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15 / 01 / 2022

Education nationale : une grève historique

Toutes les catégories professionnelles de l’Education nationale se sont mobilisées le jeudi 13 janvier pour protester contre la gestion actuelle de la crise sanitaire et exiger que soient apportés des moyens massifs à ce secteur. Cette grève est inédite par son ampleur (avec notamment plus d’un enseignant sur 2 qui a débrayé) mais aussi parce que tous les syndicats, dont FO, y avaient appelé. Le ministère, qui les a reçus a fait des annonces, sans parvenir à convaincre. Une journée administration morte était organisée aujourd’hui, 14 janvier, dans l’Education nationale.

Après la mobilisation très suivie des personnels de l’Education nationale, ces derniers auront enfin été écoutés. Partiellement en tout cas. Jeudi 13 janvier, le taux de grévistes était estimé à 75 % dans le premier degré et 62 % dans les collèges et lycées. Le ministère annonçait lui un taux de gréviste à 27 ,34 % de l’ensemble des personnels.

Cette importante mobilisation fait suite à un appel sans précédent de la quasi-totalité des syndicats. Ils dénoncent notamment la gestion de la crise sanitaire, le manque de mesures pour assurer la sécurité des élèves et des personnels ainsi que le non-recrutement d’enseignants, de CPE et d’AED supplémentaires pour assurer les remplacements.

Sous le feu des critiques ses derniers jours, le ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, était vivement critiqué par les manifestants. « C’est une mobilisation que l’on qualifie d’historique, au vu de son ampleur et parce qu’elle a rassemblé toutes les catégories professionnelles de l’Education nationale », souligne Clément Poullet de la FNEC FO-FP. Dans les rues de Paris, de Grenoble ou encore Rennes, des personnels administratifs, inspecteurs et personnels de direction ont marché aux côtés des enseignants, AED et infirmières scolaires. Yves Veyrier, secrétaire général de Force Ouvrière, était à leur côté, à Paris, signifiant le soutien de la confédération à cette mobilisation.

Une colère qui vient de loin

« Force est de constater que, si le nouveau protocole sanitaire fut l’élément déclencheur de cette mobilisation, c’est une colère qui vient de loin », estime Franck Antraccoli de ID-FO (personnels de Direction). « Depuis le début de la crise, il y a de nombreux contentieux sur la communication du ministère : des protocoles dévoilés la veille pour le lendemain, des annonces seulement à travers des médias … Mais plus largement, le rythme des réformes qui impactent le quotidien des agents est très soutenu, sans que les conséquences ne soient vraiment anticipées par les politiques. Cela induit une surcharge de travail, une évaluation permanente pour tous et il est normal que ça craque de tous les côtés ».

Dans les cortèges, de nombreuses pancartes évoquaient les conditions de travail des agents. « Si les revendications sanitaires sont importantes, ce n’étaient pas les seules », précise Clément Poullet. Il a été ainsi beaucoup question des salaires et des rémunérations. « Les personnels se sont saisis de cette journée pour faire entendre l’ensemble de leurs revendications. Il y a un mépris du ministre envers toutes les catégories de l’Education », estime Philippe Beaufort du SPASEEN FO. « Il dit que l’on ne manifeste pas contre un virus, mais nous, si nous manifestions, c’est pour des meilleures conditions d’exercices de nos missions ».

Des annonces qui ne parviennent pas à convaincre

Peu avant le début de la manifestation parisienne, les organisations syndicales avaient demandé une audience, non pas auprès de Jean-Michel Blanquer mais du Premier ministre, Jean Castex. Ils ont finalement été reçu en début de soirée pour une réunion qui a fini tard. « Beaucoup de temps pour pas grand-chose, même si cette audience faite dans l’urgence montre que la mobilisation a déstabilisé l’exécutif », indique Clément Poullet. À la suite de cette réunion, le gouvernement a annoncé le recrutement de 3 300 contractuels supplémentaires, de 1 500 AED et de 1 500 vacataires administratifs.

« On reprend les mêmes recettes appliquées depuis le début de la pandémie : faire appel à des professions précaires et sous payées. Or il y a très peu de candidats pour ces postes ». A ces 3 300 contractuels supplémentaires jusqu’à la fin du semestre, s’ajouteront, lorsque cela est possible, des personnes issues des listes complémentaires dans le 1er degré. « C’était une de nos revendications », précise le militant. « Mais cela implique d’abonder ces listes qui sont épuisées dans certaines académies. De même, le gouvernement s’est bien abstenu de chiffrer ce recours aux listes complémentaires ».

Aux côtés de Jean-Michel Blanquer et d’Olivier Véran, Jean Castex s’est engagé à mettre à disposition cinq millions de masques FFP2 pour certains personnels de l’Education nationale. « Mais les collègues ne faisaient pas grève pour une boîte de masques ! Ils manifestaient contre un protocole inapplicable. Et ce dernier n’a absolument pas été ajusté par le gouvernement à la suite de la mobilisation », observe Clément Poullet. Le secrétaire général de la FNEC FP-FO précise qu’une réunion inter fédérale est attendue pour préparer la suite de la mobilisation, notamment le 27 janvier.

Administration morte ce 14 janvier dans les services de l’Education

Du côté des personnels de direction et administratifs, la mobilisation d’ores et déjà se poursuit dès ce 14 janvier. En grève, ils protestent contre l’article 41 de la loi 3DS (Loi différenciation, décentralisation, déconcentration et simplification de l’action publique locale) actuellement en examen au Parlement. Ce texte prévoit de placer les adjoints-gestionnaires des collèges et lycées (EPLE), exerçant des fonctions de gestion matérielle, financière et administrative, sous l’autorité fonctionnelle des présidents de département et de région.

« Dans un premier temps, cet amendement, introduit par le Sénat, prévoyait une expérimentation de ce dispositif », retrace Franck Antraccoli, de ID-FO. « Mais l’Assemblée nationale a élargi cet article à la suite de l’intervention du Premier ministre. Ce qui m’a marqué, lors de ces discussions, c’est de voir, à travers certains discours des députés, leur méconnaissance du fonctionnement des établissements scolaires ».

Ce texte prévoit donc de mettre sous tutelle de l’autorité territoriale (département ou région), les adjoints gestionnaires, lesquels sont pourtant fonctionnaires de l’État. « Par exemple, le budget des établissements relevant des collectivités territoriales, lorsque l’adjoint gestionnaire voudra s’opposer à celles-ci, on sait bien qui va gagner » , pointe Philippe Beaufort. » C’est la porte ouverte à la décentralisation des administrations des collèges et lycées et la fin de l’éducation nationale.La journée de mobilisation « administration morte »se tenait pour demander le retrait de cet article.

F.Blanc

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