>Édito

19 / 10 / 2016

Pour sauver le chantier naval de la spéculation : NATIONALISATION !

 

François Hollande ne peut décidément plus se déplacer sans susciter la colère des travailleurs. Arrivé lundi après-midi en catimini sur le site des hauts-fourneaux d’Arcelor Mittal, accueilli par une CFDT « aux anges », le président de la République s’est félicité de son action en faveur de Florange.

Il s’est livré à un exercice périlleux, par excès de vanité sans doute, pour justifier l’arrêt des hauts-fourneaux : «On m’avait proposé de refaire partir les hauts-fourneaux. Chacun savait ce que cela représentait en termes d’investissements ; c’était considérable: 150 millions d’euros». «Une nationalisation n’aurait eu aucun impact. Ce qui m’importait le plus, c’était de pouvoir permettre  à Florange de vivre et de vivre durablement, d’être un site exemplaire» avec «des investissements de haut niveau, de l’activité, sans pour autant que cela puisse être au détriment d’autres sites», a t-il ajouté.

Ceux qui auront fait grève plusieurs jours d’affilée en décembre 2012 contre le transfert du décapage et du laminage vers le site de Florange, conduisant à la suppression d’au moins 70 postes localement, apprécieront ces propos. Il s’agit de nos camarades du site de Basse-Indre.

Avec 150 millions d’euros, il était donc possible de maintenir les hauts-fourneaux à Florange : 150 millions d’euros à mettre en rapport avec les 25 millions d’euros versés à Arcelor Mittal en trois ans, dans le cadre du Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), 150 millions d’euros à mettre en relation avec les 43 milliards d’euros de CICE versés aux patrons entre 2014 et 2016 (1).

C’était possible donc !

Mais, chaque fois qu’un fleuron de l’industrie nationale se retrouve sous les convoitises de la finance internationale.

Chaque fois, le président de la République et ses ministres accompagnent la liquidation des sites industriels et la suppression des emplois.

Chaque fois, ils jurent leur attachement indéfectible à l’industrie nationale et pourtant, chaque fois, ils capitulent.

Depuis plusieurs années maintenant, et c’est un fait incontestable, les principaux moyens de production font l’objet dans notre pays d’une vente à la découpe au profit des grands groupes financiers internationaux. En effet, ceux-ci trouvent en France l’un des marchés les plus sûrs pour placer les centaines de milliards de dollars accumulés depuis de nombreuses années avec un «taux de marge» très intéressant. Et de ce point de vue, la marche forcée à la déréglementation et à l’abaissement du coût du travail dans notre pays contribue à ce pillage.

Le chantier naval de Saint-Nazaire échappera t-il à cette logique ? Déjà, en 2008, nous avions condamné son rachat par le groupe coréen STX, tout en revendiquant sa nationalisation. L’état a opté pour la minorité de blocage (33%) et est intervenu pour garantir les montages financiers des commandes.

Aujourd’hui, le carnet de commandes est plein pour les dix ans à venir. Cependant, la maison mère STX Corée a été placée en redressement judiciaire et  l’ensemble des activités de la branche STX Offshore and Shipbuilding est en vente. Plusieurs grands groupes internationaux sont sur les rangs et de nombreux spécialistes parlent déjà d’un transfert possible de technologie et d’une partie du carnet de commandes.

Dans ces conditions, tout le monde comprend bien qu’en l’absence de repreneurs fiables, la revendication de nationalisation, ou pour le moins de prise majoritaire dans le capital, apparaît comme la revendication la plus réaliste pour préserver les chantiers et ses emplois.

Il est donc urgent que le gouvernement assume ses responsabilités. L’état doit prendre a minima le contrôle majoritaire du dernier grand chantier naval français, afin d’en assurer la pérennité et le maintien de tous ses emplois directs et indirects. Pour notre part, nous mettrons tout en oeuvre, y compris l’action commune, pour sauver le chantier naval de la spéculation.

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(1) Notons à ce sujet, que le comité de suivi du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi vient de rendre un rapport sur les effets du CICE. « Pas d’effet observable sur l’investissement, la recherche, le  développement et les exportations », « peu d’effets sur les salaires par tête », « des incertitudes entourent l’évaluation des effets sur l’emploi », précise le rapport. On parle au mieux de 50 à 100 000 emplois sauvegardés. Le CICE a contribué par contre à redresser les marges des entreprises, et en particulier des plus importantes. Les profits du CAC 40 ont ainsi augmenté de 11% au 1er semestre 2016, soit 4 milliards de plus et dans le même temps, les dépenses d’investissement ont reculé de 12%.

 (2) Après l’annonce d’une cascade de commandes, les salariés du site belfortain d’Alstom sont conscients qu’ils ne doivent leur salut qu’à un contexte politique particulier : « Il ne faut pas être naïf. Si on s’est intéressé à notre sort, c’est en rapport avec les élections » dit un travailleur. Soulagement pour quatre ans donc… mais fermeture après ? Rappelons qu’en 2014, à l’occasion de la vente de la branche « énergie » du groupe Alstom, François Hollande et son ministre de l’époque Arnaud Montebourg, avaient balayé, d’un revers de main, la proposition faite par nos camarades d’Alstom, d’une «intervention de l’état, sous forme d’une entrée dans le capital, dans le but d’éviter le démantèlement du groupe, de garantir le maintien de tous les sites industriels, de toutes ses activités et de tous les emplois ».

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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