. En juillet 1962, son immunité parlementaire est levée après avoir fondé à l’étranger un « CNR » visant à défendre l’Algérie française ». (Source : musée de l’ordre de la Libération).
Il est Grand Croix de la Légion d’honneur, Compagnon de la Libération etc.
Il faut attendre LE PEUPLE du 6 janvier 1946 pour trouver de nouvelles informations syndicales.
On apprend que « le Comité de coordination des Unions des syndicats CGT réuni à Alger, après avoir examiné les différents problèmes posés par la situation actuelle a voté à l’unanimité un certain nombre de résolutions ayant trait :
à la sécurité sociale.
La résolution générale « souligne le désir des masses laborieuses de voir s’instaurer en Algérie une politique sociale hardie garantissant les travailleurs contre les risques et comprenant les charges de famille qu’ils ont à supporter. La CGT demande que soit hâtée la réalisation des projets mis au point par la mission de sécurité sociale ».
Chômage.
« ( … ) La CGT s’étonne d’apprendre que l’on envisage de remplacer les prisonniers italiens rapatriés par des prisonniers allemands et s’oppose à l’emploi de cette main-d’œuvre dans les secteurs de l’économie où la main-d’oeuvre locale chôme … »
Conseil des prud’hommes
« La CGT demande à monsieur le gouverneur de l’Algérie … la suppression des deux collèges électoraux et la création d’un collège accordant à tous les mêmes droits et les mêmes prérogatives … »
Amnistie des emprisonnés politiques musulmans.
« La CGT enregistre avec satisfaction les premières mesures de libération prises par monsieur le gouverneur général en faveur de 403 internés musulmans et demande en conséquence
La suspension des exécutions.
La révision des procès.
L’amnistie totale en faveur des internés et détenus politiques musulmans … »
Il n’est pas question dans cet article d’ « agents hitlériens du PPA ». Mais il n’est pas non plus question de revenir sur les premières explications des « incidents », encore moins de s’engager sur le terrain de la solidarité internationale des peuples, et encore moins du droit à l’indépendance qui reste un sujet tabou.
Le comportement d’une certaine CGT en Algérie.
Jean-Louis Planche fournit quelques informations utiles. Les comportements racistes décrits ici ne concernent pas tous les militants CGT, heureusement.
Il étudie la situation à Guelma où la répression coloniale a atteint des sommets. Il écrit :
En 1945, « l’union locale CGT connaît un véritable essor. Des syndicats se créent chez les employés communaux, aux Ponts et Chaussées (et même) dans les petites entreprises ». Il y aurait de quoi se réjouir !
Pourtant, ce n’est pas si simple. « L’afflux des musulmans inquiète les dirigeants. A présent en majorité parmi les syndiqués, ils pourraient à tout moment prendre légalement le contrôle de la CGT ». Le préfet, le Gouverneur, les militaires, la police française, l’Eglise catholique (1) y voient un grave danger. Hélas nombre de dirigeants syndicaux français cgtistes aussi, y compris ceux qui ont la carte PCF ou SFIO en poche.
Yves Chataigneau (1891-1969), gouverneur général de l’Algérie. Il a été membre du cabinet de Léon Blum lors du Front populaire. En 1940, Vichy le nomme ministre de France en Afghanistan. En 1942, il rejoint de Gaulle qui l’expédie à Beyrouth pour représenter la « France ». Il participe à l’emprisonnement du gouvernement libanais (des « rebelles », pas loin d’être fichés « S » !) en 1943. Son « sang-froid », selon JL. Planche, émerveille le général qui le missionne en Algérie. Il est nommé grand officier de la Légion d’honneur le 21 février 1948. Politiquement il peut être de « gauche », d’extrême droite ou de droite, L’individu est un colonialiste convaincu. C’est un pilier de l’ « arc colonialiste ». Il sait s’adapter aux circonstances. Les algériens n’ont pas regretté son retour en métropole.
Document : extrait du livre paru en 2020, du dirigeant PCF, Gaston Donnat, responsable de la section coloniale du parti, dans : « Algérie, Afrique, Cameroun, pour que nul n’oublie, l’itinéraire d’un anti colonialiste ». (Page 172). Il écrit :
« Au cours des deux mois que je passais en Algérie (venant du Cameroun) tout ce que je vis et entendis fis naître en moi une sourde inquiétude. Plusieurs collègues instituteurs algériens que j’eus l’occasion de rencontrer dirent nettement qu’après mai 1945, il n’y avait plus qu’une alternative possible : la conquête de l’indépendance par tous les moyens qui se présenteraient aux Algériens.
Et ce qui me fit le plus de mal, c’est qu’ils mirent en cause le Parti Communiste Français pour son appartenance au gouvernement qui avait fait effectuer les bombardements et avaient laissé s’opérer les ratonnades colonialistes.
