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12 / 09 / 2019

Hôpital : les mesures Buzyn ne convainquent pas

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Les nouvelles mesures prétendant constituer un « pacte de refondation » des services des urgences hospitalières relèvent du « palliatif » estime FO, les jugeant ni adaptées ni satisfaisantes.

La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a bien remarqué que les services hospitaliers d’urgences souffraient d’une « fièvre » carabinée et que ce « symptôme » pouvait cacher un mal profond. Reste que le remède proposé pour l’instant par la ministre, médecin de formation, ne fait pas baisser la fièvre, au contraire : ce 11 septembre, près de 250 services d’urgences étaient toujours en grève. Par ce mouvement lancé il y a six mois et auquel les syndicats FO des établissements s’associent, les personnels demandent davantage de moyens, l’ouverture de lits et la reconnaissance, notamment salariale, de leur travail.

Ainsi, annoncé le 9 septembre par la ministre, le plan en douze mesures, assorti de 754 millions d’euros d’ici 2022 et destiné à l’hôpital et plus particulièrement à ses services d’urgences ne satisfait ni les personnels ni leurs syndicats. FO notamment.

« Ces crédits qui seraient débloqués sur trois ans sont insuffisants, non pérennes et surtout mal fléchés, car ils auraient pu permettre le recrutement immédiat de 20 000 agents soit 12 agents en moyenne par service d’urgence » réagissait le 10 septembre la fédération FO des services publics et de Santé. Et d’ajouter que « Madame Buzyn oublie de signaler toutes les mesures d’économies exigées de nos hôpitaux depuis plus d’une vingtaine d’années. Pour ne prendre que 2018 et 2019, c’est 1,1 milliard d’euros qui ont été dégagés des moyens alloués à nos établissements ! ».

Déshabiller Pierre pour un peu habiller Paul ?

Par ailleurs déplore encore FO « ces 750 millions sur plusieurs années seront vraisemblablement ponctionnés sur les tarifs hospitaliers. Pour FO, c’est à nouveau une « opération de bonneteau ». Entretenir l’idée, comme le fait la Ministre de la santé depuis des années, que la solution passe exclusivement par des réorganisations et des regroupements est un mensonge que Force Ouvrière continue de dénoncer avec vigueur et constance .

« Nous sommes mécontents » appuie Gilles Gadier, secrétaire fédéral des services de Santé au sein de la fédération SPS-FO. « Il n’y a eu aucune annonce portant sur une hausse des effectifs, pas davantage sur une ouverture de lits hospitaliers et rien sur une revalorisation salariale globale alors que les métiers hospitaliers manquent d’attractivité et que l’on sait par exemple que les infirmiers sont les plus mal payés d’Europe ». Quant au montant de 754 millions d’euros (mesures de juin comprises), il apparaît dérisoire.

« C’est seulement 0,9% du total des budgets hospitaliers (82 milliards d’euros) » rappelle le secrétaire fédéral notant que « rien n’est dit sur le financement des mesures. S’agirait-il de prendre à d’autres services hospitaliers les moyens qui seront redéployés vers les urgences ? »

L’autofinancement par les restructurations

La branche Santé de la fédération FO souligne par ailleurs que pour l’hôpital, la hausse des dépenses (l’ONDAM/objectif national de dépenses d’assurance maladie) est actuellement limitée à 2,2%, cela alors que, dans la réalité de vie des hôpitaux lesquels sont de plus en plus sollicités par les patients, l’augmentation des dépenses de fonctionnement -bien que contraintes- se situe à 4%. Afin que la capacité de dépenses des hôpitaux ne soit plus étranglée, « il faudrait une hausse de ces dépenses de l’ordre de 5% » indique Gilles Gadier pour FO.

Or, le plan présenté par la ministre de la Santé (après des mesures présentées en juin dernier) ne change rien à cette situation de restriction permanente de moyens des services d’urgences qui ont vu leur fréquentation doublée depuis 2002, passant de 12 à 23 millions aujourd’hui. Ces annonces apparaissent « comme un palliatif sur une jambe de bois » réagissait la fédération SPS-FO le 10 septembre estimant que le plan Buzyn ressemble fort à « une usine à gaz ».

Pour la Confédération FO « si l’enveloppe financière annoncée à hauteur de 750 millions d’euros sur trois ans peut sembler conséquente, FO constate et déplore qu’elle résulte d’une forme d’autofinancement lié à la mise en œuvre notamment des restructurations associées à la loi Santé 2022. FO rappelle en effet que ces réorganisations soulèvent de nombreuses interrogations, inquiétudes et contestations. Les contraintes financières l’emportent trop souvent au détriment des enjeux de qualité des services de santé et de conditions d’emploi des agents ». Ainsi regrette la Confédération, par les nouvelles mesures annoncées, il n’est pas « répondu aux tensions de longues dates » dans les hôpitaux et donc aux revendications.

Des solutions en trompe l’œil

La fédération rappelle ses revendication soit « la réouverture sans délai de plusieurs milliers de lits d’aval (lits d’hospitalisation en prolongement d’un passage aux urgences) en médecine, chirurgie et soins de suite pour désengorger les services d’urgences, le recrutement de personnel soignant et médical, une augmentation de 300 € pour tous les professionnels de santé, afin d’augmenter l’attractivité de leurs métiers, une augmentation significative de l’ONDAM en réinjectant les crédits supprimés en 2018 et 2019 ».

En quoi consiste le plan en douze mesures ?

Il s’agit par exemple de « mettre en place dans tous les territoires un service distant universel pour répondre à toute heure à la demande de soins des Français : le service d’accès aux soins (SAS) » Pour Gilles Gadier de FO-Santé « il s’agirait donc de créer un autre service d’urgences à côté des services actuels des urgences… ».

