>Histoire

Loire Atlantique 15 / 09 / 2018

SNUDI FO de Loire-Atlantique : Les instituteurs retrouvent le chemin des Bourses du travail.

« Un an que chaque décision du ministre Blanquer s’inscrit dans la continuité et l’accélération de la politique de ses prédécesseurs visant à émietter l’école républicaine et son fonctionnement, à la détourner de ses missions d’instruction et de qualification de la jeunesse et à mettre en charpie les garanties statutaires des fonctionnaires ».

(Hubert Raguin, secrétaire général de la FNEC-FP-FO, le syndicaliste indépendant. Juin 2018).

Ces objectifs étaient déjà en 1981 ceux du ministre « socialiste » Alain Savary et du gouvernement « gauche plurielle » de l’époque où siègent quatre ministres « communistes ». A l’époque, l’écrasante majorité des personnels de l’Education nationale est syndiquée à la Fédération de l’Education Nationale, la F.E.N.

Les enseignants de la CGT réunifiée en 1943 avaient refusé de se prononcer en 1947 pour la CGT-FO ou pour la CGT et avaient opté pour l’autonomie. C’était, pensaient-ils, provisoire …

Les quelques notes, brèves et par conséquent, très incomplètes, rappellent les grandes étapes et les raisons du retour au syndicalisme confédéré des personnels de l’Education nationale dans les bourses du travail.

Introduction.

Quelques points de repères.

1958 : le général de Gaulle prétend continuer « l’œuvre » de Vichy.

Exagérations ? « Les doctrines sociales de la révolution nationale, Charte du travail, organisation corporative (c’est-à-dire « association capital-travail ») privilège de la famille n’étaient pas sans attraits ». C’est dit, c’est écrit. (De Gaulle, Mémoires politiques).

C’est dans ce cadre que s’inscrivent les premières mesures dont l’adoption de la principale loi anti laïque, la loi Debré que tous les gouvernements successifs ont conservée et même aggravée.

Mais les financements publics des écoles confessionnelles ne leur suffisent pas. Les gouvernements successifs tentent l’ouverture d’un second front contre l’école publique laïque. Il s’agit de promouvoir « l’ouverture » de l’école, d’y faire pénétrer les « usagers », de progressivement leur accorder des « pouvoirs ».

 Les « réformes » se succèdent. L’une d’entre elle, la réforme Haby (du nom du ministre gaulliste) mérite un peu plus l’attention.

1977 : Il s’agit, sous prétexte de « dialogue » parents-enseignants, d’instituer des « comités de parents ». Leurs prérogatives sont certes limitées – les enseignants ne sont pas encore tenus d’y participer – mais un processus est engagé, lourd de conséquences.

Les réactions syndicales sont contrastées.

Eliminons d’entrée la CFDT qui par nature accompagne voire anticipe et prépare toutes les contre réformes. Le SGEN CFDT considère que les projets gaullistes vont dans le bon sens mais manquent d’ambitions.

Le syndicat autonome, à l’époque ultra majoritaire, il regroupe plus de 80 % des instituteurs ! le Syndicat national ses instituteurs, S.N.I-P.E.G.C, s’oppose dans un premier temps. « C’est la plus grave attaque contre l’école laïque depuis Pétain » déclare l’un de ses responsables. Mais bien vite, la direction du syndicat, sensible aux pressions des responsables PCF de la tendance dite « unité et action », capitule et appelle à la tenue des élections dans les écoles.

La direction nationale se rallie de fait à la CFDT (1).

« Le bureau national du S.N.I. note que le conseil d’école n’est qu’une structure consultative … nous devons participer … » et assurer un maximum de parents élus sous l’étiquette fédération Cornec, ancêtre de la FCPE.

Les partisans de la  gestion tri partite gagnent du terrain mais les résistances sont vives.

Notre CGT-FO fidèle aux traditions du syndicalisme ouvrier combat fermement toute forme de privatisation des services publics, dont l’école. (2).

Les parents boycottent massivement les élections.

Au sein même du S.N.I. la résistance s’organise. La section départementale du S.N.I de Loire-Atlantique prend une position nette le 13 décembre 1978 :

« Le conseil syndical

  • rappelle son opposition aux conseils d’école et comités de parents  ( … ) exige la levée des sanctions (financière, administrative) … prise contre 102 directeurs coupables d’avoir suivi la consigne syndicale.

  • Propose une consultation démocratique de tous les adhérents sur la question du conseil d’école … »

Ce que refuse le bureau national, pourtant conscient de l’hostilité de la grande majorité des syndiqués.

