>Édito

8 / 03 / 2017

L’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes

Le 8 novembre dernier, les agents hospitaliers étaient en grève contre la loi Santé de Marisol Touraine et la loi de financement de la Sécurité Sociale. En instituant les « Groupements hospitaliers de territoire », la loi Touraine supprime 16000 lits et 22000 postes dans les hôpitaux, ce qui correspond à une économie d’1,7 milliard d’euros pour 2017.

Au lendemain de cette puissante journée, la ministre avait balayé d’un revers de main les revendications portées par nos camarades.

Les 16 000 lits de la loi Touraine s’ajoutent aux 57 000 lits supprimés depuis 2003, conséquences des décisions prises par les gouvernements successifs, de droite, comme de gauche.

Ces conséquences, nous les connaissons tous. L’hôpital est asphyxié et les services sont en situation de « tension permanente » avec des moyens insuffisants par rapport aux besoins nécessaires et des conditions de travail qui se détériorent.

Dans une lettre au préfet de région restée sans réponse, nous expliquions il y a quelques semaines, la situation des urgences de l’hôpital de Saint-Nazaire : « Lundi 2 janvier, à 9h20, on comptait 44 patients aux urgences, dont une vingtaine sur des brancards. Un patient de 97 ans attendait d’être pris en charge depuis 22 h et un autre de 85 ans depuis 48 h ». Notre syndicat réclamait des mesures d’urgence, les médecins également… sans succès.

Le 22 février, l’agence officielle de santé publique confirmait que « le nombre de décès en excès » concernant l’épidémie de grippe était estimé à 19 400. Nul ne conteste, mis à part Marisol Touraine, que cette surmortalité est la conséquence, au moins en partie, des faibles moyens attribués à l’hôpital public. Avec un incroyable cynisme, celle-ci a rendu les agents hospitaliers responsables de cette situation, car insuffisamment vaccinés ! Et évidemment, à aucun moment elle n’a évoqué les conséquences catastrophiques de sa politique de rigueur budgétaire dans les hôpitaux.

La ministre ne mesure sans doute pas l’exaspération qui monte dans le pays. Le vent de la révolte gagne même les médecins hospitaliers. Après les praticiens hospitaliers de Saint-Nazaire, ce sont maintenant ceux de l’hôpital Vinatier dans le Rhône qui lancent un « cri d’alarme » et dénoncent la paupérisation globale de l’offre de soins, avec des conditions de travail de plus en plus éprouvantes.

C’est cette colère qui s’est exprimée dans la manifestation du 7 mars à Paris. 35 000 manifestants unis autour de Force Ouvrière, la Cgt et Solidaires pour réclamer l’abrogation de la loi Touraine ; 35 000 manifestants des hôpitaux, de la santé privée et de l’action sociale, mais aussi de nombreux secteurs comme la sécurité sociale, Edf, la fonction publique ou pôle emploi, tous victimes du même rouleau compresseur, celui des économies budgétaires.

Dans cette lutte, la classe ouvrière ne peut compter que sur elle-même. La présentation des programmes des principaux candidats à l’élection présidentielle concernant la santé, le 21 février dernier à l’occasion du « grand oral des candidats sur la santé » organisé par la Mutualité française, ne laisse place à aucune interprétation. François Fillon propose 20 milliards d’économies supplémentaires et l’augmentation du temps de travail des agents hospitaliers. Emmanuel Macron suggère d’élargir les « Groupements hospitaliers de territoire » afin de réaliser 15 milliards de coupes budgétaires et Benoît Hamon se félicite de la politique de Marisol Touraine.

A l’occasion de chaque élection présidentielle, nombreux sont ceux qui nous invitent à ne pas exprimer nos revendications. A trop revendiquer, à faire grève et à manifester, nous ferions le jeu « des aventuriers » et « des extrêmes ». Parmi ces donneurs de leçons, certains ont un pied dans le mouvement syndical, mais se plaisent à rêver l’instant d’une élection, qu’un homme providentiel viendra les sauver. « Il n’est pas de sauveurs suprêmes », dit l’Internationale.

Élections ou pas, nous restons indépendants et continuons de défendre nos revendications. Et comme l’a exprimé notre camarade Denis Basset, au nom de la branche Santé de la fédération Force Ouvrière des services publics et de santé, à l’issue de la manifestation nationale du 7 mars :

« Nous sommes en état de légitime défense (…). Nous allons les arrêter, nous allons les bloquer (…). Par la grève, par la manifestation, nous avons ouvert une perspective (…) Nous ne lâcherons rien. Cela vaut pour ce gouvernement, comme pour le prochain quel qu’il soit. Et s’ils refusent de répondre à nos revendications, nous appellerons dans tous les établissements les personnels à se réunir en assemblées générales pour débattre des modalités d’actions, de la grève, de sa reconduction. Vive les revendications. Vive l’indépendance syndicale. »

Oui, nos camarades de la fédération des services publics et de santé ont raison :

« l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes »

chaud ! chaud ! chaud !

leurs revendications concernent la réforme des retraites: Appel à la grève dès le 5 décembre

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