>Histoire

15 / 04 / 2020

L’hôpital en danger. 5ème partie. Claude Evin*, ministre de la santé de « gauche » a déclaré :

« Ce gouvernement (Juppé) a eu le courage de faire ce que nous n’avons pas osé faire » : remette en cause les fondements des conquêtes sociales de 1945.

Le cléricalo-cfdétiste Evin cumule les tares de la « gauche » bien-pensante et de la « droite » tout aussi bien-pensante ce qui en fait un individu particulièrement nuisible.

Le 19ème congrès confédéral (réuni en mars) avait alerté les militants et les citoyens :

« LES FONDEMENTS DE LA DEMOCRATIE EN DANGER :

  • Soyons rebelles en imposant le respect de notre indépendance syndicale …
  • Soyons rebelles au chantage imposé par le MEDEF et les tentatives de liquidation de l’UNEDIC.
  • A la destruction orchestrée de notre système de sécurité sociale fondé sur la solidarité, au pillage éhonté de notre caisse de retraite.
  • – A l’introduction des fonds de pension et l’épargne salariale ».

La confédération avait raison d’alerter ; c’est bien la Démocratie qui est menacée notamment à travers les multiples tentatives d’associer les deux confédérations ouvrières – CGT-FO et CGT –  à l’élaboration et à l’application des plans gouvernementaux.

La tentation totalitaire évidente il y a déjà vingt ans n’a pas disparu ; loin s’en faut.

Le 23ème congrès national de la Fédération des personnels des services publics et des services de santé se réunit à Nantes en novembre 2000.

Le rapport préparatoire indique en préambule :

« ( … ) Qu’il s’agisse de notre système de retraite, de la protection sociale ou de l’éducation, le socle de notre société républicaine fait obstacle à la construction européenne telle qu’elle doit se mettre en place pour satisfaire aux critères de convergence… »

Le rapport pointe « les tentatives réitérées de tous les gouvernements de remettre en cause le système de retraite par répartition … Quant à notre système de protection sociale il est plus que compromis tant les attaques qui lui sont portées ne visent qu’un seul objectif : la réduction des dépenses de santé. Là encore, tous les coups sont permis … désormais, la source principale de financement des hôpitaux passera par la signature de contrats d’objectifs et de moyens ce qui obligera les établissements à se conformer aux orientations et aux choix décidés par les Agences régionales d’hospitalisation sous peine de disparaître….

La santé a peut-être un coût mais elle n’a pas de prix ! ».

Dans le chapitre « PROTECTION SOCIALE » le rapport note clairement :

« Nous constatons que depuis son arrivée au gouvernement comme Premier Ministre, Lionel Jospin a fait appliquer à la lettre les ordonnances d’avril 1996 », conformes au projet du MEDEF avec sa « refondation sociale ».

« Tout a été organisé, y compris la pénurie de certaines disciplines médicales à travers les numérus clausus,

« Si l’on ajoute à ce bilan l’instauration du budget global depuis 1983 fondé sur la maîtrise purement comptable et aux enveloppes régionalisées depuis les Ordonnances de 1996, tout le dispositif est en place pour que la santé soit traitée comme un secteur d’activité industrielle. Il suffit pour cela d’entendre la transformation du langage dans le monde de la santé où on ne parle plus de patient ou de malade, mais d’usager, voire de client ! ».

Aucune illusion, aucun « arrangement » n’est possible avec les « casseurs » de l’hôpital, sauf à engager le syndicat dans la voie de l’intégration, donc à sa disparition.

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Le rapport donne quelques exemples :

« La rentabilité et la productivité ont remplacé le quantitatif et le qualitatif. Ainsi pour certaines interventions chirurgicales, vous avez plus de chance en étant candidat dans le 1er semestre plutôt que dans le second, sinon vous risquez en fin d’année de devoir repousser une intervention de prothèse de hanche à l’exercice budgétaire suivant … parce que le quota aura été atteint et qu’il n’y aura plus de prothèse ! … à moins d’aller dans le secteur privé lucratif, et d’en payer le prix ». Un exemple entre mille …

Et, surtout, la Fédération tire la sonnette d’alarme :

« De même, passé un certain âge, vous ne serez plus considéré comme prioritaire … » et là, on bascule dans la barbarie ordinaire dont on mesure les conséquences aujourd’hui.

62 milliards !

Le rapport dénonce le plan d’économies particulièrement brutal de la CNAM (Caisse Nationale d’Assurance-Maladie) présidé par la CFDT au titre de l’année 2000 :

« 62 milliards d’économies dont 32 milliards rien que pour les hôpitaux ! » et de rappeler :

« 17 000 lits supprimés entre 1994 et 1998

Et une suppression de 24 000 lits au total est à prévoir dans le cadre des SROS de deuxième génération ! » 

La Fédération estime que ce plan suppose en réalité, à terme, la suppression de 150 000 emplois.

Responsables … et coupables les gens de la CNAM

Résistances.

Les syndicats FO organisent la résistance. Le rapport rappelle :

« Au cours des années 1998-1999 et 2000, de très nombreux conflits impliquant des structures syndicales FO ont éclaté. Nous avons quelques fois été à l’initiative, nous avons toujours été partie prenante.