De ce fait, ils retiraient leur confiance à notre parti et ne comptaient plus que sur les forces nationalistes.
J’eus beau leur expliquer que les ministres communistes n’avaient pas été mis au courant et que le Parti avait pris très rapidement une position très nette condamnant la répression, ils restèrent sur leur appréciation ; toute mon argumentation ne servit à rien.
Je voyais bien que déjà, dans les deux communautés, les points de vue se cristallisaient, que le fossé s’était creusé et l’avenir me paraissait incertain ».
( … ) avait pris très rapidement …
La réalité est toute différente.
Extrait du livre de Grégoire Madjarian : « la question coloniale et la politique du PCF, 1944-1947 ». Le chapitre six est consacré à « l’insurrection du Constantinois »
L’HUMANITE du 31 mai approuve fermement l’emprisonnement des militants algériens. Non seulement, les dirigeants du parti stalinien continuent leurs calomnies à l’encontre des indépendantistes du PPA, mais ils dénoncent aussi l’action pourtant pour le moins modérée des partisans de l’ « assimilation ». La preuve :
« On apprend l’arrestation après les évènements (!) de Constantine, de Ferhat Abbas, conseiller général, président du Comité des Amis du Manifeste. ( … ) Il est bien que des mesures soient prises contre les dirigeants de cette association pseudo nationaliste dont les membres ont participé aux tragiques incidents (!) de Sétif ».
Le 12 juin, 13 condamnations à mort avaient été prononcées. Le quotidien fondé par Jaurès – pauvre Jaurès ! – récidive en titrant :
« Le procès des émeutiers de Sétif ». Madjarian a raison d’écrire : « le PCF ne mettait en cause ni cette parodie de justice ni les peines prononcées ; les condamnés eurent surtout droit au dédain ; ils n’étaient (selon les chefs staliniens) que des comparses, simples instruments plus ou moins conscients, tandis que les provocateurs vichystes étaient toujours en place ». Ce qui constituait un appel à renforcer la répression.
L’HUMANITE du 30 juin rend compte du congrès du PCF. Caballero, secrétaire général du PCA y prend la parole, « très applaudi » :
« L’orateur explique les causes et les méthodes du complot fasciste qui a abouti à la provocation de Sétif. Il conclut que le peuple algérien a les mêmes ennemis que le peuple français et ne veut pas se séparer de la France … » puis il parle de « la 5ème colonne et de la démocratie véritable … »
C’est à ce congrès que Maurice Thorez va jusqu’à souhaiter l’intensification du pillage des ressources de l’Algérie : « Nous manquons de viande (en France). L’Algérie pourrait nous fournir un million de moutons chaque année ». Tels sont les faits. Les militants CGT sont tenus de suivre la ligne du parti pour ne pas être eux-mêmes accusés d’être des agents de la Vème colonne.
Les faits, encore : « Sur une distance de 150 km, de Sétif à la mer, la loi martiale fut proclamée. La troupe reçut l’ordre de tirer sans sommation sur le burnous. Tout Arabe ne portant pas le brassard réglementaire était abattu. Les légionnaires furent autorisés à massacrer toute la population arabe de Sétif, et même ailleurs, où aucune manifestation n’avait eu lieu. ( … ) l’aviation bombardait et mitraillait à l’intérieur, tandis que des navires de guerre canonnaient des villages côtiers. D’après ce que reconnut le général Weiss, il y eut en quinze jours, vingt actions aériennes contre la population. Les avions détruisirent 44 mechtas, groupes de maisons pouvant aller de 50 à 1000 habitants … » (page 105).
« La milice civique » : les sections d’assaut des colons.
JL Planche consacre un chapitre aux « miliciens de Guelma ». Il écrit que le ministre (de l’intérieur) « socialiste » sait « que des exécutions ont été effectuées que d’aucuns disent massives …le ministre cherche à s’informer. Il a besoin de savoir ce qu’il est nécessaire de taire ». Par exemple la participation des « camarades », « socialistes » et « communistes » au massacre. Mieux vaut rester discret. Le commissaire Tocquart « qui présente des signes d’instabilités … » renseigne l’honorable ministre de la République. « L’ordre règne, aussi illégal soit-il … les enfants d’européens vont à l’école ».
Sétif, Guelma …Mai-juin 1945 … Gaza, 2023, 2024 …
Le tribunal de salut public.
