>Histoire

28 / 02 / 2020

Le « contre-réformisme ».

On n’y échappe pas ; la CFDT aurait compris qu’il faut accompagner les « réformes.  Les commentateurs divers serinent la même chansonnette : il y aurait les bons « réformistes » et les mauvais « contestataires »,  ceux qui ont des « propositions » et ceux « qui sont contre tout ».

Il faut préciser. La CFDT ne se contente pas « d’accompagner » les contre-réformes. Elle en est à l’origine. Elle les élabore. Le projet de « réforme » de notre régime de retraite date d’un congrès confédéral CFDT, en 2003 : la fameuse « réforme systémique ». 

En 2003, la CFDT avait soutenu, faute de plus « radical »,  la réforme Fillon. L’augmentation du nombre de trimestres cotisés, ce n’était pas si mal. Mais c’était insuffisant. La CFDT voulait déjà dynamiter tout le système avec sa « retraite universelle par points ».

Le syndicat clérical continue de faire des émules. Un certain Olivier Faure déclare « ne pas s’opposer par principe à la logique du système par points ».  Son compère et complice, un certain Fabien Rousssel lui tend la main pour « ensemble » déposer des amendements pour un bon régime « universel ».

 « Depuis quarante ans ? »

Certains disent : La CFDT « trahit depuis quarante ans ». (1). C’est une escroquerie, un double mensonge, dans le meilleur des cas, une bêtise.

Elle ne « trahit » pas. Elle fait ce pour quoi elle a été constituée en 1964. Il n’y a pas deux CFDT : une bonne CFDT, de « gauche », autogestionnaire, jusqu’à son « recentrage » peu avant l’arrivée au pouvoir de l’union de la gauche » en 1981 ; et une moins bonne CFDT, celle qui aurait abandonné une partie de ses velléités « réformistes » au début des années 1980.

En 1964, la date est importante, un certain Pierre Lebrun, bombardé au bureau confédéral de la CGT par la grâce de la direction PCF du Bureau confédéral CGT (dirigée par Benoît Frachon) écrit un livre, « questions actuelles du syndicalisme ».

Il y explique que le syndicalisme doit changer. Son modèle, son mentor, c’est le pape Jean XXIII, l’initiateur du concile Vatican II. C’est l’époque de l’ouverture « à gauche ».

Sur ces bases, le rapprochement CFDT-CGT est non seulement logique, il est inévitable.

Il se traduit en 1966 par une déclaration commune CFDT-CGT. La CFDT tente d’entrainer la CGT sur le terrain de l’acceptation du corporatisme d’entreprise avec sa « revendication »  centrale : la section syndicale d’entreprise, arrachée « de haute lutte » ! selon les termes de la CFDT, en décembre 1968. C’est le 1er ministre gaulliste G. Pompidou qui donne satisfaction à la CFDT avec l’espoir de « contourner », de neutraliser, les deux confédérations ouvrières : CGT-FO et CGT.

Les militants de notre CGT-FO à quelques rares exceptions près, ne sont pas dupes.

 

Fin mai 1968, la CFDT, fidèle à ses origines, tente de propulser à la tête de l’Etat, l’ultra corporatiste Pierre Mendès France, comme Pétain, comme de Gaulle (comme Marcel Déat (2) d’une Chambre des corporations, produit de la fusion du Sénat et du Conseil économique et social. (Voir à ce sujet la brochure de l’UD FO sur mai 68 : « 10 ans, ça suffit !).

La CFDT ne « trahit » pas la grève générale. Elle fait ce pour quoi elle a été constituée.

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Juin 1974 : le parti « socialiste » invite «  la CFDT, la CGT, la FEN et FO «   à rejoindre les initiatives pour le nouveau parti.

Aux assises du socialisme organisées par Mitterrand en octobre 1974, les militants CFDT adhèrent massivement au néo parti socialiste. Mitterrand y déclare : « Certains pensent que le courant autogestionnaire s’oppose sur tous les points, au courant traditionnel du socialisme. Je ne me rangerai pas parmi eux ».