Petit à petit, le S.N.I-P.E.G.C. s’enferre dans une orientation qui ne peut à terme mener qu’à la destruction du syndicat par son intégration à la gestion des « réformes ». Un mouvement de désyndicalisation s’amorce. Mais les partants, découragés, écoeurés ne rejoignent pas la Confédération Force Ouvrière qui n’est d’ailleurs pas encore prête à les accueillir.

Le combat contre la dénaturation de l’école lié au combat pour la préservation du syndicat qui défend les intérêts particuliers des salariés (Charte d’Amiens, 1906), ne fait que commencer.

C’est ce que signifie clairement Serge Mahé, militant anarcho-syndicaliste, instituteur en Loire-Atlantique, pionnier de la construction du SNUDI-FO dans notre département :

« La partie n’est pas terminée. Comme le dit Beullac, (L’un des ministres gaullistes) il faudra des années. Mais les orientations prises par la F.E. N. (et le S .N.I) dans l’unité des tendances U.I.D (unité, indépendance (sic !) et démocratie, liée au parti « socialiste ») et U. et A. (unité et action) commandée par le PCF, ne manquent pas d’effrayer. Il est temps que s’organise la résistance contre le conseil d’école et « l’équipe éducative » (la communauté !) autour des positions le plus clairement exprimée à notre connaissance par la section de Loire-Atlantique.

L’enjeu est d’importance et ne concerne pas les seuls enseignants. La transformation de l’Ecole en communauté éducative représenterait une première victoire des autogestionnaires, théoricien de la participation de la gestion en système capitaliste, dont l’objectif est de désorganiser la classe ouvrière en verrouillant les travailleurs des structures néo-corporatistes ». (1979, déclaration à l’occasion du congrès de Chambéry du S.N.I.).

Comment ne pas comprendre l’actualité brûlante de cette mise en garde ?

Document : « Où va la FEN ? » extrait de l’éditorial d’A. Hébert, dans l’Ouest Syndicaliste N° 89 de janvier 1976. Publication de l’UD CGT-FO, « l’homme qui dit NON, hommage à A. Hébert », par Bernard Hazo.

En août 1948, la Fédération de l’Education Nationale, sous prétexte de refuser la troisième scission en l’espace de 25 ans, de la CGT, se réfugia dans l’autonomie.

Bien entendu, avec ou sans les enseignants, la scission fut consommée.

Il n’en demeure pas moins que le choix des enseignants était fondé sur l’espoir respectable encore qu’un peu naïf, que l’unité entre les deux CGT, serait rapidement reconstituée, auquel cas, la FEN et ses syndicats reprendraient leur place dans une CGT « unique et démocratique ».

Telle était la fiction qui, depuis plus de vingt-cinq ans servait d’alibi à l’autonomie du syndicalisme enseignant.

Mais aujourd’hui, il y a une tendance des actuels dirigeants de la FEN à se rapprocher de la CFDT.

Une telle tendance, si elle se confirmait ne saurait avoir qu’une seule signification : les dirigeants de la F.E. N. , abandonnant l’espoir d’une réunification de la C.G.T. , largueraient par-dessus bord tout le passé du syndicalisme enseignant et rallieraient le camp du catholicisme social incarné par la CFDT et, dans une moindre mesure, par le nouveau Parti Socialiste.

Dans cette hypothèse, nous assisterions, probablement, dans un premier temps à la constitution à l’intérieur de l’union de la gauche à une sorte de front travailliste démo-chrétien intégrant la CFDT … et la F.E.N !

L’hypothèse n’est pas aussi absurde qu’elle pourrait le laisser croire à première vue et, en tout état de cause, aucun militant de la CGT-FO, aucun syndicaliste authentique, qu’il milite à la CGT ou à la FEN, ne saurait demeurer indifférent devant une telle évolution.

Autogestion, planification démocratique peuvent aujourd’hui faire illusion. Mais qu’on essaie de les faire rentrer peu ou prou dans la réalité et leur caractère réactionnaire apparaîtra aussitôt …

Cela étant dit, l’histoire nous a appris que dans les périodes de crise et devant la carence des dirigeants des organisations traditionnelles, de larges masses ont pu se laisser prendre à d’aussi grossières mystifications !

C’est pourquoi, dans l’intérêt des travailleurs, pour la sauvegarde des libertés démocratiques, il vaudrait mieux que la F.E.N., jusqu’à aujourd’hui encore, partie intégrante du mouvement ouvrier organisé, ne bascule pas dans le camp des néo-corporatistes ».

  1. La CFDT était intégrée depuis 1972 au Comité national d’action laïque. C’était signer à terme la mort du C.N.A.L. La stratégie des cléricaux, notamment ceux de « gauche » est simple : pénétrer l’ensemble des organisations ouvrières et démocratiques, dont les syndicats, et, si possible, en prendre la direction.