Il vise à « éradiquer » le « complot » imaginaire contre Guelma. Un certain commissaire Bergé note : « les sentences à mort sont exécutables sur le champ ». JL Planche indique :
« Les condamnés sont entassés dans deux camions des ponts et Chaussées, attachés par groupes de quatre, gardés par des gendarmes et des miliciens. La contenance totale des camions est de trente hommes ». Les miliciens saisis de folie meurtrière sont « des hommes ordinaires, des enseignants, des ouvriers, des médecins, des employés … » On les imagine, échangeant leurs impressions à la sortie de l’école, s’ils ne trouvent pas cette tâche familiale trop dégradante pour d’honorables pères de famille. Les dirigeants de l’UL CGT savent, sont complices silencieux, ou participent activement …
« Je vous couvre entièrement … »
Le préfet venu de Constantine rassure les miliciens de « l’ordre, l’ordre, l’ordre » ; celui-là ne parle pas de « concorde ». : « Je vous couvre entièrement, même si vous faites des bêtises ». Parole tenue.
Les opérations de « nettoyage » frappent tout particulièrement le bidonville de Guelma. Les gueux, les sans-dents, « ceux qui ne sont rien », les arabes « fanatiques » y sont nombreux … « Les miliciens ouvrent le feu sur le bidonville écrasant sous les grenades et mitraillant à vingt mètres de toutes leurs armes … » L’Etat colonial utilise « comme main-d’œuvre d’appoint », les services de prisonniers de guerre italiens mais aussi les tirailleurs sénégalais et les goumiers marocains.
Le sous préfet Achiary s’illustre encore. (Source : rapport du commissaire Bergé). « Le supplice des exécutés est lent, théâtral : « Vengez-vous messieurs les colons, crie le sous-préfet. Les suppliciés sont exécutés un à un, le capitaine de gendarmerie portant le coup de grâce. Puis les corps sont entassés, arrosés d’essence et brûlés … vous voyez comment nous faisons, nous français, pour les musulmans, lance le sous-préfet à l’assistance. Ne regrettez pas. Je ferai comme cela deux ou trois fois comme cela si nécessaire ».
Les colons s’organisent en sections d’assaut. A Guelma, la milice compte 800 hommes. « Elle est commandée par Henri Garrivet, secrétaire de la section socialiste (l’auteur n’emploie pas de guillemets pour : socialiste) de Gabriel Cheyland, secrétaire de la CGT (UL) et Marcel Champ, président des Anciens combattants, socialisant ».
C’est le début d’une liste d’exactions interminables dont il est inutile ici de décrire le détail. Quelques historiens l’ont fait.
Le secrétaire de l’UL CGT est fier de ses exploits. « Il se félicite d’avoir commandé la milice ».
Cheyland écrit que « les syndiqués CGT musulmans des chemins de fer et des Ponts et Chaussées sont les éléments les plus lettrés et évolués … donc les plus dangereux », organisateurs d’un « complot » qui englobait selon lui, « tous les musulmans, du plus riche au plus pauvre, du demi-intellectuel à l’ignorant, de l’athée au fanatique religieux en passant par le syndicaliste, le petit bourgeois, l’ancien combattant, l’élu, le scout et le sportif ».
L’individu en fait quand même un peu trop. Le 18 juin, à Alger le secrétaire régional de la CGT, un certain Soler tente dans un premier temps de tout justifier pour finalement proposer l’exclusion de l’individu. La région CGT vote l’exclusion de Cheyland … qui n’est nullement inquiété par la justice (2). C’est que la justice coloniale est à la justice, ce que la musique militaire est à la musique.
Quant à l’instituteur Garrivet, son cas mérite d’être connu :
« Garrivet, l’instituteur qui fit exécuter ses propres élèves :
Lorsqu’il fut chargé par Achiary d’établir la liste des personnes à exécuter, l’instituteur français Henri Garrivet, meneur de ces milices de la mort, avait demandé, selon plusieurs témoins, qu’on lui permette de placer en premier les noms de ses propres élèves. Des élèves de la classe 1935 furent ainsi arrêtés et exécutés le 11 mai 1945 dans la caserne militaire de la ville avec 9 autres militants nationalistes ayant participé à la manifestation pacifique du 8 mai 1945. Les quelques personnes qui n’avaient été « que blessées », furent incinérées dans les fours à chaux de sinistre mémoire dans la région d’Héliopolis ».
Le ministre de l’intérieur « socialiste » Adrien Tixier.
JL Planche explique : Lorsque l’honorable ministre Tixier annonce sa visite à Guelma, côté colons « le besoin de mettre fin aux aspects les plus choquants du désordre se fait sentir ». Le lieutenant B, officier des services spéciaux détaché au cabinet du ministre témoigne : « Les débris humains sont transportés par camions. Le transport s’effectue avec l’aide de la gendarmerie de Guelma pendant la nuit. Les restes de 500 indigènes ont été amenés au lieu-dit Fontaine Chaude et brûlés dans un four à chaux avec des branches d’oliviers par des prisonniers de guerre italiens … Le lieutenant précise que Bouchemal, un des trois chauffeurs, employé de l’administration, a été abattu une nuit. Les gendarmes craignaient qu’il ne parle, et ils se sont assurés par cette exécution du silence des deux autres ». Voilà pour Guelma ville.