E. Maire établit ce constat en 1984 : « En octobre 1983 (les salariés viennent de sanctionner la CFDT à l’occasion des élections à la sécu), les salariés avaient le sentiment de patauger dans le marécage de la rigueur ». (« La CFDT en questions »). Il suffisait de regarder le bas de la fiche de paie …

En 1982-1983, c’est encore la CFDT et son chef de file de l’époque, Jacques Delors qui est à l’origine de la véritable déclaration de guerre à la classe ouvrière avec sa « parenthèse de la rigueur »  … jamais refermée.

Le plan avait été élaboré en mai 1982 au congrès confédéral de Metz sur la base du triptyque : « vérité, rigueur et ambition ».

Plus tard, elle conseille Rocard, promu 1er ministre. Aux funérailles de cet individu, aux Invalides, devant tout le gratin de la Vème république, Edmond Maire, secrétaire général de la CFDT en 1968, prononce l’éloge funèbre ; comme une farce …

et puis, il y a eu les plans Juppé-CFDT ou plutôt, CFDT-Juppé en 1995, puis, Fillon-CFDT, en 2003, en 2010, la « réforme » du Code du travail, sans oublier la loi Touraine. On pourrait poursuivre presque à l’infini … jusqu’à cette contre-réforme CFDT-Macron. (3).

Non, la CFDT ne « trahit » pas. Ni depuis 30, 40, ou 50 ans.

Cinquantenaire de la CFDT : Manuels Valls en invité d’honneur loue le « courage » de la CFDT.

La CFDT se bat contre toutes les réformes qui pourraient, même modestement, améliorer le sort de la classe ouvrière, des travailleurs, des exploités. C’est en quelque sorte son mandat. Elle respecte scrupuleusement.

Qu’est-ce que le « réformisme » ?

Voici ce qu’en dit Patrick Hébert en avril 2018 à l’occasion du congrès confédéral.

« ( … ) Il y a des débats qui sont des faux débats. Réformistes, pas réformistes … il faudrait revenir à l’histoire du mouvement ouvrier. D’abord, le réformisme, c’est une notion politique. C’était la différence entre ceux qui pensaient qu’on pouvait passer du capitalisme au socialisme par les voies des réformes, c’était Jules Guesde au siècle dernier et puis ceux qui pensaient qu’il fallait faire la révolution parce que jamais la classe au pouvoir n’accepterait de partir gentiment. C’est une notion politique.

Il se trouve que sur le plan politique moi, je suis plutôt révolutionnaire, vous le savez bien. Je ne pense pas que les bourgeois nous laisseront comme ça les clés de la baraque, bien gentiment. J’ai peut-être tort. Je pense qu’à un moment donné, il faudra  leur foutre des coups de pied au cul. Mais ça, ce n’est pas le rôle du syndicat.

Sur le plan syndical, nous sommes tous réformistes parce que notre objectif, c’est d’améliorer les conditions matérielles des travailleurs dans le système actuel et probablement dans un autre système demain, s’il y en a un autre. Donc, c’est quoi cette division entre réformistes et pas réformistes, c’est artificiel … »

(1) On lit cette assertion dans le bulletin dont le camarade A. Hébert fut le principal animateur.

(2) Marcel Déat : chef de file des 1933 de la tendance dite « néo » au sein de la SFIO de Blum ; partisan du mot d’ordre : « ordre, autorité, nation ! » ; expulsé du parti. Dernier ministre du Travail du maréchal Pétain.

(3) En avril 2018, s’exprimant devant les évêques, au Collège des Bernardins, Macron vante les mérites du « syndicalisme moderne » ; il s’agit évidemment la CFDT. Ce qui ne l’empêche pas, d’être tenté de se passer du concours de ce « corps intermédiaire » dont il ne sait trop que faire.

JM Février 2020

chaud ! chaud ! chaud !

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