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France 29 / 09 / 2017

STX Saint-Nazaire : avec le passage sous contrôle italien, FO craint pour l’emploi

L’État a cédé la majorité des parts des chantiers navals STX de Saint-Nazaire à l’Italien Ficantieri le 27 septembre, mettant ainsi fin à la nationalisation temporaire du site.

Le syndicat FO dénonce une « aberration complète » et s’inquiète pour l’avenir.

Après deux mois de discussions plutôt tendues, Emmanuel Macron a finalement cédé le contrôle des chantiers navals STX de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) à l’italien Ficantieri. Un accord a été trouvé le 27 septembre avec le président du Conseil italien Paolo Gentiloni.

Les chantiers avaient été mis en vente en octobre 2016 par le sud-coréen STX, actionnaire majoritaire. Un accord de cession avait été conclu en avril 2017 entre le précédent gouvernement et le constructeur naval italien Ficantieri. Ce dernier, associé à une fondation italienne, devenait actionnaire majoritaire avec 55 % des parts. Dans ce schéma, l’État français conservait 33,3 % des parts, le reste allant aux actionnaires français.

Emmanuel Macron fraîchement élu avait rouvert le dossier, estimant que cet équilibre n’était pas suffisamment protecteur pour préserver l’emploi et le savoir-faire du fleuron industriel hexagonal. Ficantieri refusant de partager le contrôle des chantiers navals à parité avec la France, l’exécutif avait annoncé fin juillet la nationalisation temporaire du site. Cette nationalisation était revendiquée depuis des années par FO, qui regrettait qu’elle ne soit que provisoire et craignait l’absence de solution pérenne.

Selon FO, Ficantieri aura carte blanche

Effectivement, deux mois plus tard, c’est la douche froide. Ficantieri devient finalement l’actionnaire majoritaire, dans un montage pour le moins subtil : il obtient 50 % des chantiers navals STX auxquels s’ajoute 1 % prêté par l’État français. Ce dernier se réserve le droit de reprendre son 1 % si l’Italien ne respecte pas ses engagements sur une période de douze ans. Il s’agit notamment du maintien des emplois, de la charge de travail, des sous-traitants et des activités de recherche de STX.

« Ce montage abracadabrantesque, c’est de la poudre aux yeux, les Italiens auront carte blanche, dénonce Nathalie Durand-Prinborgne, déléguée FO sur le site de Saint-Nazaire. On avait espéré que l’État mette à profit la nationalisation temporaire pour trouver un autre acquéreur. On ne comprend pas pourquoi il a tapé sur la table en juillet pour accepter en septembre, au lendemain de l’annonce concernant Alstom. On se demande quelle est la politique du gouvernement en matière d’industrie. On a des compétences et un savoir-faire reconnus et il n’est pas capable de les garder. »

Elle craint pour l’emploi, alors que les chantiers comptent 2600 salariés et font travailler environ 5000 sous-traitants. « On entend bien les promesses sur l’avenirpoursuit la déléguée FO. Mais après le rachat d’Alstom, General Electric a supprimé pas mal d’emplois malgré ses engagements. Un nouvel actionnaire majoritaire trouve toujours le moyen de virer des salariés. »

Saint-Nazaire en concurrence avec les chantiers navals chinois

Les risques sont réels. STX comme Ficantieri étant tous deux des constructeurs navals et concurrents directs, il y aura forcément des postes en doublon. Le syndicat FO alerte aussi depuis des mois sur le transfert de technologies entre Ficantieri et la Chine pour la construction de navires. «  Les négociations sont finies, il y a maintenant quatre paquebots en commande en Chine, ce chantier va être en concurrence directe avec nous », s’inquiète Nathalie Durand-Prinborgne.

Elle évoque également le recours de Ficantieri à la sous-traitance délocalisée dans des pays à bas coûts et aux travailleurs détachés. « Ça ne sera pas loin pour les faire venir d’Italie, j’ai des craintes pour la sous-traitance locale. »

Pour les Italiens, le principal atout des chantiers de Saint-Nazaire réside dans sa cale et son portique géants. «  Le danger serait qu’on se mette à fabriquer seulement de très gros paquebots, en monoproduit, explique la déléguée FO. Si le marché est à l’arrêt, ce qui est déjà arrivé, on fera quoi sur le site ? Ficantieri appartient à plus de 70 % à l’État italien. S’il y a un problème, il va privilégier l’emploi italien. »

Une coopération navale militaire à l’étude

Le gouvernement a également annoncé la mise en place d’un groupe de travail en vue d’étendre la coopération à la construction navale militaire, avec le rapprochement entre Ficantieri et le français Naval Group (ex DCNS). Une inquiétude de plus pour Nathalie Durand-Prinborgne. « S’il y a accord, ce n’est pas sûr qu’on continue à fabriquer des bateaux militaires, poursuit-elle. Or ils permettent aux chantiers d’avoir une activité diversifiée et c’est le seul type de bateaux pour lesquels on dégage de la marge, on doit les conserver. »

De son côté, la fédération FO Métaux demande en urgence une réunion au plus haut niveau de l’État pour échanger sur les dossiers STX et Alstom. Elle estime que l’État doit « tenir un rôle de stratège et impulser une véritable politique industrielle pour notre pays ». Elle appelle à trouver un « pacte d’actionnaires équilibré permettant de ne pas brader l’industrie des pays concernés. »

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