  2. Il faut savoir qu’il y avait à l’époque une forme d’entente entre la F.E.N. et la CGT-FO.

Il était entendu que les enseignants restaient dans l’autonomie ; accord lourd de conséquences.

« 1982, le tournant de la rigueur ».

Intervenant à l’occasion du congrès confédéral de la CGT-FO de mars 2018, Patrick Hébert, secrétaire de l’UD CGT-FO de Loire-Atlantique de 1992 à 2015 rappelait :

Le milliardaire américain Warren Buffet a déclaré : « C’est la guerre de classes et ma classe est en train de la gagner.

« La classe au pouvoir, avec ses institutions, au plan mondial, au plan européen, mène la guerre contre la classe ouvrière. Ce n’est pas tout à fait nouveau. La lutte des classes, elle ne date pas d’hier, mais il vrai que depuis quelques dizaines d’années, en ce qui concerne la France, on peut le dater : 1982.

Martine Aubry a rappelé à cette tribune, que sur les lois Auroux, à l’époque, notre organisation n’était pas d’accord sur tout, c’est le moins que l’on puisse dire ! (1)

1982, tournant de la rigueur !

Ça fait un bail maintenant.

Et, depuis, tous les gouvernements qui se sont succédés, systématiquement, ont remis en cause peu ou prou, selon le rapport de force, nos conquêtes sociales. C’est ça la réalité. Et, aujourd’hui, il est clair que ce gouvernement veut aller encore plus loin dans cette démarche, étant entendu que l’objectif du patronat est de nous ramener dans les temps anciens à l’époque de ce que l’on appelait le contrat individuel de louage de service, nous le savons tous cela … »

 

Cette guerre de classe dont l’objectif avait été brutalement rappelé il y a maintenant plus de 10 ans par le N° 2 du patronat, Denis Kessler : détricoter méthodiquement toutes les conquêtes de 1945 (et celles aussi de la grève générale de juin 36) concerne tous les salariés.

Que l’on soit du secteur privé, que l’on soit salarié de la fonction publique d’état, hospitalière ou territoriale, que l’on soit étudiant ou lycéen, chômeur ou retraité, personne n’y échappe. Personne ne peut s’abriter derrière de rassurantes illusions : « je ne suis pas concerné ».

Le patronat, avec ses serviteurs du moment, les « marcheurs », entend liquider définitivement le code du travail et toutes les garanties qui s’y rattachent. La convention collective, voilà l’ennemi.

Le patronat prétend aussi « moderniser » la fonction publique, c’est-à-dire casser les statuts. Macron  revendique une société sans statut.

La réforme « systémique » des retraites concoctée de longue date par les experts de la CFDT concerne les actifs mais aussi les retraités. La CGT-FO s’y oppose résolument.

Le patronat veut détruire le bac comme diplôme national. Plus de diplôme national, cela signifierait concrètement, la fin des de conventions collectives qui en France, protègent plus de 90 % des salariés.

Les militants syndicalistes n’oublient pas que c’est le gouvernement Valls-Berger qui a ouvert les hostilités avec la loi El Khomri.

Nous sommes donc prévenus. Ce gouvernement, soumis aux ordres du MEDEF qui coïncident précisément aux orientations fondamentales de l’Union européenne prétend du passé, faire table rase.

Notre congrès confédéral a prévenu : « ils ne passeront pas » ! (Pascal Pavageau : discours de clôture du congrès).

Il nous faut organiser la riposte au niveau de la brutalité des attaques.

Le président-jupitérien, comme pris de vertige, semble penser qu’il peut désormais se passer de la collaboration active des domestiques habituels. Même la CFDT lui serait inutile. Nous verrons bien. (2).

Une chose est certaine, dans les semaines et les mois qui viennent, les enjeux sont considérables. Pour résister d’abord, puis créer les conditions de la reconquête des acquis des salariés, il convient de renforcer le syndicalisme libre et indépendant que représente la CGT-Force ouvrière.

Nous devons tout mettre en œuvre pour assurer le succès des listes présentées par nos syndicats à l’occasion des élections professionnelles de décembre 2018.

De bons résultats aux élections professionnelles de décembre 2018 constitueront un encouragement pour l’ensemble des salariés.