(  … ) La fin de l’année 1999 et le début 2000 ont été marquées par des mouvements revendicatifs particulièrement forts dans le secteur hospitalier … » Les urgences de l’AP/HP ont été à la pointe du combat revendicatif. Il est vrai que les gouvernements  s’acharnent tout particulièrement contre ce secteur tellement … coûteux.

La fédération a soutenu ces mouvements locaux visant à maintenir dans leur globalité les structures hospitalières existantes. En dresser la liste serait un travail trop fastidieux, mais chacun s’en souviendra … La fédération FO entend prévenir les Pouvoirs Publics de sa volonté de na pas laisser faire la CNAM et ses alliés ».

Il ne s’agit pas de « pleurnicher » selon le terme d’un très zélé « journaliste »-domestique (de la télé-Bolloré) mais bien, par la grève de stopper un processus qui nous mène tout droit à un recul de civilisation.

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La citadelle à abattre.

La casse de l’hôpital public implique la destruction du statut des personnels hospitaliers.

Cette partie du rapport présentée par le camarade Luc Delrue fixe clairement les enjeux :

« ( … ) Et puis, il y a ce statut au sens large qui serait bloquant. Certains voudraient le réviser, le toiletter afin que les restructurations hospitalières ne se heurtent plus à un certain nombre d’obstacles statutaires, financiers ou encore organisationnels.

« Nous touchons là un phénomène qui n’est pas propre à notre secteur. C’est au nom de la modernisation de la Fonction publique, que les gouvernements successifs tentent d’un côté de déréglementer les acquis statutaires conquis dans un cadre national, et de l’autre de privilégier la régionalisation ou l’externalisation d’un certain nombre d’activités qui relevaient jusqu’à maintenant de la seule responsabilité du service public.

La défense du cadre statutaire et la défense du service public constituent deux aspects indissociables.

( … ) c’est dans ce sens que le gouvernement a tenté à la fin du 1er semestre de 1998 de faire voter au CSF-HP (Conseil supérieur de la Fonction publique hospitalière) plusieurs projets de décrets instaurant notamment les licenciements dans les hôpitaux » ; comme dans une « start-up !

« Notre détermination et notre mobilisation ont réussi jusqu’à ce jour à empêcher la publication du décret ».

Les sinistres « contrats d’objectifs ».

Le rapport prévient :

« Bientôt, la généralisation de la contractualisation à travers les contrats d’objectifs et de moyens ainsi que l’obligation d’adhérer à une communauté d’établissements, astreindront les EPS (établissements publics de soins)  à passer sous les fourches caudines de l’ARH et à se conformer aux orientations du SROS » en se soumettant aux limites budgétaires imparties.

Quant à la contractualisation interne, elle exige des directeurs et chefs de services une soumission compète aux ukases des ARH. Une circulaire du 21 avril 1997 ne laisse aucun doute :

« La contractualisation interne a pour ambition d’être une méthode de gestion participative. La maîtrise des moyens restent un sujet de préoccupation essentielle. L’esprit de cette réforme est de déconcentrer la gestion hospitalière en application du principe de subsidiarité** … il appartient à chaque membre du personnel… de traduire dans leurs actes quotidiens les priorités stratégiques et les règles de gestion arrêtées ».

Voilà un objectif général qui fait froid dans le dos car il ne s’accommode en aucune façon d’un système qui reconnait au syndicat le droit de contracter librement.

C’est la marche en avant vers un fascisme ordinaire, celui du XXIème siècle …

Le 24ème congrès de la Fédération a lieu en 2004, après le drame de l’été très chaud de 2003. Nous verrons dans une 6ème partie comment le gouvernement entend exploiter la situation pour accentuer l’offensive contre l’hôpital, les personnels et les patients.

*Evin a té ministre de la Solidarité, de la Santé et de la Protection sociale de juin 1988 à février 1989. (Gouvernement Rocard). Il s’est spécialisé dans les leçons de morale à propos de l’alcoolisme et du tabagisme.

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Son mentor : Rocard. Auteur avec Alain Juppé d’un livre : « la politique telle qu’elle ne peut pas être ».

La fiche de présentation note :

«  Ce n’est pas Michel Rocard mais Alain Juppé qui fustige la tentation ultralibérale de la droite, ses égoïsmes de classe et ses ambiguïtés sur l’Europe. Ce n’est pas Alain Juppé mais Michel Rocard qui tire à boulets rouges sur la gauche, sur son incapacité à assumer l’économie de marché, le réformisme et le compromis politique auxquels elle adhère, pourtant, dans les faits ». 

De 2009 à 2015, Evin assure la direction générale de l’Agence Régionale de Santé île de France. Pour fêter cette promotion, il planifie dès 2010, 1000 suppressions de postes … il est officier de la Légion d’honneur.

Il vient d’apporter son soutien (avec cinq autres ex ministres de la santé, trois de « droite » et deux de « gauche ») au gouvernement actuel et à sa « gestion de la crise ». Il est vrai que tous se tiennent par la barbichette …

**Le principe de subsidiarité (avec le « bien commun ») est un des fondements de la doctrine de l’Eglise catholique.

JM  15-04-2020.

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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