La fédération SPS indiquait plus largement le 10 septembre que la mise en action de cette mesure reposerait « essentiellement sur la volonté hypothétique de tous les acteurs ville/hôpital ». Et cette mesure « sera extrêmement difficile à mettre en œuvre » insistait FO pointant comme un « contresens au regard de la pénurie médicale » cette volonté ministérielle d’ajouter une « structure supplémentaire entre les maisons médicales et l’hôpital ».

« Sans réouverture de lits, point de salut ! »

Le plan prévoit aussi de « renforcer l’offre de consultations médicales sans rendez-vous en cabinet, maison et centre de santé », de « donner à la médecine libérale les mêmes leviers de prise en charge que les urgences » ou encore « d’offrir aux professionnels non-médecins des compétences élargies pour prendre directement en charge les patients ». Selon le ministère, les kinésithérapeutes, pharmaciens ou infirmiers pourraient ainsi prendre la responsabilité de certains actes et décisions prétendus simples en lieu et place d’un médecin.

La mesure 5 quant à elle affiche un des objectifs du plan, soit « zéro passage par les urgences pour les personnes âgées ». Parmi encore les douze mesures présentées, une « intégration de la télémédecine dans tous les Samu » mais aussi l’objectif de « fluidifier l’aval des urgences grâce à l’engagement de tous en faveur de l’accueil des hospitalisations non programmées ».

Pour FO-Santé, ces velléités de fluidification dans les services d’urgences mais sans moyens supplémentaires n’ont aucun sens. Et, sans concession, FO-Santé relève encore d’autres contradictions, nombreuses, portées par ces mesures.

Ainsi concernant la question d’une meilleure « gestion des lits au niveau des GHT (groupement hospitalier de territoire), FO remet les pendules à l’heure, évoquant une réalité hospitalière aux prises avec le manque de moyens. Cette gestion s’applique déjà « à bien des endroits mais faute de places, les patients restent sur les brancards ! » Pour FO, la situation se résume alors simplement : « sans réouverture de lits, point de salut ! »

FO demande des recrutements immédiats

Quant au « zéro personnes âgées » à passer aux urgences, là encore la réponse de FO est cinglante. La mise en œuvre de cette mesure s’adressant à « la filière gériatrique et notamment pour les résidents des Ehpad » est « impossible tant que les établissements seront sous dotés en lits et régulièrement sous tension. De plus, les Ehpad sont d’ores et déjà sous médicalisés au regard de ce que souhaite la Ministre ».

Le plan évoque aussi des objectifs concernant les personnels, leurs compétences et leurs conditions de travail. Ainsi il faudrait « renforcer et reconnaître les compétences des professionnels des urgences », « mieux utiliser les compétences médicales et soignantes rares en graduant les services d’urgence et en réformant les transports médicalisés », « renforcer la sécurité des professionnels exerçant aux urgences ».

Alors que le ministère entend que se créé une spécialité « les infirmiers en pratique avancée/ IPA) spécialisés urgences » (les formations débuteront à l’automne 2020 et les premiers diplômés ne seront pas opérationnels avant 2022), FO émet de gros doutes quant à la pertinence de cette nouveauté. « Outre le fait qu’ils ne pourront être opérationnels que dans trois ans, la présence des IPA ne réglera en rien le manque d’effectifs de personnels médicaux et paramédicaux, ce qui nécessite des recrutements immédiats » indique FO-Santé.

Il faut « desserrer l’étau budgétaire »

Concrètement insiste Gilles Gadier « Qui va faire le boulot que faisaient auparavant ces infirmiers ? » dont les compétences seront élargies, « dont l’exercice s’inscrira dans un protocole de coopération avec les ARS et qui ne percevront, comme « rémunération » supplémentaire qu’une prime de 80 euros nets/mois pour un niveau bac+4 ou Bac+5 ».

Le plan qui propose encore de « lutter plus efficacement contre les dérives de l’intérim médical » qui en l’absence d’un effectif suffisant de médecins coûte très cher aux budgets hospitaliers, propose aussi de « réformer le financement des urgences ».

Pour la fédération SPS-FO « si le mode de tarification de l’activité des établissements a été enfin critiqué par le gouvernement, il ne reste qu’une simple modalité de calcul et ce changement ne peut être positif que si l’étau budgétaire se desserre par un PLFSS répondant aux besoins des hospitaliers et un ONDAM revalorisé de 5% ». Le projet de loi de finances pour la sécurité sociale pour 2020 doit être présenté à la fin septembre.

La grève dans les Ehpad est annoncée

La fédération SPS-FO qui s’inscrit dans le mouvement de contestation qui perdure depuis six mois aux urgences (FO a déposé un préavis depuis le 10 mai couvrant tout le secteur hospitalier). La fédération estime qu’il faut « amplifier ce mouvement » et appelle à la « résistance ». Elle a notamment apporté son soutien aux actions organisées localement ce 11 septembre dans les établissements et départements.

En l’absence, là encore, de réponse aux revendications, un autre mouvement de protestation concerne une nouvelle fois les Ehpad où règne aussi « une situation désastreuse » souligne la fédération FO qui demande notamment une augmentation des effectifs (pour un ratio de 1 personnel pour un résident) et le versement de la prime de 100 euros nets à l’ensemble des personnels assistants de soins en gérontologie (ASG) et non comme actuellement à seulement 10% des aides-soignants.

FO déposera un préavis de grève reconductible à partir du 23 septembre dans le secteur des Ehpad et prévoit dans le cadre de ce mouvement une journée de manifestations et/ou rassemblements le 15 octobre, date de la remise du rapport de Mme El Khomri sur les métiers du grand âge.

 

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