  1. Les lois Auroux ? il y en en a quatre. La légende savamment entretenue dans les milieux les plus divers leur prête des vertus qu’elles n’ont pas. L’historien Stéphane Sirot explique l’essentiel :

« 82-83, c’est le tournant de la rigueur et puis il y a les lois Auroux, on en parle souvent, il y en a quatre. Il y en a une qui est du 13 novembre 82 qui instaure l’obligation de négocier dans les entreprises sur les salaires et le temps de travail mais qui introduit également pour la 1ère fois dans notre droit social la notion d’accord dérogatoire ce qui signifie donc la possibilité de signer dans les entreprises des accords moins bons que ceux du niveau supérieur.

C’est le début de la remise en question en profondeur de cet acquis de 36 qui établit la hiérarchie des normes.

C’est 36 qui établit cet acquis-là. C’est la loi Auroux du 13 novembre qui va l’ébranler et qui va être suivie par toute une série de lois … si on ne prend que les dernières, la loi El Khomri et les ordonnances Macron ne sont que les lointains enfants de cette loi Auroux du 13 novembre 1982 et, en effet, le résultat, il est simple : vous prenez tout simplement quelque chose de très concret entre la période qui a suivi mai 68 et la période qui commence à partir du début des années 80 ; tous les gouvernements se sont sentis obligés d’accorder par exemple des coups de pouce au salaire minimum et, quand on regarde, le pouvoir d’achat du salaire minimum a augmenté de 30% entre 1968 et 1983.

C’est à partir de 83 que les choses ont changé. Tournant de la rigueur, mais encore une fois, ce sont les lois Auroux qui ont déporté la négociation vers l’entreprise au niveau où le monde du travail a souvent le plus de difficultés à se faire défendre.

Les lois Auroux ont bien été de ce point de vue là un tournant ».

Précisons que le chef de cabinet de M. Auroux s’était à l’époque déplacé à Nantes afin d’expliquer au patronat tous les avantages qu’ils pouvaient en espérer.

En revoyant toute « discussion » au niveau de l’entreprise et non de la branche, les patrons pouvaient miser sur une « pulvérisation » des confédérations ouvrières. Dans le viseur, au premier rang, la CGT-FO, seule à comprendre et dénoncer les dangers de cette loi liberticide : « loi Aubry, loi pourrie » ! 

Précisons aussi que les dirigeants socialistes de la F.E.N. ont soutenu, encouragés par les militants du PCF, les lois Auroux.

(2). Le régime de Vichy avait dès l’instauration de « l’Etat fort » procédé à la dissolution des deux confédérations CGT et CFTC, dissolution des confédérations mais pas des syndicats d’entreprise toujours utile à l’instauration d’un soi-disant « dialogue social » limité aux frontières de l’entreprise comprise comme une « communauté d’intérêts communs », ce qu’E. Macron appelle « une communauté de destins ».

L’école laïque au centre des « attentions » des gouvernements de la Vème république.

1960, c’est le SERMENT DE VINCENNES ; 11 millions de pétitionnaires refusent la loi Debré. Les partis de gauche s’empressent d’oublier cet engagement. En 1981, les lois anti laïques sont maintenues et même aggravées par la politique de décentralisation.

Mai 81 : la divine comédie.

1968-1981. C’est le temps béni des journées d’actions. Les dirigeants de la F.E.N. appellent les enseignants de la fédération à une grève en octobre, puis à une seconde en mars ou avril. Il s’agit de montrer que l’on n’est pas content. Les « revendications » sont de plus en plus inexistantes. Il s’agit finalement de préparer l’alternance politique qui résoudrait tous les problèmes. Pire, on comprend que, de plus en plus, les « réformes » de la « droite » manquent d’ambitions.

Les enseignants, plus particulièrement, les instituteurs veulent y croire et suivent les mots d’ordre d’arrêt de travail, avec plus ou moins de conviction.

On attend la « délivrance », l’élection d’un président socialiste et … c’est le miracle !

François Mitterrand est élu 1er président « socialiste » de la Vème république. Il a présenté un programme très « à gauche ». C’est la clé du succès électoral. Il le sait.

Au congrès « d’unification des socialistes » d’Epinay en 1971 qui voit l’arrivée des militants chrétiens, Mitterrand, décoré par Vichy de la francisque n’hésite pas à proclamer :

« réforme ou révolution ? ( … ) La révolution est d’abord une rupture. Celui qui ne consent pas à la rupture avec l’ordre établi, avec la société capitaliste, celui-là, je le dis, ne peut être adhérent du parti socialiste. ( … ) Le véritable ennemi, celui qu’il faut déloger, c’est le monopole ! Terme extensif pour signifier toutes les puissances de l’argent, l’argent qui corrompt, qui achète, l’argent qui écrase l’argent qui tue, l’argent qui pourrit jusqu’à la conscience des hommes ».