Dans les campagnes, le tableau est tout aussi effrayant. Pour ne pas être trop long, un seul témoignage, celui du bachagha Saïd Benhabyles qui décrit « l’investissement d’un village » :
« Jamais je n’oublierai le souvenir de ces pillages, de ces viols, de ces incendies, de ces canons, de ces mitrailleuses, de ces troupes massées aux abords du village et dans le village, l’arme au pied, de ces arrestations, de ces exécutions massives, de ces dénonciations de fellahs terrorisés … »
Le but commun avoué des colons, de droite, ou extrême (les partisans des CROIX DE FEU étaient nombreux en Algérie) ou de « gauche », est d’ « éradiquer » le PPA de Messali Hadj. Ils n’y parviendront pas.
Le PPA clandestin avait lancé dès le 10 mai un mot d’ordre de grève générale. Mais son implantation était encore trop faible et la terreur allait tout emporter. D’ailleurs « sur le champ, le PCA et la CGT avaient menacé d’exclusion tout gréviste ». Difficile d’être plus servile.
On pourrait y consacrer toute une thèse : le soutien sans faille de l’Eglise catholique aux politiques coloniales. Notons ce point rapporté par l’ambassadeur de France au Vatican de 1932 à 1941 (y compris la période « Front populaire). Charles-Roux écrit :
« Un congrès eucharistique national est organisé à Alger en mai 1939. Pendant quatre jours, la métropole de notre Empire africain avait été le théâtre de grandioses manifestations chrétiennes, certaines en plein vent dans la rue. … les autorités civiles, gouverrneur-général en tête, avaient veillé à leur déroulement dans l’ordre le plus parfait et y avaient assisté. La population européenne y avait participé en masse … le prestige de notre souveraineté en avait profité ». On ne sait si les « responsables » locaux de la CGT étaient de la fête.
En terrain conquis. 11 mai 1939. Le journal l’écho d’Alger publie le message bienveillant de PIE XII.
On peut ne pas oublier qu’à la cérémonie d’hommages des ambassadeurs mandatés au Vatican à l’occasion du décès de PIE XI en février 1939, c’est un certain monsieur Von Berger qui exprime au nom de tous les autres ambassadeurs, sa profonde affliction. Notre Charles-Roux décrit la scène : « Notre doyen, ambassadeur d’Allemagne revêtait pour la 1ère fois en public le sobre uniforme de fonctionnaire nazi … » (Charles-Roux, mémoires politiques, Page 253).
Le quotidien LA CROIX au service de l’ « ordre » et de « l’Etat ». (Source : BnF).
Le quotidien publie le 10 mai 45 :
« ( … ) Nous ne dirons plus désormais l’Empire, qui évoquait la mise sous tutelle des peuples par un autre peuple. Nous dirons : l’UNION FRANCAISE, terme plus humain et plus chrétien ».
Le 15 mai : Le saint quotidien titre : « les troubles d’Algérie ». Le saint quotidien ne remarque pas les musulmans massacrés … comme certains ne voient rien d’anormal à la situation actuelle de la Palestine ni les bombardements au Liban.
Il y aurait bien quelques « foyers d’agitation » à cause des « provocateurs ». Dieu soit loué, « les forces de police intervinrent partout et rétablirent l’ordre. Dans de nombreux endroits, les européens avaient d’ailleurs réussi à se grouper et à tenir tête aux émeutiers ». La CROIX reproduit les communiqués du gouverneur-général qui copie ceux de l’HUMANITE. Ainsi va « l’arc colonialiste ».
Concernant Cheyland et l’UL CGT de Guelma, le MAITRON indique :
« (…) La CGT prend des mesures de redressement ; c’est depuis Constantine, le bureau de l’Union Départementale qui demande la destitution de Gabriel Cheylan, du secrétariat de l’Union locale de Guelma ; en date du 10 juin selon les Renseignements généraux. Le bureau de l’UL se rebiffe ; il réaffirme son soutien au camarade Cheylan qui, au cours de « l’insurrection musulmane » du 8/11 mai 1945, a su faire face à « l’arrogance des syndiqués musulmans ». Le bureau de l’UL se sépare aux cris de : « Vive la CGT, vive l’Algérie française, vive la République » (Source : la thèse de J.-P… Peyroulou,). Mais l’UL ne peut passer outre la décision des organes de la CGT. Gabriel Cheylan sera aussi exclu du PCA ». (P « C » A, parti « communiste » d’Algérie).
Troisième partie : L’union nationale, jusqu’au bout.
J.M 29-09-2024
chaud ! chaud ! chaud !
leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre
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