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économie 2 / 08 / 2017

STX Saint-Nazaire : une nationalisation hélas toute provisoire

Le gouvernement a annoncé le 27 juillet sa décision de nationaliser le fleuron français de la construction navale, faisant valoir le droit de préemption de l’État.

Mis en vente depuis octobre 2016 par leur propriétaire coréen, les chantiers STX France de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) -qui selon un accord de cession conclu en avril dernier devaient revenir au groupe italien Fincantieri- sont pour l’instant repris par l’État. Celui-ci ne détenait jusqu’à présent que 33,3% des parts dans la société. Pour le gouvernement, l’accord de vente ne présentait pas suffisamment de garanties au plan des emplois et de la protection du savoir-faire industriel du site.

Les modalités de cession portaient en elles le risque d’un transfert de technologies et de commandes vers la Chine, partenaire de Fincantieri dans la construction de navires. Le ministre de l’Economie, M. Bruno Le Maire rencontre ce 1er août à Rome des membres du gouvernement italien afin de relancer une négociation de cession et peut-être programmer la formation d’un groupe naval européen incluant une coopération militaire.

Dans la matinée, le gouvernement italien a toutefois rappelé sa position pour qu’il y ait un accord avec la France : Fincantieri doit détenir « au minimum plus de 50% » du capital des chantiers. De leur côté, les syndicats, dont FO très actif sur cette question, s’inquiètent. Ils approuvent la nationalisation, regrettent qu’elle ne soit que provisoire et redoutent l’absence de solution pérenne.

L’opération de préemption concernant les chantiers navals STX de Saint-Nazaire, annoncée le 27 juillet par le gouvernement, est appuyée sur le décret du 14 mai 2014 (élargissant la portée de celui de 2005). Ce décret a étendu le nombre de secteurs stratégiques pour lesquels l’autorisation de l’État est nécessaire en cas d’investissements étrangers. Cela permet à l’État de bloquer une cession. C’est ce qui vient de se passer dans le cas de STX.

Mis en vente depuis 2016 par le groupe sud-coréen STX en difficulté financière, les chantiers STX France, dont la cession au groupe italien Fincantieri avait fait l’objet en avril dernier d’un accord de principe, vont donc dans le giron de l’État (l’opération coûte quatre-vingts millions d’euros). Lui qui ne détenait jusqu’à présent que 33,3% des parts de la société en devient l’unique actionnaire.

Attention toutefois, cette nationalisation – demandée de longue date par FO – n’est que provisoire en attendant de trouver « une solution industrielle » s’est empressé de préciser le gouvernement. « Cette nationalisation est une bonne décision de l’État » indique Nathalie Durand-Prinborgne, déléguée FO sur le site de Saint-Nazaire. « Hélas cette nationalisation n’est que momentanée. Cela ne constitue pas l’apport d’une solution pérenne » regrette-t-elle.

« Défendre les intérêts stratégiques »

Le ministre de l’Economie, M. Bruno Lemaire, qui considère que les chantiers « n’ont pas vocation à rester sous le contrôle de l’État », rencontre ce 1er août à Rome des membres du gouvernement italien. La France entend renégocier les conditions de vente de STX et proposer aux italiens de créer plus largement « un grand champion de l’industrie navale européenne », ce qui comprendrait une part de coopération militaire. L’affaire n’est pas gagnée car le gouvernement italien qui fustige le revirement de position de la France semble camper sur ses positions. Ce 1er août, l’Italie demande toujours en effet que le groupe Fincantieri obtienne « au minimum plus de 50% » dans le capital des chantiers. Or la France s’y oppose.

A travers l’acte de nationalisation, il s’agit de « défendre les intérêts stratégiques » nationaux explique le ministre de l’Economie, M. Bruno Le Maire pour qui l’accord de cession « n’offrait pas de garanties suffisantes ni sur l’emploi ni sur les technologies ». Le 31 mai dernier, l’État est donc revenu sur les termes de l’accord d’avril dernier portant sur la reprise par Fincantieri des chantiers de Saint-Nazaire détenus à 66,7% par le sud-coréen STX.

La Chine en embuscade ?

Avec plus de 150 ans d’existence, le site qui emploie actuellement 2600 salariés et plus de 5000 autres via les entreprises sous-traitantes est spécialisé dans la construction de paquebots géants et de navires de guerre. Son savoir-faire technologique est reconnu mondialement. Or, dans la perspective d’une nouvelle cession du site de Saint-Nazaire (anciennement propriété de l’État puis filialisé à Alstom puis vendu au norvégien Aker-Yards puis à STX), les liens de partenariat établis pour la construction de navires entre Fincantieri et un chantier public chinois ont amené l’État français à la méfiance. Le risque d’un transfert vers la Chine de la technologie nazairienne et d’une partie des commandes n’était pas écarté.

L’accord négocié par le précédent gouvernement prévoyait ainsi que Fincantieri détienne 48% du capital des chantiers. Cette participation -minoritaire en apparence- était toutefois complétée par l’entrée au capital -à hauteur de 7%- de la Fondazione CR Trieste (fondation bancaire privée). « Le rôle de cette banque, actionnaire de Fincantieri, présentait assurément un danger » indique Nathalie Durand-Prinborgne s’étonnant encore « de la précipitation avec laquelle a été conclu au printemps l’accord de cession des chantiers STX à Fincantieri ».

Selon ce scénario, les italiens raflaient la majorité des parts (55%) dans le capital, le reste revenant aux actionnaires français (État, Naval Group/ex-DCNS), l’État conservant un tiers du capital. Fin mai, l’exécutif refusant ce montage financier permettant aux italiens de prendre le contrôle sur le site de Saint-Nazaire a demandé qu’il y ait égalité de contrôle du capital entre Fincantieri et la France (État, Naval-Group, salariés du groupe). Les italiens ont refusé, ce qui a conduit à cette nationalisation temporaire.

« Les salariés n’ont pas les moyens d’être actionnaires »

Reste désormais à trouver une issue à cette situation. Alors regrette que le gouvernement, notamment le ministère de l’Economie, n’a pris contact « à aucun moment » avec les syndicats, les salariés restent dans l’attente d’une solution pérenne explique Nathalie Durand-Prinborgne.

Ces derniers jours et alors que Fincantieri est toujours le seul candidat à la reprise de STX, plusieurs pistes étaient évoquées dans le cadre de la refonte du capital. Une vingtaine d’entreprises sous-traitantes des chantiers ont demandé ce 1er août au ministère de l’Economie d’entrer au capital.

Pour le syndicat FO de STX « ces entreprises n’auraient pas les moyens d’investir sur le site et ce n’est pas leur vocation ».

L’entrée des salariés au capital des chantiers a aussi été évoquée. « Nous n’avons pas vocation à être des actionnaires » s’irrite Nathalie Durand-Prinborgne rappelant par ailleurs que « les salariés n’en aurait pas vraiment les moyens ! Les nouveaux embauchés par exemple sont rémunérés tout juste au niveau du Smic ».

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