Il conclut son propos « révolutionnaire » par la tâche centrale du socialisme nouveau : « amorcer la transformation socialiste de la société en organisant le pouvoir dans l’entreprise ».

D’ailleurs, il se félicite de la présence au congrès « de la tradition proudhonienne bouillonnante ». Il note aussi avec satisfaction la présence des adeptes de l’idéologue de l’école de formation des cadres de Vichy, « l’école d’Uriage», Emmanuel Mounier. Les adeptes d’Emmanuel Mounier sont bien là. Leur leader s’appelle Jacques Delors, l’apôtre de la rigueur de 1982 – Delors est alors ministre de l’Economie.

Mitterrand, « socialiste » ?

La ficelle est grosse, Sans doute. Pourtant, nombre de militants s’y laissent prendre. C’est le cas du secrétaire départemental de la section de la Nièvre du S.N.I. Jean Battut (et de bien d’autres) militant syndicaliste certainement honnête, à l’origine, militant laïque pourtant séduit par le baratin « moderniste » de Mitterrand. (Voir J Battut, F. Mitterrand, les trois années inconnues.1968-1971. Et deux articles parus sur le site de l’UD, rubrique Histoire les 20 mars 2017 et 7 avril 2017).

Photo : convergences « de luttes » politico-syndicales.

Alain Savary, ministre « socialiste » de la Vème République.

Un ministre socialiste ! C’est assurément un évènement. Les attentes sont fortes, les déceptions le seront plus encore.

A peine nommé, Savary met les points sur les I :

« Il est bien évident qu’après de si longues années pendant lesquelles le service public a été malmené, la tâche est d’autant plus vaste qu’il s’agit moins de revenir en arrière que d’accélérer les évolutions pour tenir compte du temps perdu ».

Ainsi, les lois anti laïques sont maintenues, notamment la loi Debré. Les 11 millions de pétitionnaires du serment de Vincennes peuvent à juste titre s’estimer être trahis.

Mais il y a plus grave.

Répondant aux injonctions de la CFDT, et de la direction de la FEN, Savary-le-pieux annonce l’ouverture d’un second front contre l’école laïque : « ( … ) Il faudra décentraliser, prendre en compte les expériences pédagogiques, associer les familles aux tâches éducatives, accorder à la vie associative l’importance qui lui revient … » 

Et, cerise sur le gâteau, « d’autres pôles d’éducation complémentaires seront reconnus, tel que l’enseignement religieux, par exemple ». Par exemple …

Le même jour, Savary appelle dans le journal clérical Ouest-France, « le monde enseignant à se remettre en question … » (18 juin 81).

Ainsi le problème du ministre, ce sont les enseignants qui ne se remettent pas en cause. Et plus précisément, l’obstacle à lever serait le statut :

Il faudra aborder « le problème de leurs statuts dont une partie de leur service normal pourra à l’avenir être consacrée à des tâches éducatives et non plus seulement d’enseignement ». (1)

En quelques mots, Savary dresse un programme tout droit tiré de Vichy qui seul a osé, sous la férule du ministre Chevalier, introduire l’instruction religieuse (en réalité la seule religion catholique) dans l’école publique.

Adieu les augmentations du point d’indice espérées,

Adieu, la réduction des effectifs dans les classes : « pas plus de 25 par classe », espérait-on, déjà !

Adieu l’espoir de voir mis un terme aux milliards versés aux écoles confessionnelles …

Le ministre néo-socialiste a un mérite : il annonce la couleur.

Les militants syndicalistes véritables ne peuvent pas se fixer comme objectifs de « limiter les dégâts » en accompagnant les réformes. Ils doivent les combattre et en exiger l’abandon. C’est le point de vue de la confédération Force ouvrière. C’est, à l’intérieur de la F.E.N 44 le point de vue de militants comme Serge Mahé, ou encore André Cardinal et Françoise Blandy.

  1. Le très réactionnaire Savary a ouvert la boîte de pandore. Bien d’autres ont suivi. C’est le ministère Jospin (1989) qui introduit avec le statut de « prof des écoles » ce distinguo entre tâches d’enseignement et tâches éducatives. C’est Ségolène Royal qui veut faire bosser les profs – ces fainéants ! – trente-cinq heures sur leur lieu de travail. Même son adversaire, l’ex Sarkozy n’en est toujours pas revenu ! (campagne des présidentielles 2007). Les 35 heures pour les profs, c’est ce que revendique le SGEN-CFDT dès novembre 81. (source, le Monde, 19 novembre).

    2ème partie. FO refuse l’union sacrée et syndique les personnels de l’Education nationale.

    J. M Septembre 2018

chaud ! chaud ! chaud !

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